vendredi 30 avril 2010

Une touche vers la droite (ou: Imr ypivjr brtd ;s ftpoyr)

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jeudi 29 avril 2010

Home

Un autre retour. Une autre fois à trouver que les Anglos ont encore une fois un mot que nous n’avons pas. Enfin, pas vraiment.

Home.

Home, ce n’est pas maison. Maison, c’est un simple contenant physique. Home, c’est ça aussi, mais bien plus que ça. Home is where the heart is. Home, sweet home. I’m going back home. I want to go home. There’s no place like home. E.T. phone home Toutes des phrases qui perdent une partie de leur sens lorsque traduites en français.

Une maison, ça a une forme précise. Demandez à n’importe quel enfant de vous dessiner une maison (a house) et presque tous finiront par dessiner sensiblement la même chose. Un carré surmonté d’un triangle (avec cheminées, fenêtres et portes en option, selon leurs fixations psychologiques). Home, c’est plus dur à dessiner. C’est ce qui se trouve à l’intérieur d’une maison. Je ne parle pas ici de décoration intérieure, mais de toutes ces choses qui font de home home. Ça prend tout un artiste pour dessiner home.

Home, ça inclut tout le monde, même ceux qui ne vivent pas dans des maisons, mais dans des appartements, des lofts, des tentes, des huttes, des boîtes de carton, des igloos, des tanières, des clapiers, des fourmilières et que sais-je encore. L’accès à une maison n’est pas à la portée de tous. Home, oui.

Au baseball, home, c’est le premier but, d'où on vient, mais aussi le dernier but, le but à atteindre. «Le marbre», en français. C’est même pas en marbre. Juste en plastique.

Il y a une revue de décoration qui s’appelle House and Home. En français, ça donnerait quoi? Maison et chez-soi? (La moins pire des traductions, mais qui sonne très mal.) Maison et intérieur? (Il manque quelque chose.) Maison et maison? (Un peu redondant, non?) Maison et l’endroit qui fait qu’on a un sentiment d’appartenance à un lieu, mais aussi à un groupe d’individus, à une atmosphère et à cet espace intérieur qui sommeille en nous? (Pathétique et vraiment pas vendeur.)

J’aimerais bien que home, on n’hésite pas à utiliser les mots des autres quand on en a envie. J’aimerais, des fois, être homesick, manger homemade, penser à mon homeland.

Me semble qu’il y aurait moyen de se sentir home, même avec des mots d'ailleurs?

mercredi 28 avril 2010

Insérer __________ ici.

Aujourd'hui, un peu de «less is more». Un blogue à trous, à remplir soi-même.

Ici, en __________, il est très facile de __________. Pour cette raison, il faut faire attention aux __________ et aux __________, qui, vraiment, pullulent. Il ne fait pas s'en faire, les __________ et la __________ du __________ sont là pour nous __________. Bien entendu, la __________ peut nous __________. Il ne faut pas se __________ pour autant. «Dans peu de __________, je __________ à la __________», qu'on se dit. Ça __________. Ça permet de __________ le __________ de __________.

Tout ce qui nous __________ chez nous, ça, nous devons le __________, au risque de __________. Ne jamais __________, ne jamais __________, ce sont là des __________ qui ne risquent pas de nous __________. À moins de __________ aux __________en __________ ou de __________ le tout à la prochaine fois.

C'est __________. Ça peut __________. La plupart du temps, ça __________ en __________. C'est pourtant là où nous __________ réellement nous __________. Sans nos __________, sans toute cette __________, comment y échapper? Comment __________?

Des fois, je me dis: «Robert, __________ la __________ en __________».

Des fois, ça __________.

mardi 27 avril 2010

Ce qu'il y a à l'extérieur

De l'intérieur de ma chambre d'hôtel, si chaleureux (vous avez vu la photo d'hier, non?), je regarde à l'extérieur. La neige tombe. En avril. Presque en mai.

Des fois, l'intérieur et l'extérieur sont en contradiction. On se sent super bien et là, quelqu'un qui nous croise, comme ça, l'espace d'une courte rencontre, nous dit: «Mais t'as bien l'air fatigué!». Pourtant, non. On n'est pas fatigué. On aurait fait le party jusqu'à cinq heures du matin, on aurait dit oui à toutes les propositions, on aurait grimpé l'Everest avec notre neveu d'âge scolaire tout en poussant mémère dans sa chaise roulante jusqu'en haut. Mais notre intérieur, à ce moment précis, n'est pas reflété par notre extérieur. «J'ai l'air fatigué?», qu'on répond d'abord, à mi-chemin entre l'incrédulité et le doute. Ensuite, on poursuit notre chemin, en faisant semblant de ne pas trop penser à ce commentaire. Mais on y pense. On est pris dans une pensée en spirale. «Moi, fatigué?» On cherche un miroir. N'importe quelle surface réfléchissante. Une vitre d'auto. Un toaster. On s'observe. À première vue, on trouve que non, on a l'air parfaitement reposé. Mais on scrute jusqu'à ce que l'image se distorsionne. Ça escalade: «c'est vrai que j'ai les yeux un peu pochés», «mon teint est vraiment gris», «j'ai l'air du crisse». Là, ça vient d'un coup. La fatigue. Comme une poche de patates en jute qui nous tombe sur les épaules. On se rend compte de l'évidence. Non seulement on a l'air fatigué, mais on est fatigué. Exténué, même. À bout. L'autre avait raison. Ça ne trompe pas. Fatigué...

Je dis ça, comme ça, non pas parce que ça m'est arrivé aujourd'hui, mais bien parce que ça m'est déjà arrivé dans le passé. Quelques fois, même. Attention, je ne suis pas fatigué. En me lisant, vous vous dites peut-être: «Ayoye (ou «Aie», c'est selon), Robert a l'air fatigué, aujourd'hui. Mais non. Je suis en pleine forme. Vous trouvez que ça ne ment pas, ce que j'écris, et qu'au fond, je dois l'être, fatigué. Pas du tout. J'avoue que de parler de fatigue, comme ça, quand on pourrait simplement parler de la neige qui est tombée aujourd'hui, presque au mois de mai, c'est louche. Ça permet de se poser des questions. C'est louche. C'est vrai, au fond, que c'est louche. En fait, je suis peut-être effectivement fatigué, mais je ne m'en rends pas compte? J'aurais juré l'inverse, mais, comme ça, vu de l'extérieur, ça ne trompe pas. Je dois avoir les yeux cernés, même. Attendez, je vais aller voir dans un miroir. Bon, c'est vrai que j'ai des petites poches sous les yeux. Je pensais que c'était mon air rieur de quand je suis de bonne humeur, mais vous avez peut-être raison. Vous avez sûrement raison. L'apparence ne trompe pas. J'ai vérifié à nouveau dans le miroir et j'ai trouvé que j'avais même le regard un peu vide. Froid. Glacial, même. Comment est-ce que je pourrait être tout chaud à l'intérieur et avoir l'air si froid de l'extérieur?

Maudite neige en avril.

lundi 26 avril 2010

Ce qu'il y a à l'intérieur

Me revoici hors de mon contenant habituel, loin, loin, à St-George-de-Beauce. C'est la cinquième chambre d'hôtel que j'ai dû visiter avant d'oser dire: «Ici, je ne fera pas de l'urticaire à cause du choix de couleurs intolérable». C'est fou, ce que ça influence, l'intérieur. C'est l'intérieur qui compte? You bet!

Je ne peux que rester bref devant tous ces bijoux de design qui m'entourent. Comme si l'intérieur n'avait aucune importance.

Mais la paresse ou le laisser-aller ne peuvent pas toujours être en cause. Parfois, il est clair qu'un effort conscient a été fourni. J'imagine les deux zoufs qui ont décoré ma chambre d'hôtel...

- «Tiens, et si ces cadres n'étaient pas à la même hauteur?»

- «Mais moi, j'aime ça. à la même hauteur, c'est plus facile. On devrait tout aligner avec le thermostat.»

- «J'ai une idée. Faisons un compromis. Presque à la même hauteur, mais pas tout à fait.»

- «Bonne idée.»

Bonne idée, en effet. Ça me fait tout chaud à l'intérieur.

dimanche 25 avril 2010

Dégoûts et des couleurs...

Bon. C'est le temps de régler quelque chose une bonne fois pour toutes. Il y a deux jours, dans mon message qui menait sur toutes sortes de pistes, mais qui en laissait tomber une quantité non acceptable, j'ai aussi dit: «ne me parlez surtout pas des goûts qui se discutent, que la beauté réside dans l'oeil de celui qui regarde et de toutes ces notions éculées», mais sans vraiment nourrir d'arguments cette envolée.

D'abord, je dois faire un aveu: j'ai moi-même une relation ambiguë avec l'adage qui veut que «des goûts et des couleurs on ne discute pas». Une partie de moi croit dur comme fer que certaines choses sont de mauvais goût, peu importe le contexte. L'autre partie, par contre, aime bien croire que la beauté d'une chose est relative et qu'il est possible de voir du beau dans tout. Mon exemple de vomi d'hier en est l'accablante preuve.

Alors, qu'est-ce que je pense de tout ça, au fond? Je suis confus, pas à peu près.

Il se trouve simplement que j'aime ça, moi, discuter des goûts (et des couleurs). Ça fait du bien. Dire qu'une chose est «crissement laide», ça fait du bien, non? Essayez-le. Avec un ami, un membre de votre famille, un collègue... «Hey, la chemise que tu portes en ce moment est crissement laide!», «Ma tante, je t'aime bien, mais la décoration de ton bungalow, c'est, comment dire, crissement laid!», «C'est vraiment agréable de partager ce bureau avec toi, parce que, à côté de toi, je n'ai jamais à complexer à propos de ma coupe de cheveux. La tienne est à chier. Crissement laide!» ne sont que des exemples. Il y a quelque chose d'apaisant à juger sans retenue. Je ne dis pas que c'est poli, que c'est gentil ou même acceptable, mais maudit que ça fait du bien!

Juste le mot «laid», c'est un pur plaisir. Il faut se payer de temps à autres le luxe d'employer ce mot. «Hideux», «affreux», «horrible», «disgracieux», «yark!» sont des alternatives. Mais avec «laid», on ne se trompe pas. Ça soulage. Il faut que ça sorte, des fois, ces pulsions-là! Pourquoi toujours se contenir?

Si on acceptait la laideur, qu'on n'hésitait pas à la nommer, peut-être serait-elle moins tabou?

Alors, aujourd'hui, faites-vous plaisir. Discutez. Des goûts, des couleurs, de tout ce qui vous chante. Au pire, on vous dira:

«C'est laid ce que tu dis là. Très laid.»

samedi 24 avril 2010

Intérieur beauté

Bon. La beauté. Qu'est-ce c'est ça?

Dans mon message d'hier, j'ai touché, sans trop y faire attention, à plusieurs sujets qui méritaient bien plus qu'un effleurement. En fait, ils méritaient au minimum un combat corps à corps (teinté d'un érotisme latent). La beauté est un de ces sujets.

J'ai dit, comme ça: «Je me suis toujours demandé ce qui se passait dans notre cerveau lorsqu'on voyait quelque chose de beau», une question qui mérite réflexion, mais je vous ai laissé tomber. Je suis parti ailleurs. Je me suis mis à décrire mon chevalier médiéval en plastique et j'ai laissé la beauté là, toute seule comme une tarte, inexpliquée.

Je me dois donc maintenant d'aller plus au fond des choses, de fouiller l'intérieur de la beauté.

J'ai voulu d'abord, pour remplir mon mandat, faire appel à mon contenant à définitions préféré, le dictionnaire, mais au bout de quelques lignes, j'étais déjà tout mélangé. On mêle tout: conformité, esthétique, plaisir, satisfaction... On y fait référence à des lieux communs: une belle vue, la beauté d'une statue, de Venise... On décline l'usage du terme, jusqu'à ce qu'il perde toute substance. Bref, on ne sait plus quoi dire alors on en dit des belles et on s'éloigne de la question.

Je dois donc me débrouiller seul. Qu'est-ce qui se passe dans notre cerveau quand on voit quelque chose de beau? Nous avons tous, un jour, trouvé beau quelque chose ou quelqu'un. On dit: «ça me plaît», «c'est joli» ou «man, t'as vu son cul?!», mais jamais on ne s'arrête à savoir pourquoi.

J'aimerais vous le dire, moi, pourquoi. Mais justement, c'est là pour moi tout un mystère. Pourquoi j'aime regarder une montagne de verdure, mais pas une montagne de paperasse? Pourquoi j'apprécie voir le dessin d'un coeur, mais pas un vrai coeur? Pourquoi c'est laid, du turquoise sur un mur de salon, mais pas dans l'océan? Pourquoi je trouve ça beau, des pots d'épices bien alignés, mais pas ces mêmes pots d'épices placés n'importe comment sur une tablette encombrée? Toutes ces choses ne se valent-elles pas?

Un arbre, par exemple. Y'a pas de quoi de plus hideux que ça, au fond? Pensez-y. C'est un tube rugueux, de couleur grisâtre tachée de plaques, sortant de la terre comme une verrue, qui se ramifie, qui souffre de protubérances qui vont dans tous les sens, en s'affinant, le tout parsemé d'étranges pellicules minces, molles et vertes qui laissent voir leur système interne par un aspect translucide inquiétant. Décrit ainsi à des extraterrestres qui n'auraient jamais vu ça, un arbre, ils en frissonneraient d'effroi. «Et votre planète en est infestée?!», qu'ils répondraient, en faisant une face d'extraterrestre qui goûte à quelque chose de mauvais pour un extraterrestre. Pourtant, ici, sur terre, tout le monde s'entend pour trouver que c'est beau, un arbre. Mais, en quoi est-ce plus beau qu'un poteau de téléphone ou même qu'une flaque de vomi?

Bon, vous trouvez que j'exagère. Que ça va de soi. Qu'une flaque de vomi, ça sent pas bon, que c'est signe d'une mauvaise expérience digestive et que c'est tout simplement dégueu. Mais en quoi n'est-ce pas beau? Ça miroite, c'est teinté d'un camaïeu apaisant, ça surprend par ses petites pépites mignonnes comme tout, ça éclabousse de vie, comme un Pollock.

Regardez, partout autour de vous. C'est beau ou non? Pourquoi? C'est pas de notions qu'on gagne à questionner des fois? Regardez vous. Regardez nous.

L'être humain, merveille d'entre les merveilles. La beauté humaine, c'est indéniable, ça? Ne sommes-nous pas qu'un amas de formes étranges, subdivisé en pousses qui semblent vouloir s'enfuir du centre, enveloppé d'une couche mince, crevassée et parsemée de filaments inégaux, ponctué de fentes, de matières mortes et de trous, dont deux contiennent des globes gluants, vascularisés de rouge, à moitié enfoncés? Qu'est-ce que ça a de beau, ça?

C'est pas un peu dégoûtant, au fond, la beauté?

vendredi 23 avril 2010

Purement décoratif

J'ai un malaise avec le mot «décoratif». En fait, ce n'est pas un malaise autant qu'un questionnement. Quelque chose de «décoratif», c'est un ajout qui est sensé rendre une autre chose plus jolie. C'est la définition du mot, non?

Bon, il y a bien un autre sens. Un sens péjoratif, uniquement attribué aux personnes, pour désigner quelqu'un qui n'a qu'un rôle secondaire, dont la présence n'est pas de grande importance. Bref, un insignifiant.

Lorsqu'on parle d'objets, par contre, la définition demeure toujours sensiblement la même. Quelque chose de décoratif, c'est beau, ça plaît, c'est recherché. Je me suis toujours demandé ce qui se passait dans notre cerveau lorsqu'on voyait quelque chose de beau. C'est quoi la beauté, au fait?

J'ai reçu, pour mes quarante ans, un cadeau horrible. C'était, heureusement, un cadeau qui se voulait horrible, pour me faire rire un peu, rassurez-vous. Cependant, ce cadeau horrible n'en demeure pas moins un objet décoratif. Laid à chier, mais décoratif tout de même. On ne produit tout de même pas en série ce genre d'objets pour le simple plaisir (malsain?) de se moquer un peu...

Vous voulez voir? Le voici:

Vous aimez? Vous êtes comme moi adepte des figurines médiévales en résine? Du médiéval en général? J'ai ri en ouvrant ce cadeau, d'un rire alimenté par la laideur de cet objet, mais en riant, je ne pouvais penser qu'à une seule chose: que quelqu'un d'autre, quelque part, avait forcément acheté cet objet «décoratif» (ce n'est pas un jouet, ce qui serait une toute autre affaire) dans le but d'enjoliver sa demeure. Et quand je dis «quelqu'un», je devrais dire «une bonne gang de monde». Et quand je dis «demeure»...

Encore une fois, c'est sans condescendance (je vous demande - mais ne l'exige pas - de me croire) que mon cerveau n'arrive pas à capter l'aspect décoratif de cette chose hideuse. Non, mais c'est laid en baptême! Non?

«Décorer» avec cet objet, c'est carrément contre-productif. Avouons-le en choeur. Et ne me parlez surtout pas des goûts qui se discutent, que la beauté réside dans l'oeil de celui qui regarde et de toutes ces notions éculées. Cet objet est laid.

Pourtant, il a été pensé, conçu, fabriqué (avec un soin indéniable), reproduit à des milliers d'exemplaires, mis dans des boîtes (les boîtes sont ornées de photos d'autres objets semblables, en passant), distribué, vendu, acheté... Des bateaux ont contenu des containers remplis de boîtes contenant elles-mêmes des objets semblables et ont traversé des océans! Ces figurines ont sans doute voyagé plus que la majorité des êtres humains sur notre planète! Et tout ça, pourquoi?

Pour «décorer».

Bon, il doit bien y avoir un faible pourcentage (j'estime 0,5%) de gens qui achètent ce genre de bibelots par pure malice, au deuxième (troisième, dixième?) degré, pour faire une bonne blague à un ami prétendument minimaliste qui fête ses 40 ans. Mais le gros de ces cargaisons n'a qu'un but: être «décoratif».

Alors, dites-moi. Ne devrait-on pas élargir la définition du mot «décoratif», pour désigner également les objets insignifiants, dont la présence n'est vraiment pas nécessaire?

Si décorer, c'est ajouter, ça ne pourrait pas aussi être, tout simplement, soustraire?

jeudi 22 avril 2010

Sans mots

Jour un de mes quarante ans.

Je reste sans mots devant un de mes cadeaux.

mercredi 21 avril 2010

Content du contenant

En ce moment, ça fait exactement 40 ans
Que mon corps me sert de contenant.
Pour cet événement, j'ai reçu le présent
D'un contenant étonnant.

Contenant de tous les contenants,
Le livre est généralement
Un contenant qui me rend, vraiment,
Particulièrement content.

Mais un livre contenant
Mes propres contes, tels que présents
Dans ce blogue présent,
C'est d'autant plus marquant.

Maintenant, en le photographiant,
Je le rends élément
Du blogue même d'où il vient vraiment
Originalement.

En imbriquant
L'un dans l'autre, puis l'autre dans l'un, inversement,
C'est touchant, vraiment,
De voir ses mots se matérialisant.

À cours de «en»,
Je cours célébrer, joyeusement,
Mes ans.
Mes 40 ans.

mardi 20 avril 2010

Se contenir

Les interdictions, ça vous fait quoi, vous? Moi (et c'est peut-être mon petit côté rebelle - bien caché au fond de moi), ça me donne envie de faire à ma tête.

Aujourd'hui, j'attendais patiemment ma commande chez Ashton (le retour d'une tournée est souvent ponctué d'une visite éclair dans un fast-food - un Ashton indiquant encore plus précisément qu'un GPS qu'il est question d'une tournée près de la ville de Québec) et j'ai vu cette bouteille de nettoyant, au bout du comptoir, à côté d'une guenille douteuse (photo). Au premier regard, je n'ai vu qu'une simple bouteille de nettoyant en plastique, probablement remplie d'un toxique liquide antibactérien à odeur de net et un linge répugnant. Mais comme mes deux cheeseburgers se sont fait attendre un peu, j'ai eu ces quelques secondes libres de plus pour que mon esprit s'évade et qu'il transforme ma vision des choses.

J'aime lire. Je lis de tout. Les boîtes de céréales, les journaux à potins, les sous-titres de films même si j'en comprends la langue parlée, les emballages de Swiffer, les instructions sur les portes des autobus, vraiment de tout. Même des livres, de fois. Je recherche la lettre. Je scrute mon espace environnant et je déniche tout ce qui est écrit. C'est un réflexe d'humain, je crois.

Il ne m'en fallait pas plus pour tenter de déchiffrer l'écriture sur le torchon (sans succès, mais il y a un mot avec les lettres «AUR» dans cet ordre - des suggestions?). Bien sûr, il n'était pas question que je touche à cet amas de microbes et de traces huileuses (en manger plus tard, ça, ça allait, mais il ne fallait pas que j'entre en contact avec cette guenille). Déçu, mon besoin de lecture persistait. Je devais lire quelque chose. N'importe quoi. Le menu affiché au dessus du comptoir? Terminé depuis longtemps (un récit sans surprises, vraiment). Alors, je me suis penché par dessus le comptoir et j'ai retourné la bouteille, par instinct.

«DO NOT DRINK».

Mon premier réflexe a été de penser que si, moi, je ne pouvais pas m'empêcher de lire tout et de n'importe quoi, il devait y en avoir d'autres qui avaient l'obsession de l'écriture. «Do not drink» ne me semble vraiment pas une indication nécessaire. C'est beau la prudence, la sécurité au travail, mais n'y a-t-il pas des limites? Il est rare que je sois poussé d'une envie de boire d'un produit dans ce genre de bouteille aérosol. Vous?

Ensuite, le rebelle en moi s'est éveillé. «Do not drink»? Ah, oui, ben tu vas voir! Je vais boire de ce détergent si je veux bien! Ma conduite ne sera pas dictée par quelques lettres majuscules bleues imprimées par quelqu'un qui ne doit jamais prendre de risques dans sa vie. «Do not drink»?! Je vais «drink» si je veux, OK? Tout à coup, j'ai trouvé le liquide attrayant. J'ai imaginé sa saveur (j'ai hésité entre houblon et bergamote). J'ai voulu connaître la sensation sur ma langue. Un petit coup. Pchittt! Ça piquerait? Ça chaufferait? Ça produirait des petites cloques purulentes dans ma bouche? Mon rebelle était de plus en plus intrigué.

C'est à ce moment que mes cheeseburgers sont arrivés et j'ai eu à peine le temps de prendre une petite photo avant de reprendre la route.

Comme quoi c'est vite contenu, un «côté» rebelle.

On est rebelle ou on l'est pas.

lundi 19 avril 2010

Perles cachées

Mea culpa. J'ai jugé trop vite. Les apparences peuvent être trompeuses, eh oui.

Ici, en Beauce, tout n'est pas si horrible que j'ai pu le laisser croire. Il y a du bon, aussi.

Parfois, le bon ne se voit pas du premier coup d'oeil. Parfois, il faut creuser un peu. Parfois, le bon, c'est comme un cadeau magnifique caché dans une boîte laide.

C'est vrai, l'inverse arrive aussi parfois.

Je me souviens de toutes ces fois où, enfant, j'allais jeter un coup d'oeil dans le gros congélateur du garage pour y trouver, avec délice, un contenant de sorbet laitier trois couleurs (orange, lime, citron). Je voyais le pot de plastique et j'en salivais déjà. Mais il ne fallait pas que je me réjouisse trop tôt. En ouvrant le contenant, je découvrais presque à chaque fois un bouillon de boeuf cristallisé ou tout autre aliment qui ne procure aucune joie à un petit garçon de sept ans. Ah, les misères du Tupperware ukrainien! (Note: le «Tupperware ukrainien est le nom donné par les Manitobains aux contenants recyclés qui se prennent pour de vrais Tupperware.) C'est fou combien à chaque fois, je me faisais prendre à cette usurpation d'identité alimentaire. C'est beau, l'optimisme.

Bref, je découvre à Ste-Marie-de-Beauce toutes sortes de belles choses, mais surtout des gens fort sympathiques. Ça compte, ça, le facteur humain. Non? Il y a aussi des perles cachées. J'ai même mangé dans un restaurant très beau, très design, donnant sur un paysage plutôt grandiose.

Reste que ce n'est pas ici que je tomberai sur un collier de perles de rafinement. Malgré les exceptions, la grande majorité de ce qui m'entoure ici est tout au plus ordinaire. Je ne devrais pas être surpris. L'ordinaire, y'a rien d'extraordinaire là-dedans.

Et parfois il faut trouver des perles en changeant notre regard sur les choses. Ce contenant en plastique pour articles de toilette, en forme de coquillage (photo), avec beaucoup de bonne foi, c'en est une, perle, non?

Vous ne trouvez pas?

dimanche 18 avril 2010

Microbes

Ça fait peur, les microbes, hein? On serait donc mieux dans un monde sans microbes. Bien sûr, il y a quelques outils à notre disposition pour enrayer ces microscopiques créatures qui veulent nous tuer. Il y a des moyens de tenir à distance ces mini monstres terrifiants.

Une goutte d'eau de javel dans l'eau de vaisselle, il parait que ça marche (pour nettoyer un hamster, j'ai appris aujourd'hui, c'est par contre un peu risqué). Il existe aussi toutes sortes de nettoyants antibactériens (bon, bon, je sais que les bactéries et les microbes, c'est pas pareil, mais avouez que vous non plus vous ne les différencieriez pas de derrière une vitre au poste de police). Mais ce qui marche le mieux, ce n'est pas de protéger nos corps contre ces bibittes dégoûtantes, mais bien de protéger nos esprits.

Une bande de papier qui indique que notre bol de toilette a été sanitarisé (non, c'est pas un mot), c'est rassurant, non? C'est ce que veulent me faire croire les propriétaires du motel où je loge en ce moment, en tous cas. Bien sûr, cette bande de papier elle-même regorge probablement de microbes, ce qui ne laisse présager que le pire pour l'état de la faune vivant dans notre cuvette, mais le cerveau s'apaise tout de même à la lecture de ces mots imprimés.

Des fois, je rêve d'un monde scellé, ou tout serait muni du fameux sceau Tupperware breveté, mais comme je sais qu'encore une fois je me crée des attentes impossibles envers le monde qui nous entoure, j'essaie de me contenter de la paix de mon esprit. Mais j'ai des doutes.

Le doute, un vrai microbe pour l'esprit.

samedi 17 avril 2010

Trou

Moi, j'ai toujours été fasciné par le vide. Un trou, c'est toujours une grande source de vide, alors, j'adore. Ce qui m'intrigue, au fond, c'est la raison d'être de ce vide. Sans le vide, de quoi le plein aurait-il l'air?

Ce soir, je me retrouve à Ste-Marie-de-Beauce. Après Montréal, puis New York, Tupperwareblog vous parvient donc en ce moment d'une autre mégapole. De ma chambre de motel (oui, avec un «m» et non un «h»), une vue imprenable sur un McDonald's et sur un Canadian Tire. Ici, au motel Invitation Inn, on est bel et bien invité à découvrir un monde fantastique, ou le beige est considéré une couleur voyante. Ici, à Ste-Marie-de-Beauce, le vide est à l'honneur. L'espace vide entre les atomes, c'est ici que ça se passe. Nous sommes comme entre deux atomes, entre deux mondes. Dans un trou.

Je me suis toujours demandé ce qui poussait des êtres humains à habiter dans ce genre d'endroit. Sans condescendance (ne me croyez pas si vous y tenez), je n'arrive pas à saisir la motivation des gens qui habitent «en région».

Attention, ici, rien n'est bucolique. Rien n'est beau. Rien à voir avec le calme de la campagne. C'est comme un boulevard déprimant d'une grande ville, mais sans grande ville autour. Naître ici (par mégarde), devrait conduire tout être humain sensé à fuir, dès qu'il apprend à marcher. Mais non. On y reste. La preuve, c'est que des humains vivent ici, mangent ici, dorment ici (souvent, j'imagine), se divertissent ici et vont même jusqu'à procréer ici. Pourquoi? Pour perpétuer ce cycle absurde.

Pire, il y a sûrement des gens qui choisissent de vivre ici. «Tiens, Ste-Marie-de-Beauce, ça va nous tenir tranquille!», qu'ils se disent. C'est fascinant. Vous ne trouvez pas?

Bon. J'exagère peut-être. J'en mets.

À force d'en mettre, je crois peut-être arriver à combler le vide?

vendredi 16 avril 2010

Bien faire et laisser dire

Je ne savais plus trop de quoi parler aujourd'hui. Mais comme ma promesse est d'écrire un blogue par jour, sept jours sur sept, je n'ai pas eu le choix. Aux grands maux les grands remèdes! Je me suis donc posé la question suivante: quels proverbes, sentences ou maximes ont un lien avec Tupperwareblog? On y parle de contenant? D'apparences? On y fait l'éloge du matérialisme? Du minimalisme? Les pages roses du Larousse m'ont offert ce joyeux bouquet:
  • Abondance de biens ne nuit pas. (Wow, du matérialisme pur et dur.)
  • L'air ne fait pas la chanson. (L'apparence n'est pas la réalité? What the fuck?!)
  • L'appétit vient en mangeant. (Des proverbes comme celui-là, on en veut plus!)
  • Avec des «si», on mettrait Paris en bouteille. (Et si on créait d'autres proverbes avec des contenants?)
  • La caque sent toujours le hareng. (L'importance du contenant, dans toute sa splendeur - odeur de poisson en prime!)
  • C'est le ton qui fait la musique. (Mais l'air ne fait pas la chanson? Faudrait se brancher! Je préfère nettement ce dernier proverbe, qui nous rappelle l'importance de l'emballage.)
  • Comme on fait son lit, on se couche. (Le sens ici m'importe peu, mais ça me rappelle l'importance d'un lit bien fait.)
  • Des goûts et des couleurs, il ne faut pas discuter. (Au contraire! Pourquoi se priver de ce petit plaisir?)
  • L'habit ne fait pas le moine. (Mais disons qu'il ne nuit pas.)
  • Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. (Et qu'un couvercle de Tupperware soit perdu ou sans son plat.)
  • Il vaut mieux tenir que courir. (La possession vaut mieux que l'espérance? Wow. Encore du beau matérialisme avoué!)
  • Il y a loin de la coupe aux lèvres. (Les bouteilles, les caques, les coupes... Décidément, les contenants nous inspirent.)
  • Qui peut le plus peut le moins. (Une incitation au minimalisme?)
  • Qui se ressemble s'assemble. (L'apparence, toujours l'apparence...)
  • Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. (Il manquait la cruche pour compléter les allusions aux contenants.)
  • Tous les goûts sont dans la nature. (Oui. Les bons, et les mauvais.)
  • Tout nouveau tout beau. (C'est donc vrai que c'est meilleur quand c'est neuf!)
  • Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. (Mais deux tiens, ça, ça bat tout!)
Voilà. Chose promise, chose due.

jeudi 15 avril 2010

Parlons creux

Coupable. Je plaide coupable. Ça m'arrive à l'occasion. Il y a des jours où ça m'arrive plus souvent. Comme aujourd'hui, par exemple. Je n'avais plus aucune retenue. Une n'attendait pas l'autre. Je ne sais pas pourquoi. Ça sortait tout seul. Et vous, ça vous arrive? Suis-je le seul de ma race?

Vous arrive-t-il à vous aussi de dire des phrases creuses?

Une phrase creuse, ce n'est pas comme une assiette creuse. Ou un arbre creux. Ou le creux d'une main. Ce n'est pas fait pour contenir. Bien au contraire. Une phrase creuse, ce n'est même pas un contenant, si ce n'est que pour du vide, et encore. En fait, si un phrase creuse est quelque chose, c'est plutôt un contenu. Un contenu creux qui ne sert qu'à combler le vide.

Je ne sais vraiment pas pourquoi, mais je n'étais pas arrêtable, aujourd'hui. Une fois que je communiquais ce que je devais communiquer (et «communiquer» est un grand mot), au lieu de me taire, je continuais. Je répétais. J'en ajoutais, sans même que ça ne soit sollicité. Le «less is more»? Not today. Trop occuper à en mettre, en mettre et en remettre.

Mes interlocuteurs, au début, acquiesçaient tranquillement. Leurs regards imploraient la conclusion. Moi, qui est pourtant de nature à répondre au non-verbal, je n'arrivais pas à me taire. L'autre, devant moi, tentait parfois des petites phrases courtes comme des points finaux. «Ah, ben, oui.» «Qu'est-ce que tu veux, hein?» «Bon, ben, c'est ça!» «Oui, oui, j'ai compris!»

Devant ces réponses de moins en moins subtiles, même une adolescente racontant qu'elle ne sait plus trop, à propos de son chum, qu'on dirait que des fois elle veut lui faire plaisir, mais d'autres fois non, mais qu'il doit la respecter, que c'est son choix si elle dit non, mais qu'en même temps, ce n'est pas qu'elle n'a pas le goût, c'est juste que si elle montre trop qu'elle a le goût, elle va avoir l'air complètement désespérée, mais il faut quand même qu'elle montre qu'elle a un peu le goût, mais pas trop, elle n'est pas une slut comme la slut à Mandy qui n'est vraiment pas capable de se contrôler, parce que c'est sûr que elle, elle dit toujours oui, en tout cas c'est ça que son chum lui a dit, mais tu sais, les gars, ils sont tous pareils, mais pas pareils pareils, mais disons que t'sais, genre, en tous cas, le mien est pas pareil, il me respecte, mais je suis capable de me faire respecter, aussi, c'est pas juste ce que tu dis, t'sais, c'est aussi ce que tu fais, se serait tue.

Mais pas moi. Mes lèvres poursuivaient leur travail aveuglément. Mon interlocuteur se tournait, regardait ailleurs, répondait à son cellulaire, quittait la pièce, même. Moi, comme le lapin Energizer, je continuais. Comme si je tombais dans le vide. Dans l'espace interstellaire. Tombant vers l'infini. Dans un trou noir de signification.

J'ai dit des choses, mais des choses! Tellement... insignifiantes. Que je justifiais! En les répétant. Comme si de les répéter allait leur donner un sens. Mais l'effet était plutôt inverse. Elles perdaient progressivement toute trace de signification qu'elles n'avaient déjà pas.

Des fois, je me dis qu'il n'y a qu'une seule chose à faire, dans ce cas, et c'est de couper sa phrase en plein milieu, comme quand on parle et puis qu'on

mercredi 14 avril 2010

Déception

Ça y est! Je m'en suis souvenu. Mon sujet de blogue d'il y a deux jours. Pas si fort. Un classique, ça. Chercher, chercher quelque chose qu'on a oublié, une idée géniale, la plupart du temps, et puis: la déception. «J'ai cherché tout ce temps-là juste pour ça?», qu'on se dit.

Comme quand on cherche le rêve qu'on a fait la nuit pendant des heures et que venu le temps de le raconter, on se rend compte que c'était plate en câliboire. «Je faisais mon épicerie, et là, je marchais dans les allées et je choisissais chacun de mes produits en en lisant l'emballage, la valeur nutritive, l'impact sur le mauvais cholestérol. Ensuite, je suis allé à la caisse. J'ai payé. C'est à peu près ça. J'avais acheté des raisins verts sans pépins...» Pas de caissière qui se transforme en monstre, pas d'allée qui n'en finit plus et qui se termine par une petite porte mystérieuse, pas de scène torride avec le Capitaine Crounche, rien. L'anti-climax fait rêve. Si seulement mon exemple de rêve insignifiant était inventé...

L'idée supposément géniale que j'ai eue, donc, en soupant lundi soir dernier, était de traiter du combat entre la théorie et la pratique. Le lien avec Tupperwareblog? J'en avais un. Il me semble. En théorie.

En pratique, je suis un peu pogné avec ce sujet-là. Je ne sais plus trop quoi en dire. Le moment est passé. You had to be there, genre.

Je crois que je voulais commenter l'importance de la pratique, que nous sommes des êtres de matière, que nous sommes entourés de matière. Je voulais sûrement créer des exemples en pigeant dans mes sujets fétiches: le rangement, les contenants, l'emplacement des objets qui nous entourent en fonction d'un grillage visuel imaginaire qui ne me permet pas de laisser ma souris d'ordinateur en angle avec le clavier, la laissant prisonnière d'une parallélitude constante.

C'est décevant, tout ça, non?

Théoriquement, la déception fait partie de la vie.

En pratique?

Aussi.

mardi 13 avril 2010

L'équilibre Tupperware

C'est dur, trouver l'équilibre entre la rigueur et la souplesse. Si on essaie de développer l'une, il peut arriver qu'on mette de côté l'autre. Et vice-versa.

Admettons que je fasse tout pour contrôler la disposition de ma vaisselle dans mon lave-vaisselle. En principes, je gagne de la place. Par contre, il suffit que j'utilise, je sais pas, moi, un plat de service rectangulaire qui ne sert presque jamais pour me rendre compte que ma disposition parfaite de vaisselle dans le lave-vaisselle devra être revue et corrigée. Et ça va créer une onde de choc. Des verres vont se retrouver empilés n'importe comment, des assiettes à dessert vont se retrouver insérées entre des assiettes principales, il y aura peut-être même (horreur!) des couvercles de plats Tupperware éloignés de leurs plats, dans des endroits incongrus comme le compartiment pour les fourchettes.

Autre exemple, mais inverse: je fais tout pour que mon horaire soit flexible, rempli de surprises, pour me rendre compte que mes trois sessions et demi de gym par semaine ont vite pris le bord. Je vivrai peut-être des voyages spontanés à la mer, mais avec du gras mou autour de la taille. En Speedo, ça va être beau, ça, dans la section «photos» de ma page Facebook.

Il y a une parabole (ou une fable, je sais plus trop) qui fait l'éloge du roseau, qui plie au vent et qui peut rire en pleine face du chêne qui, lui, casse, se déracine et meurt à cause d'un vent orageux. Par contre, j'aimerais bien lire aussi une autre parabole avec un roseau qui se fait écraser par un chasseur en grosses bottes, devant le chêne qui reste debout (le chasseur l'aurait contourné) pour témoigner de la scène avec mépris. Ça serait plus juste, non?

L'idéal, évidemment, se situe entre les deux pôles. On ne veut pas être trop rigide, ni trop mou. «Êtes-vous trop mous ou trop rigides?» Ça ferait un bon test pour un magazine de bas étage. Entre une recette de gâteau aux bananes et un poster détachable de Mario Pelchat.

En fait, il faut être comme du Tupperware. Ce n'est pas trop sec, pas trop cassant, mais ça ne se tient pas non plus trop mollement, pour ne pas perdre sa forme et faire en sorte que les restes de soupe coulent de partout, comme du guacamole dans un burrito.

Je me disais bien, aussi, qu'il y avait une raison pour que je sois tant fasciné par cette matière.

lundi 12 avril 2010

Sous la casquette...

J'avais un super bon sujet pour mon blogue d'aujourd'hui. Vraiment. C'était subtil, tout en nuances. Ça tissait de nouveaux liens entre contenu, contenant, bref, tout ce qui fait de Tupperwareblog Tupperwareblog. Je soupais et j'ai dit: «tiens, ça va être ça mon sujet du jour». Vous êtes agacés, je le sens. Vous vous dites: «non, mais, c'est quoi son sujet, câlinne de binnes!». Peut-être choisissez-vous un juron plus personnel? «Hostie», «diantre», «zut», «saperlipopette», je sais pas, moi. Vous vous demandez pourquoi je tourne autour du pot? Vous pensez que mon sujet est trop indigne, ou carrément pornographique? Pas du tout. Mon sujet, je l'ai simplement oublié juste avant de m'asseoir pour écrire. Voilà tout.

C'est étrange, un cerveau. Ça emmagasine, ça accumule, mais ça ne donne pas toujours accès à tout. Pas tout en même temps, en tous cas.

Bien sûr, ce serait invivable d'avoir à l'esprit tout ce qui se trouve dans notre cerveau. Imaginez la scène. Tous les noms de toutes les personnes que vous avez déjà rencontrées, tous les numéros de téléphone, toutes les adresses, toutes les instructions de lavage de vos articles délicats, toutes vos leçons du primaire, toutes les chansons que vous avez déjà entendues, tous les souvenirs d'enfance (même les plus banals, comme cette fois où vous êtes allé acheter des souliers bruns avec des semelles en gomme en compagnie de votre mère qui vous a choisi les souliers les plus inconfortables du magasins dans le seul but que vous ayez des souliers neufs pour votre premier jour en troisième année même si en fait septembre était déjà terminé mais que votre mère avait d'autres choses à faire au mois d'août que de courir les centres d'achats avec vous qui détestiez les centres d'achats à moins d'avoir la permission de faire un petit tour sur le cheval de bois mécanique qui en fait n'était pas réellement en bois mais bien juste en fibre de verre), tous les noms de fleurs, tous les prix de toutes les tomates italiennes en boîtes, tout, absolument tout: ça flotte dans votre esprit, mêlé à tout le reste. Et vous ne devez que dire votre propre nom.

Un cerveau qui donnerait accès à tout, en même temps, 24 heures sur 24, nous mènerait droit vers la folie.

Alors, notre cerveau fait du rangement. Il classe les informations. Il en place certaines à portée de main, d'autres plus loin. Comme le sujet de mon blogue d'aujourd'hui. Je sais qu'il est stocké quelque part dans cette masse visqueuse, elle-même stockée dans une belle boîte pratique, ma boîte crânienne. Quelque part, mais où?

Il m'arrive souvent de ne plus savoir où mon cerveau a rangé mes affaires. Mon cerveau, c'est comme un colocataire zélé fanatique du ménage, mais qui n'est jamais prêt à m'aider quand j'ai besoin de lui.

Je cherchais le nom, là, du peintre, là vous savez, là, celui qui peint du monde en gros plans, t'sais, là, celui qui peint du monde de dos en manteau d'hiver, le Canadien, là, l'hyperréaliste, t'sais, il a été exposé au Musée d'art contemporain, comme l'an dernier, là, ou peut-être l'année d'avant, t'sais on voit tous les détails, comme disons qu'il peint une casquette avec du grillage en arrière, là, t'sais, il peint chaque ligne du grillage individuellement, avec chacune sa petite ombre et chacune sa petite lumière et dans chacun des petits trous carrés du grillage, derrière, on voit les cheveux qui sont sous la casquette, avec les cheveux peints un par un avec un pinceau minuscule probablement à juste un poil, l'hyperréaliste, là, ben, je pense que c'est de l'hyperréalisme, là, je vois un «K», il y a un «K», me semble, c'est quoi son nom, donc?

Mon cerveau avait cru bon ranger ce nom pas mal vers le fond, en arrière du nom des capitales mondiales et des paroles d'Ô Canada.

On a beau ouvrir la porte de notre cerveau, entrer, tasser tout ce qui se trouve sur notre passage, on n'arrive pas à trouver. On s'énerve. En tassant tout, on se rend compte d'une chose: malgré la multitude d'informations dans notre cerveau, le gros de l'espace est plutôt vacant. On tombe sur des tablettes complètement vides, des tiroirs avec rien dedans, des pièces de rangement pas encore utilisées, aux planchers poussiéreux et aux plafonds acoustiques souillés de taches d'humidité. Plus on cherche, plus ça semble vide.

On essaie de se convaincre d'arrêter. Que ce n'est pas si important que ça. Qu'il y a des moyens extérieurs pour trouver à notre place: des dictionnaires, des sites web, des amis qui retiennent tout, eux. Mais on demeure frustré. On s'entête.

Souvent, comme ça, au milieu d'une phrase ou d'une activité qui ne sollicite notre cerveau qu'autant que si on était un iguane, ça nous vient, d'un coup KAREL FUNK, un petit coup qui fait du bien, mais qui arrive trop tard.

Des fois, ça ne revient jamais. Ça accumulera de la poussière, bien caché, dans notre petite tête, sous d'autres informations plus ou moins utiles, sous cette masse gluante et supposément grise, sous notre crâne, sous nos cheveux (s'il nous en reste) et, les jours de pluie, peut-être même sous une casquette.

Alors, aussi bien oublier ça.

dimanche 11 avril 2010

Révolution

On n'est pas dus pour une révolution, nous, là?

Je ne parle pas de baver sur notre iPad en se demandant comment on a fait tout ce temps-là pour vivre sans cette technologie afin de iLire des iLivres iAchetés dans une iLibrairie en ayant la iChienne de tout iÉchapper dans notre iBain. Je parle d'une vraie révolution. Aux armes, citoyens! On efface tout et on recommence. Ça ferait du bien, non? (Pour lire à propos d'une autre idée de révolution venant de l'artiste Peter Gronquist - et une explication de la photo d'aujourd'hui, cliquez ici.)

Bien sûr, je sais que ce genre de mouvement de masse n'existe pas. Le changement, c'est graduel. Et c'est bien ça le problème. On voudrait faire un beau ménage, mais on reste toujours pogné avec une partie de nos vieilles habitudes et de nos vieilles cochonneries. Parlez-en à ceux qui hésitent à faire du bois de chauffage avec l'imposant et lugubre crucifix de l'assemblée nationale.

Je regardais aujourd'hui le film Coco avant Chanel. Ce film retrace une période de réel changement, où non seulement les vêtements féminins allaient se libérer de tout ce «trop de frou-frou, trop de tout», mais aussi où la société allait se défaire de principes qui nuisaient à l'égalité de droits humains.

Le malheur, c'est que malgré le progrès obtenu grâce à cette révolution, il nous reste toujours des relents de ce qui l'a précédé. Résultat? Nous vivons encore des problèmes d'inégalités des classes sociales et il n'y a qu'à assister à une noce «de rêve» en banlieue pour se rendre compte que l'excès de frou-frou sévit plus que jamais («Monsieur, ne plantez pas ce couteau trop vite car cette chose n'est pas votre gâteau, mais bien votre épouse»).

Peut-être que l'humain n'est pas fait pour repartir à zéro? On reste attaché au passé, mais lui, pourtant, il se fout complètement de nous. Il passe, le passé. Alors qu'est-ce qu'on a tant à vouloir l'épargner? La mémoire collective est-elle réellement préférable à une amnésie générale? L'évolution, qui ne sera jamais qu'un processus graduel, c'est peut-être ce qui nous empêche de vraiment changer? Peut-être que si on oubliait tout, mais vraiment tout, qu'on se défaisait de tout, mais vraiment de tout, on ferait mieux la fois d'après?

Bien sûr, c'est une utopie. Je n'en serais pas à ma première.

Bon. Ça coûte combien, un iPad, au juste?

samedi 10 avril 2010

Le fouillis du temps

Je vous ai déjà parlé de l'heure métrique?

Je travaille à cette invention révolutionnaire depuis des années. Pendant longtemps, j'ai presque laissé tomber, mais je crois que comme ce soir je n'ai pas grand chose à faire, je devrais m'y remettre.

60 secondes par minute, 60 minutes par heure, 24 heures par jour, 7 jours par semaine ou de 28 à 31 par mois (avoir à compter à chaque fois sur nos jointures pour savoir à quoi s'en tenir, quelle plaie!), 12 mois par année ou 365 jours par année (sauf 366 un fois aux 4 ans)... Vous ne trouvez pas que tout ça est d'une complexité archaïque? En tous cas, ça fait désordre.

Étrangement, en calculant des temps infiniment petits, l'humain moderne a retrouvé son bon sens. On parle de dixièmes de secondes, de centièmes, de millièmes, etc. De plus en calculant des périodes beaucoup plus longue, la logique reprend aussi le dessus. On calcule les décennies, les centenaires, les millénaires...

Alors, voulez-vous bien me dire pourquoi, lorsqu'il est question de durées qui affectent peut-être plus directement notre quotidien, nous sommes encombrés d'un système inégal, imprécis et tout bonnement pas très rangé?

Ne me parlez surtout pas du soleil et de rotation de la terre! Ces événements ont fini depuis longtemps d'asservir nos vies à un rythme «naturel». Voyons donc! L'être humain s'adapte à tout et il est grand temps (métrique) qu'il se prenne en mains et fasse un peu de ménage dans ce fouillis. Et la série télévisée 24 pourra simplement s'appeler 10.

Bon. Je veux bien qu'on conserve quelques éléments. Le jour, la nuit, ça, ça reste. Une boîte de nuit pourra rester une boîte de nuit et une crème de jour, une crème de jour. Je suis même prêt, pour les plus nostalgiques d'entre nous (dont je ne suis pas), à conserver le vocabulaire de base: secondes, minutes, heures, jours, semaine, mois, années. Ça vous soulage?

Seulement, je voudrais qu'on puisse utiliser ces mots tout en en transformant leur signification. Tout sera sur une base de dix. Ça fait plus propre. Il pourrait donc n'y avoir que 10 secondes par minute, 10 minutes par heure, 10 heures par jour, 10 jours par semaine (imaginez les week-ends de rêve!), 10 semaines par mois et 10 mois par année. C'est simple, non?

J'entends tout de suite les esprits scientifiques gémir: «C'est impossible» et gna gna gna... Think outside the box, man! C'est tout à fait possible. Il suffit de modifier la durée ressentie de chacun des segments. Une seconde, ça dure combien de temps? Ça n'a aucune durée précise. En fait, dans l'ancien système (oui, je le considère réellement comme «ancien»), on définit la durée de la seconde par ce qu'elle n'est pas, soit en divisant la minute par 60. Ridicule. Qui nous oblige à cette affliction? Personne!

En modifiant la durée de la seconde, n'importe quel scientifique arriverait à faire en sorte qu'il n'en faudrait que 10 pour équivaloir à la durée d'une minute. Ensuite, il ne faut que poursuivre le raisonnement et on obtient l'heure métrique. It's easy as pie. (Je m'attaquerai au nombre Pi une autre fois.)

Il me reste le détail de faire coïncider ce calcul avec quelque chose qui ressemble vaguement à la nuit et au jour, puis le tour est joué! De toutes façons, le jour et la nuit ne commencent jamais exactement à l'heure, alors, pas besoin de virer fou avec ça. Comme ma spécialité n'est pas ce genre de calcul, je laisse à d'autres ce travail probablement d'une simplicité enfantine. Ça mérite ce dernier petit effort, non?

J'attends ce petit coup de main et... à moi le prix Nobel.

vendredi 9 avril 2010

Bordélisation

Incroyable, mais vrai.

Aujourd'hui, j'ai dû réorganiser le rangement de la salle de bain. Malgré une vigilance constante, la vie a fait son travail de bordélisation des espaces. Une poubelle pleine de micro échantillons de produits de beauté divers plus tard (provenant de primes bonis ou d'hôtels qui n'ont toujours pas compris que oui, je voyage AVEC ma brosse à dents), je range la version épurée (c'est vite dit, c'est si facile conserver des choses inutiles - une pierre ponce, par exemple) du contenu de ma salle de bain pour réaliser, non pas sans stupeur, que je n'ai en fait gagné aucun espace de rangement.

Non. Ce que j'ai gagné, c'est des bouteilles de shampooing qui «respirent», des piles de serviettes qui «inspirent» et des lecteurs qui «soupirent». Je ne vous en veux pas. Je sais, je vous casse les oreilles (les yeux?) avec mes histoires de rangement, qui ne semblent jamais avoir de fins.

Suis-je obsessif ou simplement excessif? Lequel est pire, au fait? Une pierre ponce, y'a-tu quelqu'un qui utilise ça? Si oui, ça fait quoi, au juste?

N'empêche que je retire tout de même une certaine satisfaction à savoir que tous mes échantillons Biotherm homme sont aujourd'hui réunis. Enfin, j'imagine. Je ne les utiliserai certainement pas plus pour autant. J'oublierai. Aussi tôt que demain, peut-être, je serai au comptoir des cosmétiques du Jean-Coutu, à acheter pour une rondelette somme d'exfoliants et de gels de rasage. Le malheur ne s'arrête pas là. La cosméticienne (ou le cosméticien - celui-là même qui un jour me donnait au-delà de dix ans de plus que mon âge lors d'une très maladroite conversation) m'offrira sans doute de nouveaux formats miniatures de lotions «anti teint terne» ou de laits raffermissants.

Ces échantillons, je tenterai de les ranger avec les autres, mais leur espace désigné sera déjà rempli. Je me dirai des choses comme «bon, ben, celui-ci, je vais le mettre dans la douche et tenter de l'utiliser bientôt» ou «celui-là, je vais le cacher au fond du tiroir, j'en ai déjà trois pareils même pas entamés». Je gâcherai tout. Donnez-moi une semaine et l'aspect systématique de mon rangement sera - un peu comme mon écriture - rempli de parenthèses, de tirets, d'incises, de «guillemets», de flash-back et de libertés linguistiques (c'est une image).

Pourtant, je souhaiterai la pureté et les liens thématiques. Les lotions solaires ensemble, bien alignées. Le clipper avec le coupe-ongle, avec les ciseaux, avec les pinces à sourcils, avec la lime à ongles. Je désirerai un accès direct et facile à tout, mais, paniqué, je la chercherai bien ma bouteille de Tylenol, nouvellement rangée avec les premiers soins, au moment même où je n'aurai aucune, mais aucune envie de chercher. Ça s'en vient. Vous verrez.

En attendant, il ne me reste qu'une seule chose à faire.

Percer les mystères de la pierre ponce.

jeudi 8 avril 2010

Hermétisme

J'adore les Tupperware. Ça, vous le savez déjà. Cela dit, il y a une qualité que les plats Tupperware possèdent que je n'apprécie pas. En tout cas, pas partout. L'hermétisme. Par exemple, certains artistes font de l'art hermétique. Et ça m'agace un peu. Pourquoi faire de l'art si c'est pour être hermétique? N'être compris que par soi-même? C'est une vilaine habitude. En tous cas, moi, je trouve.

C'est toujours un peu risqué de ne pas aimer l'art hermétique. Il y a toujours le risque de passer pour un inculte. Si on trouve quelque chose hermétique, on s'avoue vaincu. L'artiste a eu raison de nous. Il a eu raison tout court. Il connaît des choses que nous ne connaissons pas. Il ressent des choses que nous ne ressentons pas. Par contre, des fois, je me dis que même l'artiste ne se comprend pas lui-même. Mais il se fera un malin plaisir à nous faire sentir que c'est ce qu'il souhaitait de toutes façons. Alors, nous, on passe encore pour un sot.

Je ne dis pas ici que j'aime que tout m'arrive tout cuit dans le bec. Non, non. J'aime bien avoir un petit effort à faire. Tisser des liens. Chercher. Réfléchir. Discuter. Seulement, je déteste avoir cette impression que, d'une certaine façon, je ne suis pas invité. Quand c'est hermétique, non seulement ce qui est à l'intérieur n'arrive pas à sortir, mais ce qui est dehors n'est pas prêt d'entrer.

Attention. Je ne suis pas ici en train de jeter mon fiel sur l'art contemporain. J'aime bien, moi, me retrouver devant un cadre tout blanc. Ou la lettre «A» dessinée au sol avec du vrai gazon. Ou des sacs Ziplock remplis d'eau avec des poissons rouges dedans, mais tatoués du signe qui signifie «copyright». Ou un stylo Bic emballé dans des kleenex tressés. Ou un dessin immense de soleil sur une traîne sauvage fait avec du rouge à lèvres. Ou mille photos de photomaton de travestis moustachus enlignées sur le mur d'un long couloir, épinglées avec des seringues remplies du virus du Nil. Ou une reproduction de la statue de Michael Jackson avec son chimpanzé Bubbles mais faite de serviettes sanitaires usagées. Tout ça m'amuse profondément.

Alors, qu'est-ce que j'ai à chialer contre l'art hermétique?

C'est peut-être simplement que je suis jaloux de ceux qui osent vraiment en faire?

mercredi 7 avril 2010

Un bonheur sans taches, mais non sans tâches

Il y a des petits moments de bonheurs cachés, bien cachés. Parfois, on vit ces moments sans même s'en rendre compte. Le bonheur, c'est dans les petites choses qu'on le trouve? You bet.

Bien rincer un couvercle de chaudron, et l'essuyer pour le ranger plus poli que jamais. Avec l'ongle de l'index, recouvert d'un linge à vaisselle neuf et blanc immaculé, essuyer même dans l'encavure qui permet au couvercle de s'imbriquer sur le dessus du chaudron. Frotter avec des gestes circulaires, même le dessous, afin d'éliminer toute strie due à une accumulation de savon ou à une minime trace de gras. Au lave-vaisselle, jamais ce couvercle ne ressort aussi brillant. Replacer le couvercle sur le chaudron, en s'assurant de bien enligner la poignée du dessus du couvercle avec celles des côtés du chaudron. Ranger sans faire de bruit dans l'armoire, avec les autres chaudrons, sans cogner, sans brusquer. Toutes les poignées se retrouvent dans le même sens. Les chaudrons sont disposés harmonieusement, comme dans un beauty shot de magazine glacé, mais caché, derrière une porte d'armoire. Il n'y a que moi qui le sais. Moi et les chaudrons. Vous aussi, maintenant, peut-être...

Plier des serviettes de bain blanches, en trois, puis encore en trois. Les étiquettes sont toutes camouflées à l'intérieur, dans le premier repli, du même sens. Les largeurs et les profondeurs sont identiques, d'une serviette à l'autre. Empilées, on dirait une publicité de détersif. Tout est duveteux, aérien. Les plis nous font face, tout en rondeurs. Les bouts, moins esthétiques, se retrouvent vers le fond de la lingerie, mais même de dos, ce serait beau. C'est juste que de face, c'est encore mieux. C'est l'harmonie. On voudrait laisser tomber sur le dessus de la pile une bouteille d'assouplissant textile, pour la regarder rebondir, au ralenti. Ça sent le printemps.

Laver un chandelier qu'on ne lave pas souvent. Sa cloche de verre est un peu noircie. C'est la faute de la flamme. On n'y échappe pas. Ça va noircir, c'est sûr. Longtemps, on tente de regarder ailleurs, de ne pas remarquer, de ne pas insister sur ce détail. Aujourd'hui, on s'y met. On passe le chandelier à l'eau chaude, avec un peu de savon à vaisselle. La vielle cire fondue incrustée au fond du globe de verre se détend. Elle se détache, en plaques. Chaque morceau qui se détache est une victoire. La satisfaction monte, monte, alors que la cire est jetée morceau par morceau à la poubelle. L'eau chaude, mêlée au savon, fera disparaître toute trace de cire, toute trace noire de suie. Avec un papier essuie-tout, on essuie, on fait briller. On ne veut pas noircir un linge à vaisselle pour ça, au cas où il resterait des petites traces noires malgré l'eau et le savon. Mais même l'essuie-tout ressort humide mais propre. On va chercher une bougie neuve, blanche, pour la remettre dans le chandelier. La mèche est légèrement penchée sur le côté. Entre notre pouce et notre majeur, on la caresse d'un petit coup et elle se dresse, blanche, prête à s'enflammer.

Ces petites tâches ménagères, effectuées ainsi, ne prennent pas plus de temps que d'habitude. Juré. Seulement, aujourd'hui, on a su apprécier. On a su se rendre compte du bonheur.

Du bonheur caché.

mardi 6 avril 2010

Dérive...

C'est donc plus facile d'être en dehors de la track que d'être sur la track. C'est peut-être plus le fun, aussi. La track, c'est rectiligne, ça ne mène pas vers l'inconnu. C'est straight en maudit. Non?

C'est comme quand on est enfant et qu'on trippe sur les produits dérivés d'un film. Star Wars, disons. Le film, il est peut-être intéressant à voir, mais sans plus. Une fois, disons. Peut-être deux. Après deux fois, on trouve qu'il y a des bouts plates. On se lasse. Un parent qui veut avoir la paix pendant un petit bout de temps, il peut bien planter son enfant devant un DVD du film, mais c'est pas sûr de marcher longtemps. Par contre, avec les produits dérivés, on peut faire un méchant bout. L'enfant a de quoi s'occuper pendant des heures et des heures.

Un produit dérivé, c'est ce qui est en dehors de la track. L'avantage, c'est que ça peut être à peu près n'importe quoi. Une figurine, une marionnette, un ensemble de draps, une boîte à lunch, un cahier à colorier, un jouet en peluche, de la gomme à mâcher, des blocs Légo, de la vaisselle, des souliers, des t-shirts, des livres pop-up, des CD de musique, des jeux vidéos, des épées en plastiques, des costumes d'Halloween, des gommes à effacer, des crayons, des cartables, des sacs à dos, des bonbons, des modèles à coller, des clochettes pour les bicyclettes, des savons, du shampooing, des éponges, de la mousse pour le bain, des grille-pains, des cartes à collectionner, des tirelires, des casse-têtes, des serviettes de plage, des porte-clés, des origamis, des décorations de Noël, des vibrateurs, des petites patentes en plastique qui servent à rien, des agrafeuses, des gâteaux de fête, des ballons, des jeux d'échec, des planches de surf, des automates, des voiturettes pour bébés, des clés USB, des Tupperware, des bavettes, des jarres à biscuits, des pyjamas, des livres-disques, des bijoux, des presse-papier, des autocollants, des affiches, des photos autographiées, des bébelles, des bébelles, des bébelles à l'infini! Bref, de quoi occuper une ribambelle d'enfants pendant plusieurs vies.

Pourquoi je vous raconte tout ça?

Peut-être pour profiter de la liberté de gambader en dehors de la track.

lundi 5 avril 2010

La pensée Windows

Il semblerait qu'un phénomène étrange est en train de se produire sur notre planète. Au premier coup d'oeil, rien n'y paraît, mais l'être humain subit en ce moment un changement radical au niveau du fonctionnement de son cerveau. En effet, des chercheurs auraient trouvé que la pensée des enfants et de toute personne qui est née à l'ère du système Windows est structurée comme ce système, soit en ouvrant des fenêtres imaginaires.

Un changement comme celui-ci est profond. Il démontre à quel point la pensée humaine est malléable et peut s'adapter à toutes sortes de situations.

Je ne peux pas dire que je suis moi-même né à l'ère de Windows, mais je peux tout de même observer qu'effectivement, ma façon de raisonner est influencée par ce produit signé Bill Gates.

Par exemple...

Ce matin, je me lève et j'ouvre mon système qui m'accueille avec ce message: «Ouf, quelle nuit agitée. J'ai vraiment mal dormi.». Ensuite, une autre fenêtre s'ouvre: celle de moi qui boit trop au souper de la veille et puis une autre de moi qui se tape une gigantesque assiette de profiteroles. Une autre fenêtre s'ouvre: elle me montre le restaurant où j'ai mangé ces profiteroles, très bien décoré. J'ouvre trois autres fenêtres, côte à côte: les toilettes en tuiles hexagonales noires et blanches, le cadre devant lequel j'ai fait face toute la soirée qui était croche et la «meilleure table de la maison». De la deuxième fenêtre, j'ouvre une autre fenêtre où je replace le cadre devant le regard ébahi du serveur. De la troisième, j'ouvre une autre fenêtre de doute: «comment je peux être sûr que c'était vraiment la meilleure table de la maison?» Je referme la fenêtre où je replace le cadre, qui n'était que le fruit de mon imagination. Je glisse la fenêtre du doute vers la corbeille. Je redécouvre la fenêtre des tuiles hexagonales. Je l'agrandis. J'ouvre une petite fenêtre par dessus, où le plancher de ma propre salle de bain est couvert de tuiles hexagonales. Je glisse cette fenêtre dans un fichier, le fichier «idées futures de décoration». Je redécouvre la fenêtre des profiteroles et l'autre de moi qui boit un verre de vin de dessert. Je glisse ces deux fenêtres sur le côté, afin d'en ouvrir une nouvelle qui pose la question: «Est-ce que c'est l'alcool ou la sauce au chocolat qui m'a fait si mal dormir?» J'ouvre une fenêtre, de cette dernière, avec des petites cases à cocher. Je coche «l'alcool» et je coche aussi «la sauce au chocolat». J'exécute un petit programme de lucidité qui se termine par une petite fenêtre où je me dis: «aujourd'hui, pas d'alcool, pas de sucre, pas de gras». J'ouvre une nouvelle fenêtre de ce que je vais bien manger pour déjeuner. La fenêtre «Nutella» qui s'ouvre automatiquement est aussitôt glissée vers la corbeille. La fenêtre «beurre d'arachide» fait surgir une autre fenêtre: «il va bien falloir que je mange quelque chose malgré tout». J'agrandis la fenêtre «beurre d'arachide». La fenêtre des profiteroles s'ouvre à nouveau. Celle des tuiles hexagonales (celle du restaurant, pas l'autre classée dans le fichier «idées futures de décoration») s'ouvre aussi. Une fenêtre montrant les rues pavées de Barcelone s'ouvre alors. De cette dernière, s'ouvre une fenêtre montrant une des tuiles hexagonales qui forment les trottoirs de Barcelone. Comme il y a beaucoup de fenêtres ouvertes en même temps, je minimise la plupart des fenêtres, pour ne garder que celle des trottoirs à vue. Je dois aussitôt ouvrir une autre fenêtre, celle où je pense aux étapes pour mettre des toasts dans le toaster, puis une autre où je sors le pot de beurre d'arachide de l'armoire, puis une autre où j'attends que les toasts sortent du toaster. De cette dernière, j'ouvre une fenêtre où je repense à ma nuit de sommeil léger. J'étends le beurre d'arachide distraitement, trop occupé à gérer toutes le fenêtres ouvertes ou minimisées. Je crée certains dossiers pendant que je mange mes toasts. Je sauvegarde les quelques fenêtres qui en valent la peine (surtout celles où je doute d'avoir bel et bien eu la meilleure table de la maison et l'autre où je me dis: «aujourd'hui, pas d'alcool, pas de sucre, pas de gras») puis je ferme toutes les autres, jusqu'à ce que j'arrive à mon fond d'écran. Sur mon fond d'écran, une photo de voyage, avec une plage et un océan azur. Une petite fenêtre s'ouvre: «En voyage, maudit qu'on est bien, non? On peux faire des siestes.». Je retourne dans mon lit. Je ferme ces dernières fenêtres. J'ai à peine le temps de trouver l'onglet «Départ», qui sert aussi à quitter, puis je clique sur «éteindre». Je m'endors.

C'est que ça fatigue, la pensée Windows.

dimanche 4 avril 2010

La perfection

En cette journée pascale, où l'ensemble de mes activités s'est déroulé sous le signe de l'harmonie, je ne pouvais trouver d'autre sujet que la perfection.

La perfection existe-t-elle? Oui. J'y crois. Ceci dit, il faut une dose d'observation pour l'apprécier. Car la perfection, ce n'est pas ce qu'on croit. La perfection, ça n'a pas la forme qu'on imagine. En tous cas, pas ce que moi, j'imaginais.

Voici mes observations:

  • La perfection est bonne, mais d'où elle vient, ça, il ne faut pas trop y penser.
  • La perfection tourne rond, mais pas comme une boule qu'on n'arrive pas à arrêter.
  • La perfection est lisse, mais réussit à ne pas être dénuée de texture.
  • La perfection est blanche, mais peut être brune, ou même rose, turquoise ou jaune.
  • La perfection est symétrique, mais pas de partout: sa forme surprend.
  • La perfection est solide, mais est aussi fragile.
  • La perfection est un contenant, mais son contenu, au départ, déstabilise.
L'oeuf, forme parfaite. Je vous en souhaite tout plein en cette journée de Pâques.

samedi 3 avril 2010

Manque de pot

Ah, les joies du jardinage! Aujourd'hui, face au temps magnifique, quoi de mieux qu'un petit tour sur la terrasse afin de faire la gestion des cèdres, qui y ont passé l'hiver. Des cèdres en pot, ça n'a qu'environ 75% de chance de survie. C'est ce qu'on dit. Des conifères bien plantés dans la terre sont mieux armés pour survivre l'hiver, mais sur une terrasse, on n'a pas le choix. Tout se retrouve dans des pots. C'est chic, c'est urbain, ça se déménage en plein milieu de la nuit en cas d'envie incontrôlable d'aller vivre à New York.

Bref, cette année, la nature a bel et bien obéi à la loi des statistiques. Mère Nature, imprévisible? Jamais de la vie! C'est une bonne élève, au fond, qui surprend beaucoup moins qu'on puisse le croire. Sur mes dix cèdres en pot, deux sont morts (morts-morts) et un autre agonise tranquillement, se donnant des airs de figurant dans un film de Tim Burton. Un parfait 75% de cèdres qui ont survécu. J'étais presque fier.

Cela dit, trois cèdres en moins (je n'allais pas garder un cèdre moribond - c'est l'avantage avec les végétaux: l'euthanasie est légale et ne fait lever les sourcils que d'une poignée de puristes granolas), ça fucke une symétrie, ça! Les dix cèdres, l'été dernier, avaient chacun leur place, produisant un ensemble harmonieux et équilibré. Cette année, avec sept, il fallait tout revoir l'aménagement.

Il a vite été évident que, malgré la quantité impressionnante de contenants déjà disponibles sur la terrasse, il allait falloir en acheter d'autres. C'est une question de pureté visuelle très difficile à expliquer. Hop. Une petite visite chez Canadian Tire.

Tous les Canadian Tire ne sont pas nés égaux. Près du centre-ville, on y vend que très peu de matériel de jardinage et allez donc savoir pourquoi, mais dans la section quincaillerie, c'est la grosse chaîne de métal qui se vend le plus. Pour avoir une sélection intéressante de pots, il a donc été nécessaire de traverser un pont pour atteindre ce territoire riche en magasins à grande surface: la banlieue.

Je croyais bien atterrir dans un véritable royaume de contenants pour le jardinage. Erreur.

Selon mes calculs, un seul pot noir de 14 pouces de diamètre, d'une forme pas trop évasée, allait permettre le jeu de permutations nécessaire afin de rétablir l'équilibre sur la terrasse. Je pensais bien trouver ce pot du premier coup, mais non.

Reparlons statistiques. Je dirais que 90% des pots vendus sur le marché sont horribles. Plus les fabricants tentent d'enjoliver leurs produits, plus ça se gâte. La surabondance de motifs donne mal au coeur. Et je pèse mes mots. Les autres 10% font partie de la catégorie «ordinaire». Des pots sans histoire, sans étincelle, peu inspirés. Devant ce constat, réaliste, j'étais prêt à piger parmi ce 10%. Il ne me restait qu'à trouver le bon diamètre. 14 pouces.

Et bien, après des heures de recherche, dans une suite de magasins pourtant plus grands que certains pays d'Europe, je devais me rendre à l'évidence: je cherchais encore une fois l'impossible. Pourtant, mes attentes n'étaient pas si hautes. J'étais préparé à revoir l'aménagement. J'avais des plans B. Des plans C. Des plans D, comme dans «dépenser encore une fois une fortune pour satisfaire ce besoin d'harmonie visuelle au quotidien».

De retour à la maison, bredouille (bon, j'ai bien acheté pour une somme importante une série d'articles ménagers dont j'aurais pu me passer, mais qui se sont retrouvés sur mon chemin), j'ai pensé, en regardant le ciel qui avait eu le temps de se couvrir, que c'était un classique, ça, rechercher sur le marché un objet simple, si simple, mais ne jamais le trouver. Ça a été pareil avec ma housse de couette blanche, sans motifs. Un enfer à trouver, qui oblige à faire face à cette obsession qu'ont les designers de toujours vouloir ajouter «un p'tit que'que chose pour faire joli», mais qui, plutôt, fait dur.

Heureusement, la belle saison est loin d'être terminée. Je trouverai sûrement une solution, en repensant la disposition des cèdres, comme un jeu d'échecs. Je pourrais peut-être négliger les soins du septième cèdre, afin que sa mort permette de retrouver enfin la symétrie?...

C'est bien beau de faire pousser des plantes, mais il faut aussi se permettre le plaisir d'en tuer une de temps en temps.

Ah. Les joies du jardinage.

vendredi 2 avril 2010

Je suis un pâté chinois

Ça y est. C'est aujourd'hui que ça a commencé pour vrai. Je suis sorti dehors, sans bottes, sans manteaux, sans souci.

On oublie souvent que ce n'est pas la norme, s'enfermer comme ça dans nos maisons pendant tout l'hiver ou, pire, s'enfermer dans d'épaisses couches de vêtements afin de se donner l'impression d'être à l'extérieur quand au fond, nous restons bien enfermés dans nos cocons protecteurs. En effet, un peu partout sur notre planète, ce besoin de se créer une carapace, un emballage, n'est pas nécessairement présent.

J'ai des souvenirs très précis d'avoir regardé, enfant, fasciné, des reportages sur des tribus africaines pour qui l'extérieur et l'intérieur ne semblaient être qu'une seule et même chose. J'enviais cette absence de besoin de protection. Des portes? Pourquoi faire? Dans la hutte, devant la hutte, loin de la hutte, c'est du pareil au même. Des vêtements? Qu'en faire, vraiment? Tout nu, on est tellement bien. Peu importe ce qu'en penseront les designer de mode. Les boules à l'air, la graine à l'air, tout a donc l'air plus simple.

Je voulais, moi aussi, vivre sans avoir à me contenir.

Un reste de, je ne sais pas, moi, disons, de pâté chinois, ça peut rester tranquille (c'est pour ça qu'on appelle ça «un reste», non?) dans un Tupperware pendant une certaine période, mais si on attend trop, la moisissure s'installe. À l'ouverture du contenant, une odeur désagréable envahit nos narines. Le pâté chinois, resté enfermé trop longtemps, se gaspille. On doit le balancer à la poubelle.

Par contre, il y a des aliments qui peuvent supporter de rester à l'air libre longtemps, longtemps... Jamais ils n'auront à vivre le traumatisme de vivre dans ce milieu carcéral qu'est le contenant Tupperware. C'est la liberté, à l'année longue.

Dans ce pays qui est le mien, une partie de nos vies sera vécue hermétiquement, sans réel contact avec l'extérieur. C'est triste, non? C'est comme caresser un chat en portant des mitaines à four. Ça laisse plutôt froid et ça risque, un jour, de nous faire trouver du poil dans notre pouding chômeur.

Plusieurs diront que cette absence de liberté permet d'apprécier réellement notre libération. Autrement dit: je me cogne la tête sur le mur parce que ça fait tellement de bien quand j'arrête. En suivant cette logique, aussi bien mener une vie misérable, afin d'accepter la mort comme un soulagement final. Toute une philosophie de vie! Ça me rappelle un mot qui commence par «L» et qui finit par «OSER».

Bref, aujourd'hui, mon couvercle s'est enfin ouvert. J'ai pu confondre extérieur et intérieur, sans transition, sans contrainte. J'ai exposé mon steak haché librement. Je me suis fait aller le blé d'inde au grand air. Mes patates pilées se sont fait dorer au soleil.

J'espère juste que je ne sens pas trop le moisi.

jeudi 1 avril 2010

La théorie du vacuum

Il y a des moments où je me sens vidé.

Il n'y a souvent pas de raison valable, mais je me sens juste vidé. Pourtant, je me dis qu'il doit bien y avoir du monde qui travaille beaucoup, beaucoup, plus fort que moi. Certaines de ces personnes ont peut-être un enfant. Deux. Trois. Dont un autistique. Trois écoles différentes. Un a ses cours de piano les mercredis. L'autre joue au soccer l'été et au hockey l'hiver. Debout à 5h00 du matin. Il faut l'encourager. Ces gens-là doivent peut-être se taper des heures de transport dans une auto qui coûte trop cher pour aller travailler, matin et soir, pris dans les bouchons sur les ponts. Il y en a parmi eux qui doivent terminer des études le soir, en plus de tout ça. Certains sont sans doute obligés d'aller passer de fréquents tests médicaux pour leur problème à l'intestin grêle. On ne sait pas ce qu'il ont, mais avec une visite à l'hôpital par semaine (pas celui près de la maison, l'autre), on espère un jour trouver. Mais ils doivent continuer à travailler. Dur. À soulever des objets lourds toute la journée sous la lumière crue de fluorescents trop blancs, qui produisent un bruit aigu constant, mais présent, toute la journée. À calculer des colonnes de chiffres minuscules sur des pages blanches reproduites en plusieurs copies, entourés d'humains habillés sobrement qui parlent de leurs paiements d'hypothèques pendant les courtes pauses midi qui ne laissent que le temps nécessaires pour manger les restes de la veille à même des Tupperware jaunis. À récurer des toilettes, des toilettes de vieillards malades blancs comme des draps, des toilettes de centres d'achats, de tours à bureaux impersonnelles, de chambres d'hôtel bon marché. Les moins chanceux sont de nature triste, n'aiment pas rire ou ne rient jamais. Ils ne se souviennent plus comment. Pendant les quelques courts moments où ils peuvent décrocher, ils ont à peine la force de fixer leurs écrans de télévision. Les images bougent. Aucun sens. Ça hypnotise.

Des fois, je pense à tout ça et je me dis que j'en ai, de la chance. Pour vrai. Mais il m'arrive de ressentir une certaine fatigue. De me sentir vidé. Pas le droit. Injuste. Se plaindre le ventre plein.

Alors je me dis que ce vide ne pourra que laisser place à du meilleur. L'effet vacuum essentiel au mouvement. Le «less is more» mis en application.

Je m'en dis, des affaires, des fois...