dimanche 17 janvier 2010

Edit, edit, edit

Comme vous l'aurez peut-être remarqué, la culture télévisuelle prend de plus en plus de place dans ma vie. Autrement dit, je deviens tranquillement une patate de sofa qui regarde n'importe quoi, sans discrimination. Les émissions de décoration sont mes préférées. Ça aussi, vous l'aurez sans doute deviné. J'ai un faible pour les animatrices obsessives complusives et les chroniqueurs homosexuels (quand ce n'est pas l'inverse), faut croire. Ce qui me fascine, c'est que malgré la variété d'émissions sur le sujet, il existe une pensée commune qu'on tente de nous inculquer. «Edit, edit, edit». Ce sont les trois «E» qui sont sensé nous mener à une vie meilleure. Malheureusement, la langue française échoue (encore une fois) à bien traduire cette pensée. «Edit», comme dans «montage», mais surtout comme dans «se débarrasser de ces maudites vieilles cochonneries qu'on traîne depuis qu'on avait un âge où notre bon goût n'avait pas eu la chance de se développer». C'est le fameux «SDDCMVCQOTDQOAUAONBGNAPELCDSD». Avouons que ça n'a pas le punch de «Edit, edit, edit».

Or, on nous propose, plusieurs fois par jour, lors de multiples émissions de télé, de viser le minimalisme. Bien sûr, je n'ai rien à dire contre ça. Cependant, j'aimerais ici faire un aveu. Il n'est pas toujours facile, même pour un minimaliste comme je dis l'être, de jeter des objets. «Ça pourrait toujours servir», ça, c'est un argument de base. D'ailleurs, si vous relisez un de mes premiers messages (Genèse), vous verrez qu'en ce jour d'illumination où j'ai remplacé mes vieux Tupperware dépareillés par une simple boîte de Tupperware de marque Rubbermaid, j'ai tout de même gardé les vieux contenants. «Ça pourrait toujours servir», que je me suis dit. Ma quête du moins, donc, m'a mené vers le plus.

Il y a une série télé vraiment troublante, mais fascinante. Hoarders, c'est le titre. On y voit des détraqués qui vivent dans des maisons insalubres, parmi des années d'immondices et d'objets hétéroclites. Des spécialistes, bien sûr, viennent faire un beau ménage dans tout ça, laissant les pauvres détraqués seuls au milieu d'une maison quasiment vide à la dernière minute de l'émission.

L'être humain est-il programmé pour accumuler? Est-ce un vestige du temps où, dans nos cavernes, on cherchait à rassembler le plus d'outils possibles pour notre survie? Y avait-il des femmes des cavernes obsessives compulsives ou des hommes des cavernes homosexuels pour culpabiliser les autres qui amassaient les quelques biens acquis à la sueur de leurs fronts? Nous même, en ce moment, ne vivons-nous pas carrément par dessus tout ce que nos ancêtres ont accumulé? Notre planète n'est-elle pas constituée en grande partie de toutes ces choses jetées aux ordures? À force de «edit, edit, edit», ne finissons-nous par vivre malgré nous sur notre vieux stock laid?

Je dois vous laisser pour aujourd'hui. Y'a sûrement de quoi de bon à la télé.

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