jeudi 31 décembre 2009

Trop ou trop peu dépasse mesure (aime dire ma mère)

Je m'en voudrais de quitter l'an 2009 sur une note amère, ou même vaguement aigre. Ce soir, au menu, huîtres fraîches, cocktail de crevettes géantes, foie gras et caviar d'esturgeon. Se plaindre le ventre (bientôt) plein serait effectivement du plus mauvais goût. Vous parler de la misère que j'ai eue à faire des blinis (pour accompagner le caviar) ne ferait que démontrer combien l'être humain aime se plaindre, combien ça fait donc du bien de chialer. Qu'est-ce que ça fait, si le site web où j'ai trouvé ma recette de blinis se contredit selon qu'on lise la recette ou qu'on regarde le vidéo instructif? Un peu trop de farine de sarrazin dans un blini, est-ce que ça gâche une célébration? Ça change quoi, si les quantités sont toutes inscrites en grammes, donc au poids, et que je suis plus habitué aux mesures en tasses (ou, au pire, en millilitres)? Est-ce que je vais mourir si les convertisseurs de mesures pour la cuisson disponibles dans le cyberespace me disent tantôt que 120 grammes de farine équivalent à 4 onces, tantôt à 1 1/4 de tasse, tantôt à 750 millilitres et que je ne sais plus à quoi me fier pendant que ma levure fraîche est en train de perdre son effet dans sa tasse de Pyrex? Est-ce que ça serait vraiment difficile d'écrire les mesures comme tout le monde, en tasses, ou en quarts de tasses? C'est-tu trop demander d'avoir un site officiel, qui détient la vraie réponse, sans dire tout et son contraire à la fois? Est-ce que ça arracherait la face des internautes adeptes de forums de s'abstenir de répondre s'ils ne savent pas quoi répondre? Il faut pas être un peu arriéré mental pour ne pas être capable de mesurer une tasse de farine, la peser, puis écrire le poids exact? Le monde est-tu rendu assez cave, pour nous faire perdre notre temps et notre bonne humeur, avec des commentaires stupides sur des forums internet pathétiques et des sites web français qui semblent être écrits pour nous frustrer, nous faire pomper, gâcher nos vies!? Est-ce que l'année 2010 va nous apporter un peu d'espoir, ou juste encore plus de marde?!?

Bonne année.

; )

mercredi 30 décembre 2009

Un peu d'art

Aujourd'hui, une petite pause artistique, pour faire changement:

«Femme aux Tupperware», 2009, Tupperware sur toile, signée Robert.

(Don de la collection personnelle de l'artiste)

mardi 29 décembre 2009

Attention - objets dangereux

Aujourd'hui, je m'interroge sur les objets qui nous entourent et du danger qu'ils représentent pour nous. Heureusement pour nous, de consciencieux rédacteurs de manuels d'instructions travaillent fort afin de nous protéger.

Tiré du manuel d'instructions de mon nouvel appareil photo:
  • N'utilisez pas l'appareil photo ou l'adaptateur secteur en présence de gaz inflammable
(...ou d'animaux sauvages féroces qui vous courent après.)
  • Si le moniteur venait à casser, veillez à ne pas vous blesser avec le verre.
(Mais si moi je voulais juste voir les petits bonhommes à l'intérieur de l'appareil?)
  • Remettez en place le cache-contacts pour le transport de l'accumulateur. Ne le transportez pas ou ne le stockez pas à proximité d'objets métalliques tels que des colliers ou des épingles à cheveux.
(...ou tout autre objet qu'une maudite nounoune risquerait de transporter.)
  • N'utilisez pas le flash si la fenêtre du flash est en contact avec une personne ou un objet. Le non-respect de cette consigne de sécurité peut provoquer des brûlures ou un incendie.
(J'ai essayé, pis c'est même pas vrai.)
  • N'enroulez jamais la dragonne autour du cou d'un bébé ou d'un enfant.
(La longueur de la dragonne permet à peine de faire le tour d'une balle de baseball. Je m'y connais pas beaucoup en bébés, mais me semble que c'est pas mal plus gros que ça, une tête de bébé?)
  • Faites attention à ne pas coincer vos doigts ou des objets dans le volet coulissant ou dans d'autres pièces mobiles.
(Si je me coince un orteil, une paupière ou le prépuce, je les actionne!)
  • Les CD-ROM fournis avec ce matériel ne doivent pas être lus sur un lecteur de CD audio. Leur lecture sur un tel équipement peut entraîner une perte d'audition.
(J'aurai tout entendu!)
  • Avis pour les clients de l'État de Californie: DANGER. La manipulation du câble de ce produit vous expose à du plomb, produit chimique reconnu dans l'État de Californie comme pouvant provoquer des anomalies congénitales ou d'autres problèmes génétiques. Lavez-vous les mains après manipulation.
(Pour le reste de la planète, dégainez soigneusement le câble et sucez bien le plomb exposé. Ça serait pas beau, ça, un monde peuplé juste de beaux Californiens bronzés?)

Pour ce qui est de la photo d'aujourd'hui, réel avertissement trouvé au dessous d'un Tupperware, je crois qu'elle se passe de commentaire. Les objets veulent tous nous tuer, c'est clair.

lundi 28 décembre 2009

La dure réalité

Certaines batailles sont perdues d'avance. En fait, la seule façon de triompher dans ces cas-là, c'est d'éviter la confrontation. C'est ce qu'on pourrait appeler «la méthode de l'ignorance», quoi. Cependant, il arrive des moments où la vie nous brasse, nous oblige à regarder la réalité en face et nous met le nez dans notre caca. C'est ce qui m'est arrivé cet après-midi.

Tout était calme. Je me sentais dans un état de neutralité très apaisant, causé probablement par ce moment creux qui sépare Noël et le Jour de l'An. La grisaille ne me dérangeait pas plus qu'elle ne m'excitait. Ce genre de moment est rare dans ma vie, je tenais donc à en profiter pleinement. Le vide, donc, comblait parfaitement mon esprit. Mon estomac, par contre, sait moins bien goûter aux joies du vide. Je décide donc de grignoter un peu. Des pois verts secs au wasabi, ça me paraissait la collation idéale, qui compenserait pour les excès et les sucreries des derniers temps. Un petit sac, acheté dans une boutique en vrac, trônait justement dans le garde-manger. J'ai saisi le sac, mais celui-ci était mal fermé. Les pois (ronds) se sont répandus partout dans le garde-manger, roulant sur le comptoir de cuisine et sur le plancher.

Pas grave, direz-vous.

Connaissez-vous les projets dominos? Ces projets sont des activités qui ont la fâcheuse habitude de nous entraîner malgré nous dans une suite d'activités, souvent de plus en plus désagréables,. Vous voulez simplement recueillir un bas en arrière d'une sécheuse et vous voilà en train de décaper vos cadres de portes.

Mais le pire, c'est de se retrouver à faire quelque chose qui, peut-être à cause de l'effet de surprise, sera voué à l'échec. Je ne voulais pas classer mes légumineuses, mes céréales et mes pâtes aujourd'hui. Le garde-manger était dû pour un bon ménage, c'est clair, mais je ne voulais pas voir cette triste réalité. Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir du déni. Mais là, le nez dans ma merde, je devais réagir. J'aurais pu ramasser les pois, replacer vaguement ce qui avait autour, mais je me suis retrouvé à faire le grand ménage de la section «féculents» de mon garde-manger.


Mal préparé, un tel projet, colossal, n'apportera pas satisfaction. J'ai d'abord voulu trouver une logique de rangement. Les différentes sortes de riz dans les pots ronds et verticaux... Les noix dans les plus bas... Les pâtes dans les carrés... Vous voyez le genre? J'ai encore une fois dû me contenter d'un à-peu-près désolant (voir photo).

Où classer les graines de lin? Avec les noix ou les graines de sésame? Comment disposer des lentilles rouges, quand la quantité dépasse d'une misérable tasse la capacité des pots réservés aux légumineuses? Que faire des nouilles aux oeufs, provenant de deux fins de paquets aux temps de cuissons différents, donc impossibles à ranger logiquement ensemble dans un même contenant? Le contenant prévu pour le riz basmati qui reste convient peut-être maintenant, mais qu'arrivera-t-il lorsqu'un nouveau paquet plein le fera déborder? Les nouilles soba sont-elles mieux classées auprès des spaghettis ou dans la section orientale, une tablette plus bas? Je vous épargne le dilemme de la chapelure italienne, qui sert souvent, mais qui s'est retrouvée tout au fond pour une question de hauteur de contenant.

Une autre bataille perdue, d'avance. Est-ce que c'est ça qui me donne une vague impression d'être un loser?

dimanche 27 décembre 2009

Less is more, 3e partie

Aujourd'hui, une vidéo d'art, qui tente de repousser les limites du «storytelling». Juste pour vous.


Disponible sur YouTube en version director's cut.

samedi 26 décembre 2009

Le jour où j'ai eu l'air d'un con tenant un contenant

Je commence tout de suite en m'excusant du mauvais jeu de mot pour le titre d'aujourd'hui. C'est poche. Ça n'a pas vraiment de rapport avec le texte qui suivra. C'est même pas vraiment drôle, en plus.

Bon. Une fois cet avertissement fait, laissez-moi vous dire qu'aujourd'hui, le 26 décembre, c'est le Boxing Day, (ou le jour de la mise en boîte, si vous préférez) et que pour un obsédé des contenants comme moi, c'est du bonbon. En plus, on est presque obligés d'aller magasiner, alors, pour le matérialiste assumé que je suis, c'est comme, je sais pas comment dire... «le Noël de Robert».

Mais attention. Je suis loin d'être le seul excité à l'idée de profiter des aubaines du Boxing Day. Cet après-midi, les centres d'achats étaient remplis à craquer. C'était noir de monde, littéralement. Et d'ailleurs, est-ce que c'est juste moi ou est-ce qu'il y avait vraiment une majorité de Noirs au centre-ville aujourd'hui? (J'aimerais vous rassurer et vous dire que c'était mon dernier mauvais jeu de mots pour aujourd'hui, mais je n'arriverais pas à me commettre à ce genre de promesses) En tous cas. Les aubaines, réelles ou factices, ça attire vraiment le monde. Dont moi.

Je voulais m'acheter une nouvelle caméra, alors j'ai décidé d'affronter les foules. Par miracle, j'ai réussi à me faire servir chez Dumoulin par un coloré petit monsieur italien qui a tout de suite approuvé mon choix. J'avais fait ma recherche. Je savais ce que je voulais: le Coolpix S70 de Nikon, compact, rapide, pratique avec son écran tactile et sleek à l'os. Le noir, pas le rouge. Un petit doute demeurait pourtant (la certitude tue), mais mon petit monsieur italien m'a bien spécifié que je pouvais acheter, essayer chez moi, tranquillement, et que j'avais deux belles semaines pour me faire à l'idée et retourner le tout pour un remboursement complet. Mais attention!!! Pour profiter du remboursement, une condition était d'une importance majeure:

il ne fallait pas que j'endommage la boîte!

Pas un mot sur les possibles égratignures sur l'écran tactile de la caméra. Rien à propos du manuel d'instructions que je pourrais plier, chiffonner, tacher de sauce à spag. J'aurais pu faire des photos de mes fesses et les laisser sur la carte mémoire. Perdre un fil de connexion. Lécher la batterie au lithium pour le thrill et la retourner pleine de bave. Mais la boîte, ça, il fallait que j'y fasse attention sous peine de ne pas être remboursé. Bon. Il n'a pas spécifié que je pouvais faire toutes ces choses au contenu, mais disons que c'est visiblement le contenant qui l'inquiétait. En effet, moi, s'il m'avait remis mon Coolpix S70 dans une boîte abîmée, ou pire, sans boîte, je n'en aurais probablement pas voulu.

Pas en ce jour magique qui rend hommage à la boîte, en tous cas.

Post-scriptum, aujourd'hui, sans frais: c'est-tu moi ou les commerçants qui annoncent leur Boxing Day avec des dessins de gants de boxe ont vraiment rien compris?

vendredi 25 décembre 2009

Ma liste de Noël

C'est aujourd'hui Noël. J'avais promis un retour, or, me voici. Je devrais peut-être plutôt dire «je m'étais promis un retour». Ce serait plus juste. Bref, c'est Noël, j'ai la peau plus foncée qu'il y a une semaine, malgré les recommandations des dermatologues et de ma mère et j'ai reçu plusieurs beaux cadeaux, que je viens tout juste de classer et de ranger. Je devrais en avoir beaucoup à dire, mais non.

Je ne dirai rien sur les Québécois en vacances; sur les tonnes de verres de plastique remplis de rhum; sur les touristes hollandais gays, drogués et en manque qui nous abordent avec un «Do you play?» avant même de dire bonjour; sur l'efficacité surprenante de cette approche; sur le sourire des Dominicains qui travaillent comme des fous sans pourtant avoir l'espoir d'accumuler en toute une vie l'argent pour passer des vacances dans leur propre pays; sur Louise et son évident problème d'alcool; sur l'aspect pathétique des tresses à la Bo Dereck sur toute autre personne que Bo Dereck (souvent, une petite grosse laide qui, peut-être, pense qu'elle n'a plus rien à perdre); sur l'oeuvre littéraire de Pedro Juan Gutiérrez; sur le mot «recloquer» qui, au Scrabble, peut valoir plusieurs points tout en faisant lever quelques sourcils de doute; sur l'importance d'avoir dans son bagage à mains des vêtements de rechange dans le cas où une averse de 30 secondes diluviennes surgisse tout juste avant notre entrée dans l'avion, dans un aéroport en hutte de paille sans corridor qui mènerait directement au dit avion, où il peut être réellement inconfortable d'être assis, trempé jusqu'aux os, pendant toute la durée du vol; sur les douaniers montréalais, devant qui il est vraiment possible d'avoir l'air d'un imbécile qui ne se souvient plus du nom du pays d'où il arrive, pourtant fort commun, tout en bégayant qu'il ne se rappelle plus non plus la date, même approximative, de son dernier voyage hors du pays, mais qui, malgré le mystérieux code R78, ne se fera pas fouiller à la sortie, à son grand soulagement complètement injustifié parce qu'il n'a rien acheté, sauf une petite bouteille de rhum à 10$; sur l'effet que fait la neige sur le paysage affreux de l'autoroute 20; sur les réveillons de Noël; sur la quantité de nourriture qu'un être humain peut ingérer en quelques heures seulement; sur la difficulté d'avoir des conversations intelligentes en famille; sur ce questionnement intense: «c'est quoi, au juste, une conversation intelligente et pourquoi quelqu'un de moindrement intelligent peut en vouloir une?»; sur le fait qu'on se sente tellement moins coupable de gaspiller maintenant qu'on peut jeter le papier d'emballage au recyclage; sur ce sentiment de tourbillon qu'on peut ressentir pendant le temps des fêtes; sur les promesses (déception en vue!) de retourner au gym non pas pour se sentir bien, mais pour avoir l'air moins fou dans nos vêtements serrés; sur la difficulté de faire face à l'éventuel retour au travail; sur la facilité d'écrire sous la forme d'une liste, afin d'avoir l'impression d'en donner beaucoup quand, au fond, on en donne peut-être pas assez.

Je n'en dirai rien, je vous dis. Rien.

Mais joyeux Noël.

mercredi 16 décembre 2009

Rien faire

- «Voyons, Robert, reste pas là à rien faire!»

- «Je faisais pas rien, je me reposais un peu.»

- «C'est ça que j'te dis, ça fait que lève-toi, pis grouille ton cul!»

- «Fais-moi plaisir, pis mêle-toi de tes affaires.»

- «Fais-moi pas faire une crise, c'est sérieux, ce que j'te dis. Grouille!»

- «Mais pourquoi faire?»

- «Pour faire ce que tu as à faire, c'est tout. Y'a plein de choses à faire. La vie est trop courte pour rien faire!»

- «C'est ça, justement. Je me repose, alors je suis pas en train de rien faire.»

- «Tu pourrais faire plus: travailler, aller au gym, dessiner, écrire, chanter, bouger, je sais pas, moi!»

- «Laisse faire, tu comprends pas. Tu comprends rien!»

- «Je comprends que tu te laisse aller, que tu veux pas faire face à tes responsabilités.»

- «Mes responsabilités? Envers qui, au juste? Ça fait quoi si je me repose un peu?»

- «Tu laisses couler la vie entre tes doigts, comme du sable. T'as un laisser-faire qui me fais tellement de peine!»

- «J'aime ça, le sable entre mes doigts, moi. Qu'est-ce que ça peut bien te faire?»

- «Ça me fait de quoi te regarder gâcher les meilleures années de ta vie...»

- «Je sais, mais la vie est mal faite. Mes meilleures années sont peut-être déjà passée, y'est peut-être déjà trop tard?»

- «Y'est jamais trop tard pour bien faire. Today is the first day of the rest of your life!»

- «J'en ai rien à faire de tes phrases toutes faites! Laisse-moi tranquille, ostie!»

- «Tu devrais peut-être faire une thérapie.»

- «C'est pas parce que je suis pas aussi performant que toi que tu peux affirmer que je suis pas équilibré. J'en fais moins que toi, c'est un fait, mais je suis peut-être bien comme ça?...»

- «Je veux juste ton bien. Mais je me rends compte qu'avec du monde comme toi, on peut pas rien faire.»

- «Ça fait que laisse-moi faire, OK? Voyons, pleure pas comme ça...»

- «OK, mais ça me brise le coeur de te voir aller. Je suis fait' de même, qu'est-ce que tu veux faire?»

(Robert prend Robert dans ses bras. Les deux respirent profondément, en fermant les yeux. Le bruit des vagues se fait entendre...)

DE RETOUR LE 25 DÉCEMBRE
(C'EST UN FAIT.)

mardi 15 décembre 2009

Les couleurs

Les couleurs, c'est vraiment extraordinaire. J'ai appris mes couleurs en très bas âge, grâce à ma mère et à sa collection de Tupperware. Ça a l'air arrangé, comme ça, un peu plaqué, même... Mais c'est vrai. «Robert, donne-moi le verre rouge!» «Veux-tu le bol bleu turquoise ou bleu marine?» «Combien de fois j't'ai dit de remettre le couvercle blanc sur le pot à jus brun, t'en renverse partout sur le tapis!» (Vert olive, tacheté d'ocre et d'orange brûlé, le tapis.)

Les couleurs ont toujours eu une grande influence dans ma vie. Je peux associer toutes les périodes de ma vie à des couleurs. Enfant, j'ai été longtemps attaché à mes pantalons de velours cordé brun chocolat. Au primaire, j'étais fou de mon col roulé vert bouteille. Il fallait me voir, au secondaire, tout vêtu de jaune poussin (oui, pantalons, souliers, bas et chandail)! Ça m'a valu toutes sortes de surnoms, ça, dont mon préféré: «Hey, le fif!». Ah, souvenirs...

J'ai eu des chambres à coucher beiges, blanches (c'est une couleur aussi, lâchez-moi vos «c'est la réunion de toutes les couleurs et gna-gna-gna»), «tan», gris 1989, bleu azur, rose gomme, jaune taxi de New-York, gris baleine, rouge indien, vert parka, et j'en passe. Je suis vraiment volage, côté couleurs. Un peu fif, aussi, j'imagine.

Parlant de fifure, hier, j'ai dû passer trois heures à me débarrasser d'une colonie d'aleurodes qui avait infesté mon hibiscus (jaune beurre). Une aleurode, c'est un minuscule insecte volant de moins d'un millimètre de long qui suce la sève de certaines plantes. C'est blanc, en passant. Bien, ces obsédants parasites peuvent être éliminés de plusieurs façons, selon les chaleureux forums botaniques qu'on retrouve sur le web. J'ai combiné toutes les méthodes de tous les sites que j'ai visités, pour ne pas prendre de chance. Toutes, sauf une: peindre une bande jaune «smiley» (je cite) et l'enduire de glu. De «glu». Un site français, bien entendu. Il s'avérerait que ces petites bibittes aiment bien le jaune. C'est vraiment fascinant, pour moi, qu'une bibitte blanche pas plus grosse qu'un «i» quand on lit notre nom écrit sur un grain de riz dans le Quartier chinois (et qu'on a un «i» dans notre nom) soit non seulement capable de voir la couleur (elle a donc des petits, petits yeux), mais d'en avoir une qu'elle préfère.

Comment elle apprend ça, elle, que du jaune c'est du jaune?

C'est vraiment extraordinaire, je vous le dis. Et un peu fif.

lundi 14 décembre 2009

Cheap Shot


Bon. J'ai relu mon message d'hier. Mon «expérience», là... Ben, je n'ai que deux mots à dire: «cheap shot»! Je me sens cheap! Super cheap. Cela dit, pour reprendre une tournure de phrase digne de Lynda Reeves: «Can cheap be chic?».

Doit-on toujours opter pour la qualité? Certaines phrases sont devenues des lieux communs qui ne supportent pas d'être contestés. «La vie est trop courte», par exemple. Personne n'oserait dire le contraire. Pourtant, peut-être que la vie n'est pas trop courte, mais trop longue? Beaucoup trop longue. Une vie plus courte nous obligerait à vivre le moment présent, non? Si la vie était beaucoup plus courte, nous n'aurions pas le temps de nous remettre en question constamment. Une vie courte ne nous forcerait-elle donc pas au bonheur, immédiat et inconditionnel? Surtout, nous n'aurions pas le loisir de penser à des phrases toutes faites, absolument banales, comme «la vie est trop courte». «Je préfère la qualité à la quantité» est une autre phrase qui est dite, comme ça, et qui appelle un hochement de tête collectif. On ne veut pas avoir l'air fou, encore moins d'une personne qui n'apprécie pas les bonnes choses de la vie, alors, on acquiesce en ajoutant souvent un haussement des sourcils qui exprime un «ben sûr!» machinal. Mais la qualité est-elle surévaluée?

Ma mère avait, comme bien des femmes de sa génération, une collection surprenante de Tupperware. Du vrai Tupperware, pas du «Tupperware» comme dans «n'importe quel contenant de plastique refermable» (comme il est employé dans ce blogue, vous l'aurez remarqué). Ces contenants, vendus uniquement lors de légendaires réunions, c'était du solide, de la qualité! Faits pour durer une vie, le Tupperware était même assez coûteux, pour l'époque. Bien sûr, son utilisation n'était pas reléguée à la conservation d'aliments au réfrigérateur, ni au chauffage de sauce à spaghetti dans l'alors improbable four à micro-ondes. On affichait fièrement sa collection lors d'événements sociaux où les ménagères pouvaient discuter de l'éducation de leur progéniture en trempant un bâtonnet de céleri dans le célèbre plateau à crudités et trempette (muni d'un couvercle pratique - fini les céleris mous). D'égal à égal avec le service d'argenterie, pots à lait, sucriers, salières, poivrières et carafes en Tupperware méritaient de trôner sur les tables des salles à manger les plus chics.

Or, ma mère, qui avait pourtant opté pour la qualité, s'est maintenant complètement débarrassée de son Tupperware. J'en ai d'ailleurs hérité, mais ça, vous le savez peut-être déjà (sinon, voir Genèse). Son tiroir à Tupperware existe toujours, mais est maintenant peuplé d'une quantité surprenante de contenants Ziplock jetables (qu'elle ne jette qu'exceptionnellement, mais sans aucune gêne, une fois tachés de sauce tomate ou déformés par la chaleur). Elle est très à l'aise avec cette nouvelle collection, disponible facilement dans tous les bons magasins, à peu de frais. Elle se sent moins... engagée. Si un couvercle vient à manquer, elle le remplace par un neuf! Si le contenu congelé depuis mai 1999 lui semble trop louche, tout finit à la poubelle. Si elle ne veut pas me voir partir sans un morceau de son délicieux gâteau aux carottes, hop, elle donne sans retenue dessert et contenant, sans le moindre espoir de revoir ni l'un, ni l'autre. Elle se sent libre. La qualité lui empoisonnait la vie. Le «cheap» l'a sauvée.

«Can cheap be chic?» Bien entendu. Y'a pas plus chic que d'afficher son côté cheap. La quantité, ça fait du bien, des fois. Ma mère l'a compris et vous devriez voir comment elle en est épanouie.

Des contenants «faits pour durer une vie»? Trop peu pour elle! La vie est trop longue.

dimanche 13 décembre 2009

Less is more, 2e partie

Aujourd'hui, je tente une expérience, inspirée d'un commentaire fort pertinent à un de mes messages précédents intitulé Less is more, celle du «less is more» par paresse.

Oh.

Ça fait du bien.

En plus, c'est pas trop long à lire.

samedi 12 décembre 2009

Une question de principes


Une promesse, c'est une promesse. Me voici donc dans un Second Cup, afin de livrer à temps (avant minuit) mon message du jour, étant donné que ma connexion Internet à la maison ne fonctionne plus. Pire: ceci est une prise deux. Je viens de tout perdre ce que j'avais réussi à écrire dans le Second Cup. Dans un Second Cup, il ne faut pas se connecter avec «Second Cup», mais bien «linksys». Le saviez-vous? Pas moi.

Je viens donc de perdre le message que je venais d'écrire. C'est très déstabilisant, tout ça. Voici comment tout a commencé. J'étais à la maison, bien tranquille. Heureux, même. Je venais de me taper ma drogue de choix: la semaine complète de House and Home en rafale (le sujet de jeudi dernier - je n'invente rien - était «Can straight men decorate?»). Miou, mioum. Du vrai bonbon. Bien détendu, vers 22h30, je m'installe ensuite devant mon écran pour livrer mon message quotidien avant minuit. J'ai promis un message par jour et le jour se termine officiellement à minuit. Pas à 1h30. Mais comme il est impossible d'avoir le contrôle sur tout, je ne peux me rendre qu'à l'évidence: Vidéotron est en panne. Un coup de téléphone plus tard et j'apprends que la panne pourra durer quatre heures environ. Je ne pourrai donc pas publier à temps, avant minuit. Me voici donc au Second Cup, sur «linksys» cette fois, à écrire dans un contexte qui ne m'est pas familier. C'est confus, hein?

L'homme est une créature d'habitudes. Normalement, je suis à la maison pour écrire mon blogue quotidien. Je dois ce soir briser cette habitude. Je dois faire semblant de boire un thé vert. Je dois me taper ma voisine de table qui parle de sa tante Ginette (encore une fois, je n'invente rien) et du portrait qu'elle a fait de sa tante Ginette (crayon de bois sur bois). Je dois écouter, ou plutôt supporter, une musique qui ne m'intéresse pas. Je dois faire semblant de ne pas voir le vieux shnock en train de cruiser son voisin de table. Je dois ignorer complètement la table de latinos trop de bonne humeur. Je dois côtoyer la gérante, qui passe son bruyant aspirateur à eau à quelques centimètres de moi. J'ai besoin de mon chez-moi. Sans mon contenant, je suis tout débalancé.

C'est dommage que vous lisiez une deuxième version. C'est vraiment pas comme un original, une deuxième version. C'était vraiment bon, ma version perdue. Je vous jure.

Bon. Revenons à nos moutons (vous voyez, dans une première version, je n'aurais jamais même osé vous imposer des phrases comme «revenons à nos moutons»). Les principes, ah oui. C'était ça mon sujet. Les principes.

Dans ma première version, je vous disais que j'étais un homme de principes. Qu'une promesse, c'est une promesse. Que je pouvais peut-être paraître un peu rigide, mais que la rigidité, parfois, ça a du bon. Mais à quoi ça sert, des principes, si tout le monde ne tient pas ses promesses? Vidéotron m'avait promis une connexion en tout temps. Mais, non. Promesse non tenue.

Je viens de me relire et je me suis trouvé confus, éparpillé. J'ai perdu ma première version à cause de quoi, donc? Vidéotron ou Second Cup? Est-ce que c'est intéressant? Heureusement, ma promesse n'a jamais été d'être intéressant à tous les jours. Alors, voilà ce que ça donne un Robert déstabilisé, mais aux principes rigides. Ça part dans tous les sens. Ce n'est pas... contenu. Normalement, c'est avec une petite phrase punché que je terminerais, mais là, je ne sais plus...

Ça ne m'en prend pas beaucoup pour être complètement perdu.

C'est pas facile de se concentrer dans un Second Cup.

C'est pas vraiment bon du thé vert.

Entre «contenu» et «convenu», il n'y a qu'une lettre de différence.

La musique de Noël, c'est vraiment déprimant.

Un vieux schnock qui cruise un petit jeune, c'est pathétique (surtout quand ça ne pogne vraiment, mais alors vraiment, pas).

Les principes, ça fatigue.

«Can straight men decorate?»: Ayoye. Maudit bon sujet. Merci Lynda.

Un vieux schnock qui veut vraiment pas comprendre, ça rend presque agressif.

Il faut jamais prendre la table à côté de la porte passé le mois de novembre.

Y'est quelle heure, là?

J'ai mal au dos.

Ça revole partout.

Insérer phrase punchée ici.

vendredi 11 décembre 2009

C'est l'emballage qui compte!

Les cadeaux de Noël, quelle plaie! En recevoir ou en donner, c'est pour moi une source de soucis, vraiment. Je comprends mal cette étrange coutume du cadeau de Noël. C'est une situation qui met tout le monde dans l'embarras, non? En tous cas, il ne faut pas me connaître beaucoup pour savoir qu'il y a toutes sortes de choses qui, honnêtement, ne me font aucunement plaisir à recevoir. C'est plate, mais c'est comme ça. Il y a toujours en moi cette question, lorsque j'ouvre un cadeau: «Où est-ce que je vais ranger ce truc-là?». Il faut vraiment être devin pour me dénicher la bonne étreinte. En tous cas, c'est ce que pense souvent mon entourage. Il reste toujours la fameuse liste de Noël, mais, ce n'est pas un peu absurde d'écrire une liste de choses qu'on devra s'empêcher d'acheter pour nous-mêmes jusqu'au 24 décembre, pour découvrir le 25 décembre que personne n'aura voulu les acheter pour nous?

Donner un cadeau, ce n'est pas beaucoup mieux. N'allez pas croire que je n'aime pas faire plaisir aux gens que j'aime, mais c'est toujours un casse-tête. Les gens qui m'entourent ont déjà tout ce qui leur faut. Certains en ont même déjà un peu trop, même... Du moins, à mon avis, mais passons.

Ce long prologue, encore une fois, me fait passer pour un être ignoble et sans émotions, je gage? Mais non. Je ne suis pas le «Grinch that stole Christmas» que vous êtes en train d'imaginer. J'ai trouvé la solution pour que cette tradition du cadeau de Noël ait quelque chose d'agréable pour moi. Oui, oui.

J'aime emballer les cadeaux de Noël. J'adore. Ça m'emballe, emballer. C'est une vraie passion, pour moi. À chaque année, je trouve un thème. Des exemples? «Chocolate passion», «la fragilité des origamis», «un Noël tout de rouge fleuri», «photographies du passé», «vision d'été», «minimalisme extrême», «l'art de la grande révolution culturelle prolétarienne - des décennies d'affiches chinoises», et j'en passe. Cette année, c'est «chasse et pêche», où l'utilisation de matières brutes (écorce et branches d'arbres, feuilles mortes, herbes diverses et autres) est à l'honneur, sur un papier Kraft brun très «unassuming». Un véritable concept est élaboré. C'est tout juste si je ne fais pas des croquis préliminaires. Ensuite, au son de musique de Noël (le seul véritable moment où j'en écoute), je passe des heures à emballer mes cadeaux, avec toute la précision dont je suis capable (la preuve que je ne suis pas un maniaque perfectionniste réside même dans ce constat qu'il ne s'agit pas d'une précision absolue, mais bien simplement celle dont je suis capable, non?)... J'utilise un ruban double-face, afin qu'aucune trace de scotch-tape ne soit visible. Un exact-o, beaucoup plus efficace qu'une paire de ciseaux. Une équerre et une règle, aussi, pour que l'endroit où le papier se rejoint arrive exactement au milieu du côté le plus court du dessous du cadeau. Les plis sur les côtés, aussi, sont prévus pour arriver au centre, en formant une croix parfaite (le double «Y» horizontal est aussi accepté, faut un peu de souplesse, ma foi!). Une fois le tout emballé avec le papier de base, arrive le moment de la décoration. Selon les années, je peux faire appel à une foule de matériaux. Ça varie, mais ça ne se trouve jamais dans un Jean-Coutu, rayon emballage de Noël. La quête est souvent longue et source de frustrations (surtout au royaume du back-order qu'est le Canada - j'y reviendrai un jour). Parfois, l'emballage coûte plus cher que le cadeau qu'il recouvre.

Des friteuses ou des cravates, des plats à olives ou des montres-bracelets, c'est produit en série. Ça n'a rien d'unique. Vous souvenez-vous des cadeaux que vous avez reçus à Noël l'an dernier? Moi non plus. Par contre, si je recevais un cadeau emballé avec, je sais pas, moi, de la tuile de céramique, je m'en souviendrais. Encore une fois, le contenant s'avère supérieur au contenu. C'est l'emballage qui compte, je vous le dis.

En passant, il ne vous reste plus que douze jours d'emballage avant Noël.

jeudi 10 décembre 2009

Un party du temps des fêtes

Aujourd'hui, on peut dire que j'ai été en contact, direct ou indirect, avec beaucoup de monde: des proches, des moins proches, des qui passent sur la rue, du monde au téléphone, d'autres au travail, à la maison, des amis, des amis d'amis, des caissières, la fille un peu perdue qui chante du Led Zeppelin en faisant face au mur du Pharmaprix, des concierges, des chauffeurs d'autobus, des pompiers aperçus dans leurs camions rouges, des collègues indifférents, des enfants qui traversent la rue, des itinérants, du monde à la télévision, un air bête qui pense que je cruise son chum, le chum de l'air bête que j'aurais dû cruiser juste pour faire chier son air bête de chum, des animateurs de radio, ma mère, une hygiéniste dentaire, etc. Tout ce monde-là, en une seule journée. En moins de 15 heures, en fait. C'est énorme. J'arriverais jamais à énumérer tout le monde. Y'en a trop.

Par contre, je dois dire que j'ai été en contact avec encore plus d'objets. En prenant ma douche, ce matin, je me suis mis à compter. Ça m'a étourdi. Ne vous en faites pas, je vous épargne la liste. Ça ne finissait plus. Est-ce qu'on avait raison, alors, de penser que les humains comptent plus que les choses matérielles? Et si, tout ce temps-là, on oubliait que les objets qui nous entourent avaient fini par prendre plus de place dans nos vies que les gens qui partagent nos vies? N'allez pas croire que je pense qu'une pomme de douche ait plus de valeur qu'un coiffeur, là. Quand même. Non. Seulement, froidement, là, si on se mettait à vraiment observer de quoi est fait notre quotidien, il faudrait avouer qu'on laisse plus de place aux choses qu'aux humains. C'est un peu déprimant, mais c'est comme ça, que voulez-vous?

Là, je me suis mis à songer que chacun de ces objets-là avait tout de même été en contact, direct ou indirect, avec une liste incroyable de personnes: des designers, des empaqueteurs, des vendeurs, des utilisateurs passés, des emprunteurs, des fabricants, des inspecteurs, des gérants du personnel, des assistants comptables, des vices présidents, des secrétaires de responsables de la mise en marché secteur Nord-Est, des ingénieurs, des conducteurs de camions, etc. Pour chaque nouvel objet, je pensais à une nouvelle liste de personnes.

Je me suis dit: «Hey, je pense bien que juste en faisant le tour de ma salle de bain, je pourrais avoir un genre de lien avec une méchante gang d'êtres humains.»... Un méchant party!

Les objets autour de moi me fascinent. C'est peut-être pour ça. Ils me rappellent à quel point c'est rendu presque impossible de se sentir vraiment seul. Vous êtes pas d'accord, vous? Hein? Allô. Allo?

Y'a-tu quelqu'un?

mercredi 9 décembre 2009

Fluff


En cette journée de première neige, toute fluffée, je me suis dis: "Robert, calme-toi les nerfs, la vie est belle, keep it light and fluffy". «Fluff»: un autre mot intraduisible en français (non, «duveteux», ça fait pas mon affaire).

Enfant, la première neige signifiait, même pour le petit garçon que j'étais, plus attiré par une journée à bricoler avec des boîtes d'oeufs en regardant Du Soleil à cinq cennes que par une game de hockey cosom, qu'enfin j'allais pouvoir aller jouer dans la neige. J'allais pouvoir essayer de construire un fort (j'ai jamais vraiment réussi - vous?), ou même de faire un bonhomme de neige si la neige s'avérait «collante». Mon bonhomme le plus mémorable demeure celui fait avec mon père, qui lui avait mis des seins en neige. On lissait, on lissait, pour que la poitrine soit bien aérodynamique... Manger de la neige fraîchement tombée, c'est vraiment bon, non? Je réalise que je viens de faire un lien entre les seins en neige de mon père et le fait de manger de la neige. Malaise. «Le docteur Freud est demandé à la salle d'examen! Le docteur Freud!». Enfin.

Bon. C'est pas tout. Quand tombait la première neige, ça voulait dire qu'enfin Noël allait arriver. La maîtresse d'école allait nous laisser faire du bricolage, et pas seulement le vendredi après-midi (maintenant, je comprends que c'est elle qui avait besoin d'un break en nous regardant coller des macaronis-coudes sur du papier construction). J'allais recevoir plein de boîtes de cartons pour jouer, la plupart avec des jouets dedans, même. Le sapin de plastique allait être enfin sorti de sa boîte au sous-sol, avec son odeur unique de sapin de plastique...

Wo minute. Est-ce que je suis dans l'esprit des fêtes, là, moi? Au secours!!!

mardi 8 décembre 2009

Qui a le droit?

Je repensais à mon message d'hier. Je me suis vraiment posé la question: «Est-ce que j'ai le droit de parler de Tupperware?». Toute la journée, j'y ai pensé.

Voici une des premières images de ma journée:

Une jeune personne de mon entourage vient me voir, en larmes. Elle risque de perdre sa mère, bientôt, peut-être. J'ai pas le droit. Une autre jeune personne, juste à côté d'elle, est au cellulaire: «Non, vous comprenez pas, je veux le même forfait qu'avant! Comment ça, vous avez mon numéro de permis de conduire? J'en ai même pas de permis de conduire!». J'ai le droit. J'assiste à la plus récente pièce de théâtre d'Évelyne de la Chenelière, vraiment intense et touchante. J'ai pas le droit. Je me retape ces merveilleuses publicités de Reitmans. J'ai le droit.

Ça a été comme ça toute la journée. À toutes les minutes, je changeais d'avis. L'important et le futile se sont mélangés sans cesse. Le profond a côtoyé le superficiel. Ça a été un tourbillon tragi-comique.

On a besoin des deux pôles, j'imagine. Alors, d'où me vient ce malaise de parler de contenants de plastique et de combien les ranger correctement m'apporte un peu de paix? Il y a toujours en moi une petite voix qui me dit que ça n'a pas d'allure mettre tant d'énergie à du superflu dans un monde en quête d'essentiel. Est-ce que c'est possible, en 2009, de composer des «wam-bam ba badab dou, c'est le temps des vacaaaances» ou est-ce qu'on est obligé d'y aller pour du vrai, du senti, de l'important et chanter combien notre pauvre planète souffre?

OK, il faut avoir une réflexion sur notre monde, mais on peut pas juste faire joli, des fois?

«L'un ne va pas sans l'autre». Le sondage Tupperwareblog a tranché.

lundi 7 décembre 2009

BONUS!

Maudit que les annonces de Reitmans sont bonnes. Consultez la nouvelle barre YouTube à droite de l'écran.

On dirait que «ça» va déjà mieux.

Héhé.

Ça

Ça a commencé hier. Ou plutôt, je devrais dire que c'est hier soir que ça s'est confirmé. C'était le 6 décembre. Le 20e anniversaire de la tuerie de Polytechnique. À Tout le monde en parle, deux femmes, dont une avait vécu de près les tristes événements, s'exprimaient sur leur condition. Elles en avaient à dire, et pour cause. Le cardinal Turcotte aussi était invité, ce qui a donné cours à des échanges musclés non seulement sur la femme, mais aussi sur toutes sortes de causes: le droit à l'avortement, les droits des gays, la pauvreté dans le monde, etc. De grands débats étaient lancés. On s'est même risqué à un «Dieu existe-t-il»? (Pas selon Edgard Fruitier, en tous cas. Ni Claude Meunier.)

Ça s'est calmé. J'ai passé une excellente nuit de sommeil (dix heures) et je me suis levé tout doux, tout doux. Il y avait, au déjeuner, bagel et saumon fumé. La journée a passé très vite. Mes achats de Noël sont maintenant terminés! Le bonheur. Selon la vendeuse de chez Stokes, je suis vraiment bien organisé. À la maison, après avoir fait l'inventaire de quel cadeau irait à qui, j'ai regardé un peu de télé. Aux nouvelles, on parlait réchauffement climatique. Le Sommet de Coppenhague commençait ce matin. Des centaines, des milliers de personnes manifestaient leurs craintes, leurs visions. L'avenir de notre planète était en jeu.

Ça m'a repris. Ça a fait comme deux petits plis entre mes sourcils. Heureusement, Lynda Reeves a fait son apparition à l'écran, à la barre d'un House and Home particulièrement troublant. «Can eco be chic?», se demandait-on. Il a été question non pas d'écologie, mais bien du style écologique. En d'autres mots, on se foutait de savoir si tel revêtement de plancher était vraiment sain pour l'environnement, on se satisfaisait de savoir, qu'au moins, il était «really fabulous and glamourous».

Ça s'est calmé à nouveau. En zappant, surtout des annonces de Rice Krispies rouge et vert (édition limitée - je cite) pour Noël, de bonhomme Pillsburry, de parfums, de voitures, d'électroménagers... Une auto-pub pour Entertainment Tonight nous promettait «an inside look at Dolly Parton's wardrobe».

Ça s'est endormi complètement. Je me suis assis, pour écrire mon «message à l'Univers» de la journée et c'est revenu, mais flou, très flou.

Ça, c'est mon doute face à ce que j'ai à dire. Quelle est ma cause? En ai-je une? En ai-je besoin d'une? En ai-je une que je ne vois pas bien, que je n'assume pas, qui sommeille en moi? Les Tupperware, c'est vraiment important? Est-ce que je parle vraiment de Tupperware? Si oui, y a-t-il quelque chose de mal là-dedans?

Ça sera peut-être plus clair demain.

dimanche 6 décembre 2009

Savoir se contenir


Savoir se contenir, c'est difficile. Il y a une ligne très mince entre se contenir et se faire marcher dessus. Faire éclater ses émotions (comme la colère, par exemple), ça a ses plus et ses moins. D'une part, on peut dire qu'on a (peut-être enfin) fait sortir le méchant, d'autre part, on peut se dire qu'on est allé trop loin. Ça a splashé partout. Ça a revolé et au bout du compte, rien n'a été réglé. On se retrouve dans pire gâchis qu'avant et ça, c'est vraiment pas plaisant.

Vous vous imaginez tout de suite qu'un événement grave vient de m'arriver. Détrompez vous. Les plus grandes colères (ou autre émotion au choix) surgissent souvent de moments anodins et ma vie est encore plus ridicule que vous ne pouvez imaginer.

Vous êtes curieux?

Si vous voulez vraiment apaiser votre curiosité, voici ce qui vient tout juste de m'arriver. J'étais dans un bar. Un bar de gars. Des «vrais» gars, là, pas des folles (j'ai hésité avant d'écrire ce mot, car je ne voulais pas tomber dans la facilité, mais c'est tellement facile, la facilité). Un groupuscule d'individus pas vraiment à leur place était là, sur le party, probablement pour célébrer les trois ans et demi de leur salon de coiffure (ouf, bonjour les clichés - mais, il fallait que ça sorte). Leur activité principale consistait à se lancer des poignées de glitter (il fallait le voir pour le croire). Jusque là, pas de problème. Je ne juge pas «ce genre de gars là». Une seule chose me préoccupait: je ne voulais pas recevoir un seul de ces maudits glitters argentés. Avez-vous déjà été couvert de cette cochonnerie? Des mois plus tard, vous en trouvez encore dans vos coutures de t-shirt, dans votre panier à linge sale, dans les fentes entre les lattes de bois de vos planchers... Bien sûr, l'évident allait se produire. La plus grande de ces énervées saoules et spray-nettée a soufflé une poignée de petits brillants et je me suis retrouvé couvert comme une drag-queen le jour de la parade de l'orgueil gay. Bon, dans les faits, je n'étais pas «couvert». J'en avais un peu dans les cheveux et d'autres de pognés dans le poil de mes bras. Mais ça m'a mis dans une colère terrible. L'orgueil gay, j'imagine.

Je pourrais ici vous raconter une suite où je verse un pichet de bière sur la tête de cette «kéffeuse» (maudit que ça fait du bien, ces clichés là - j'en ferai un sujet futur, je pense), en ajoutant un crochet droit sur sa mâchoire efféminée (ça fait vraiment du bien), pour terminer sur une injure humiliante et un coup de pied au cul final. Malheureusement, ou heureusement, je ne peux pas vous raconter cette finale. Ce n'est pas ce qui s'est passé.

Je suis allé aux toilettes me laver le visage. Au retour, l'individu (redevenons plus neutre, ici) a voulu s'excuser, mais je lui ai répondu qu'il était un imbécile et que je n'avais rien d'autre à lui dire. Je suis parti (en fait, il fallait que je parte anyway, je devais aller souper). Fin. C'est plate, hein?

Je me suis contenu. J'ai gardé mon couvercle bien scellé, de peur de splasher partout. Si j'avais opté pour cette version, où serais-je maintenant? Encore au bar, fier de mon coup? En train de souper, bien tranquille? Au poste de police, accusé de voies de fait? Je ne le saurai jamais. Se contenir, c'est ça: accepter qu'il y aura des versions qu'on ne connaîtra jamais.

Raconter cette histoire, ça me fait peut-être me contenir un peu moins? Un peu?

samedi 5 décembre 2009

Goût en otage

Le bon goût, c'est difficile à définir. Ce qui est beau pour moi ne le sera pas nécessairement pour un autre. Les modes, qui tentent de tracer les limites du bon goût dans une période donnée, peuvent nous interpeller ou non. Il faut par contre beaucoup de courage pour affirmer ses goûts personnels quand on est complètement à contre courant. La plupart des gens n'hésitera pas à se fier au goût des autres, surtout si il s'agit d'homosexuels hautains et excentriques, animateurs d'émissions de télévision diffusées en pitoyables traductions à Canal Vie.

En ce moment même, je regarde (distraitement) une émission intitulée Maison en otage. Je faisais une sieste sur le sofa et c'est dans un état de semi éveil que j'ai commencé à regarder cette émission. Je n'ai pas pu résister. Je connaissais Maison en otage, bien entendu. Je suis facilement happé par la télé si elle me propose des concepts où des maisons affreuses sont transformées sous nos yeux. Heureusement, à tout moment, je peux ouvrir la télé et tomber sur une de ces émissions. Elles jouent en boucle à plusieurs canaux. Ce serait plus difficile de les éviter que de les trouver. Vous en connaissez sûrement, à moins d'être de ceux qui ne regardent jamais la télé (et qui en sont très fiers). Mon vrai bonheur ne réside pas dans les merveilleuses astuces de design que proposent ces émissions, mais bien dans leurs formules (gagnantes). Les meilleurs concepts font appel à des «designers» qui s'évertuent à rabaisser les participants, de pauvres criminels du bon goût, en se moquant de leurs tentatives de décoration intérieure. On jette le vieux lazy-boy brun aux ordures, on fait mettre aux participants des t-shirt portant des inscriptions honteuses (cette fois, c'est «House of Horrors»), on filme soigneusement les coups de masse dans les murs de stucco, on déchire les ridicules rideaux de dentelle, on humilie toute la famille en étalant son stock laid sur la rue... Un délice télévisuel, quoi! C'est un plaisir malsain, je sais.

Ces séances d'humiliation publique se terminent toujours de la même façon: le dévoilement du projet, où les designers homosexuels (bon, des fois ce sont des femmes obsessives-compulsives, mais le résultat est le même) s'auto-congratulent de leur bon goût en pointant aux pauvres participants combien ils seront plus heureux dans leur nouvelle déco. La partie étonnante, c'est que ces analphabètes de la décoration sont toujours ravis. «Oh, my God!», disent-ils, en ouvrant les yeux. «Is this really my living room?». Quelle joie sur leurs visages! La honte fait place à une appréciation totale. Leur vie sera à tout jamais changée.

Je ne vais surtout pas prendre la défense de ces masochistes du home improvement. Seulement, je me demande parfois si c'est possible d'être heureux avec du papier peint floral défraîchi, des meubles des années 80 usés mais fonctionnels et des ventilateurs de plafond avec des abat-jours de verre givré en forme de tulipes. C'est quoi qui rend ces intérieurs laids, au juste? Notre cerveau peut-il capter des formes qu'il analysera comme hideuses ou harmonieuses? Des extraterrestres qui débarqueraient ici, sans connaître notre passé (et sans abonnement à Vidéotron), pourraient-ils distinguer une tête de lit qui fait «wow» d'une tête de lit qui fait dur?

Leur vaisseau spatial serait-il aussi épuré qu'on aime imaginer, scintillant d'inox et de verre? Et si ils aimaient ça, eux, le stucco, les petits rideaux de dentelle et les lazy-boys bruns?

vendredi 4 décembre 2009

À chaque pot...


Sur cette terre, nous sommes beaucoup de monde. Mais, vraiment beaucoup, là. Vous avez 3578 amis sur Facebook? C'est rien, ça. Y'a plus de monde qui vous ignorent que de monde qui vous connait. Vous habitez Manhattan ou Mexico, ou même Mumbai? Vous croisez des gens partout, partout... Il y en a pourtant plus que jamais vous ne croiserez. Vous n'en entendrez même pas parler. Vous êtes Madonna ou Barack Obama? Encore une fois, vous ne serez en contact qu'avec une minorité des habitants de notre planète. Il y en a même qui ne savent pas vous êtes qui. Oui, oui.

Admettons que vous tombiez en amour. Une personne extraordinaire, vraiment. La perle rare. Votre «âme soeur»... Ça a été une chance exceptionnelle de la rencontrer. Vous étiez en voyage d'affaires; ou dans un party où vous ne vouliez pas aller au départ; ou dans une clinique de MTS en région; ou dans Ahuntsic... Et le destin a agi. Vous vous êtes croisés et c'est apparu comme une évidence: vous alliez passer votre vie avec cet homme ou cette femme là. Mais... Êtes vous sûrs d'avoir fait le bon choix? «Oui, oui», répondez vous. Vous le sentez. Vous vous méritez. Vous donnez raison à l'adage: «à chaque pot, son couvercle!»...

Sur toutes les personnes que vous avez rencontrées, vous en avez choisi une, mais, n'oublions pas une chose: il y a encore plus de monde que vous n'avez jamais rencontré. Et si l'élu de votre coeur habitait un cul-de-sac d'une banlieue d'un pays que vous ne visiterez jamais? Et si jamais il ne sortait pas de chez lui, cloué sur son sofa par une agoraphobie aigüe? Et si c'était une vedette de cinéma et que vous, vous n'êtes jamais invité dans les événements jet-set qu'il fréquente, songeur, peut-être même en se demandant si un jour il rencontrera la «bonne» personne? À chaque pot, son couvercle? I don't think so.

Bon, bon... N'allez pas croire que je ne crois pas en l'amour. Ce n'est pas la question. Je me rends simplement compte que chaque pot a plusieurs couvercles possibles et que quand il y en a un qui fitte, on serait fou de virer fou à chercher.

Combien de fois n'ai-je pas cherché de couvercle à un pot (un vrai pot, là - la métaphore est terminée)? Des fois, le couvercle, il est perdu. Il a fondu au lave-vaisselle. Il s'est fendillé au congélateur (votre mère vous avait bien dit de ne pas faire confiance aux marques bas de gamme). Il a été jeté à la poubelle avec les os et les bouts croquants du poulet de la veille. Il est tombé en arrière du frigidaire et vous n'êtes pas trop «ménage». Il a fini dans le casier d'école secondaire d'une adolescente qui ne pense pas à ça, ces affaires-là, trop occupée à se demander si elle est lesbienne ou simplement amateure de volleyball. Le pot, pendant ce temps-là, il n'est pas fini, mais il sert moins, disons. Des fois, c'est l'inverse. C'est le pot qui est perdu et le couvercle esseulé ne peut plus que s'empiler avec les autres, souhaitant servir à couvrir un pot pour lequel il n'était pourtant pas destiné. Les armoires à Tupperware, dans ce temps là, sont encore plus difficiles à classer. La méthode «couvercle sous pot correspondant» est foutue. La technique «couvercles dans le plat vert à céleri et pots sur la tablette voisine» est d'un pathétique... L'alternative «bordel dans un tiroir» reste peut-être la solution la plus valable, mais pour combien de temps?

De quoi je parlais, donc?

jeudi 3 décembre 2009

Remplir le vide


Le vide, c'est vraiment fascinant. J'aime le vide. Ça fait peur à certaines personnes, mais pas moi. Il y en a qui se doivent de remplir le vide. Ils veulent que tout soit plein, alors, ils remplissent, avec n'importe quoi. Tout ce qui leur tombe sous la main ou qui leur vient à l'esprit. Parfois, ce remplissage n'a aucune réelle fonction, si ce n'est que de remplir. Moi, je ne comprends vraiment pas ce comportement. Il faut accepter le vide, l'apprivoiser. Le vénérer, même. Pour avoir du vide, il nous faut d'abord quelque chose pour mettre le vide dedans. Sans contenant, pas de vide. La preuve? Nommez-moi des choses qui peuvent être vides. Des cruches, des bocaux, des pots, des sacs: tous des contenants. Même des mots, c'est pas un peu des contenants pour mettre les idées? Un contenant, ce n'est pas rien! C'est déjà quelque chose qui contient, qui enveloppe, qui enrobe, qui cache, qui protège... C'est super rassurant. Alors, pourquoi avoir si peur du vide? Ce n'est pas ce qui a dedans qui fait du bien. C'est ce qu'il y a autour. De toutes façons, moi, je n'ai pas peur du vide. Le vide, c'est plein de possible. On peut y voir tout ce qu'on veut. On n'est pas dérangé par un contenu, déjà tout trouvé, coulé dans le béton. Sans vide, où est la place de l'imaginaire? L'imagination n'a pas besoin de tant de choses pour se développer. Il ne faut qu'un contenant pour la mettre dedans, mais si ce contenant est déjà plein, où on va les mettre, nos belles idées? Ça prend un vide. C'est la théorie du vacuum. Il faut de la place pour ce qui s'en vient, pour nous-mêmes, peut-être... Se jeter dans le vide, c'est vraiment enivrant, non? Se jeter dans du plein, ça fait mal en maudit. Remplir par peur de la vacuité (un méchant beau mot, ça, "vacuité" - tout un contenant pour tant de possible), c'est ne pas faire confiance à la vie. J'aime ça, moi, la vacuité. Ça me repose, on dirait. Heureusement, dans l'univers, il y a beaucoup plus de vide que de plein. C'est un signe, ça. Alors, aujourd'hui, au lieu de tout remplir pour rien, faites le vide. Vous verrez, ça va vous remplir de sérénité.

mercredi 2 décembre 2009

Une garantie!

L'inspiration, ce n'est pas garanti. Normalement, l'être humain écrit pour être lu. C'est le but. Je ne dois pas être normal, parce que l'augmentation du membership de Tupperwareblog me bloque. Nous sommes six. Pas six millions, ou même pas six cent. Six. M'incluant. Et pourtant, me voilà pour la première fois dans un état étrange. Je ne sais plus quoi écrire. Je m'étais promis un message par jour. Un engagement, c'est un engagement, alors je fais ce que tout professeur d'écriture doit toujours interdire à ses élèves: je parle du fait que je ne sais pas de quoi parler. Ayoye, ça fait mal.

Pourquoi donc ne pas copier, tout simplement?

Voici donc, aujourd'hui, la garantie Tupperware!

Garantie a vie limitée

Les produits de marque Tupperware®sont garantis par la

compagnie Tupperware contre l'ébrèchement, le

fendillement, les cassures et l'écaillement survenus lors d'un

usage domestique normal, non-commercial, pour la durée de

vie du produit. Appelez votre conseiller/conseillère ou votre

Directeur Tupperware pour obtenir le remplacement gratuit

d'un produit défectueux. Dans l'éventualité où ce produit ne

peut être remplacé pour cause d'indisponibilité, un produit

comparable sera donné en remplacement ou un crédit sera

accordé à valoir sur l'achat futur de produits de marque

Tupperware®. Cette garantie vous donne des droits légaux

spécifiques mais il est possible que vous ayez d’autres droits

selon votre province de résidence. Les articles sous garantie

ou pièces de rechange sont sujets à des frais d’envoi et de

manutention.

mardi 1 décembre 2009

Juger le contenu par le contenant


Est-ce que c'est vrai, ça, qu'on ne devrait pas juger du contenu par le contenant? Moi, je dirais que d'une manière générale, quand j'ai jugé une chose par son contenant, je ne me suis pas trompé. "Ah, t'es ben pas fin, t'es plein de préjugés!" et gna gna gna...

Selon le Petit Larousse:

Préjugé n.m. 1. Jugement provisoire formé par avance à partir d'indices qu'on interprète.

Bref, y'a rien de mal là dedans! Je dirais même que c'est une marque d'intelligence, de flair. C'est faire preuve d'analyse et ça fait pas de mal à personne! Bon, y'a une deuxième définition, mais quand même... Pourquoi se priver de ce qui a permis à la race humaine de survivre depuis des milliers d'années? L'instinct. À l'épicerie, le mélange à gâteaux dans une boîte jaune avec "mélange à gâteau" écrit dessus en lettres noires (Arial black), même pas de photo, je vous le dis: ça lève pas pis ça goûte le criss. Je viens de vous épargner une grosse déception à vous et à votre neveu le jour de ses six ans. C'est mal, faire ça? Les anglos disent: "Never judge a book by its cover". C'est drôle, mais pourquoi je peux spotter les biographies minables de vedettes has-been du premier coup d'oeil sur la table des coups de coeur Renaud-Bray? Même de loin. La photo filtrée, son éclairage, le fond ombragé, la grosseur du titre: tout y est pour savoir qu'on a pas affaire à un prix Goncourt.

Le pire, c'est avec le monde. C'est là où c'est le plus mal vu de préjuger. Pourtant, un préjugé n'exclut jamais un retour sur notre décision. C'est un avertissement. Sur la rue, on vous demande: "Parlez-vous français?". Il y a peu de chance de se tromper et d'un coup d'oeil, on peu deviner la suite. C'est soit une touriste parisienne perdue qui cherche la ville souterraine ou un itinérant qui va vous quêter 25 cents pour un café. Si jamais on se trompe, so what? Ça m'étonnerait qu'il s'agisse d'un producteur d'Hollywood à la recherche d'une co-vedette pour jouer avec Brad Pitt dans un film en français. Au pire, vous éviterez de découvrir les bienfaits de la dianétique ou du travail exceptionnel de Médecins du Monde... Ça empêche pas de donner, au bureau.

La preuve que tout le monde juge le contenu par le contenant, c'est que c'est rare en maudit quelqu'un qui fait exprès pour s'habiller tout croche et puer de la gueule pour aller cruiser. Y'en a à qui ça arrive, mais pas par exprès. On sait que les gens vont nous juger par notre apparence. Il y a des livres de "self-help" (super reconnaissables, même écrits en chinois) qui, pendant des pages, nous rappellent "qu'il n'y a qu'un moment pour créer une première impression" et que "tout se joue dans les trois premières secondes". Quand on se trouve du bord du jugé, on hoche de la tête, on se dit: "ben oui, c'est vrai"... Alors, pourquoi on n'aurait pas le droit de juger les autres en retour?

J'avoue, il arrive qu'un contenant modeste cache un trésor. Ce midi, je suis allé dans un restaurant vietnamien que j'adore. C'est laid! Horrible. La façade est minable et en dedans, ça se gâte en mêlant le préfini et les déprimantes peintures beiges de jonques. Mais la bouffe est bonne. Le service est impeccable. L'endroit en devient presque charmant.

J'ai l'air de m'attendrir, comme ça. Mais attention: vous me jugez peut-être trop vite?



En prime aujourd'hui: un diaporama expérimental avec des Tupperware. Préjugés bienvenus!

lundi 30 novembre 2009

House and Home

Connaissez-vous Lynda Reeves? J'aime cette femme, qui est sans doute la reine canadienne du décor au foyer. Je ne peux plus me passer d'elle. En plus d'avoir un site web (cliquez sur le titre et vous y voilà), une ligne d'articles pour la maison, un blogue, une revue spécialisée (et j'en passe), elle anime une délicieuse émission de télévision. Du lundi au vendredi, à tous les jours, elle nous donne son opinion sur la fine pointe du bon goût en matière de design et de décoration. Chacune de ses émissions commence par un mini monologue où elle expose son sujet, assise dans une chaise crème autour d'objets ivoire et de murs blanc cassé. Des exemples? Are you ready for loft living? Can you do glamour on a budget? Is country style really back? What does the future look like?

Chacun des thèmes, souvent formulé sous la forme d'une question, comporte sa réponse. Aussi, si Lynda se demande "Are you ready to fly solo?" (c'est à dire, dans le jargon du métier, décorer sans faire appel à un designer professionnel), la réponse est bien sûr que non, la plupart d'entre nous ne devraient pas faire confiance à son goût douteux et engager plutôt un designer sur le champs. Si elle se pose la question, c'est qu'elle en connaît déjà la réponse.

Les divers segments de cette émission passent très vite. On visite deux demeures fabuleuses, qui nous rappellent à quel point c'est ordinaire chez nous, on discute avec la rédaction afin de débattre du sujet entre gens pour qui un budget de 100 000,00$ pour une cuisine, c'est "really affordable", on bricole avec des homosexuels, souvent chez Lynda elle-même, afin de découvrir à la fois combien il est facile de peindre un abat-jour et combien Lynda est sûre de mettre au chemin le bricolage en question dès que les caméras seront fermées. Un court segment est intitulé "Gotta have it", soit "Ça nous PRENDS ça" (traduction libre). Dans cette très courte partie de l'émission, l'émotion est à son paroxysme alors qu'on présente des images des trouvailles de l'équipe de Lynda dont on ne pourrait se passer. Sans panier en osier antique, en effet, que sommes nous?

Je semble sarcastique? Pas du tout. Cette émission est pour moi comme une drogue. À tous les jours, à 18h30, I GOTTA HAVE IT. Le ton hautain, les remarques désobligeantes, le malaise de Lynda auprès des enfants qui ont le malheur de se trouver sur les planchers de granit noir de certaines demeures visitées, les conseils aux téléspectateurs (parfois, Lynda répond aussi à des questions du public, qui envoie même de tristes photos de leurs cuisines ordinaires ou de leurs salons anonymes - c'est jouissif de voir la mine découragée de Lynda qui finit toujours par dessiner des tentures autour des fenêtres), l'équipe composée de petites grosses et d'homosexuels efféminés (il y a même un petit gros homosexuel efféminé), les images léchées de tous ces endroits aussi magnifiques qu'inaccessibles... J'aime tout.

C'est pour moi une détente extraordinaire. Parfois, j'enregistre toute la semaine et je ma la tape en rafale le vendredi soir. "Loser!", me criez-vous? Je m'en moque. Pourquoi bouder mon plaisir? La psy que je n'ai pas me dirait qu'il y a de quoi creuser à ce sujet. Je me moque encore plus de cette hypothétique psy.

Lynda, je t'aime. Tu m'autorises à ma propre superficialité.

samedi 28 novembre 2009

La vraie question

Il est de vraies questions comme de vraies affaires. Elles sont difficiles à distinguer. L'inverse des "vraies affaires", c'est quoi? Les fausses affaires? Si je veux me poser les vraies questions, comment m'assurer de ne pas me poser les fausses questions?

Mon dernier message me laisse dans un état difficile à décrire. Il y a la satisfaction d'avoir (peut-être enfin) accepté ma condition de matérialiste, mais demeure cette insatisfaction. Qui suis-je? Qu'est-ce que ça me fait de penser comme ça? C'est triste, au fond, non? C'est peut-être même insultant pour ceux que j'aime? J'ai pas le droit, peut-être, de penser comme ça. "Comment je me sens dans tous ça?", me dirait ma psy si j'en avais une.

"Overwhelmed". J'ai cherché la traduction française du mot "overwhelmed". Pas satisfaisant. On parle de submersion, d'accablement, d'écrasement, mais aussi d'irrésistible. C'est pas faux, mais ça ne dit pas tout. Maudit qu'ils l'ont, l'affaire, les anglos. Peut-être que je manque simplement de vocabulaire en français? Je me sens "overwhelmed".

Devant ce constat matérialiste (que certains trouveront pathétique, sûrement), je suis en effet irrésistiblement submergé, dépassé. Tous ces objets m'empêchent peut-être de voir le reste: moi, les autres, tout ce qui est intangible. Comme disait Carole Laure citant Cocteau: "Puisque toutes ces choses nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs". Alors, si un jour j'arrive à arranger ces choses, à avoir un certain contrôle sur elles, je me sens rassuré. De cette "overwhelming" masse, j'arrive à émerger, le temps d'un respir. Le nez vers le ciel, je souffle et je peux apercevoir... quoi au juste? L'invisible? La vraie beauté, pour moi, c'est peut-être ça, au fond: l'invisible. Un petit moment de calme où nos cinq sens peuvent prendre une petite pause. Devant le nouveau mur de tuiles dans mon condo, face à mon MacBook bien aligné avec le bord de la table, en ouvrant mon armoire à Tupperware de marque Rubbermaid, où les piles sont régulières et monochromes, je peux enfin faire face à l'invisible.

Ça ne dure jamais trop longtemps. Je suis replongé sous la surface et me revoilà en quête d'apprivoiser toutes ces choses. Le matériel reprend le dessus. Bon. Assez blogué pour aujourd'hui. J'ai des vraies affaires à classer.

La satisfaction du matériel

Au risque d'aller trop loin, j'avance une théorie. Il y a deux sortes de personnes: les matérialistes et ceux qui vivent dans le déni le plus complet de leur matérialisme. Ouch. Ça fait mal, hein?

Bien sûr, je m'explique. Nous percevons notre vie grâce à notre pensée, mais via nos cinq sens. Or, pour toucher, sentir, voir, entendre ou goûter quelque chose, il faut que cette chose soit réelle. Ne pas accorder d'importance au matériel serait donc équivalent à un refus total de vivre. Vous me suivez? Il y a cette tendance à vouloir se rapprocher des "vraies affaires". "L'essentiel, c'est d'être aimé", dit d'ailleurs la chanson. En effet, quoi de plus beau que d'entendre le téléphone sonner quand on sait que l'être cher pense à nous? Un repas en tête à tête, tout simple, avec une bonne bouteille de vin, y'a que ça de vrai! Sous les draps, le contact chaud de la peau de la personne qui compte pour nous est une pure merveille. Une discussion entre amis, sur nos voyages, nos lectures, nos rêves, ça nous rappelle l'importance du contact humain. Pour toutes ces "vraies affaires", la facture monte donc à: deux téléphones, un jean avec des poches pour le cellulaire, une table basse pour l'autre appareil, plusieurs poteaux de téléphone, du fil électrique, des satellites de transmission, des tours de transmission, un bureau chef pour la compagnie de téléphone (avec un comptoir en formica pour le lobby, des chaises de bureau, des ordinateurs, des fenêtres, des portes, du tapis mur à mur, un ficus à l'entrée pour faire joli), une lampe pour voir où se trouve la table du téléphone, un plancher pour tenir la lampe et la table, de la colle pour fixer les lattes du plancher, des contenants de plastique pour contenir la colle, de l'encre pour imprimer "colle" sur les contenants, une imprimerie, du Windex pour nettoyer le téléphone de temps à autres, du papier essuie-tout. Ensuite, il faudra: une table, deux chaises, une nappe, un chandelier, des chandelles, une planche à pain, un couteau à pain, du beurre, des couteaux à beurre, des assiettes, un plateau à fromages, un porte-feuille pour contenir l'argent pour payer le pain, une voiture (ou une bicyclette) pour se rendre à la fromagerie, du sable pour fabriquer le verre de la bouteille de vin, du papier pour l'étiquette du vin, un baril de chêne, des outils pour cultiver la terre où poussent les raisins, un système d'irrigation, un autre téléphone (ou un ordinateur) pour faire les contacts avec les distributeurs du vin, deux verres, un tire-bouchon, une usine à tire-bouchons, un camion de livraison pour distribuer les tire-bouchons, des boîtes de cartons, une caisse enregistreuse pour le magasin où on a acheté le tire-bouchon, un camion pour envoyer la caisse enregistreuse au magasin, un bol de toilette pour ce qui adviendra du repas simple d'ici quelques heures, des tuyaux, des tuyaux, beaucoup de tuyaux. Ce n'est pas tout. Il manque: des draps, des oreillers, un matelas, un couvre-matelas, des taies d'oreillers, deux brosses à dents pour se brosser les dents avant d'aller au lit, un lavabo, encore des tuyaux, des murs, des vis pour fixer le gypse sur les murs, des casques de construction pour les ouvriers qui ont fixé le gypse, des bottes de travail, des lacets pour les bottes, des petits bouts de plastique pour les lacets, des boîtes à lunch pour la pause midi, du papier d'emballage pour le sandwich, des Tupperware pour le dessert, des bouteilles d'eau, des canettes de Coke, des chapeaux de paille pour protéger les têtes des cultivateurs de café qui servira à extraire la caféine qui est contenue dans le Coke, des machines agricoles pour le café, d'autres pour la paille, des avions pour envoyer le café à l'usine de Coke, au moins une table de chevet pour mettre à côté du lit, une poignée pour ouvrir le tiroir, une vis pour tenir la poignée, du détersif pour laver les draps, une bouteille de plastique pour contenir le détersif, une machine à laver, des dépliants publicitaires pour vendre la machine à laver, une porte pour fermer la chambre, un appartement pour tenir la porte, un édifice pour tenir l'appartement, une rue pour se rendre à l'appartement, de la peinture pour tracer les lignes dans la rue, des pots pour la peinture, des boîtes pour les pots, des palettes pour les boîtes, des étagères pour les palettes, des entrepôts pour les étagères... Si seulement ça s'arrêtait là. Je me dois de mentionner: des vêtements pour ne pas mettre nos amis mal à l'aise en discutant, des téléphones (encore) pour rejoindre les amis, des crayons pour écrire nos numéros de téléphone, des petites effaces roses pour aller au bout des crayons, des bagues de métal pour joindre la partie crayon à la partie efface, des hôtels pour abriter les amis en voyage, des clochettes pour avertir le concierge, des ascenseurs, des boutons lumineux pour indiquer les étages, des appliques murales pour éclairer les couloirs, une machine à glaçons, un minibar, un lit, une télévision, des tuiles de douche, des tuyaux (!!!), des serviettes, des écriteaux pour demander à la distinguée clientèle de bien vouloir remettre les serviettes sur les porte-serviettes car à chaque année plus d'un million de serviettes sont lavées inutilement dans les hôtels ce qui a un effet néfaste sur nos lacs et nos rivières, des fourgonnettes, des avions, des petits chariots pour passer les boissons dans les allées des avions, des ceintures de sécurité, des vestes gonflables en cas d'amerrissage, des cartons explicatifs pour cette improbable situation, des livres, des appareils photo pour illustrer la couverture des livres, des piles pour le flash, des emballages pour les piles, des bureaux pour les éditeurs des livres, des lampes de bureau, des ampoules électriques, des talons hauts pour les secrétaires des éditeurs, des outils pour tanner le cuir des souliers, des fabriques pour les outils, des usines pour fabriquer les outils qui serviront à fabriquer les fabriques d'outils, des lampes de lecture, des marque-page, des fauteuils de lecture, de la pellicule plastique pour ne pas salir les fauteuils à la livraison, des casquettes pour identifier les livreurs, des camions de livraison de meubles, des réservoirs à essence pour faire avancer les camions, des stations-service, des pompes à essence, des paravents pliants pour le salon spécialisé pour les propriétaires de stations-service qui recherchent la fine pointe en ce qui concerne les pompes à essence, des toilettes pour les exposants du salon, des urinoirs, des tuyaux (non!!!) et, pour rêver, des magasines, des studios de cinéma, des télévisions, des stylos pour écrire, des jouets pour nous stimuler lorsque nous sommes enfants, des instruments d'obstétrique pour nous permettre de naître, des téléphones pour que nos parents puissent se donner rendez-vous, des repas, des chandelles, des draps... Ouf!

Si seulement je pouvais affirmer avoir fait une liste exhaustive du matériel nécessaire à ces quelques moments de bonheur (le bonheur, un autre beau sujet), je pourrais céder, admettre que ce ne sont que détails superflus. Je m'y refuse. Car la liste - vous le savez très bien - pourrait s'allonger encore et encore.

vendredi 27 novembre 2009

Less is more

J'adore dire cette phrase.

En dire plus à ce sujet serait trahir la pensée profonde du "less is more", mais me voilà déjà dans le "trop". Je n'ai pas su m'arrêter. Alors, je suis aussi bien de continuer.

C'est dur, la mesure. Trop en mettre, c'est vraiment humain. On se dit qu'on peut faire mieux, qu'avec un petit peu de ceci, un petit peu de cela, ça va donc être meilleur. Ce qui, souvent, n'est pas le cas. Combien de fois n'ai-je pas mis une dernière cuillerée de sauce piquante, tuant ainsi un linguine pescatore qui aurait pu être délicieux, mais qui finira par ne goûter que la sauce piquante? Combien de maisons n'ai-je pas visitées, où les bibelots s'accumulent dans un triste mélange de bonnes intentions et de mauvais design? Combien de mots n'ai-je pas ajoutés à une discussion, me mettant du coup dans la merde? Combien d'exemples de trop, en ce moment même? Il y a toujours cette peur d'en manquer. Alors, on ajoute, on accumule. Mais: "le mieux est l'ennemi du bien". Qui disait ça, donc?

J'ai tenté, depuis quelques années, d'appliquer la tentante théorie du "less is more". Au début, c'est facile. Un exemple. Vider un garde-robe de vêtements démodés qu'on va porter aux pauvres, vraiment, ça soulage. Notez bien ici que ce qui soulage, ce n'est pas l'idée qu'une personne nécessiteuse pourra profiter de nos fautes de goût passées, mais bien la place, l'espace vide qui fait respirer le placard. Un bel espace. Tant de possibilités. Suit en général une période de sérénité. Mais un jour, ça nous prend. Ce bel espace vide nous appelle. Il crie. Il en veut. Plus. Toujours plus. Comme on ne peut que constater que ce vide est devenu l'endroit idéal pour du neuf, on se laisse aller. Peu à peu. Un manteau trois-quart, ça pourrait être pratique par dessus un veston. Des chemises à manches courtes, on en a toujours besoin en voyage. Des shorts pour le gym, ça encourage à y aller, au gym. Une salopette, ça fait longtemps qu'on y pensait... En peu de temps, l'espace manque. On ne s'en rend pas vraiment compte sur le coup, mais nous voilà chez Zeller's en train d'acheter des cintres. Mauvais signe.

Il faut beaucoup d'assurance pour pouvoir dire: "voilà, c'est tout". J'ai toujours admiré les artistes contemporains qui peignent un minuscule rectangle gris pâle sur un gigantesque canevas blanc. Quel front de boeuf! Bon. Je ne peux pas dire que je trouve ces artistes particulièrement talentueux. "Mon neveu de six ans pourrait faire pareil!", comme on dit. Dans les faits, par contre, ce n'est pas vrai. Le neveu en question utiliserait toutes les couleurs de la boîte de Crayola, ça éclaterait, il y en aurait partout. Faire du "less is more", c'est pas naturel chez l'humain. D'ailleurs, si "less", c'est "more", ça veut dire qu'on aspire, au fond, à "more". La recherche du "less" est donc une quête parfaitement absurde et contradictoire.

J'en dirai d'ailleurs moins à ce sujet plus tard.

jeudi 26 novembre 2009

Pourquoi?

Hier, je n'ai pas vraiment répondu à la question que je me posais. J'ai ce besoin d'ordre qui s'est imposé dans ma vie, mais: pourquoi? Quel est l'événement qui a tout fait basculer? Est-ce arrivé du jour au lendemain, tout d'un coup? Est-ce le résultat graduel d'une dérive quelconque?

Comment suis-je passé d'Anakin à Darth Vader?

Les ténèbres, c'est en ordre, au moins?

mercredi 25 novembre 2009

Désordre

Pourquoi est-ce que j'ai autant de misère à composer avec le désordre? Je n'ai pas toujours été comme ça, il me semble. Petit, mes jouets traînaient partout. J'étais comme tous les autres enfants du monde (en ce qui concerne ce sujet, en tous cas)... Je n'ai sûrement pas été le pire exemple de l'ado qui croule sous un amas de vêtements, de cahiers, de souliers sales et de bas célibataires, mais, je ne me rappelle pas non plus avoir ressenti un réel plaisir devant un tiroir de sous-vêtements classés par couleurs. Pas adolescent, mais maintenant oui.

En ce moment, mon clavier d'ordinateur est placé absolument parallèlement avec le bord de ma table de travail. Ma souris respecte aussi cette grille imaginaire à travers de laquelle je semble voir le monde. J'aime ça, les choses alignées. Je digère mieux si, à table, les napperons ont été disposés bien droits. Je respire mieux si les anses des tasses, dans l'armoire (ou même au lave-vaisselle), pointent toutes dans la même direction. Je dors mieux si mon réveille-matin est parallèle avec ma boîte de Kleenex. Je peux accepter quelques angles, mais j'avoue que si un angle "répond" à un autre (par exemple, je vois mieux la télé si elle est en angle, mais cet angle est reproduit par la tablette au dessus de la télé et par certains bibelots environnants), je me sens mieux.

Est-ce que tout ça fait de moi un maniaque? Un fatiguant? Une mauvaise personne? Un nazi?

Je regardais une émission d'Oprah qui traitait du rangement. Il y avait un acronyme accrocheur qui donnait toutes les pistes afin de surmonter le désordre dans nos vies. SPACE. Sort, Purge, Assign, Containerize, Equalize. J'ai un comme un coup de foudre. Je n'étais pas seul. Je ne serais plus jamais seul. Ensuite, j'ai réfléchi. N'y a-t-il pas eu, dans l'Histoire mondiale récente, un moustachu qui prônait exactement les principes fondamentaux de SPACE? Me semble que le monde a pas tellement aimé ça. Cette réflexion m'a donné la chair de poule. Sur mon bras, plein de petites bosses de frayeur.

Même pas alignées.

mardi 24 novembre 2009

La certitude du plastique


Le plastique. Comment pourrions-nous nous passer de cette matière? Autour de moi, en ce moment, je peux nommer au moins une centaine d'objets faits de plastique. Quand j'étais petit, je rêvais que les murs des maisons soient en plastique. Je voulais une chambre moulée. Pour moi, il s'agissait du summum de la sophistication. Je trouvais tous les matériaux avec lesquels on fabrique les maisons franchement archaïques: le bois, le plâtre, les clous, la céramique, les moulures d'aggloméré pour cacher toutes les failles. Le gyprock, tout particulièrement, me semblait dépassé, inadéquat, ridicule. Il fallait placer de fragiles feuilles recouvertes de papier les unes à côté des autres pour "finir" une pièce! Ça me semblait incroyable. Je regardais mon père faire, avec ses coins de métal, ses bandes de papier, son plâtre, en train de "tirer les joints" au sous-sol, et je me disais: "c'est vraiment pas drôle, notre maison n'est sûrement pas faite comme celles des voisins"... Je m'étais convaincu que chez "les riches", ou du moins dans un futur rapproché, les maisons seraient fabriquées d'un seul morceau, sans "joints". Finis, les toits qui coulent, les murs qui s'écaillent, les vis qu'on doit cacher sous une couche de ciment à joints et de peinture, les plafonds isolés avec des matières carrément dégoûtantes (photo). Ce n'était qu'une question de temps, c'était sûr. J'avais plusieurs certitudes, enfant. J'en ai perdu. Plusieurs.

lundi 23 novembre 2009

Une tuile...

Il me semble que les choses ne sont pas faites pour se passer sans problème. Je donne un exemple: on pose de la tuile sur le mur de la mezzanine, il fait beau, c'est l'harmonie, la scie empruntée à Papa fonctionne à merveille. La journée se déroule parfaitement bien. C'est beau. Quel bon choix de tuiles. Puis, soudain, il arrive le petit événement qui fait tout basculer. Un morceau de tuile cassée tombe dans le mécanisme de la scie. Pas grave, on démonte et on nettoie. Le tournevis perd sa mèche cruciforme, qui tombe sur le sol. Pas grave, on ramasse. Le soleil se couche et on ne voit plus ce qu'on fait. Pas grave, on sort une lampe sur la terrasse. La scie ne semble plus couper. Pas grave, on nettoie à nouveau. Ça ne marche pas plus. Pas grave, on appelle Papa, l'expert. Ça ne lui est jamais arrivé, que sa scie bloque, comme ça. Pas grave, on changera la lame. Le mécanisme de la lame est coincé par la rouille. Pas grave, on ira louer une autre scie chez Loue-tout, juste à côté. Leur vieille scie, qui a sans doute servi à couper les tuiles des pyramides d'Égypte, ne coupe pas plus. Pas grave, on s'acharnera sur celle de Papa. L'acharnement ne donne rien, sinon des frustrations. Pas grave, Réno-Dépôt ferme à 21h00 et leurs scies à tuiles sont en spécial (Papa lit bien les circulaires). Le préposé, quasi introuvable, confirme qu'il n'a jamais entendu parler du spécial. Pas grave, on achète la scie à prix régulier. Il est maintenant trop tard pour travailler avec cet outil bruyant. Pas grave, on est trop fatigués de toutes façons.

Moralité? Une tuile, c'est pas grave. Un mur de tuiles, ça fatigue.

dimanche 22 novembre 2009

Le mur

Connaissez-vous l'émission de télé "Le Mur"? Le concept est hyper simple. Deux équipes de concurrents doivent se positionner devant une piscine et traverser un mur mobile qui fonce sur eux. Ce mur est troué de façon fantaisiste, ce qui force les concurrents à prendre des positions loufoques. Si leurs corps ne sont pas bien alignés en fonction de la forme du trou, plouf, ils tombent dans la piscine. L'animateur décide des points accordés, sans qu'aucune règle précise ne soit mentionnée. C'est le maître absolu du jeu. C'est d'ailleurs le seul à ne pas être costumé d'un habit de lycra argenté très moulant (qui en dit long sur ce que les concurrents masculins cachent dans leurs culottes). Cliquez sur le titre de ce message et vous verrez Marc Labrèche évoquer cette émission (vers 6' 11'').

Des fois, je me dis que classer ma propre vie, ce n'est pas assez, et je m'imagine dans d'autres vies. J'aurais pu naître en Allemagne, par exemple. Un jour, à Berlin, je visite un musée historique sur le mur (le leur, pas celui du quizz télévisé). Une vieille photo montre une auto et son réservoir à essence transformé où un père avait caché son fils afin de lui faire traverser le mur. En lisant le panneau explicatif, je me rends compte, non sans une certaine stupeur, que l'enfant en question partageait avec moi la même date de naissance. Même jour, même année. Cet enfant, ç'aurait pu être moi.

En regardant "Le Mur" (je ne peux pas m'en empêcher, mais si je tombe sur cette émission, je dois la regarder), il m'arrive aussi de m'imaginer une vie où j'aurais voulu participer à ce quizz. La poche bien moulée, je ferais des singeries dans le simple but de faire rire les téléspectateurs et j'en serais super content.

Notez bien, je ne souhaite pas être un ex Berlinois de l'Est, ni un fanfaron du 450 un peu exhibitionniste. Simplement, je m'imagine. Sur la photo d'aujourd'hui, je suis en train de jouer avec un mur fait de Tupperware. C'est moi, ça. J'imagine.