lundi 30 novembre 2009

House and Home

Connaissez-vous Lynda Reeves? J'aime cette femme, qui est sans doute la reine canadienne du décor au foyer. Je ne peux plus me passer d'elle. En plus d'avoir un site web (cliquez sur le titre et vous y voilà), une ligne d'articles pour la maison, un blogue, une revue spécialisée (et j'en passe), elle anime une délicieuse émission de télévision. Du lundi au vendredi, à tous les jours, elle nous donne son opinion sur la fine pointe du bon goût en matière de design et de décoration. Chacune de ses émissions commence par un mini monologue où elle expose son sujet, assise dans une chaise crème autour d'objets ivoire et de murs blanc cassé. Des exemples? Are you ready for loft living? Can you do glamour on a budget? Is country style really back? What does the future look like?

Chacun des thèmes, souvent formulé sous la forme d'une question, comporte sa réponse. Aussi, si Lynda se demande "Are you ready to fly solo?" (c'est à dire, dans le jargon du métier, décorer sans faire appel à un designer professionnel), la réponse est bien sûr que non, la plupart d'entre nous ne devraient pas faire confiance à son goût douteux et engager plutôt un designer sur le champs. Si elle se pose la question, c'est qu'elle en connaît déjà la réponse.

Les divers segments de cette émission passent très vite. On visite deux demeures fabuleuses, qui nous rappellent à quel point c'est ordinaire chez nous, on discute avec la rédaction afin de débattre du sujet entre gens pour qui un budget de 100 000,00$ pour une cuisine, c'est "really affordable", on bricole avec des homosexuels, souvent chez Lynda elle-même, afin de découvrir à la fois combien il est facile de peindre un abat-jour et combien Lynda est sûre de mettre au chemin le bricolage en question dès que les caméras seront fermées. Un court segment est intitulé "Gotta have it", soit "Ça nous PRENDS ça" (traduction libre). Dans cette très courte partie de l'émission, l'émotion est à son paroxysme alors qu'on présente des images des trouvailles de l'équipe de Lynda dont on ne pourrait se passer. Sans panier en osier antique, en effet, que sommes nous?

Je semble sarcastique? Pas du tout. Cette émission est pour moi comme une drogue. À tous les jours, à 18h30, I GOTTA HAVE IT. Le ton hautain, les remarques désobligeantes, le malaise de Lynda auprès des enfants qui ont le malheur de se trouver sur les planchers de granit noir de certaines demeures visitées, les conseils aux téléspectateurs (parfois, Lynda répond aussi à des questions du public, qui envoie même de tristes photos de leurs cuisines ordinaires ou de leurs salons anonymes - c'est jouissif de voir la mine découragée de Lynda qui finit toujours par dessiner des tentures autour des fenêtres), l'équipe composée de petites grosses et d'homosexuels efféminés (il y a même un petit gros homosexuel efféminé), les images léchées de tous ces endroits aussi magnifiques qu'inaccessibles... J'aime tout.

C'est pour moi une détente extraordinaire. Parfois, j'enregistre toute la semaine et je ma la tape en rafale le vendredi soir. "Loser!", me criez-vous? Je m'en moque. Pourquoi bouder mon plaisir? La psy que je n'ai pas me dirait qu'il y a de quoi creuser à ce sujet. Je me moque encore plus de cette hypothétique psy.

Lynda, je t'aime. Tu m'autorises à ma propre superficialité.

samedi 28 novembre 2009

La vraie question

Il est de vraies questions comme de vraies affaires. Elles sont difficiles à distinguer. L'inverse des "vraies affaires", c'est quoi? Les fausses affaires? Si je veux me poser les vraies questions, comment m'assurer de ne pas me poser les fausses questions?

Mon dernier message me laisse dans un état difficile à décrire. Il y a la satisfaction d'avoir (peut-être enfin) accepté ma condition de matérialiste, mais demeure cette insatisfaction. Qui suis-je? Qu'est-ce que ça me fait de penser comme ça? C'est triste, au fond, non? C'est peut-être même insultant pour ceux que j'aime? J'ai pas le droit, peut-être, de penser comme ça. "Comment je me sens dans tous ça?", me dirait ma psy si j'en avais une.

"Overwhelmed". J'ai cherché la traduction française du mot "overwhelmed". Pas satisfaisant. On parle de submersion, d'accablement, d'écrasement, mais aussi d'irrésistible. C'est pas faux, mais ça ne dit pas tout. Maudit qu'ils l'ont, l'affaire, les anglos. Peut-être que je manque simplement de vocabulaire en français? Je me sens "overwhelmed".

Devant ce constat matérialiste (que certains trouveront pathétique, sûrement), je suis en effet irrésistiblement submergé, dépassé. Tous ces objets m'empêchent peut-être de voir le reste: moi, les autres, tout ce qui est intangible. Comme disait Carole Laure citant Cocteau: "Puisque toutes ces choses nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs". Alors, si un jour j'arrive à arranger ces choses, à avoir un certain contrôle sur elles, je me sens rassuré. De cette "overwhelming" masse, j'arrive à émerger, le temps d'un respir. Le nez vers le ciel, je souffle et je peux apercevoir... quoi au juste? L'invisible? La vraie beauté, pour moi, c'est peut-être ça, au fond: l'invisible. Un petit moment de calme où nos cinq sens peuvent prendre une petite pause. Devant le nouveau mur de tuiles dans mon condo, face à mon MacBook bien aligné avec le bord de la table, en ouvrant mon armoire à Tupperware de marque Rubbermaid, où les piles sont régulières et monochromes, je peux enfin faire face à l'invisible.

Ça ne dure jamais trop longtemps. Je suis replongé sous la surface et me revoilà en quête d'apprivoiser toutes ces choses. Le matériel reprend le dessus. Bon. Assez blogué pour aujourd'hui. J'ai des vraies affaires à classer.

La satisfaction du matériel

Au risque d'aller trop loin, j'avance une théorie. Il y a deux sortes de personnes: les matérialistes et ceux qui vivent dans le déni le plus complet de leur matérialisme. Ouch. Ça fait mal, hein?

Bien sûr, je m'explique. Nous percevons notre vie grâce à notre pensée, mais via nos cinq sens. Or, pour toucher, sentir, voir, entendre ou goûter quelque chose, il faut que cette chose soit réelle. Ne pas accorder d'importance au matériel serait donc équivalent à un refus total de vivre. Vous me suivez? Il y a cette tendance à vouloir se rapprocher des "vraies affaires". "L'essentiel, c'est d'être aimé", dit d'ailleurs la chanson. En effet, quoi de plus beau que d'entendre le téléphone sonner quand on sait que l'être cher pense à nous? Un repas en tête à tête, tout simple, avec une bonne bouteille de vin, y'a que ça de vrai! Sous les draps, le contact chaud de la peau de la personne qui compte pour nous est une pure merveille. Une discussion entre amis, sur nos voyages, nos lectures, nos rêves, ça nous rappelle l'importance du contact humain. Pour toutes ces "vraies affaires", la facture monte donc à: deux téléphones, un jean avec des poches pour le cellulaire, une table basse pour l'autre appareil, plusieurs poteaux de téléphone, du fil électrique, des satellites de transmission, des tours de transmission, un bureau chef pour la compagnie de téléphone (avec un comptoir en formica pour le lobby, des chaises de bureau, des ordinateurs, des fenêtres, des portes, du tapis mur à mur, un ficus à l'entrée pour faire joli), une lampe pour voir où se trouve la table du téléphone, un plancher pour tenir la lampe et la table, de la colle pour fixer les lattes du plancher, des contenants de plastique pour contenir la colle, de l'encre pour imprimer "colle" sur les contenants, une imprimerie, du Windex pour nettoyer le téléphone de temps à autres, du papier essuie-tout. Ensuite, il faudra: une table, deux chaises, une nappe, un chandelier, des chandelles, une planche à pain, un couteau à pain, du beurre, des couteaux à beurre, des assiettes, un plateau à fromages, un porte-feuille pour contenir l'argent pour payer le pain, une voiture (ou une bicyclette) pour se rendre à la fromagerie, du sable pour fabriquer le verre de la bouteille de vin, du papier pour l'étiquette du vin, un baril de chêne, des outils pour cultiver la terre où poussent les raisins, un système d'irrigation, un autre téléphone (ou un ordinateur) pour faire les contacts avec les distributeurs du vin, deux verres, un tire-bouchon, une usine à tire-bouchons, un camion de livraison pour distribuer les tire-bouchons, des boîtes de cartons, une caisse enregistreuse pour le magasin où on a acheté le tire-bouchon, un camion pour envoyer la caisse enregistreuse au magasin, un bol de toilette pour ce qui adviendra du repas simple d'ici quelques heures, des tuyaux, des tuyaux, beaucoup de tuyaux. Ce n'est pas tout. Il manque: des draps, des oreillers, un matelas, un couvre-matelas, des taies d'oreillers, deux brosses à dents pour se brosser les dents avant d'aller au lit, un lavabo, encore des tuyaux, des murs, des vis pour fixer le gypse sur les murs, des casques de construction pour les ouvriers qui ont fixé le gypse, des bottes de travail, des lacets pour les bottes, des petits bouts de plastique pour les lacets, des boîtes à lunch pour la pause midi, du papier d'emballage pour le sandwich, des Tupperware pour le dessert, des bouteilles d'eau, des canettes de Coke, des chapeaux de paille pour protéger les têtes des cultivateurs de café qui servira à extraire la caféine qui est contenue dans le Coke, des machines agricoles pour le café, d'autres pour la paille, des avions pour envoyer le café à l'usine de Coke, au moins une table de chevet pour mettre à côté du lit, une poignée pour ouvrir le tiroir, une vis pour tenir la poignée, du détersif pour laver les draps, une bouteille de plastique pour contenir le détersif, une machine à laver, des dépliants publicitaires pour vendre la machine à laver, une porte pour fermer la chambre, un appartement pour tenir la porte, un édifice pour tenir l'appartement, une rue pour se rendre à l'appartement, de la peinture pour tracer les lignes dans la rue, des pots pour la peinture, des boîtes pour les pots, des palettes pour les boîtes, des étagères pour les palettes, des entrepôts pour les étagères... Si seulement ça s'arrêtait là. Je me dois de mentionner: des vêtements pour ne pas mettre nos amis mal à l'aise en discutant, des téléphones (encore) pour rejoindre les amis, des crayons pour écrire nos numéros de téléphone, des petites effaces roses pour aller au bout des crayons, des bagues de métal pour joindre la partie crayon à la partie efface, des hôtels pour abriter les amis en voyage, des clochettes pour avertir le concierge, des ascenseurs, des boutons lumineux pour indiquer les étages, des appliques murales pour éclairer les couloirs, une machine à glaçons, un minibar, un lit, une télévision, des tuiles de douche, des tuyaux (!!!), des serviettes, des écriteaux pour demander à la distinguée clientèle de bien vouloir remettre les serviettes sur les porte-serviettes car à chaque année plus d'un million de serviettes sont lavées inutilement dans les hôtels ce qui a un effet néfaste sur nos lacs et nos rivières, des fourgonnettes, des avions, des petits chariots pour passer les boissons dans les allées des avions, des ceintures de sécurité, des vestes gonflables en cas d'amerrissage, des cartons explicatifs pour cette improbable situation, des livres, des appareils photo pour illustrer la couverture des livres, des piles pour le flash, des emballages pour les piles, des bureaux pour les éditeurs des livres, des lampes de bureau, des ampoules électriques, des talons hauts pour les secrétaires des éditeurs, des outils pour tanner le cuir des souliers, des fabriques pour les outils, des usines pour fabriquer les outils qui serviront à fabriquer les fabriques d'outils, des lampes de lecture, des marque-page, des fauteuils de lecture, de la pellicule plastique pour ne pas salir les fauteuils à la livraison, des casquettes pour identifier les livreurs, des camions de livraison de meubles, des réservoirs à essence pour faire avancer les camions, des stations-service, des pompes à essence, des paravents pliants pour le salon spécialisé pour les propriétaires de stations-service qui recherchent la fine pointe en ce qui concerne les pompes à essence, des toilettes pour les exposants du salon, des urinoirs, des tuyaux (non!!!) et, pour rêver, des magasines, des studios de cinéma, des télévisions, des stylos pour écrire, des jouets pour nous stimuler lorsque nous sommes enfants, des instruments d'obstétrique pour nous permettre de naître, des téléphones pour que nos parents puissent se donner rendez-vous, des repas, des chandelles, des draps... Ouf!

Si seulement je pouvais affirmer avoir fait une liste exhaustive du matériel nécessaire à ces quelques moments de bonheur (le bonheur, un autre beau sujet), je pourrais céder, admettre que ce ne sont que détails superflus. Je m'y refuse. Car la liste - vous le savez très bien - pourrait s'allonger encore et encore.

vendredi 27 novembre 2009

Less is more

J'adore dire cette phrase.

En dire plus à ce sujet serait trahir la pensée profonde du "less is more", mais me voilà déjà dans le "trop". Je n'ai pas su m'arrêter. Alors, je suis aussi bien de continuer.

C'est dur, la mesure. Trop en mettre, c'est vraiment humain. On se dit qu'on peut faire mieux, qu'avec un petit peu de ceci, un petit peu de cela, ça va donc être meilleur. Ce qui, souvent, n'est pas le cas. Combien de fois n'ai-je pas mis une dernière cuillerée de sauce piquante, tuant ainsi un linguine pescatore qui aurait pu être délicieux, mais qui finira par ne goûter que la sauce piquante? Combien de maisons n'ai-je pas visitées, où les bibelots s'accumulent dans un triste mélange de bonnes intentions et de mauvais design? Combien de mots n'ai-je pas ajoutés à une discussion, me mettant du coup dans la merde? Combien d'exemples de trop, en ce moment même? Il y a toujours cette peur d'en manquer. Alors, on ajoute, on accumule. Mais: "le mieux est l'ennemi du bien". Qui disait ça, donc?

J'ai tenté, depuis quelques années, d'appliquer la tentante théorie du "less is more". Au début, c'est facile. Un exemple. Vider un garde-robe de vêtements démodés qu'on va porter aux pauvres, vraiment, ça soulage. Notez bien ici que ce qui soulage, ce n'est pas l'idée qu'une personne nécessiteuse pourra profiter de nos fautes de goût passées, mais bien la place, l'espace vide qui fait respirer le placard. Un bel espace. Tant de possibilités. Suit en général une période de sérénité. Mais un jour, ça nous prend. Ce bel espace vide nous appelle. Il crie. Il en veut. Plus. Toujours plus. Comme on ne peut que constater que ce vide est devenu l'endroit idéal pour du neuf, on se laisse aller. Peu à peu. Un manteau trois-quart, ça pourrait être pratique par dessus un veston. Des chemises à manches courtes, on en a toujours besoin en voyage. Des shorts pour le gym, ça encourage à y aller, au gym. Une salopette, ça fait longtemps qu'on y pensait... En peu de temps, l'espace manque. On ne s'en rend pas vraiment compte sur le coup, mais nous voilà chez Zeller's en train d'acheter des cintres. Mauvais signe.

Il faut beaucoup d'assurance pour pouvoir dire: "voilà, c'est tout". J'ai toujours admiré les artistes contemporains qui peignent un minuscule rectangle gris pâle sur un gigantesque canevas blanc. Quel front de boeuf! Bon. Je ne peux pas dire que je trouve ces artistes particulièrement talentueux. "Mon neveu de six ans pourrait faire pareil!", comme on dit. Dans les faits, par contre, ce n'est pas vrai. Le neveu en question utiliserait toutes les couleurs de la boîte de Crayola, ça éclaterait, il y en aurait partout. Faire du "less is more", c'est pas naturel chez l'humain. D'ailleurs, si "less", c'est "more", ça veut dire qu'on aspire, au fond, à "more". La recherche du "less" est donc une quête parfaitement absurde et contradictoire.

J'en dirai d'ailleurs moins à ce sujet plus tard.

jeudi 26 novembre 2009

Pourquoi?

Hier, je n'ai pas vraiment répondu à la question que je me posais. J'ai ce besoin d'ordre qui s'est imposé dans ma vie, mais: pourquoi? Quel est l'événement qui a tout fait basculer? Est-ce arrivé du jour au lendemain, tout d'un coup? Est-ce le résultat graduel d'une dérive quelconque?

Comment suis-je passé d'Anakin à Darth Vader?

Les ténèbres, c'est en ordre, au moins?

mercredi 25 novembre 2009

Désordre

Pourquoi est-ce que j'ai autant de misère à composer avec le désordre? Je n'ai pas toujours été comme ça, il me semble. Petit, mes jouets traînaient partout. J'étais comme tous les autres enfants du monde (en ce qui concerne ce sujet, en tous cas)... Je n'ai sûrement pas été le pire exemple de l'ado qui croule sous un amas de vêtements, de cahiers, de souliers sales et de bas célibataires, mais, je ne me rappelle pas non plus avoir ressenti un réel plaisir devant un tiroir de sous-vêtements classés par couleurs. Pas adolescent, mais maintenant oui.

En ce moment, mon clavier d'ordinateur est placé absolument parallèlement avec le bord de ma table de travail. Ma souris respecte aussi cette grille imaginaire à travers de laquelle je semble voir le monde. J'aime ça, les choses alignées. Je digère mieux si, à table, les napperons ont été disposés bien droits. Je respire mieux si les anses des tasses, dans l'armoire (ou même au lave-vaisselle), pointent toutes dans la même direction. Je dors mieux si mon réveille-matin est parallèle avec ma boîte de Kleenex. Je peux accepter quelques angles, mais j'avoue que si un angle "répond" à un autre (par exemple, je vois mieux la télé si elle est en angle, mais cet angle est reproduit par la tablette au dessus de la télé et par certains bibelots environnants), je me sens mieux.

Est-ce que tout ça fait de moi un maniaque? Un fatiguant? Une mauvaise personne? Un nazi?

Je regardais une émission d'Oprah qui traitait du rangement. Il y avait un acronyme accrocheur qui donnait toutes les pistes afin de surmonter le désordre dans nos vies. SPACE. Sort, Purge, Assign, Containerize, Equalize. J'ai un comme un coup de foudre. Je n'étais pas seul. Je ne serais plus jamais seul. Ensuite, j'ai réfléchi. N'y a-t-il pas eu, dans l'Histoire mondiale récente, un moustachu qui prônait exactement les principes fondamentaux de SPACE? Me semble que le monde a pas tellement aimé ça. Cette réflexion m'a donné la chair de poule. Sur mon bras, plein de petites bosses de frayeur.

Même pas alignées.

mardi 24 novembre 2009

La certitude du plastique


Le plastique. Comment pourrions-nous nous passer de cette matière? Autour de moi, en ce moment, je peux nommer au moins une centaine d'objets faits de plastique. Quand j'étais petit, je rêvais que les murs des maisons soient en plastique. Je voulais une chambre moulée. Pour moi, il s'agissait du summum de la sophistication. Je trouvais tous les matériaux avec lesquels on fabrique les maisons franchement archaïques: le bois, le plâtre, les clous, la céramique, les moulures d'aggloméré pour cacher toutes les failles. Le gyprock, tout particulièrement, me semblait dépassé, inadéquat, ridicule. Il fallait placer de fragiles feuilles recouvertes de papier les unes à côté des autres pour "finir" une pièce! Ça me semblait incroyable. Je regardais mon père faire, avec ses coins de métal, ses bandes de papier, son plâtre, en train de "tirer les joints" au sous-sol, et je me disais: "c'est vraiment pas drôle, notre maison n'est sûrement pas faite comme celles des voisins"... Je m'étais convaincu que chez "les riches", ou du moins dans un futur rapproché, les maisons seraient fabriquées d'un seul morceau, sans "joints". Finis, les toits qui coulent, les murs qui s'écaillent, les vis qu'on doit cacher sous une couche de ciment à joints et de peinture, les plafonds isolés avec des matières carrément dégoûtantes (photo). Ce n'était qu'une question de temps, c'était sûr. J'avais plusieurs certitudes, enfant. J'en ai perdu. Plusieurs.

lundi 23 novembre 2009

Une tuile...

Il me semble que les choses ne sont pas faites pour se passer sans problème. Je donne un exemple: on pose de la tuile sur le mur de la mezzanine, il fait beau, c'est l'harmonie, la scie empruntée à Papa fonctionne à merveille. La journée se déroule parfaitement bien. C'est beau. Quel bon choix de tuiles. Puis, soudain, il arrive le petit événement qui fait tout basculer. Un morceau de tuile cassée tombe dans le mécanisme de la scie. Pas grave, on démonte et on nettoie. Le tournevis perd sa mèche cruciforme, qui tombe sur le sol. Pas grave, on ramasse. Le soleil se couche et on ne voit plus ce qu'on fait. Pas grave, on sort une lampe sur la terrasse. La scie ne semble plus couper. Pas grave, on nettoie à nouveau. Ça ne marche pas plus. Pas grave, on appelle Papa, l'expert. Ça ne lui est jamais arrivé, que sa scie bloque, comme ça. Pas grave, on changera la lame. Le mécanisme de la lame est coincé par la rouille. Pas grave, on ira louer une autre scie chez Loue-tout, juste à côté. Leur vieille scie, qui a sans doute servi à couper les tuiles des pyramides d'Égypte, ne coupe pas plus. Pas grave, on s'acharnera sur celle de Papa. L'acharnement ne donne rien, sinon des frustrations. Pas grave, Réno-Dépôt ferme à 21h00 et leurs scies à tuiles sont en spécial (Papa lit bien les circulaires). Le préposé, quasi introuvable, confirme qu'il n'a jamais entendu parler du spécial. Pas grave, on achète la scie à prix régulier. Il est maintenant trop tard pour travailler avec cet outil bruyant. Pas grave, on est trop fatigués de toutes façons.

Moralité? Une tuile, c'est pas grave. Un mur de tuiles, ça fatigue.

dimanche 22 novembre 2009

Le mur

Connaissez-vous l'émission de télé "Le Mur"? Le concept est hyper simple. Deux équipes de concurrents doivent se positionner devant une piscine et traverser un mur mobile qui fonce sur eux. Ce mur est troué de façon fantaisiste, ce qui force les concurrents à prendre des positions loufoques. Si leurs corps ne sont pas bien alignés en fonction de la forme du trou, plouf, ils tombent dans la piscine. L'animateur décide des points accordés, sans qu'aucune règle précise ne soit mentionnée. C'est le maître absolu du jeu. C'est d'ailleurs le seul à ne pas être costumé d'un habit de lycra argenté très moulant (qui en dit long sur ce que les concurrents masculins cachent dans leurs culottes). Cliquez sur le titre de ce message et vous verrez Marc Labrèche évoquer cette émission (vers 6' 11'').

Des fois, je me dis que classer ma propre vie, ce n'est pas assez, et je m'imagine dans d'autres vies. J'aurais pu naître en Allemagne, par exemple. Un jour, à Berlin, je visite un musée historique sur le mur (le leur, pas celui du quizz télévisé). Une vieille photo montre une auto et son réservoir à essence transformé où un père avait caché son fils afin de lui faire traverser le mur. En lisant le panneau explicatif, je me rends compte, non sans une certaine stupeur, que l'enfant en question partageait avec moi la même date de naissance. Même jour, même année. Cet enfant, ç'aurait pu être moi.

En regardant "Le Mur" (je ne peux pas m'en empêcher, mais si je tombe sur cette émission, je dois la regarder), il m'arrive aussi de m'imaginer une vie où j'aurais voulu participer à ce quizz. La poche bien moulée, je ferais des singeries dans le simple but de faire rire les téléspectateurs et j'en serais super content.

Notez bien, je ne souhaite pas être un ex Berlinois de l'Est, ni un fanfaron du 450 un peu exhibitionniste. Simplement, je m'imagine. Sur la photo d'aujourd'hui, je suis en train de jouer avec un mur fait de Tupperware. C'est moi, ça. J'imagine.

samedi 21 novembre 2009

Le moment présent


"Il faut vivre le moment présent". Je me fais rabattre les oreilles par cette phrase depuis longtemps. Le présent, c'est la saveur du mois. Je me fais aussi servir des "la vie est trop courte" à profusion. Si "la vie est trop courte", il faut donc garder un oeil ouvert sur l'avenir. C'est donc le passé, l'ennemi numéro un. Pourtant, le passé est tout autour de nous, partout. Toutes ces choses qui nous entourent ne font que nous rappeler les moments que nous avons déjà vécus.

De vieilles diapositives m'ont aujourd'hui forcé à replonger dans mes souvenirs. Ma mère, avec une patience d'ange, s'est mise depuis peu à numériser des boîtes et des boîtes de vieilles diapos. Je me suis donc vu, à divers âges, célébrant toutes sortes d'anniversaires et d'événements. C'est drôle, se voir à deux ans, dans une barbotteuse. Certains objets, sur ces vieilles photos, nous semblent complètement étrangers. J'ai, semble-t-il, vécu dans une cuisine en formica orange et noir. C'est dur à oublier, il me semble! Et pourtant... Par contre, d'autres images font ouvrir des couvercles parfois bien scellés. Ça fait un petit bruit. Pop. L'air s'échappe et tout à coup, on se souvient. Ce toutou, ce chandail rayé, ce costume d'Halloween: c'est comme si c'était... hier? Non, c'est comme si c'était maintenent.

Alors, dans ce cas, notre passé, c'est aussi notre présent, non?

vendredi 20 novembre 2009

Connaissez-vous Wordle?

Wordle, c'est vraiment chouette. Cliquez sur le titre d'aujourd'hui pour en savoir plus!

jeudi 19 novembre 2009

Hier, une découverte...

Hier, au fond du frigo, caché derrière un gigantesque pot d'olives, j'ai trouvé un Tupperware plein de patates en purée. Il ne m'arrive que rarement de faire des patates en purées. Je trouve ça long et fastidieux. Il faut laver, peler, couper, faire bouillir, égoutter et ensuite piler en ajoutant un peu de lait (qu'il est préférable de faire réchauffer au préalable - la préparation devient plus duveteuse ainsi) et des petits carrés de beurre. Sel, poivre et épices au goût. Ensuite, il faut venir à la conclusion que tout ce travail ne nous donne pas un repas, mais tout juste un accompagnement pour le dit repas. Ai-je besoin de dire qu'un pâté chinois me semble être un des mets les plus décourageant à préparer? Je ne comprends toujours pas pourquoi on classe ce met parmi les "repas de semaine"...

Je me souviens très bien de la dernière fois que j'ai fait ces patates en purée, trouvées au hasard d'une expédition intense dans mon réfrigérateur. Ça fait plus de trois mois. D'ailleurs, c'est ma mémoire qui a permis d'identifier les dites patates, qui ressemblaient hier bien plus à un écosystème complet et velu. La moisissure, comme une forêt dense, abritait une colonie de bactéries, organisée et foisonnante. Certaines avaient même déjà terminé de peindre les murs de leur petit condo miniature, la télé flatscreen bien installée et câblée par la bactérie technicienne chez Vidéotron (aux minuscules pantalons moulants).

J'aurais dû, bien sûr, nettoyer le Tupperware en question, mais je n'ai pas pu me résigner à faire disparaître ce monde merveilleux. J'ai soigneusement remis le couvercle et j'ai tout jeté à la poubelle: plat, patates, microcosme.

Laver du moisi, que voulez-vous, ça m'écoeure.

mercredi 18 novembre 2009

Genèse

Un jour, j'appelle mon amie Mireille, tout fier. Je viens tout juste de jeter (en fait, je les ai conservés dans une vieille boîte en carton dans le but de les donner aux pauvres, mais je les ai toujours - vous comprendrez plus tard) une accumulation hétéroclite de contenants de plastique qui m'empoisonnait l'existence.

Dans leur armoire désignée, dans ma cuisine fraîchement rénovée, la vue de ces contenants - de ces "Tupperware" - me dégoûtait. Il n'y avait aucune façon de les imbriquer correctement. Comment bien ranger ces objets disparates? Certains provenaient d'un trousseau de jeunesse. D'autres, de magasins à bon marché... Une certaine quantité étaient arrivés comme ça dans ma vie, d'on ne sait où. Certains tristes pots de yaourt ou de crème sure avaient échappé au bac de recyclage, clamant leur capacité à affronter la congélation. Quelques uns n'étaient, en fait, pas à moi. Plusieurs couvercles manquaient. Plusieurs couvercles ne correspondaient à aucun contenant. C'était l'anarchie. Classer ces Tupperware ne pouvait que se solder par un échec lamentable.

Or, ce jour-là, je fais un grand pas dans ma vie d'adulte. Je me débarasse de cette ignoble collection pour la remplacer par une plus digne de l'homme sain d'esprit que je suis devenu. Une courte visite chez Walmart suffit et me voilà face à ce que je considère un ensemble parfaitement convenable de contenants. Les Tupperware (de marque Rubbermaid) que je range avec joie dans mon armoire sont faits pour aller ensemble! Ils s'imbriquent aisément. D'ailleurs, le simple fait qu'ils soient vendus dans une boîte unique ne ment pas. La compagnie Rubbermaid n'aurait aucun avantage à ce que ses produits ne prennent plus de place qu'il n'en faut dans leur boîte. Ce serait un non-sens sur le plan du transport et de la manutention! La sélection est limitée, mais suffisante: des ronds, des carrés, des rectangulaires. Trois belles piles. Les couvercles sont tous présents, affichant leur fierté d'un rouge éclatant. C'est le bonheur.

mardi 17 novembre 2009

Un blogue avec du contenant

Le contenu, c'est dépassé! Sooo 2000-zero!!! J'entrevois un grand retour: celui du contenant.

lundi 16 novembre 2009

Mon nom est Robert.


Bonjour.

Mon nom n'est pas Robert. Mon nom est Patrick et je suis scénographe. On s'attend d'un scénographe qu'il crée des espaces et des décors pour le théâtre. Ici, je tenterai d'exploiter une autre facette de qui je suis. Je commencerai lentement, très lentement...

D'abord, une question: avez-vous une collection de Tupperware?