mardi 31 août 2010

C'est dans les vieux pots qu'on fait les bonnes soupes

Alors, comme ça, «c'est dans les vieux pots qu'on fait les bonnes soupes»? Vraiment? Au dire de qui, au fait? Un vieux croûton? Une vieille cruche?

Moi, j'en ai contre cette équation forcée qui veut que les vieilles choses, comme les vieilles personnes, soient meilleures que les plus jeunes.

J'ai une toute nouvelle poêle anti adhésive et laissez-moi vous dire que faire des oeufs tournés n'aura jamais été plus facile. J'ai fait le test.

J'ai aussi une vieille poêle, en fonte. Je la sors de l'armoire et je replonge dans le passé. Mon enfance refait surface. Je peux sentir, dans mon esprit, la bonne vieille cuisine de ma mère, ses fameuses galettes sarrasin, la graisse de rôti et son goût musqué. Ma mère est superbe dans sa modeste robe vieux rose avec des petites fleurs. Mon père met la table en sifflant un air de Charles Aznavour. Nous sommes réunis sous une lumière chaude de fin d'automne, qui transforme littéralement notre service de table Corning Ware orange brûlé, le rendant pareil à de l'ambre étincelant. Pas un détail ne cloche. Pas même mon air coquin d'enfant de sept ans ou la nappe défraîchie léguée par ma grand-mère Aurore, à la fois si simple et si jolie. C'est un moment de bonheur. De pur bonheur...

Sauf que les oeufs collent, ostie.

C'est beau, le passé. Il faut le chérir. Mais pas besoin de s'en encombrer. Il faut aussi accepter le présent, le futur, l'évolution!

J'ai fait une soupe thaïlandaise récemment. Une recette prise sur internet, sur le site d'un jeune chef sexy pas thaïlandais du tout qui anime une émission à Zeste, la nouvelle chaîne spécialisée consacrée à la nourriture (en HD au 647 pour les abonnés Vidéotron). Je l'ai préparée dans une casserole Alessi toute neuve signée Jasper Morrison, vraiment design, en inox 18/10 et cette soupe était pourtant délicieuse.

En plus, la casserole a été tellement facile à nettoyer avec une belle éponge récurrente fraîchement déballée et une goutte de Ultra Sunlight, formule améliorée, au nouveau parfum frais de pamplemousse rose. Un vrai charme! Le bonheur, quoi.

Ça aussi, ça compte, non?

lundi 30 août 2010

Pol Pot

Aujourd'hui, je pliais les linges à vaisselle et les serviettes à mains et je me disais: «Wow! Quelle efficacité. C'est vraiment superbe à voir.»

J'ai une technique infaillible, qui crée des piles simples à déplacer, faciles à ranger et agréables à regarder. Aucun geste n'est superflu. C'est vraiment impressionnant de me voir aller. Oui, oui. C'est comme un ballet, réglé au quart de tour. Mes mains se meuvent avec grâce, fluidité, précision, sans avoir pourtant à entrer en contact avec mon cerveau, ce qui me fait économiser de précieuses secondes. On dirait un film en accéléré. Un court-métrage de Norman McLaren. Les piles montent à vue d'oeil. J'ai un réel talent, vraiment.

En effectuant cette tâche, mon esprit observe, béat, et a même le loisir de s'évader un peu. Il s'agit là d'un moment très fort de ma journée où je peux être fier de qui je suis. Ça donne envie de salir des serviettes plus souvent.

Bon. Vous me direz qu'il n'y a pas de quoi être fier, mais plutôt raison de s'inquiéter. Ne vous gênez pas. Allez-y, dites-le. Ça ne me choquera pas. Ça ne pourrait pas me choquer, puisque cette pensée, je l'ai eue moi-même en m'observant m'observer. C'est que j'ai un regard critique sur qui je suis et sur mes succès, voyez-vous.

C'est vrai, on pourrait critiquer. Souligner qu'il y a mieux à faire dans une journée que de plier du linge de maison. Les mots «pathétique» et «looser» pourraient même être mentionnés au passage. À la rigueur, on pourrait méditer sur ce talent, en se disant qu'il y a peut-être une façon plus digne de l'exploiter, auprès du Cirque du Soleil, par exemple. Oui. Encore une fois, vous avez raison.

Mais dites vous bien que ça pourrait être pire. De grands talents ont causé bien des désastres sur notre planète. Je ne vous ferai pas ici une leçon d'histoire, mais il faut se rendre à l'évidence. Le talent peut être mis au service du mal. Prenez Pol Pot, par exemple: un homme qui avait sûrement du potentiel (d'où son surnom, «Political Potential», devenu «Pol Pot»), mais qui a fini par causer la mort de plus d'un million et demi de personnes.

Et je gage que ses placards étaient dans un état lamentable.

dimanche 29 août 2010

Pot de chambre

Je sais. C'est désolant. Tomber si bas. Mais je ne crois pas qu'il soit bon de discriminer et tout, absolument tout, a un jour besoin d'un contenant, même ces matières dégoûtantes qui sortent de notre corps.

Ceci me rappelle qu'en 275 entrées, jamais les mots «pipi» ou «caca» n'ont été mentionnés dans Tupperwareblog. Pourtant, ce sont des mots comme les autres, qui méritent contenant.

Alors, voici: pipi, caca, (et pendant qu'on y est) poil.

Et à demain.

samedi 28 août 2010

Pot au noir

«Pot au noir?!?», pensez-vous.

Moi non plus je ne savais pas ce que ça voulais dire, ça, «pot au noir». Que voulez-vous, je vais bien un jour être à court de «pot», alors, je dois passer par des expressions moins connues. Alors, pour ceux qui ne savent pas ce que ça veut dire, «pot au noir», voici: c'est la zone de convergence intertropicale (ZCIT), aussi connue sous le nom de front intertropical, qui est une ceinture, de seulement quelques centaines de kilomètres du nord au sud, de zones de basses pressions entourant la Terre près de l'équateur (nommée familièrement par les marins «pot au noir»). Voilà. Merci Wikipédia.

Rassurez-vous, je ne vais pas poursuivre en abusant d'allégories marines. En tous cas, je vais faire de mon mieux. Je vais, par contre, en profiter pour parler d'une autre zone, elle aussi plutôt turbulente, qui m'a fait découvrir le pot au noir: internet.

Internet, c'est vraiment un fouillis total. Il faudrait vraiment qu'un jour quelqu'un fasse un bon ménage là-dedans. Rien n'est classé correctement, tout est pêle-mêle, se côtoient le pertinent et l'inutile dans un magma comparable à une botte de foin immense où ce qu'on cherche n'est souvent qu'une toute petite aiguille. Du ménage! Il faudra vraiment s'y mettre un jour.

Remarquez, ce désordre a aussi du bon. Oui, oui. Vous avez bien lu.

En effet, sans cette absence d'un réel système de classification, on perd une chose intéressante: le fruit du hasard. Par exemple, c'est bel et bien le hasard qui m'a fait tomber sur l'expression «pot au noir» et sur sa définition. Je ne cherchais pas spécifiquement le nom donné par les marins de la «fameuse» ZCIT. Oh non. Je suis tombé sur cette information en suivant une série d'étapes complètement instinctive, subjective et désordonnée.

Internet, c'est vraiment tout croche. Vraiment. Faites le test. Tapez n'importe quoi, je ne sais pas, moi, «couvercle rouge obsession compulsion tiroir» dans l'engin de recherche de votre choix et même si ces mots ne vont pas nécessairement ensemble, s'ils ne forment pas une question sensée et organisée, vous serez probablement conduits à quelque chose d'intéressant. Tiens, je vais même l'essayer.

Un instant, s'il vous plaît. (...)

Eh bien, croyez-le ou non, en 0,23 secondes, Google a trouvé pour moi 244 résultats, dont, en cinquième position, un de mes propres blogues! Ce n'est pas arrangé, je vous le jure. Le hasard a fait son oeuvre. J'ajoute que j'ai également été conduit vers les mots poétiques de Jean Ferrat, le portail du Centre des troubles anxieux et de l'humeur, le travail de la compagnie de théâtre le Carreau (qui a monté en 2006 une version du Petit Chaperon rouge, mon conte préféré), sur une petite annonce de console de rangement (wow!) et même, en tapant au départ «obsession» avec une coquille, vers la distinguée société des lecteurs de Renaud Camus (pas de lien de parenté avec Albert, selon mes recherches, mais je sens que je vais aimer son oeuvre).

Ne me dites pas qu'un système de classement qui se respecte regrouperait tous ces éléments. C'est un fatras total, internet, mais maudit que c'est l'fun. Le danger, c'est de s'y perdre. De passer d'une idée à l'autre jusqu'à ce que nos idées deviennent complètement embrouillées.

Ah, oui. J'oubliais. «Pot au noir», au 19e siècle, désignait aussi une situation peu claire et dangereuse... Tout un hasard, non?

vendredi 27 août 2010

Pot d'échappement

Êtes-vous prisonnier de votre image? Moi aussi.

Ça ferait du bien, des fois, échapper à l'image qu'on se fait de nous. Ça ferait sortir la vapeur et baisser la pression, il me semble. Mais non. Quoi qu'on fasse, notre image nous colle à la peau.

J'ai tout essayé. J'ai tenté de modifier mon style vestimentaire. C'est facile à expérimenter, ça. On porte du plus sportif. Du plus conservateur. Du plus flyé. Il y a bien quelques inconnus qui vont être bernés, mais la grande majorité des gens, elle, ne sera pas influencée par cet écran de fumée. Sérieusement, imaginez Denise Bombardier en tenue sexy de latex noir et vous ne continuerez qu'à voir une femme intellectuelle. Et un peu sèche. On a tous un cousin qui n'a pas tellement de classe, et même quand on le voit en tuxedo lors d'un mariage, on voit à travers sa chemise à col cassé et on retrouve une vieille tache de moutarde sur sa camisole. En quelque sorte, on n'y croit pas. C'est comme ça. Les vêtements créent notre image, oui, mais une fois cette impression enregistrée, on peut se mettre un costume de mascotte de Bugs Bunny et tout le monde nous reconnaît quand même.

J'ai essayé une méthode plus subtile. Un changement de coupe de cheveux, par exemple. Le résultat est le même que pour les vêtements. La plupart du temps, on revient à notre bonne vieille coupe avant longtemps, de toutes façons. On cède. Il y a aussi ces fameuses moustaches rasées que personne ne remarque. C'est un classique, ça, la moustache disparue qu'on continue de voir. Un roman a même été écrit à ce sujet. Nos cheveux et nos poils font partie de notre corps, mais on a beau les modifier comme on veut, le regard des autres ne se modifie pas.

Pour changer d'image, on peut aussi transformer sa personnalité. J'ai essayé ça, moi. J'ai fait semblant. Semblant de tripper sur le football. Semblant d'être un dernier de classe. Semblant de ne pas être dérangé par une télécommande placée en angle sur une table à café (j'y ai même reposé les pieds!). Mais, pour les autres autour qui observaient, leur idée était déjà faite. Je demeurais le Robert qu'ils avaient bien voulu imaginer, un jour. Au début. On reste prisonnier. Un souper de famille peut même nous faire retourner dans le passé. Tout à coup, on a huit ans. On redevient le petit Robert. Quand je vais la voir, ma mère, j'en suis sûr, a même le réflexe de me verser du lait dans un verre en Tupperware, de peur qu'il ne casse si je l'échappe sur le coin de la table.

Des fois, je me dis que ça doit être vraiment enivrant de se retrouver dans une nouvelle vie. Dans un pays éloigné, au milieu d'inconnus. Tout recommencer. Tester une nouvelle image. Se réinventer. Mais «chassez le naturel et il revient au galop», dit-on. C'est une expérience ratée d'avance. Il y aura toujours quelqu'un qui nous reconnaîtra, qui nous démasquera.

Vous voyez, ici, j'aurais aimé terminer avec une métaphore de moteur de voiture, mais, franchement, y auriez-vous cru?

jeudi 26 août 2010

Faire pot de fleurs

Passer inaperçu.

C'est, semble-t-il, la chose la plus humiliante qui puisse nous arriver à notre époque. Il vaut mieux être au premier plan, faire impression, que faire tapisserie, pense-t-on (on dit aussi «faire pot de fleurs» - how convenient!). Encore une fois, tout est une question d'apparences. Il ne suffit pas d'être intelligent, il faut apparaître intelligent. Il ne suffit plus d'avoir une vie sexuelle épanouie, il faut la filmer et la placer sur XTube. Il ne suffit plus de vivre, il faut que tout le monde ait l'immense privilège de nous voir vivre, même nos moments les moins édifiants.

Après ça, allez dire que vous avez lu Proust «juste pour vous», que vous avez teint vos cheveux «pour vous sentir mieux» ou que pour vous, ce qui compte, ce n'est sûrement pas ce que les autres pensent de vous.

Et la discrétion, là-dedans? À une certaine époque, la discrétion était bien vue, ce qui est absurde, puisque qui dit «discret», dit «ne désire pas être vu», ni mal, ni bien. L'être humain est-il donc condamné à n'exister que dans le regard des autres?

Il m'arrive de faire pot de fleurs. J'aime ça, des fois. Ça repose. Je peux observer. Observer les autres qui font leurs shows. Tout le monde aime ça, faire son show. D'ailleurs, demandez à quelqu'un de parler de lui et vous le verrez tout de suite s'animer. Ça ira grandissant. Plus on parle de soi, plus on en jouit. Alors, on parle encore plus. On s'assure d'être remarqué. Des fois, ça dérape. On a l'air fou. On en met trop, on vomit dans le centre de table pendant le discours ennuyant du frère de la mariée. On en ressort autant humilié qu'honoré. Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en.

Je vous le dis, il y a un réel bonheur à se fondre dans le décor, parfois. Pourquoi cette obsession de la visibilité à tout prix? Sommes-nous intéressants au point que chacune de nos pensées soit digne d'être exprimée?

Bon. Je vous laisse là-dessus. Je dois vite aller afficher ce blogue sur ma page Facebook.

mercredi 25 août 2010

Dans les petits pots les meilleurs onguents

Ça, c'est une chose qui, vraiment, n'est pas vraie. Dans les petits pots, on peut mettre toutes sortes d'onguents. Des bons, des mauvais, des qui coûtent cher mais qui valent pas de la marde, des qui coûtent cher mais qui le valent. La grosseur du pot n'a rien à voir. De toutes façons, dans le fond, de l'onguent, c'est quoi? Un peu de matière grasse avec du colorant mélangé dedans pour faire «fine pointe»...

Oui, on devrait se concentrer sur le pot. C'est lui qui fait acheter. Mais de là à dire que si c'est un petit pot, on risque moins de se faire fourrer, je dis non.

C'est ça que j'avais à dire aujourd'hui. C'est un petit pot aujourd'hui.

Alors, c'est meilleur?

mardi 24 août 2010

Hasch, pot, mescaline...

Dites-vous non aux drogues? Moi, oui. Je veux dire que oui, je dis non. C'est pas pour moi, je pense.

J'ai toujours une image de pouilleux barbu avec des lunettes rondes et une chemise tie-dye qui gambade pieds nus dans les champs, quand je pense à la drogue. Et cette image me fait dire non.

Je sais, mon image est dépassée, depuis longtemps, même. Mais c'est une image si forte qu'elle réussit à faire ombrage aux images plus réalistes et contemporaines que sont celles d'un homme d'affaires clean cut qui a un ziplock de cocaïne dans son attaché-case, ou d'une ado branchée avec un sac à dos Hello Kitty qui danse jusqu'au matin, se moquant qu'autour d'elle, il n'y ait pas d'homme intéressé à elle, mais bien qu'une mer d'hommes gay dans la quarantaine avancée qui s'habillent comme des skaters de seize ans.

Tout ça pour dire qu'il y a des images, vraiment, qui collent.

Pour moi, du poulet rôti, c'est couvert de paprika. Une pute, ça a des bas nylon déchirée. Une serviette de bain, c'est blanc. Une bande-dessinée, c'est rectangulaire (vertical, le rectangle). Une tante, c'est permanenté. Une tente, c'est jaune citron. Un fromage, ça a des trous. Un téléphone, c'est noir. Un cellulaire, gris argenté. Une fête d'enfants, ça a des ballons multicolores qui vont finir torturés par un petit gros avec des taches de rousseur. Une chanson espagnole, ça a le mot «corazón» dedans. Un film d'auteur réalisé par une lesbienne, ça a une image d'oiseau mort dans la neige (un corbeau, de préférence). Une table à café, c'est carré. Une main de marionnette, ça n'a que quatre doigts. Une plage, ça a des cocotiers. Un caramel, c'est mou. Une pomme, c'est rouge. Une boîte de déménagement, ça a «THIS SIDE UP» imprimé dessus, avec une flèche. Un tableau noir, c'est vert. Un village québécois anglophone, ça a une boutique de fudge avec une pancarte de bois marquée «FUDGE». Un dictionnaire, ce n'est jamais celui de l'année courante et ça a une page avec des drapeaux passés date à la toute fin. Une paella, ça a des crevettes dessus, avec les têtes. Un spectacle de fin d'année d'enfants de sept ans, ça a des costumes d'arbres faits en carton et des chorégraphies mal synchronisées. Une hallucination de drogué, ça a des couleurs vives qui forment des spirales.

Je sais que toutes ces choses ne sont pas nécessairement vraies, mais c'est comme ça. J'ai des images collées.

Et je dis non à la drogue. Juré.

lundi 23 août 2010

Cache pot

Il y a des signes qu'un concept s'essoufle.

Inutile de se le cacher.

dimanche 22 août 2010

Pot au lait

Robert et le pot au lait

Robert sur son comptoir de béton ayant un pot au lait
Bien posé sur un sous-plat de grès
Prétendait nettoyer de fond en comble son réfrigérateur.
Léger et court vêtu il y allait à grand gestes;
Ayant mis ce jour-là, pour être sans moiteur
Camisole blanche et pas de veste.
Notre maniaque ainsi troussé
Voyait déjà dans sa pensée
Tout l'éclat de son frigo, en salivait quasiment,
Frottait les compartiments à oeufs, décrassait les poignées;
La chose allait à bien par son soin diligent.
Il m'est, disait-il, facile
De retirer les tiroirs pour les rincer soigneusement
Le savon sera fort utile,
Pour déloger les collants condiments.
Les pots de moutardes bien nettoyés ne feront plus de traces;
Ils étaient, je dois le dire, dans un état lamentable:
J'aurai, en les astiquant, eu raison de la crasse.
Et qui m'empêchera de retirer les tablettes démontables,
Vu la facilité de cette opération, pour laver face et verso,
Que je verrai briller au milieu du frigo?
Robert là-dessus frappe le comptoir, transporté.
Le lait tombe: adieu propreté du plancher;
L'homme, constatant le gâchis
Les tuiles collantes,
L'électroménager en morceaux tout salis,
Est pris d'une crise surprenante.
Le récit en farce n'en fut pas fait;
On le dit vraiment trop soupe au lait.

samedi 21 août 2010

Sourd comme un pot

J'aime ça, les comparaisons. Je ne parle pas ici des comparaisons comme dans: «la mienne est plus grosse que la tienne», mais bien des figures de style qu'on emploie dans le langage écrit ou parlé.

Ce que j'aime avec les comparaisons, c'est que généralement, ça oppose une notion abstraite à une plus concrète. J'ai un penchant pour le concret. Si une chose est blanche comme neige, par exemple, je peux presque sentir, goûter le blanc de cette chose. C'est froid, c'est rafraîchissant. Si un homme est gai comme un Italien quand il sait qu'il aura de l'amour et du vin, je peux facilement visualiser un de ces Italiens et ainsi vraiment comprendre la gaieté du premier homme. Une comparaison, c'est comme... c'est comme... C'est comme super le fun.

Mais quand une comparaison demande un petit effort de bonne volonté et d'interprétation, j'aime encore plus. Une femme qui est belle comme le jour est-elle belle comme un lundi pluvieux ou comme un samedi d'été? Crésus est-il vraiment aussi riche que ça si on tient compte des fortunes de Guy Laliberté ou de Bill Gates? Une carpe est-elle plus muette qu'un achigan? Quand on dit que quelqu'un est saoul comme une botte, avouez-le, il ne faut pas trop analyser. Il faut se laisser aller, s'abandonner à la comparaison, comme une plotte qui s' frotte sur un cadre de porte.

Au fait, un pot, c'est plus sourd qu'une bouteille? Qu'un carré de sucre? Qu'une lampe halogène? Avec des appareils auditifs, un pot, ça entend mieux?

Pas grave... Laissez-vous aller au pouvoir concret et poétique des comparaisons.

Quoi???

Manque de pot

Je le sais.

J'ai manqué à ma tâche. Je publie passé minuit.

Je le sais.

Ça fait comme un trou, comme si le vendredi 20 août n'existait pas.

Je le sais.

C'est plutôt pathétique comme photoshopping.

Je le sais.

Il m'arrive de manquer de pot, comme vous pouvez le voir.

Je le sais.

Je le sais que c'est pas ça que ça veut dire «manque de pot»! Je suis pas cave.

Je le sais.

J'en ai de la chance, au moins: je le sais.

jeudi 19 août 2010

Pot de vin

Ouf.

Disons qu'aujourd'hui, je ne me suis pas contenu. Ah, pas longtemps, le temps d'engueuler une préposée au guichet dans le métro, de la traiter d'imbécile et de lui lancer mon argent en pleine face (mais il y avait une vitre). Étrangement, je n'ai pas vraiment envie de raconter les détails, qui impliquent des faits complètement banals (dont une préposée au guichet du métro qui n'a aucun sens de la courtoisie), mais je tiens à spécifier à tous que je suis normalement une personne de commerce agréable. Je dis «Je vous remercie», «Vous êtes bien aimable», je souris, je laisse des pourboires décents.

Sauf que des fois, je me dis que d'être «Mister Nice Guy», au bout de la ligne, ça ne paie pas. Un simple sourire ou 15% de pourboire sur le montant incluant les taxes, de nos jours, ça ne suffit plus. Non. Il ne faut pas être gentil, ponctuel, honnête. D'ailleurs, si vous revenez d'un rendez-vous galant avec quelqu'un que vous décrivez avec ces qualités, on comprendra tout de suite que vous avez passé une soirée plate à chier à terre avec un ou une «loser» pathétique. Ce qu'il faut, c'est être calculateur, rusé, sournois et carrément malhonnête.

C'est un triste constat, je sais, mais non seulement me permet-il de vous passer en douceur mon thème du jour (pour ne pas dire de manière calculatrice, rusée, sournoise et carrément malhonnête), mais c'est la triste vérité. Combien de politiciens verreux obtiennent tout ce qu'ils désirent en graissant la bonne patte, à coup de pots de vin malicieux? Les plus grands financiers, les «world's finest», tous ceux qui réussissent ne possèdent-ils pas cette caractéristique de n'avoir pas froid aux yeux, quitte à passer pour des pas fins?

Moi, j'aime ça, être fin. La gentillesse, j'aime croire que ça mène loin. Je me trompe.

Bon. Je suis tellement gentil que je vais vous la raconter, l'anecdote du métro.

Voilà: je voulais acheter des passages de métro sur ma carte à puce (ma carte Opus - attention: jeux de mots méchant) grâce au guichet automatisé. Après deux tentatives qui avaient semblé débiter de l'argent de mon compte bancaire, mais sans toutefois ajouter les passages sur ma carte de métro, je vais gentiment voir la dame dans son aquarium, qui a l'air de ne penser qu'aux 7200 secondes qu'il lui reste à passer assise là et je lui explique calmement la situation. Je suis naïf. Je donne tous les détails, d'une voix douce et contenue. En fait, je laisse déjà la place à une réplique sèche tant j'ai l'air du pauvre bon gars qui ne veut pas créer de scandale.

J'ai par contre une attente bien enfouie: que cette dame soit courtoise. Qu'elle me dise: «Mais passez, passez, mon bon Monsieur!» ou qu'elle s'excuse du mauvais fonctionnement de leur système en remplaçant aussitôt ma carte par une carte neuve ou une carte de courtoisie. Ce n'est pas ça qui se passe. Elle reste de glace. Je devrai payer le plein prix du passage à la pièce et m'arranger avec mes troubles et ma carte que j'ai selon elle sûrement oublié dans une brassée de lavage et mon compte bancaire probablement vide. À ce moment, j'aurais pu éclater. Mais non. Je la joue «less is more». Je la remercie et je vais voir son collègue, à quelques pas plus loin, qui s'affaire à faire passer un groupe d'enfants aux tourniquets. Je me dis que lui, il comprendra. Dès que j'ouvre la bouche pour lui parler, ma carpe d'aquarium sors de son poste de travail et hurle: «Hey, le grand! Si j'ai dit que tu pouvais pas passer, va pas le demander à quelqu'un d'autre!».

Le grand?

Je tourne les talons et je me dirige furieusement vers la cabine de verre (pare-balles, j'imagine) et hurle à mon tour des mots... Des mots! «Imbécile» fut l'un d'eux. J'ai aussi spécifié que ce n'était pas moi, le concepteur de leur système de merde défectueux et toutes sortes d'autres choses qui sont sorties, vraiment, toutes seules. J'ai culminé en lançant de l'argent à la (pauvre) dame, qui voulait à ce moment m'expliquer son geste, m'indiquer quoi faire pour me faire rembourser, me rassurer, même. Je la coupais, fermé. Elle jouait à la bonne personne, maintenant? «Qu'elle paye», je pensais. C'est pas payant, la bonté.

Le banal, ça tue. Je reparle de cet épisode (somme toute insignifiant) et j'en crispe de frustration.

Je devrais me calmer. Boire un verre de rouge. Tiens: si j'allais prendre un pot?

mercredi 18 août 2010

Pot cassé

Oui, je sais.

Moi aussi, ça me dérange quand on étire la sauce. Vous vous dites: «Robert, on en a assez de tes pots photoshoppés et de tes blogues qui, par la peau des dents, incluent une expression avec le mot pot dedans», mais que voulez-vous, il faut croire que j'ai encore du millage à faire avec ce filon. Je vous donne cependant raison, dès le départ. C'est du «high concept» et le «high concept», ça finit par nous les casser (non, pas les pots).

Vous savez, certains personnes ont des obsessions, des obsessions qui durent toute une vie. Prenez George Rodrigue, par exemple, un artiste louisiannais qui peint toujours le même chien (bleu) dans toutes ses toiles: son célèbre «Blue Dog». Non seulement le chien est toujours présent, mais il est toujours représenté pareil, avec ses yeux tristes et exhorbités. Rodrigue a littéralement fait une carrière internationale en dessinant sans répit le même sujet. C'est un réel obsédé.

Il y en a d'autres. Combien de chercheurs passeront leurs existences à interpréter des fossiles de ptérodactyles, par exemple? Combien d'auteurs ne feront que raconter, encore et encore, leur même histoire d'enfance troublée? Combien de collectionneurs de produits dérivés des Simpson, pour qui rien ne compte à moins d'avoir un des populaires personnages jaunes aux yeux globuleux dessus? Combien d'obsessions pour autant de personnes obsédées?

Je roulais sur l'autoroute aujourd'hui et je lisais le nom d'une entreprise près de Louiseville. «Les coffrages de béton G. Gauthier», que ça disait. Ce gars-là (ou cette fille - Ginette, peut-être?) fait des coffrages de béton. Pas n'importe quel coffrage. Du coffrage de béton. Pas des dalles de béton, ou, pire, des ornements de jardin de béton. Non, non. Des coffrages. De béton. Ça m'a apparu vraiment spécialisé. Ça m'a fasciné, je pense. Toute une vie de coffrages de béton. Wow.

À vrai dire, j'envie secrètement tous ces gens qui ont une obsession. Le matin, en se levant, la question ne se pose même pas: ils poursuivront leur unique quête spécifique. Pas moyen de divaguer, dans ce cas-là. Peu de chance de perdre son temps à se poser des questions existentielles. «Moi, je me penche sur l'identité sexuelle des marionnettes à tiges javanaises traditionnelles»: ça doit être super rassurant, se dire quelque chose comme ça. Ça crée des balises. Des murs réconfortants.

Alors, je vous en prie, ne m'en voulez pas si je vous sers encore pour quelques jours des images de pots Tupperware de marque Rubbermaid photoshoppées avec des textes où je rentre souvent de force une expression avec le mot pot dedans. Ça ne durera pas une vie. Promis.

Et si ça vous ennuie, je promets, qu'un jour, je réparerai les pots cassés.

mardi 17 août 2010

Melting pot

C'est dur.

Non, mais, c'est donc ben dur de classer nos vies. Je ne parle pas ici simplement de placer les bas blancs avec les bas blancs, les gris avec les gris et les noirs avec les noirs (sans oublier d'orienter les talons tous du même bord), je parle de toutes ces choses qu'on a à faire dans une journée. À chaque jour de la semaine, d'heure en heure, de minute en minute, de seconde en seconde jusqu'à ce qu'on accumule toutes les semaines de nos vies (souvent, ça veut dire un certain nombre d'années, ça) et qu'au bout de tout ça, il nous reste malgré tout encore des choses à faire que d'autres seront ben pognés à faire à notre place.

Ça occupe un cerveau, toutes ces activités. Ça préoccupe.

Je lisais dans un quotidien gratuit un article qui en fait devait être le compte rendu d'un article qui lui même devait vulgariser un autre article tiré d'une publication plus sérieuse qui communique elle-même le contenu d'articles très pointus écrits par des scientifiques qui vraisemblablement ne doivent pas orienter les talons de leurs bas tous dans le même sens pour avoir le temps de penser à ce genre de choses. Bref, cet article traitait de l'effet Zeigarnik, découvert par la psychologue russe Bluma Zeigarnik. Il paraîtrait donc que les gens se rappelleraient mieux des tâches inachevées que des tâches terminées. Eh ben.

Ce n'est pas tout. Bien que nous soyons plus aptes à garder en tête nos tâches inachevées, cette opération de mémoire inconsciente requiert beaucoup, beaucoup d'énergie. Pour cette raison, il peut devenir épuisant d'avoir à l'esprit tous ces projets laissés en plan. Une tâche accomplie serait rangée comme il faut, dans un petit tiroir de notre matière grise bien refermé. Par contre, si on n'accomplit pas complètement une tâche, le tiroir reste ouvert. Notre cerveau devient comme une commode dont les tiroirs sont inélégamment ouverts et ça: ÇA, ça énerve. Vous trouvez pas?

J'aimerais tellement être plus apte à gérer ça, moi, toutes ces activités qui font de nos vies nos vies. Mais je ne suis pas bon avec les tiroirs mentaux, faut croire. J'en laisse souvent plusieurs grand ouverts. Et ça se mélange dans ma tête. Un vrai melting-pot.

Je vide le lave-vaisselle et puis, en sortant la spatule à BBQ, je songe au BBQ qui doit être nettoyé, ce qui me rappelle que la bonbonne de gaz numéro deux est vide et que la numéro un, il n'y a pas vraiment moyen de savoir combien elle contient et que des steaks au four, c'est pas pareil, vraiment, mais que le four, ça a un peu la taille d'une sécheuse et que, merde!, je ne dois pas oublier mon t-shirt à manches longues acheté à Buenos Aires que j'ai mis à sécher, mais juste pour quelques minutes afin de le défroisser et qu'il risque gros de rétrécir, malgré ce que dit l'étiquette, mais tant qu'à être devant la sécheuse, je devrais partir une brassée de blanc, mais tant qu'à laver du blanc, je devrais intégrer les draps à la brassée, alors je me dirige vers la chambre pour défaire le lit en pensant que le placard d'entrée est sur le chemin, alors aussi bien ranger la casquette qui traîne sur la table du salon depuis hier, ce qui provoque la pensée que la télé, qui est devant, est restée allumée, mais pourquoi, au juste?, ah oui, parce que je devais programmer l'enregistrement des épisodes de la série Glee qui va bientôt recommencer parce que c'est la rentrée et qui dit rentrée, dit préparation de la rentrée avec tout le travail que ça implique, alors je vais voir si j'ai reçu des courriels, mais il n'y a qu'un message de celle qui dit être la femme de ma vie et qui vit en Russie, comme Bluma Zeigarnik, mais qui veut devenir mon épouse malgré son orthographe déficiente, alors j'efface le message, je vide la corbeille des messages effacés et tant qu'à y être, aussi bien vider l'autre corbeille, puis l'historique de mon fureteur internet, puis le cache, même si je ne sais pas vraiment pourquoi il faut faire ça et une mouche tourne, tourne autour de l'écran, attirée par la lumière, j'imagine, bien qu'il soit tôt pour qu'il fasse si sombre dans la maison, alors, je regarde dehors et le soleil s'est couché et je regarde l'heure sur le micro-ondes et il est vraiment rendu tard pour vider un lave-vaisselle.

Là, je me retrouve le cerveau mou comme de la guenille. Comme s'il avait fondu.

Bluma avait bien raison. Et c'est dur d'avoir le cerveau mou.

lundi 16 août 2010

Pot aux roses

Ah, le contenant, le contenant. Que j'aime donc ça, ce sujet-là. Ça me permet vraiment de parler de n'importe quoi. Je sais, vous l'aviez remarqué.

Bien entendu, un Robert qui parle de n'importe quoi a bel et bien le loisir de choisir de quoi parler. Mais s'il y a beaucoup de sujets qui se retrouvent dans les pages de Tupperwareblog, dites-vous bien qu'il y en a aussi qui n'y paraîtront jamais. «Censure! Censure!!!», je vous entends hurler. On se calme, on se calme.

Les secrets, ça a son charme, ça aussi. On ne peut pas tout dévoiler. Certaines pages du roman de nos vies sont aussitôt écrites qu'on les déchire et qu'on les cache dans un contenant bien hermétique. Oui, oui, tout le monde le fait. Même le genre de personne qui nous a révélé les moments les plus sordides de son enfance après cinq petites minutes passées dans une file d'attente à la banque vers le début du mois risque de se garder une petite gêne. Pour notre plus grand bien, d'ailleurs.

L'origine de l'expression «découvrir le pot aux roses» demeure un peu vague. On parle de billets doux (d'amants secrets) cachés sous (ou dans) des pots à fleurs. On stipule sur le mot «découvrir». S'agit-il d'une découverte accidentelle ou d'une révélation? Une hypothèse que j'aime bien est celle qui fait allusion au «rose» qui sert à se maquiller, laissant présager l'image d'un homme qui découvre que sa belle n'est pas si belle, au fond, mais qu'elle se farde artificiellement, la trompeuse coquette. Ou le trompeur coquet. Chose certaine, c'est qu'il reste de cette expression une connotation négative, comme si la chose cachée était teintée de scandale.

Moi, des fois, je pense que le «pot aux roses» de chacun peut être décevant. Comme un alléchant contenant de crème glacée au fond du congélateur, mais tristement rempli de bouillon de boeuf passé date. On aime imaginer. On se fait des toutes sortes d'idées. Par exemple, que les gens cachent des penchants pour les animaux dans leurs subconscients, des escroqueries financières dans leurs classeurs gris ou des albums de Shirley Théroux dans leurs iPods. Mais la plupart du temps, les zones scellés de chacun sont vraiment banales, je vous le dis.

J'aurais bien envie de vous raconter pourquoi je pense à tout ça aujourd'hui, mais je me retiendrai.

Je vais juste vous dire une chose: l'explication complète, le «pot aux roses», risquerait de vous décevoir.

dimanche 15 août 2010

Pot au feu

Une bonne façon d'accéder au minimalisme, c'est d'imaginer un incendie. Se poser la question: «Qu'est-ce que j'emporte avec moi?», c'est peut-être la seule vraie manière d'aller à l'essentiel de nos possessions.

Bon, je sais, vous me direz que la plupart des gens n'emportent rien, qu'il sont beaucoup plus préoccupés par leur propre vie, si ce n'est de la vie de leurs proches. Mais imaginez que vous êtes seuls dans la maison, qu'un incendie se déclare, mais pas un gros gros incendie, juste un moyen et que votre vie n'est pas en danger immédiat. Disons qu'il faut que vous quittiez les lieux, mais qu'un petit trois minutes de recherche ne vous tuera pas. Alors, qu'est-ce que vous décidez d'aller récupérer?

Allez-vous vers les papiers «importants»? Vers ce qui a le plus de valeur monétaire? Vers le sentimental? Vers les souvenirs? Vers le banal, comme une couverture afin de ne pas passer la nuit dans des draps inconnus, pensant que le traumatisme d'avoir tout perdu, c'est déjà assez pour causer de l'insomnie?

Allez-vous vous trouver ridicules avec votre ourson en peluche devant les flammes qui détruisent vos photos de famille? Pensez-vous vraiment que vous pourrez rebâtir votre vie avec ce que vaut ce collier en or? Des assurances, ça vous dit quelque chose?

Je me souviens d'une publicité qui passait souvent à la télévision quand j'étais enfant. «Ce soir, n'entrez pas sous vos draps sans avoir pensé au feu», que ça disait. J'étais terrorisé par cette publicité. Je m'imaginais, nu pieds (pire, complètement nu même si je dormais pourtant en pyjama), regardant toutes mes affaires partir en fumée.

J'ai eu la chance de ne jamais avoir à vivre ce traumatisme. Mais j'y pense, des fois.

Et je ne sais toujours pas ce que j'emporterais avec moi.

samedi 14 août 2010

Pot pourri

Aujourd'hui, un pot-pourri de réflexions:
  • Du ménage, c'est toujours à recommencer.
  • Si je comptais combien de brassées de lavage que je fais en une année, je perdrais encore plus de temps qu'en faisant toutes ces brassées de lavage-là.
  • Quand c'est rendu qu'en rêve, la nuit, je trippe sur le fait que je trie mon linge, avec un soulagement tellement profond à l'idée de me débarrasser des sous-vêtements que je ne mets presque jamais, c'est soit que je suis dû pour trier mon linge ou que je suis dû pour cesser complètement de dormir, juste au cas ou je rêverais.
  • La meilleure façon de faire disparaître des taches de graisse sur une surface poreuse, c'est d'enduire cette surface de graisse.
  • De la vaisselle jetable, j'aimerais ça aimer ça.
  • Enligner des cadres sur un mur, c'est reconnaître dès le départ qu'on a perdu le contrôle sur sa vie.
  • Je n'ai jamais compris pourquoi on s'entête à faire, à vendre et à acheter des meubles avec des pattes courtes qui rendent difficile le balayage sous ces meubles.
  • Et si il n'y avait qu'une seule sorte de prise de courant sur la Terre, est-ce qu'on perdrait vraiment notre identité à cause de ça?
  • Il y a des couleurs qu'on pourrait bannir, il me semble.
  • Un jour, je pense que je vais me tanner de ma routine de douche, mais que ça va être bien dur de s'adapter à la nouvelle.
  • Les descendants de la personne qui a inventé l'aspirateur doivent être vraiment, vraiment fiers de leur ancêtre, mais à moins d'utiliser un aspirateur eux-mêmes, à la longue, la poussière doit bien finir par s'accumuler chez eux, prouvant hors de tout doute que les êtres humains naissent tous égaux, au fond.
  • De la pourriture, c'est vraiment dégueu.

vendredi 13 août 2010

Tourner autour du pot

C'est quoi mon sujet, au juste? Ah, oui, c'est un sujet épineux. Mais je pense qu'il fallait bien que j'en parle un jour ou l'autre. Comment dire? Traiter de ce sujet requiert un doigté extraordinaire. On ne peut pas attaquer ce sujet comme une panthère attaque une gazelle, non. La gazelle n'a pas le temps de se rendre compte de quoi que ce soit et hop une série de crocs est plantée dans son flanc. S'il y a la moindre trace d'hésitation de la part de la panthère, c'est fini: la gazelle risque de se sauver loin, loin, loin. Mais la crainte de la gazelle demeure. Elle ne passe pas une belle journée. Elle se demande quand la panthère va revenir. Elle est tellement préoccupée par cette pensée qu'elle ne voit pas venir le lion tapi dans l'ombre. C'est une scène qu'on a vu tellement de fois. Moi, dans mon enfance, je regardais la Mutuelle d'Omaha avec mon père. Cette série télévisée n'hésitait pas à mettre le paquet pour nous montrer la nature et ses dangers. Oui, des animaux mourraient, mais c'est ça, la vie d'animal. Manger et être mangé. Capturé par une tribu africaine qui en a assez de bouffer des vers blancs trouvés sous l'écorce des arbres. Moi, jamais je ne pourrais manger ça, des vers blancs. Pas à moins d'avoir vraiment, mais vraiment faim. Dans le cas d'une catastrophe mondiale où je serais un des seuls survivants, entouré de très peu de nourriture (parce qu'on aurait pas pris le temps de conserver ce qu'il faut dans des Tupperware ou que ces Tupperware-là seraient engloutis sous une couche de boue, avec toutes les traces de notre civilisation), dont quelques insectes qui auraient peut-être, eux, ressenti la catastrophe venir et qui auraient pris le temps de se cacher à la bonne place. Des fois, je pense à ça, une espèce de fin du monde et je me vois parmi les survivants et je me vois surtout me sentir pas mal inutile dans un groupe de survivants. Je préparerais probablement la nourriture, j'imagine. Mais sans mes ustensiles de cuisine modernes, je ne suis pas certain que je serais très efficace. Non, mais, un couteau économe, c'est vraiment pratique. Je regardais un reportage sur la vie au Mali et des femmes passaient leurs journées à moudre du grain avec un gros bâton. Elles frappaient, elles frappaient... Moi, après cinq minutes, je me tannerais, je pense. Je me dirais: «On pourrait pas manger le grain entier? Ou manger du poulet ou des petits fruits cueillis simplement?» et je jetterais le bâton au bout de mes bras en levant les yeux au ciel comme pour dire «Fuck, estie». Là, les autres survivants se regrouperaient autour de moi en me criant des noms dans leurs langues d'origine (dans cette fin du monde-là, on ne serait pas tous de la même ville, en tous cas, ça me semble logique, mis à part le fait que ça voudrait dire qu'on aurait marché vraiment longtemps pour se retrouver) et me banniraient du clan. Je serais condamné à errer, seul, et à me nourrir de racines (mais des racines de quoi?) et à boire de l'eau boueuse même pas de verre. Un verre, me semble que c'est le minimum qu'on devrait sauvegarder en cas de fin du monde. Ou une bouteille. Le mieux, ce serait un contenant ni trop haut, ni trop bas. Un pot, tiens. Rond, probablement, qui pourrait nous servir à toutes sortes d'affaires comme manger, boire, cueillir des fruits, ramasser des pierres pointues, conserver des petits objets fragiles comme des lentilles contact (même si je doute qu'il en reste dans cette éventualité - de toutes façons: pour voir quoi?) ou simplement pour avoir avec soi un contenant, juste au cas. On ne sait jamais à quoi ça pourra servir, mais on se doute bien que ça va être utile. Oui, vraiment, ça prend ça, juste au cas: un pot. Vous voyez ce que je veux dire?

jeudi 12 août 2010

Vive le plastique

Un jour, tout sera fait en plastique, je vous le dis. Déjà, on peut trouver du faux treillis de bois en plastique, des faux gnomes en plâtre en plastique, des faux recouvrements d'aluminium en plastique, des faux verres en cristal en plastique... De tout, en plastique.

Par exemple, cette chaise en bois, d'un modèle classique, la chaise Adirondak, est maintenant disponible en plastique. Il y a même une fausse texture de faux grains de faux bois.

Le plastique est-il condamné à créer du faux autour de nous?

J'aimerais bien voir l'inverse, des fois. Des fausses fourchettes de plastique en bois, des faux jouets de plastique en terre cuite, des faux petits bouts de plastique au bout des lacets de souliers en nacre... Mais le règne du plastique est sur sa lancée, et rien ne pourra l'arrêter.

Un jour, je serai probablement tout refait, qu'un amas de chirurgies plastiques et je grognerai, entre mes dents de plastique: «Vive le plastique.»

mercredi 11 août 2010

Histoire de pot

Saviez-vous qu'un hibiscus en pot qui tombe du troisième étage risque de ne jamais s'en remettre? Moi non plus je ne savais pas ça. Maintenant oui.

Les pots, les pots, les pots! C'est compliqué, un pot. Quand on met une plante dedans (un hibiscus, par exemple), il faut que le pot soit muni de trous au dessous («muni de trous», me semble que c'est bizarre comme formulation, comme quelque chose à quoi on ajoute quelque chose que cette chose aura en moins). Par contre, si le pot est troué, lors de l'arrosage, l'eau risque de s'écouler, bien entendu. Dehors, ce phénomène n'engendre pas de problème réel. Mon hibiscus passe l'été dehors. Mais l'hiver à l'intérieur. De l'eau qui s'écoule sur le plancher de bois risque d'endommager les lattes, c'est clair. «Robert, c'est pour ça qu'on met une assiette sous le pot, pour recueillir et contenir l'eau!», direz-vous. Je sais. Je sais tout ça. Mais quand le pot est carré, que faire?

Avez-vous déjà essayé de trouver une assiette carré pour mettre sous une plante qui loge dans un pot carré? Ça relève du miracle de trouver ce qu'il faut. On dirait que, dans le monde horticole, il y a une obsession pour les pots ronds. Trouver du carré, c'est dur. Très dur. Trouver de la bonne couleur et de la bonne dimension, c'est le travail d'une vie.

Bref, mon hibiscus poussait tranquillement, dehors, dans son pot carré sans trous jusqu'au jour où la pluie s'est mise de la partie, noyant littéralement les racines. De la boue. Une odeur nauséabonde. Des racines pourrissantes. Un hibiscus avec une mauvaise mine.

Vider le surplus d'eau, du haut de la terrasse au troisième étage, aurait dû régler le problème. C'était sans penser à cette foutue attraction terrestre. Comme mu par un désir funèbre, mon hibiscus s'est littéralement jeté hors de son pot carré. Un hibiscus trouvé mort. Suicidaire.

Même rempoté, avec de la terre neuve, il n'a jamais repris goût à la vie.

Tout ça à cause d'un pot carré.

mardi 10 août 2010

L'âge de ration

Ça ne vous fait pas freaker, vous, une tablette de garde-manger trop pleine?

«Ben non, c'est un signe de prospérité! Il y a de la bouffe, c'est super! Y'a rien de mieux que d'avoir du choix. Le bonheur, c'est d'avoir huit sortes de pâtes alimentaires!!!», rétorquerez-vous spontanément. Calmez-vous. Je sais que vous avez raison, en quelque sorte. Mais vous oubliez un détail important: une tablette de garde-manger trop pleine c'est très (mais alors très) difficile à garder en ordre.

«L'ordre, l'ordre, on s'en sacre! Regarde: j'ai de la farine de sarrazin, de blé entier, de la blanche pour la pâtisserie et de la «easy blend» pour les sauces! J'ai même de la farine de maïs si j'ai le goût de me faire un pain au maïs! C'est bon du pain au maïs!!!»

Je vous ai dit de vous calmer.

Oui, c'est bon du pain au maïs, mais qui dit «pain au maïs» dit «sac de grosseur particulière contenant de la farine de maïs», impossible à faire entrer dans le bon contenant et qui risque de traîner là et d'attirer les fourmis. Vous m'suivez? Non?

Moi, j'aime ça une belle tablette de garde-manger qui a l'air un peu vide. Ça ne me dérange pas du tout que mon garde-manger ait l'air d'une boutique de Berlin-Est en 1981. Il n'y a pas de riz à sushi? Pas grave, on peut finir le riz basmati avant. Après, on passera à une autre sorte de riz.

C'est pas clair, hein, tout ça?

Disons qu'aujourd'hui, je vis une crise de trop-plein. Trop de tout. J'ai des envies de parcimonie. J'ai le goût de me sortir du secteur américain. Me semble qu'à l'âge où je suis rendu, je goûte mieux les choses les unes après les autres, en petites bouchées.

Quitte à avoir l'impression d'être un peu rationné.

lundi 9 août 2010

What?!

J'enlevais les étiquettes collées sur mes fruits aujourd'hui et je me disais que ça ferait une bien bonne phrase pour commencer mon blogue, ça: «J'enlevais les étiquettes collées sur me fruits aujourd'hui et...»

Je me suis dit que ça créerait un genre d'effet comique. J'ai songé que probablement peu de monde considérait le fait d'enlever les étiquettes sur leurs fruits comme une activité digne de mention. Je me suis dit que peut-être plusieurs personnes n'enlevaient même pas les étiquettes sur leurs fruits, sauf les fruits dont on mange la pelure, bien entendu, mais peut-être juste à la dernière minute, pas tous les fruits d'un coup comme un passe-temps.

Après, j'ai hésité. J'ai pensé: «Digne de mention? I don't think so."

Après ça, j'ai regardé un peu de télévision. Ça, ça m'a rassuré. Il y avait des Canadiens anglais qui faisaient du stand-up à Halifax et laissez-moi vous dire que ça console quelqu'un qui ne se trouve pas tellement intéressant avec ses sujets douteux. Les Canadiens anglais dans la salle riaient, riaient... Le jeune Juif faisait des jokes de Juifs et de mères juives. La belle fille faisait des jokes de masturbation et de catalogue Ikea. Le gros, des jokes de gros. Le Pakistanais, des jokes sur le fait qu'on le traitait de «Paki». Mais personne n'a fait des jokes de Tupperware ou d'étiquettes collées sur les fruits. Personne.

J'avais peut-être tord, alors, de discourir sur les étiquettes collées sur les fruits? Quel était mon angle? Il est où, le punchline? Est-ce que je devrais déménager à Halifax?

Bref, j'enlevais les étiquettes collées sur mes fruits aujourd'hui et je me disais: «Coudonc, y'aurait pas un meilleur moyen d'identifier les fruits? Une caissière dans une fruiterie, ça ne devrait pas savoir distinguer une prune d'une nectarine, de toutes façons? Me semble que moi, si je passais ma journée dans une fruiterie, je n'aurais pas besoin d'une étiquette pour reconnaître un ananas. Si on est pris avec une population qui a baissé ses attentes à ce point, on n'est pas un peu dans la marde?»

Où je veux en venir avec tout ça?

Aucune idée. C'est ça la vie: c'est plein de moments absurdes pas vraiment intéressants, même pour une salle remplie de Canadiens anglais.

dimanche 8 août 2010

Pictogrammes...

Maudit que j'aime ça, les logos et les pictogrammes. Ça va à l'essentiel, tout en se permettant d'être tellement éloigné de la réalité.

Ici, où je suis, y'a pas une seule tente qui ressemble à ça. Loin de là.

Pourtant, avec ce pictogramme, on comprend tout!

vendredi 6 août 2010

Les lits de Robert

Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, oui, je crois que ça fait bien neuf. L'année 2010 n'est pas encore terminée que j'ai déjà dormi dans huit lits différents. Attention. Je ne suis pas en train de dire que je suis une «slut». Non, non. J'ai bien dit: «dormi».

Encore une fois, je me demande si je me tiens dans la moyenne, par rapport au reste de la population. Il est clair que certaines personnes, du genre commis-voyageurs, ont probablement un record de matelas inconnus encore plus élevé que le mien, mais il est aussi plausible de penser qu'une grande partie de la population, en 2010, n'a dormi qu'à une seule place: leur propre lit.

Il serait sûrement pertinent de réfléchir à cette situation, d'émettre des hypothèses sur les bienfaits ou les séquelles possibles du dodo ex situ. C'est ce que vous vous attendez de ce paragraphe? C'est mal me connaître.

Je n'ai absolument aucune opinion sur le sujet. Vraiment. Je n'envie ni la danseuse nue qui «fait» une ville par semaine en passant par Val-d'Or et New-Richmond, ni l'Américain obèse morbide qui passe sa vie sans quitter sa paillasse tel que documenté sur la chaîne TLC (non, ce n'est pas moi sur la photo). Pour moi, l'attachement à ce contenant nocturne, c'est du «chacun pour soi».

J'imagine que neuf lits occupés en sept mois, c'est une bonne moyenne, sans plus. «Trop ou trop peu dépasse mesure», comme dirait ma mère qui ne verrait sans doute aucune raison de s'alarmer devant ma fiche de couchettes.

Bref, je suis parfaitement équilibré. C'est ma mère qui le dit.

jeudi 5 août 2010

Le propre de l'homme

Y'a rien de plus propre qu'une maison nettoyée pour de la visite.

En effet, aujourd'hui, je me suis vu en train de frotter le dessous d'un distributeur à savon comme si ma vie en dépendait et je me suis posé cette question légitime: «de quessé?». La réponse allait d'elle-même: je faisais ça pour quelqu'un d'autre. Demain arrive Joe (nom fictif), de New York, pour habiter chez moi pendant mon absence. Un échange, encore...

Chez Joe (nom fictif), à New York, je me rappelle que ce n'était pas particulièrement propre. Pas sale, mais pas maniaquement propre. Alors, pourquoi étais-je en train de virer fou dans le ménage?

Joe remarquera-t-il que j'ai non seulement nettoyé la vitre de la douche avec le squeejee, mais que j'ai aussi nettoyé le squeejee lui-même (non, pas avec la vitre de la douche), jusqu'à ce qu'il brille? S'extasiera-t-il devant un arrangement de petite cuillères dans le tiroir à ustensiles digne d'une photo publicitaire? Se sentira-t-il choyé que, derrière les tables de chevet, qui ne sont déplacées en fait que pour nettoyer derrière, ce soit effectivement nettoyé?

Je gage que non.

En fait, je suis prêt à parier qu'il tombera bien sur LA minuscule tache sur la seule serviette blanche qu'il utilisera. Un oubli de ma part. Il sera dégoûté. C'est tellement difficile de penser à tout, de tout remarquer. De tout nettoyer.

Une saleté minimale généralisée permet de cacher ce genre de petit manquement.

Joe (nom ficitif) l'a compris, lui.

mercredi 4 août 2010

La pensée négative

Quelques mots aujourd'hui pour dire que, des fois, la pensée positive, ça dérape.

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mardi 3 août 2010

La pensée positive

Un petit blogue tout court, aujourd'hui, pour parler de la beauté. Voyez-vous de la beauté partout? Moi, oui, ça peut m'arriver. Mon regard sur tant de choses soit belles, soit ordinaires ou même carrément laides me permet souvent de voir du beau. Tout peut ressembler à une publicité des années 1950, si on s'en donne la peine. On efface mentalement ce qui nuit à l'image: un fil électrique derrière le meuble de télé, un brin de persil entre les dents de quelqu'un qu'on aime, un bout de crotte collé dans le poil d'un chat persan... Parfois, même pas besoin d'effacer, on peut simplement se convaincre que c'est beau. Comme un lit défait. Ou un oiseau écrasé. Ma mémoire a même cette (fâcheuse?) tendance à embellir le passé. Tous ces moments ratés, pourquoi les répertorier? De plus, toutes nos pensées méritent-elles vraiment d'être exprimées? Pourquoi ne pas faire comme moi aujourd'hui et être d'un positivisme sans bornes?

Bref, je vis en ce moment dans le déni le plus complet.

C'est pas beau, ça?

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lundi 2 août 2010

Matière à réflexion

Êtes-vous matérialistes? Moi aussi.

Quoi? Qu'entends-je? Certains d'entre vous ne sont pas d'accord? Y aurait-il des non-matérialistes parmi nous?!

Je devrais ici traiter sérieusement du sujet, citer le Larousse, des philosophes, Karl Marx, mais ce n'est pas mon genre, ça, vous le savez. Disons seulement qu'à chaque jour que je vis, je me heurte à cette vérité: nous vivons dans un monde matériel. Nous sommes des matérialistes, puisque partout autour de nous il y a tant de choses et si peu de rien.

Remarquez, je ne suis ni honteux, ni fier. Je constate, c'est tout. Quand la chambre à air de mon vélo éclate, par exemple, et que je ne trouve pas la clef spéciale pour dévisser le boulon spécial antivol qui ne se dévisse qu'avec cette clef spéciale, comme une clef à combinaison, si vous voulez, qui est unique, que moi seul possède, que j'ai fait installer pour fixer mes roues afin de ne jamais me les faire voler, mais qui ne m'a causé jusqu'à maintenant que des ennuis parce que cette clef, je l'ai rangée dans un endroit sûr pour ne pas la perdre et que ce type «d'endroit sûr» est sans l'ombre d'un doute la pire place où quiconque peut ranger une chose qu'il n'a pas envie de chercher et que changer une chambre à air signifie non seulement que la roue doit être enlevée temporairement mais aussi que les plans pour aller à la piscine risquent de tomber à l'eau (sans jeux de mots), eh bien quand toutes ces choses arrivent, j'ai toujours cette même pensée: le monde matériel, c'est un maudit paquet de troubles.

En fait, j'aimerais bien pouvoir me détacher de toute cette matérialité.

Travaillez-vous avec la matière? Moi oui. Il me semblerait tellement plus simple de ne pas avoir à composer avec la matière, mais ce n'est pas mon lot. La matière, ça s'use. Ça brise. Ça se perd. Il faut entretenir ça, la matière, sinon elle finit par ne plus fonctionner.

J'envie parfois ceux qui oeuvrent sans matière, ceux qui travaillent avec les idées. Les auteurs, par exemple. Les mots dans leurs têtes ont moins de chance de se retrouver en morceaux, dont la moitié sous le sofa lourd qui égratigne le plancher à chaque fois qu'on le déplace. Je me rassure en me disant que malgré tout, même les auteurs subissent ce contact obligé avec la matière. Un ordinateur qui flanche. Une imprimante bloquée. Une simple mine de crayon qui casse...

Il y a ceux qui travaillent avec les gens. Ont-ils plus de chance? Peut-être pas tant que ça. L'enseignante cassera peut-être sa craie matérielle en expliquant le théorème de Pythagore, faisant ainsi glisser ses ongles vernis sur le tableau noir matériel dans un bruit désagréable. L'infirmière se coincera peut-être la peau de la cuisse en refermant un civière matérielle trop rapidement. Le psychiatre devra peut-être un jour prescrire des petites pilules matérielles qui pourront être confondues avec des bonbons par un caniche spasmodique et baveux.

La matière, on n'y échappe pas. Même le moine bouddhiste, qui travaille avec l'esprit, finira bien par déchirer sa toge en se relevant de sa semaine de jeûne de et méditation. Ses pensées, sa simple réflexion, ne sont-elles pas aussi matière? Une pensée brisée, égarée, dont le vernis commence à écailler, ça aussi, ça se peut.

Nous sommes condamnés à entretenir de la matière, toute notre vie. Ça nous occupe, j'imagine. Sinon, on ferait quoi de tout ce temps? Rien?

N'OUBLIEZ PAS DE PARTICIPER AU CONCOURS
UN TROPHÉE MATÉRIEL VOUS ATTEND!

dimanche 1 août 2010

Tupperware blues

Avis à tous les nostalgique!

Pour la première fois dans son histoire, Tupperwareblog vous invite à participer au grand concours

«Tupperware blues»!

Vous n'avez qu'à répondre aux deux questions suivantes, une scrutant votre connaissance du phénomène Tupperware et l'autre mettant à l'épreuve votre sens du désopilant:

En quelques mots, à quoi servait originalement le Tupperware orange brûlé illustré?

Et...

À quoi pourrait-il servir d'autre?

Il suffit de répondre correctement et avec créativité, en cliquant sur «commentaires»! La personne gagnante (selon une sélection fortement subjective) se méritera l'extrêmement prestigieux trophée «Tupperware blues»!



Date limite: le 8 août 2010

(Des frais de livraisons pourront s'appliquer.)