mercredi 27 janvier 2010

Souvenirs de plastique

Je remarquais récemment que, pour un blogue sur le Tupperware, je ne couvrais pas beaucoup l'aspect «démonstration Tupperware». En effet, il semble que ces réunions, typiques des années 50, mais qui ont réussi à traverser les époques jusqu'à la nôtre, sont une part importante de cette sous-culture qu'est la culture Tupperware. J'ai déjà été invité à certaines de ces fameuses réunions, mais jamais je n'y suis allé. Je n'ai donc jamais assisté à une démonstration Tupperware. Pas dans ma vie d'adulte, en tous cas.

Par contre, dans mes souvenirs d'enfance, je vois très bien ma mère, hôtesse d'une soirée Tupperware, scrutant fièrement la salière et la poivrière, récompenses bien méritées pour avoir permis à cette bande de voisines de venir se rassembler pour écouter la bonne nouvelle du plastique miracle. Ma mère possédait des Tupperware, c'est un fait. Ces produits n'étaient disponibles que par le biais de ces réunions. Ce n'est que tout récemment que ces produits sont disponibles dans certains kiosques de centres d'achats, ou via internet, sur eBay, par exemple (c'est triste, la vie moderne). Il est donc parfaitement probable que ce souvenir soit véridique.

Mais un doute demeure. Ma mère est-elle simplement allée chez une voisine? A-t-elle reçu ces contenants en cadeau d'anniversaire? A-t-elle hérité de Tupperware de seconde main? Était-elle carrément représentante, et allait-elle de porte en porte avec sa panoplie de contenants? A-t-elle bel et bien tenu cette réunion, mais avant ma naissance? Ce souvenir de réunion Tupperware dans la maison de mon enfance n'est-il qu'une pure fabrication de mon cerveau? Un simple appel téléphonique à ma mère pourrait régler la question.

La vraie question, cependant, est celle-ci: comment se fabriquent les souvenirs? J'ai une image tellement claire de l'événement, et pourtant. Je ne pourrais pas mettre ma main au feu que ce souvenir est vrai. Cela dit, pourquoi mon cerveau inventerait-il ce genre de moment? Quel avantage ai-je de garder en mémoire des images qui jamais n'ont existé? Mon passé, tout ce qui est derrière moi, c'est la réalité, ou non? J'ai déjà juré avoir déjà vu des paysages que je n'avais jamais visités. Combien de fois suis-je absolument certain de ne pas avoir barré la porte - je n'ai pas l'image correspondante - pour me rendre compte qu'elle est absolument barrée? Ces moments de «déjà vu» nous disent quoi du fonctionnement de notre cerveau?

La salière était rose. La poivrière bleue.

Je les vois, dans les mains de ma mère, assise autour d'une table basse de bois foncé, dans le salon de mon enfance, avec ce groupe de femmes soudainement prêtes à faire des laits fouettées avec le contenant spécial pour les laits fouettés...

Vous, les voyez-vous?

3 commentaires:

  1. Mais tout ça est si intriguant! Appelle ta maman au plus vite!

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  2. Je vais appeler la mienne aussi. Je me rappelle vaguement qu'il y a eu une joke cochonne au sujet d'une carotte. Tout ça est si vague. Étrange que se soit la joke cochonne qui ait retenu mon attention et non les contenants orange brûlé et bleu clair...

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  3. Je laisse planer le mystère et j'appelle ma mère d'ici quelques jours...

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