dimanche 31 janvier 2010

Conte d'horreur

Ça faisait bien plusieurs mois que je voulais m'y mettre. Je savais que tout ça était là, à l'étage, empilé de manière chaotique. Bien sûr, rien n'y paraissait. Une visite superficielle n'aurait pas permis d'apercevoir même un centième de ce désastre. Mais désastre, il y avait et moi, je le savais.

J'ai donc pris mon courage à deux mains. «C'est dimanche, qu'est-ce que je vais bien faire de si intéressant de toutes façons?», me disais-je. Dans le placard, à l'étage, derrière une porte elle-même cachée par un rideau noir, le monstre m'attendait. Ce monstre, c'était l'ensemble de tout ce que ma vie m'avait entraîné à accumuler, mais qui, dans mon condo neuf, n'avait pas vraiment sa place. Des vieux cadres. Des jouets de mon enfance. Des pots à fleurs. Des outils. Des couvertures. Du matériel divers pour le bricolage. Des housses à coussins. Des contenants, beaucoup de contenants. Un an plus tôt, j'arrivais dans mon nouvel espace avec ce désir d'épuration. «Pourquoi accumuler?», répétais-je à qui veut l'entendre, du ton (je dois le dire) un peu supérieur de celui qui détient la vérité. Plusieurs m'enviaient, je crois. Ils enviaient ma capacité à me défaire des biens matériels. Une visite, superficielle, confirmait que j'avais atteint cet état de grâce réservé à ceux qui vivent avec le strict essentiel. C'était sans tenir compte du placard à l'étage.

Quand j'ai ouvert le placard, j'ai ressenti une fatigue soudaine, comme un coup de poing. Toutes ces choses étaient donc à moi? Dois-je ajouter que pas plus d'un centième de tous ces objets ne m'avait servi, pas même une seule fois pendant la dernière année. Décidé, j'ai commencé à sortir toutes ces choses, qui étaient restées empilées, enchevêtrées, imbriquées, pendant une année. J'avais à peine commencé que la pièce était remplie. Les choses semblaient se multiplier. Je tentais de créer des piles: «à donner», «à vendre», «à jeter», «à conserver», «à recontenir», «à diviser», «à rendre», «à replacer», «à réparer», «à réorienter»... Juste en piles, j'en avais déjà par-dessus la tête.

Au bout d'une demi-heure, il était devenu presque impossible de bouger dans la pièce. C'en était dangereux. Plus je sortais de choses, plus il semblait y en avoir. Je découvrais des objets dont je n'avais aucun souvenir, même. Un ventilateur... moi qui est plutôt frileux? Une photo encadrée d'un homme qui, bien que pas mal du tout, ne me disait absolument rien. Aurais-je déjà été amateur de camping? De boxe? De peinture à l'huile? Je continuais tout de même à vider le placard. Je voulais le voir vide, blanc, un espace pour laisser la maison respirer.

Après quelques heures, j'avais l'impression que jamais je ne trouverais cet espace vide. Il était devenu impossible de bouger. Je restais déterminé, mais un peu troublé. Les objets devenaient de plus en plus étranges: des pièces d'auto, des séchoirs à cheveux à casque, des trophées de pêche, des moules à chocolat de Pâques, des canards en caoutchouc, des bustes de grands compositeurs célèbres, des instruments de torture moyenâgeux, des animaux empaillés de diverses races éteintes... Moi, j'empilais, j'empilais, tant bien que mal, en tentant de me faufiler entre les piles. La poussière avait à ce moment envahit l'espace. Tout était sale, gris, jauni. Mon visage aussi était sale. Mes bras étaient couverts de coupures, d'éraflures. Mes vêtements se déchiraient à vue d'oeil, se coinçant à tout moment sur des objets contondants. Il ne fallait pas que j'abandonne, pourtant. Je creusais, je creusais... J'ai mis la main sur ce qui avait l'air d'un ossement de dinosaure. Avec toute la misère du monde, je l'ai placé dans la pile «à donner». J'ai hésité. Je l'ai déplacé vers la pile «à jeter».

Enfin, j'ai vu le fond. Le mur blanc du placard. J'ai trouvé ça beau. Je me suis retourné, afin de poursuivre ma mission de grand ménage, mais impossible. Coincé. J'étais coincé dans ce placard tant la pièce était comblée d'objets. J'ai essayé de pousser, de me frayer un chemin. Il n'y avait plus maintenant qu'une seule chose à faire: refermer la porte. Ça a été dur. Le mécanisme s'est pris dans toutes sortes d'objets durs ou mous, mais j'y suis parvenu. J'ai fermé la porte. À nouveau, j'ai voulu admirer le mur blanc. Mais tout était noir.

J'ai respiré profondément. J'ai trouvé ça beau.

samedi 30 janvier 2010

Conte de banlieue


En route vers l'école, le petit Robert rêvasse. Il marche lentement vers l'arrêt d'autobus, sur un trottoir neuf dans un quartier neuf d'une ville de banlieue neuve. Il connaît son chemin par coeur. Il n'a pas à réfléchir au trajet. Il lui semble que ce trajet, il l'a parcouru des milliers de fois. Il ne regarde pas où il va, ni les maisons autour de lui, ni les arbres, ni les autos stationnées. Il pense à ses jouets préférés, il s'invente des histoires. Il s'imagine dans la peau des autres: «Ça serait comment, être vieux comme papa?»... «Ça serait amusant, être un chat?»... «Si j'étais une fille, je pourrais jouer avec les Barbie de ma soeur et personne ne dirait rien.»... «Si j'étais Ken, je trouverais Gi Joe vraiment trop gros; il ne rentre même pas dans la voiture de Barbie, lui!»... «Si je jouais dans Quelle Famille, est-ce que je serais une vedette?»... «Si j'étais né dans un autre pays, est-ce que je serais noir?»... Un bruit le ramène à la réalité.

C'est l'autobus jaune, tout au bout de la rue. L'arrêt stop n'est pas si loin, mais Robert se dépêche. Son coeur bat. Il ne veut pas manquer l'autobus. Même si on rit souvent de lui quand il court (on s'amuse souvent à l'imiter quand il court, en dépliant exagérément les jambes vers l'extérieur), il court vers l'arrêt stop. Il serre les poings, pour faire comme l'homme de six millions de dollars quand il court, pour courir plus vite. En serrant les poings, il se rend compte de quelque chose d'horrible. Son sac. Son sac d'école. Il est resté sur la troisième marche de l'escalier de la maison. Avec tout dedans: ses cahiers, ses crayons, son sac de papier avec son lunch. Maman avait préparé un sandwich au fromage et lui avait pourtant dit, en plaçant les deux moitiés triangles dans un Tupperware carré exactement de la bonne grosseur: «Tu n'oublieras pas ton lunch, là. Tu n'oublieras pas ton sac d'école!».

Robert s'arrête de courir. L'autobus est à quelques coins de rue de l'arrêt. Robert panique. Il ne sait plus de quel côté courir. Il est comme déchiré. Il se retourne et se remet à courir vers la maison. Il court chercher son sac. Il aura le temps. Le temps d'aller chercher son sac, de ressortir de la maison, de courir vers l'autobus qui s'arrêtera peut-être pour l'attendre. En courant, il repense à Barbie, à Ken, à son chat, à Steve Austin, à papa, au goût du fromage jaune mélangé avec la margarine et le pain blanc, au geste sûr de sa maman qui ferme bien le couvercle du Tupperware en appuyant avec ses deux pouces pour faire sortir l'air. Tout ça, presque en même temps. Il entre dans la maison, il attrape son sac d'école, il ressort en claquant la porte et il court vers l'arrêt. Il ose un moment regarder au loin. L'autobus est parti, n'a pas pris le même chemin que d'habitude. Par contre, il voit aussi d'autres enfants de son école, en train d'attendre à l'arrêt stop.

Les Anglais. C'était l'autobus des Anglais, qui passe lui aussi sur sa rue, quelques minutes plus tôt, à tous les matins, mais qui va à l'école des Anglais. Il n'a pas manqué son autobus. Il se sent léger, mais continue à courir. Il est soulagé, tellement soulagé qu'une fois arrivé à l'arrêt stop, on se moque de lui en imitant sa façon de courir, mais ça ne lui fait rien.

Il pense: «Un jour, c'est moi qui rirai d'eux. Moi, je deviendrai un Gi Joe, un chat, une Barbie, un papa, un homme de six millions, un noir, une vedette!». Son autobus arrive. Il monte le dernier, s'assoit sur la banquette de cuirette vert foncé et continue à rêvasser.

vendredi 29 janvier 2010

Conte fantastique

C'est à ce moment là que j'ai pensé qu'il pouvait y avoir quelque chose d'anormal avec moi. Je regardais les canettes de Coke dans le réfrigérateur et c'est comme venu me chercher. Ça m'a dit: «C'est beau, non? On dirait une oeuvre d'art contemporain.» Les lettres «C» de «Coke» des six canettes étaient toutes bien alignées, dans le même angle, vers la gauche de la face visible des canettes. Ce n'était pas un hasard.

J'ai eu un flashback. Un moment du passé, mais très rapproché du présent: je sors les canettes de la boîte de six achetée à l'épicerie. La boîte est bien ouverte, par le dessus, pas par le dessous. Le côté le plus long de la boîte est en ligne avec le bord du comptoir, à 2,5 centimètres. Le côté le plus court de la boîte est parallèle avec le rebord de l'évier. Une distance sépare ce côté plus court de la boîte et le rebord de l'évier. Une distance de 2,5 centimètres. Le réfrigérateur semble presque vide. Il ne l'est pas, mais tout y est si bien rangé qu'il semble vide. Il contient des pommes dans le tiroir à fruits. Des fraises dans leur casseau de plastique transparent sont aussi dans ce tiroir. Dans le tiroir à légumes, il y a des poivrons rouges, des radis, des tomates et un oignon rouge. Dans la porte, il y a une bouteille de ketchup, de la salsa, un pot de sambal oelek, un flacon de Tabasco, de la pâte de tomates en tube, des cerises au marasquin. Divers pots de confitures, dans un caisson, sont côte à côte: à la framboises, à la cerise, aux fraises et une gelée de canneberges. Six yoghourts Yoplait à la fraise trônent sur la tablette du haut. Des restes divers sont répartis dans mes Tupperware de marque Rubbermaid, aux couvercles rouges. Il reste aussi, dans une assiette rouge recouverte d'une pellicule plastique, un beau morceau de rosbif bien saignant. Il y a du jus «aux baies de la vallée», du jus de légumes, du jus de canneberges. L'intérieur du réfrigérateur brille, avec sa lumière blanche, ses parois blanches et son contenu. Rouge. Tout est rouge.

Je me vois donc, sortant les canettes de Coke, rouges aussi, deux par deux, pour les placer sur la tablette des boissons. Ma main fait machinalement le geste de retourner les canettes afin que le mot «Coke» soit bien visible. Vu de face, il y a un espace minime entre le «C» de «Coke» et le côté gauche de la face visible de la canette et un autre espace minime, équivalent, sépare le «e» de «Coke» du côté droit. Tout se passe très machinalement, très rapidement, très naturellement. Si quelqu'un avait été dans la cuisine à ce moment-là, il aurait continué sa conversation normalement, n'aurait rien vu d'anormal. Mais personne d'autre n'est dans la cuisine. Que moi.

Retour au présent. Toutes les étiquettes, de tous les produits, me regardent. Elles rient. Elles me félicitent: «Bravo, quel beau travail!», «C'est unique, vraiment unique!», «Simplement superbe.»... Je suis flatté, d'abord, mais au bout d'un moment je pense: «il y a peut-être quelque chose d'anormal avec moi?»... Je cligne des yeux. Je prends une des canettes de Coke dans ma main. Elle est tiède. Elle semble heureuse. Elle ronronne.

Je la replace entre les autres canettes, d'un geste vif, comme si elle m'avait mordu un doigt. Je la regarde. De face, elle affiche «oke» et laisse voir une bande étroite d'informations nutritionnelles et une partie de sa liste d'ingrédients. Un murmure se fait entendre. Un murmure de désapprobation. Je tente de refermer la porte, mais j'en suis incapable. Je suis figé. Le murmure s'intensifie. La canette de «oke» pleure. Ses voisines lui disent combien elles sont désolées, qu'elle ne mérite pas ça. Le ton monte. La bouteille de ketchup s'en mêle. Elle est rouge. Rouge de colère. Les confitures scandent: «un scandale, un scandale, un scandale!». Les couvercles rouges des Tupperware de marque Rubbermaid s'ouvrent et claquent, comme des animaux affamés. La lumière du réfrigérateur vacille, s'intensifie, vire au rouge. Les Tupperware se jettent sur moi. Suivent la bouteille de ketchup, les cerises au marasquin, les fraises et enfin, tout le contenu du réfrigérateur. La colère des aliments est féroce. Les couvercles me pincent, le verre se brise et me fend la peau, les fruits et légumes m'étouffent, les liquides me noient, les canettes de Coke m'achèvent, sans pitié, en me fracassant le crâne.
Seule «oke» reste dans le réfrigérateur, unique témoin de mon massacre. Je baigne dans mon sang.

Rouge.

jeudi 28 janvier 2010

Le mensonge de l'ordre

J'ai encore trié mes vêtements. J'aime ça, trier mes vêtements. J'en profite pour jeter (ou donner aux pauvres) tout ce que je n'ai pas porté depuis six mois, environ. Je place mes chemises, mes chandails, mes bas, mes sous-vêtements, mes pantalons et mes shorts en ordre chromatique, malgré toutes les difficultés que cela peut entraîner. Ça semble simple, mais non. Il arrive toujours un morceau qui vient perturber la logique. Les bas, les sous-vêtements, je l'avoue, c'est plus facile (je possède surtout du blanc, du gris et du noir). Les pantalons et les shorts, c'est à peine plus compliqué (il suffit d'insérer stratégiquement les motifs camouflage, tenir compte du degré d'usure des jeans, et voilà!). Les problèmes occasionnés par les chandails sont surmontables (il y a deux piles distinctes: la pile «autonome» et la pile «à porter sous une chemise»). Mais les chemises, elles, me donnent du fil à retordre.

D'un côté, à gauche, il y a les chemises blanches. À l'autre extrême, les noires (de la plus chic à la plus «casual»). Directement à la gauche des noires, se placent facilement les grises. Seulement, parfois, il y a des motifs qui viennent tout bousiller. La chemise grise à fines rayures rouges doit-elle se trouver après les grises, ou insérée entre elles selon le gris du fond? Est-ce que je dois plutôt me fier à la tonalité générale de la chemise? Dilemme. Du gris, on passe au bleu. Les bleus se classent plutôt bien, du marine au bleu clair, mais qui dit bleu, dit carreaux. En effet, plusieurs chemises affichent des carreaux difficiles à classer. Les mettre tous ensemble paraît logique, mais il y a toujours une vision d'ensemble à respecter et certains carreaux sont si forts qu'ils sont plutôt propices à terminer la section des bleues, pour mener à la couleur suivante en fonction de la dominante du carreau. La plupart du temps, c'est vers le vert que ça mène, mais c'est boiteux. Les verts, quelle plaie! J'ai même imaginé me débarrasser de toutes mes chemises vertes tant elles sont difficiles à placer en camaïeux décroissant. J'ai toujours cru que le vert, c'était la couleur qui permet à l'oeil humain de distinguer le plus de nuances. Ceci amène plusieurs dilemmes. Le vert kaki mène au brun, qui est plus foncé, et qui devrait donc se retrouver à droite du vert, mais le vert le plus foncé, donc, le plus à droite, n'est pas le vert kaki. C'est le vert forêt. Or, quel vert placer où? Les verts bleutés devraient peut-être avoir la priorité, mais quand on tombe dans les tons plus clairs, rien ne va plus. Le mieux est-il de privilégier une transition vers le jaune? Qu'adviendra-t-il des rouges, dans ce cas? Ils se retrouveront à gauche des jaunes? Quelle mauvaise transition vers les beiges (qui mènent au blanc)! Les motifs, parfois présents, viennent complexifier le casse-tête. J'ai une chemise mauve. Très belle, achetée à South Beach. Dans une boutique tenue par une cocaïnomane saoule qui m'a fait boire des shooters de vodka afin que je n'ose pas juger ses prix exorbitants. Cette chemise ne va nulle part dans la gamme. Près du rouge, elle est à son meilleur, mais nuit à la transition vers le beige. Parmi les bleus, ce mauve ressort comme une tache insupportable. J'ai une chemise grise qui va très bien juste à sa droite, mais je n'ose pas imaginer les pirouettes nécessaires à l'intégration de cet accouplement. Je vous épargne le grave problème des chemises sans dominante précise (je les appelle «les bipolaires»). Il n'y a jamais de solution idéale. Je fais avec. J'intègre certains motifs pour truquer l'oeil. Je classe les beiges (c'est une tâche plus facile qui me calme). Je place les chemises blanches, de la moins blanche à la plus immaculée.

Alors, je me recule, je plisse les yeux (pour éliminer les détails) et je me dis: «Ça va. Tout semble bien classé.»

Mensonge. C'est difficile, se mentir à soi-même. Je sais bien que je me dis ces mots uniquement afin de fermer la porte du garde-robe, pour passer à autre chose, pour vivre ma vie.

Une vie de mensonges.

mercredi 27 janvier 2010

Souvenirs de plastique

Je remarquais récemment que, pour un blogue sur le Tupperware, je ne couvrais pas beaucoup l'aspect «démonstration Tupperware». En effet, il semble que ces réunions, typiques des années 50, mais qui ont réussi à traverser les époques jusqu'à la nôtre, sont une part importante de cette sous-culture qu'est la culture Tupperware. J'ai déjà été invité à certaines de ces fameuses réunions, mais jamais je n'y suis allé. Je n'ai donc jamais assisté à une démonstration Tupperware. Pas dans ma vie d'adulte, en tous cas.

Par contre, dans mes souvenirs d'enfance, je vois très bien ma mère, hôtesse d'une soirée Tupperware, scrutant fièrement la salière et la poivrière, récompenses bien méritées pour avoir permis à cette bande de voisines de venir se rassembler pour écouter la bonne nouvelle du plastique miracle. Ma mère possédait des Tupperware, c'est un fait. Ces produits n'étaient disponibles que par le biais de ces réunions. Ce n'est que tout récemment que ces produits sont disponibles dans certains kiosques de centres d'achats, ou via internet, sur eBay, par exemple (c'est triste, la vie moderne). Il est donc parfaitement probable que ce souvenir soit véridique.

Mais un doute demeure. Ma mère est-elle simplement allée chez une voisine? A-t-elle reçu ces contenants en cadeau d'anniversaire? A-t-elle hérité de Tupperware de seconde main? Était-elle carrément représentante, et allait-elle de porte en porte avec sa panoplie de contenants? A-t-elle bel et bien tenu cette réunion, mais avant ma naissance? Ce souvenir de réunion Tupperware dans la maison de mon enfance n'est-il qu'une pure fabrication de mon cerveau? Un simple appel téléphonique à ma mère pourrait régler la question.

La vraie question, cependant, est celle-ci: comment se fabriquent les souvenirs? J'ai une image tellement claire de l'événement, et pourtant. Je ne pourrais pas mettre ma main au feu que ce souvenir est vrai. Cela dit, pourquoi mon cerveau inventerait-il ce genre de moment? Quel avantage ai-je de garder en mémoire des images qui jamais n'ont existé? Mon passé, tout ce qui est derrière moi, c'est la réalité, ou non? J'ai déjà juré avoir déjà vu des paysages que je n'avais jamais visités. Combien de fois suis-je absolument certain de ne pas avoir barré la porte - je n'ai pas l'image correspondante - pour me rendre compte qu'elle est absolument barrée? Ces moments de «déjà vu» nous disent quoi du fonctionnement de notre cerveau?

La salière était rose. La poivrière bleue.

Je les vois, dans les mains de ma mère, assise autour d'une table basse de bois foncé, dans le salon de mon enfance, avec ce groupe de femmes soudainement prêtes à faire des laits fouettées avec le contenant spécial pour les laits fouettés...

Vous, les voyez-vous?

mardi 26 janvier 2010

Jalousie, 2e partie


Saviez-vous que le mot «jalousie» vient du mot latin «zelosus» et du mot grec «zêlos»? Ces mots nous ont aussi donné le mot «zèle». La jalousie, c'est donc une forme de zèle (une ardeur, un empressement excessif). Les jaloux veulent trop en faire, c'est vrai. Ainsi, afin d'éviter ce sentiment (un vrai blocage à la création), j'évite donc aujourd'hui le zèle en vous donnant un petit blogue de rien du tout. Voilà, c'est tout.

Et hop, là-dessus, je vous offre une photo de drag-queen qui tient du Tupperware, comme ça, en bonus, juste pour le plaisir...

Je m'améliore vraiment, côté «less is more», non?

lundi 25 janvier 2010

Jalousie

Il existe trois sortes de jalousie. Il y a ce sentiment d'inquiétude douloureuse chez quelqu'un qui éprouve un désir de possession exclusive envers la personne aimée et qui craint son éventuelle infidélité. Il y a aussi ce dispositif de fermeture de fenêtre composé de lamelles mobiles horizontales ou verticales. Je laisse très peu de place à ces deux jalousies dans ma vie. À vrai dire, je n'en ai que faire. Cependant, je dois l'avouer, il m'arrive de connaître la troisième sorte. Ce dépit envieux ressenti à la vue des avantages d'autrui, je le ressens périodiquement.

Observer la vie des autres, parfois, ça me rend jaloux. Les plus riches, les plus célèbres, les plus beaux, les plus talentueux... Tous ces gens me rendent jaloux. Mais je peux même être envieux non pas de ce que les autres ont de plus que moi, mais de ce qu'ils ont en moins. Je regardais (non, pas à la télé - cette fois c'est sur le web) des photos de maisons superbes, minimalistes à souhait. Vous savez, ce genre de maison où les planchers de béton sont si magnifiques qu'il serait de mauvais goût de les couvrir de mobilier? Ce genre de maison où salle de bain, cuisine, chambre à coucher et garage sont impossibles à distinguer? Avec des lits sans pattes, sans têtes, sans matelas, sans oreillers, sans rien: des rectangles flottants dans des pièces vastes aux murs de verre laissant apercevoir l'infini de l'océan... Je suis jaloux de tout ce rien. Quel luxe!

Un jour, j'aimerais avoir les moyens de ne plus rien avoir.

Mais ce qui me rend le plus jaloux, ce sont ceux qui ne savent même pas c'est quoi, ressentir de la jalousie. Ils n'ont pas ça, eux, de la jalousie. Ils sont heureux de ce qu'ils ont, mais surtout de ce qu'ils n'ont pas. Ceux-là, je les envie au plus haut point.

dimanche 24 janvier 2010

Une paresse non contenue

C'est dimanche, restons légers. Quand la paresse s'empare de moi au moment où je m'oblige à écrire mon message quotidien, il m'arrive, pour me détendre et m'inspirer, de simplement taper «Tupperware» dans Google et de laisser les bons temps rouler. Une recherche d'images, pour vraiment satisfaire le paresseux en moi, c'est encore plus agréable. C'est fou, ce qu'on trouve, vraiment.

On y voit beaucoup de drag-queens. Il y a un lien étrange entre les drag-queens et le Tupperware que je n'arrive pas à expliquer. Il y en a de toutes sortes, mais surtout avec des perruques immenses et des jupes ligne «A» typiques des années 50, mimant, chantant, lipsynquant en tenant des empilades colorées de Tupperware. Elles sont souriantes, mais nostalgiques de cette belle époque où la femme restait à la maison, à faire des gâteaux à étages, en attendant monsieur de retour du bureau, à 17h30 précises, prêt à croquer dans des bâtonnets de céleri en attendant son dry martini. Elles se plaisent aussi à se remémorer ces fameux «partys Tupperware», un sujet que j'ai étrangement éclipsé de mon blogue, allez comprendre pourquoi.

Les recettes abondent. Souvent, le Tupperware n'est qu'accessoire à la création de ces petits plats, mais demeure cette philosophie du facile, du léger, du coloré et du réconfortant. La convivialité est aussi au rendez-vous. Quoi de mieux qu'un Tupperware pour partager une salade de patates géante ou de délicieux desserts coupés en petits carrés?

Il y a aussi les créatifs; ceux qui créent avec du Tupperware. J'ai vu des robes, des meubles, des instruments de musique, des lampes, des sculptures, des flashes pour la photo, des composteurs, des bijoux, des radios... Tout ça, fait avec des Tupperware. Il y a même une tour de 100 pieds, la Millenium Tower, qui est un must pour tout amateur de contenants de plastique de qualité.

Certains se prennent plus au sérieux avec leur art. La quantité de toiles peintes représentant des Tupperware est impressionnante, et c'est sans parler de ces sculptures de cire que j'ai trouvées, représentant ces légendaires contenants...

Les photos croquées sur le vif sont elles aussi légion. On n'y compte plus les bébés ayant découvert l'armoire à Tupperware, pour tout répandre sur le plancher de la cuisine. Parfois, papa a une passoire Tupperware sur la tête. J'ai même vu une portée de chatons toute agglutinée dans un contenant semi-transparent typique. Quelques photos coquines (mais toujours de bon goût) sont également de la partie. Quoi de plus sexy qu'une jeune femme aux longues jambes se pourléchant les babines devant un Jell-o moulé dans un Tupperware cannelé?

L'aspect historique est aussi présent. Images d'époques, photos d'archives, plans de construction, publicités «vintage» nous rappellent combien le Tupperware a changé la face du monde.

Normalement, je conclurai avec une phrase au moins un peu percutante, mais non. C'est dimanche. Restons légers. Je vous laisse sur la photo des minous. C'est pas assez cuuuuute?

Je vous ai dit que je pensais adopter un chat?

samedi 23 janvier 2010

Nouvelle expérience


ah et puis merde j'avais dit que j'avais terminé mon expérience anti ponctuation où pendant quelques jours je me suis libéré du contenant rigide qu'est la langue française ponctuée mais voici que je tente une nouvelle expérience me contredire et ne pas faire ce que j'ai dit que je ferais ça soulage ça aussi je dois dire c'est une pression qui tombe quel bonheur j'ai presque le goût d'attendre après minuit pour appuyer sur publier le message afin de vivre dangereusement l'interdit c'est enivrant ça donne le goût de faire à sa tête et de foncer rien n'est plus motivant que de se faire dire que quelque chose ne doit pas être fait c'est comme une incitation à la débauche si j'étais père et que j'avais des adolescents je pense que je serais fier d'eux s'ils me contredisaient je ne leur dirait pas mais je me dirais ouais celui-là n'a pas besoin des autres il est autonome il tracera sa propre ligne de conduite et peut-être même il la tracera pour faire du slalom dessus mais la paternité n'est pas dans mon futur ni rapproché ni lointain remarquez on ne sait jamais ce que la vie nous réserve je pensais adopter un chat je me disais justement tiens un chat ça pourrait être une belle expérience ça une petite créature indépendante qui va tenter de dicter ma vie non tu n'iras pas en voyage pendant un mois non tu ne resteras pas deux jours de plus à la campagne non tu ne rentreras pas trop tard et tu te lèveras quand moi j'en aurai décidé ainsi même si c'est trop tôt même si tu es un peu lendemain de brosse moi j'aurai faim et je miaulerai pour te le faire savoir j'irai te baver dans la face s'il le faut et gare à toi si tu gardes la porte de ta chambre fermée je gratterai gratterai gratterai et si un jour tu me fais dégriffer au laser chez un vétérinaire que tu paieras trop cher tu sais au fond je m'en fous je trouverai bien un autre moyen de me faire comprendre je mordillerai la porte je ferai tomber tes bibelots minimalistes de tes meubles minimalistes je pisserai dans tes bonsaïs et tu seras à ma merci tu finiras par tout faire ce que je veux mes désirs seront tes ordres tu seras récompensé de mes ronrons de ces moments privilégiés sur le sofa où je te laisserai croire que c'est toi le maître et que je te respecte mais je n'en penserai pas moins je rirai dans mes moustaches de chat je rirai de toi je me moquerai bien de tes besoins le maître ça sera moi toute ta vie finira par tourner autour de la mienne ta vie tournera en rond tu perdras tout tu seras mon esclave et tu aimeras ça tu auras peut-être enfin l'impression de servir à quelque chose je ne sais pas si un chat c'est la solution au fond la solution à quoi au juste de quoi je parlais là mes expériences sur le contenant et son rôle dans ma vie je dois le dire me font découvrir des sentiers que vraiment jamais je n'aurais explorés

vendredi 22 janvier 2010

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amateurs de minimalisme ceci risque d'être mon message au titre le plus court il signifie peut-être la fin de ma période sans ponctuation ou du moins une pause dans cet univers libérateur qu'est l'écriture qui peut s'évader sans les barrières parfois contraignantes des virgules points de toutes sortes et autres indicateurs toujours en quête de mettre en lumière l'importance du contenant il me viendra sûrement à l'esprit d'autres expériences formelles je ne suis pas encore à l'heure des bilans de cette courte expérience mais je ne peux que remarquer que forme et fond souvent ne font qu'un je dirais même que souvent c'est le contenant qui nous dicte le contenu autour de moi présentement tout n'est que contenant d'ailleurs boîtes coffres vases bouteilles bibliothèques coffrets enveloppes cadres dévidoirs socles cartouches cases cartables casiers porte-documents armoires caissons sacs poches boîtiers porte-crayons tiroirs capsules cuves bols verres globes poubelles bacs classeurs pochettes tubes réceptacles urnes mallettes flacons dossiers coffres-forts portefeuilles et j'en passe c'est sans parler de tous ces contenants plus abstraits tout ceci sans même bouger sans même me lever de ma chaise tous ces objets sont autour de moi je vous le jure et pourtant au premier coup d'oeil l'espace que j'occupe semble épuré mais il me contient lui aussi je les vois je peux les atteindre tous ces contenants sont à la portée de ma main ma main qui elle aussi est un contenant pour tant de choses mon cerveau contenant de tous les contenants arrive même à tout prendre cette panoplie sans fin de contenants je peux bien être obsédé notre monde n'est qu'un amas de coquilles de coques et de cocons c'est sans fin sans fin sans fin.

jeudi 21 janvier 2010

!

c'est comme une drogue se sentir comme dans un carcan toutes ces années réaliser que certaines choses ne sont pas utiles passer à l'action c'est toute une évolution non retourner en arrière c'est pour moi non merci la liberté quel bonheur s'encroûter mais pourquoi faire autrement c'est un vrai soulagement la clarté non

C'est comme une drogue. Se sentir comme dans un carcan toutes ces années, réaliser que certaines choses ne sont pas utiles, passer à l'action: c'est toute une évolution, non? Retourner en arrière, c'est pour moi: «non, merci». La liberté, quel bonheur! S'encroûter, mais pourquoi? Faire autrement, c'est un vrai soulagement. La clarté? Non!

C'est, comme une drogue, se sentir dans un carcan. Toutes ces années, réaliser. Que certaines choses ne sont pas utiles! Passer à l'action, c'est toute une évolution? Non! Retourner en arrière, c'est pour moi, non? Merci, la liberté. Quel bonheur? S'encroûter, mais pourquoi faire? Autrement, c'est un vrai soulagement la clarté? Non...

C'est, comme, une drogue, se sentir. Dans un carcan, toutes ces années! Réaliser (que certaines chose ne sont pas utiles), passer à l'action, c'est toute une évolution: «non»... Retourner, en arrière, c'est pour moi: «non, merci la liberté». Quel bonheur! S'encroûter, mais! Pourquoi? Faire autrement, c'est... Un vrai soulagement, la clarté: non.

C'est. Comme une drogue, se sentir dans? Un carcan toutes... Ces années: «Réaliser que», «certaines choses ne sont pas», «utiles». Passer. À l'action, c'est toute! Une évolution, non, retourner en arrière, c'est. Pour moi! Non? Merci! La liberté, quel? Bonheur: s'encroûter, mais... Pourquoi? Faire autrement, c'est un vrai. Soulagement. La clarté: «Non!»

C'est, comme. Une drogue (se sentir dans) un! Carcan, toutes! Ces années réaliser. Que certaines choses. Ne sont pas utiles, passer... À l'action, c'est toute une! «Évolution», non... «Retourner», en arrière. C'est pour. Moi, non. Merci, la! Liberté (quel), bonheur. S'encroûter (mais pourquoi faire), autrement, c'est un... Vrai. Soulagement, la... (Clarté Non)

C'est comme une drogue, se sentir dans un carcan toutes ces années. Réaliser que certaines choses ne sont pas utiles, passer à l'action? C'est toute une évolution, non, retourner en arrière? C'est pour moi. Non, merci, la liberté! Quel bonheur, s'encroûter! Mais, pourquoi faire autrement? C'est un vrai soulagement, la clarté, non?

mercredi 20 janvier 2010

...

bon je pense que j'ai trop aimé ça hier écrire sans ponctuation c'est très libérateur vous avez pas idée alors vous êtes mieux de vous habituer ça pourrait durer encore quelques jours tout ça je sais que ça demande peut-être un effort supplémentaire pour lire mais dites-vous que vous avez vous aussi beaucoup plus de liberté de toutes façons je suis pas un cave je sais bien que ceux qui me lisent y en a-t-il doivent bien parfois sauter quelques mots faire du surf sur les lignes de ce blogue pour en rechercher l'essentiel l'essentiel justement c'est quoi encore c'est vraiment important l'essentiel peut-être pas autant qu'on veut nous le faire croire je ne veux pas dire que l'essentiel c'est pas important mais des fois j'ai le goût de me dire les nerfs les nerfs pour quoi faire qu'on s'ennarve de même maudit l'être humain est bien la seule créature à se faire autant de sang de cochon à propos de tout et de rien en fait je devrais dire le nord américain des classes moyenne ou supérieure qui parce qu'il a tout s'imagine un vide c'est peut-être vrai que quand on garde tout pour nous mêmes il reste plus grand chose autour à regarder ça peut paraître vide en effet quand on a rien c'est dur de ne pas penser à nos amis haïtiens au fait avez-vous donné moi pas pas encore en tous cas je devrais bien non eh bien eux ils leur reste tellement peu que ça doit être plus facile de rêver moi demain j'aimerais manger un peu avoir de quoi à boire pour mes enfants en tous cas ceux qui restent je ne dis pas qu'ils ont de la chance mais juste que mon petit ego de nord américain de classe moyenne certains diraient même plus arrive à vouloir s'accaparer cette facilité à rêver c'est super égocentrique je sais ça n'a pas de bon sens d'être jaloux de la misère des autres moi moi moi c'est tout ce qui me préoccupe au fond moi moi moi quand je pense à ça c'est sûr que je culpabilise mais arrive un moment où je me dis les nerfs arrête-moi ça ça sert à quoi au fond à rien et là je prépare des côtes levées au four une recette géniale trouvée sur internet et je me dis que ça sert au moins à quelque chose que j'ai la chance de vivre les rêves que j'envie chez les autres alors je me sens bien je me sens heureux je me sens libre c'est niaiseux hein

mardi 19 janvier 2010

.,;:!?()

aujourd'hui une autre expérience celle d'éviter la ponctuation la ponctuation c'est la grande organisatrice de la langue sans elle impossible de comprendre ce qui est écrit impossible peut-être pas en effet pourquoi cette manie de vouloir toujours tout organiser tout contrôler de quoi ai-je peur faire confiance aux autres c'est possible les mots jetés au vent n'auraient-ils donc aucun sens que sont les mots de toutes façons organiser un tiroir à épices c'est sain c'est vraiment pratique je vous le jure d'accord j'ai surpris quelqu'un lors d'un souper de noël en lui disant que je classais mes épices par ordre alphabétique lui ne pouvait pas y croire il a eu un geste de recul en fait il venait de parler des ces annonces à la télévision où des névrosés je cite ont un rapport maniaque avec leur nourriture et surtout leurs cuisines il parlait surtout du gars qui est très fier de son armoire à épices ce à quoi j'ai répondu que moi je trouvais que oui c'était vrai qu'il tombait sur les nerfs mais que je trouvais aussi que son armoire à épices était loin d'être maniaquement organisée à mon avis il m'a regardé d'un air surpris et je lui ai dit que chez moi les épices étaient classées par ordre alphabétique dans un tiroir qui contient huit rangées de huit pots soit 64 pots identiques bien sûr qui sont identifiés par des étiquettes que j'ai imprimées moi-même avec mon ordinateur j'ai aussi spécifié que j'avais établi un code de couleurs afin de repérer plus rapidement les herbes étiquettes vertes et les autres épices étiquettes variant du ivoire au brun foncé en passant par une gamme de jaunes d'orangés et de rouges après ça le gars a changé le sujet et n'a plus eu l'air de s'intéresser à ce que j'avais à dire c'est pas grave je ne le juge pas mais je me demande encore aujourd'hui qu'est-ce qui lui a fait si peur pourquoi certaines personnes ont si peur de faire un peu d'ordre l'ordre ça n'a jamais tué personne à ce que je sache c'est pas parce que je classe mes épices pour me permettre de cuisiner avec plus de facilité chercher des chose ça m'enrage que voulez-vous que je vais me mettre à assassiner des gens les couper en morceaux et classer leurs morceaux dans des tupperware ça ne fait pas de moi quelqu'un de déséquilibré la preuve c'est que je suis capable de créer des entorses à mes systèmes de classement pour toutes sortes de raisons par exemple les feuilles de laurier sont dans un plat carré plus grand placé derrière les 64 autres pots j'ai aussi deux autres de ces pots carrés pour contenir certains restes des fois en achetant en vrac ça ne rentre pas complètement dans les pots le miracle c'est que ces trois pots carrés les uns à côté des autres mesurent exactement la largeur de mon tiroir tout comme la grille de huit par huit remplit parfaitement l'espace du devant du tiroir c'est un petit miracle de la vie ça il faut être à l'écoute de ces petits moments de bonheur jamais je n'aurais pu planifier ce genre de hasard le choix de pots à épices sur le marché est tellement limité vous savez et je n'ai tout de même pas fait faire ces pots-là sur mesure dans une usine chinoise je ne suis pas maniaque au contraire mais me priver de ce système de rangement me servirait à quoi à prouver à un gars désordonné rencontré dans un souper qu'il a raison de vivre dans son désordre c'est son maudit problème s'il a besoin des autres pour se justifier en ce qui me concerne je m'assume totalement et même s'il m'arrive de vouloir expérimenter par moments la plupart du temps je reviens à mes bonnes habitudes je suis ouvert moi je ne juge pas les autres ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent vivre et laisser vivre c'est un cliché mais au fond je crois à ça moi pas vous

lundi 18 janvier 2010

L'organisation


Que ressentez-vous quand vous entendez ceci?

«C'est la cuisine idéale. Tout est super bien organisé!»

Si vous êtes comme moi, votre vision est positive. On ressent une paix, une joie, qui donne vraiment le goût de faire des muffins aux bleuets en n'ayant pas à vider toutes les armoires pour trouver la cannelle, non?

Maintenant, que ressentez-vous quand vous entendez ceci?

«On a fait un tellement beau voyage. C'était super bien organisé!»

Maintenant, on bâille d'ennui. On se dit tout de suite que ce voyage a dû être plate à chier à terre, entouré de monde ennuyeux comme la pluie. On a des visions de tour Eiffel visitée à huit heures le matin, à travers des fenêtres d'autobus trop climatisés et remplis de touristes japonais qui ont très hâte de voir la Belgique, l'après-midi même.

Est-ce à dire que certaines choses gagnent à être organisées et d'autres, non? Un discours bien organisé sera efficace, mais ne sera jamais aussi prenant qu'un discours improvisé. Un souper en tête à tête bien organisé peut connaître une finale super agréable. Mais une baise «bien organisée», par contre, ça doit être plate en maudit! Comment je peux voir clair là-dedans? Ma réponse à cette question doit-elle être claire et organisée ou suis-je mieux de laisser ça au hasard?

Comme dirait ma mère: «Des fois, on dirait que je l'sais pus...»

dimanche 17 janvier 2010

Edit, edit, edit

Comme vous l'aurez peut-être remarqué, la culture télévisuelle prend de plus en plus de place dans ma vie. Autrement dit, je deviens tranquillement une patate de sofa qui regarde n'importe quoi, sans discrimination. Les émissions de décoration sont mes préférées. Ça aussi, vous l'aurez sans doute deviné. J'ai un faible pour les animatrices obsessives complusives et les chroniqueurs homosexuels (quand ce n'est pas l'inverse), faut croire. Ce qui me fascine, c'est que malgré la variété d'émissions sur le sujet, il existe une pensée commune qu'on tente de nous inculquer. «Edit, edit, edit». Ce sont les trois «E» qui sont sensé nous mener à une vie meilleure. Malheureusement, la langue française échoue (encore une fois) à bien traduire cette pensée. «Edit», comme dans «montage», mais surtout comme dans «se débarrasser de ces maudites vieilles cochonneries qu'on traîne depuis qu'on avait un âge où notre bon goût n'avait pas eu la chance de se développer». C'est le fameux «SDDCMVCQOTDQOAUAONBGNAPELCDSD». Avouons que ça n'a pas le punch de «Edit, edit, edit».

Or, on nous propose, plusieurs fois par jour, lors de multiples émissions de télé, de viser le minimalisme. Bien sûr, je n'ai rien à dire contre ça. Cependant, j'aimerais ici faire un aveu. Il n'est pas toujours facile, même pour un minimaliste comme je dis l'être, de jeter des objets. «Ça pourrait toujours servir», ça, c'est un argument de base. D'ailleurs, si vous relisez un de mes premiers messages (Genèse), vous verrez qu'en ce jour d'illumination où j'ai remplacé mes vieux Tupperware dépareillés par une simple boîte de Tupperware de marque Rubbermaid, j'ai tout de même gardé les vieux contenants. «Ça pourrait toujours servir», que je me suis dit. Ma quête du moins, donc, m'a mené vers le plus.

Il y a une série télé vraiment troublante, mais fascinante. Hoarders, c'est le titre. On y voit des détraqués qui vivent dans des maisons insalubres, parmi des années d'immondices et d'objets hétéroclites. Des spécialistes, bien sûr, viennent faire un beau ménage dans tout ça, laissant les pauvres détraqués seuls au milieu d'une maison quasiment vide à la dernière minute de l'émission.

L'être humain est-il programmé pour accumuler? Est-ce un vestige du temps où, dans nos cavernes, on cherchait à rassembler le plus d'outils possibles pour notre survie? Y avait-il des femmes des cavernes obsessives compulsives ou des hommes des cavernes homosexuels pour culpabiliser les autres qui amassaient les quelques biens acquis à la sueur de leurs fronts? Nous même, en ce moment, ne vivons-nous pas carrément par dessus tout ce que nos ancêtres ont accumulé? Notre planète n'est-elle pas constituée en grande partie de toutes ces choses jetées aux ordures? À force de «edit, edit, edit», ne finissons-nous par vivre malgré nous sur notre vieux stock laid?

Je dois vous laisser pour aujourd'hui. Y'a sûrement de quoi de bon à la télé.

samedi 16 janvier 2010

Le cycle remix

Toujours en quête d'exploration, je vous offre une version remixée du Cycle de la vie. Fini, la banale chronologie! C'est tellement convenu! On se débarrasse de nos vieux principes et on brasse tout ça au son des Pet Shop Boys.

Disponible sur Youtube! Meilleure définition! Cliquez ici...

vendredi 15 janvier 2010

Le fond et la forme

Aujourd'hui, j'ai tenté une expérience difficile, mais j'étais trop curieux. Il fallait que je sache. De quoi aurait l'air ma vie si je laissais de côté certains principes (qui me semblent pourtant légitimes) qui régissent mon quotidien? J'ai donc décidé de me donner du lousse.

Voici une liste de mes troublantes et dangereuses tentatives:

  • Au gym, j'ai fait de l'elliptique pendant une durée qui n'était pas un multiple de 10, pas même de cinq. J'ai augmenté les niveaux sans aucune régularité (d'habitude, c'est à toutes les deux minutes précisément), en ne tenant pas compte du compteur, sans même faire attention aux multiples de 30 secondes.
  • J'ai arrêté une chanson sur mon iPod avnt même qu'elle ne se termine.
  • J'ai coupé du steak en lanières inégales tant aux niveaux des largeurs que des longueurs.
  • J'ai mis une boîte de chocolat dans un sac sans aucun égard à ce que le texte sur la boîte soit dans le bon sens (de bas en haut, bien entendu).
  • En ce moment, ma souris d'ordinateur est en angle avec le clavier et cet angle ne se retrouve nulle part dans la pièce.
  • Au guichet automatique, j'ai tapé mon NIP sans faire attention au rythme habituel (bi-bib, bi, bip!).
  • J'ai laissé des plis sur les coussins du sofa après y avoir fait une sieste, et même après être sorti de la maison.
  • Je ne suis pas retourné voir ces coussins depuis.
  • Je n'ai pas compté dans ma tête les tours en enroulant le fil de branchement du blender.
  • J'ai laissé le siège de la toilette levé.
  • Avec la soie dentaire, je ne suis pas passé dans le même ordre que d'habitude (le «bon» ordre) et je suis même revenu deux fois entre les même deux dents.
  • Je bois en ce moment de l'eau du robinet.
  • Je suis parti travailler sans vérifier si j'avais me clefs. Même pas une seule fois.
  • J'ai déposé une serviette autour du bain ni bien étalée, ni droite, ni pliée en trois. Un coin touche même au plancher. On ne pourrait même pas dire que c'est déposé négligemment, c'est juste n'importe quoi.
  • J'ai essayé de trouver ça beau, du courrier qui traîne.
  • En me changeant de bas, j'ai déplié deux bas fraîchement lavés, je les ai déposés sur le lit à côté des deux bas que je venait d'enlever, le temps de m'asseoir, et je n'ai plus su lesquels étaient les propres et lesquels les sales parce que c'était tous des bas semblables, mais j'en ai pris deux au hasard et je les ai mis.
  • Je n'ai pas mis de guillemets à «lousse», en tous cas, pas la première fois.
  • J'ai changé le rouleau de papier de toilettes sans faire attention de ne pas le mettre à l'envers (c'est à dire le bout qui pend vers le mur). Il est quand même à l'endroit, mais pas par exprès.
  • Les bouchons du jus d'orange Tropicana et du lait ne font peut-être même pas face à la porte, au moment où j'écris ces lignes et je n'irai pas vérifier.
  • Je n'appuierai pas sur le bouton de vérification d'orthographe avant de publier ce blog.
  • J'ai écrit blog sans «ue» à la fin, malgré que c'était la règle que je m'étais imposée depuis le début de ce blogue.
  • Le titre d'aujourd'hui n'a pas vraiment rapport avec le texte, mais c'est celui que j'ai écrit spontanément avant de savoir de quoi j'allais parler.
Le résultat? Je sais pas. Y'en aura même pas de conclusion.

Oups.

Un sofa fleuri, avec des rayures multicolores et un effet «peinture à l'éponge», ça a beau être plein de taches, ça paraît pas anyway. Un sofa blanc, uni, sans même une délicate rayure ton sur ton, ça ne pardonne pas.

Je m'étais promis (je vous l'avais promis aussi, le saviez vous?) d'écrire un message par jour. C'est pas compliqué, ça, un message par jour. C'est une simple question de constance. Il suffit de publier n'importe quoi (comme vous l'avez vu, des fois, je ne me suis vraiment pas gêné pour aller vers le n'importe quoi) à tous les jours, avant minuit.

Vous avez vu l'heure du message d'aujourd'hui? Minuit huit. Huit misérables minutes de retard qui viennent porter une tache (oui, je sais, une petite tache) à mon tableau jusque là impeccable. Je ne vois que ça. Pas vous? Si, au moins, ma constance avait un motif quelconque, je sais pas moi, un petit paysley discret, en gris pâle, peut-être que je serais capable de ne pas focusser sur ma tache. Mais non. J'avais jusqu'ici une constance blanche comme neige, mais voilà que tout est gâché.

Ceux qui ont des sofa à motifs qui donnent presque mal à la tête ne savent pas la chance qu'ils ont. Ces motifs, d'ailleurs, sont en général conçus afin que chacun y trouve un petit rappel de la couleur qu'il souhaite. «Tiens, regarde, la tige des feuilles de vigne des coussins matche avec mon tapis»... «Cool, j'ai trouvé le bleu-gris de mon mur dans les taches bariolées derrière les carreaux rouge vin, regarde!»... En plus, ils peuvent échapper du jus de canneberge et personne ne va s'en rendre compte. Fido peut se soulager par mégarde et il n'en restera qu'une odeur vague, elle-même presque camouflée par les splashes années 80 de couleurs variées. Avec un sofa blanc, tout paraît. La moindre poussière saute au visage.

Je me sens sale, mais il est l'heure d'aller me coucher.

Dans mes beaux draps blancs unis.

mercredi 13 janvier 2010

Remplir le vide, 2e partie

J'suis malaaaade! J'ai mal à la gorge. Un vrai rhume de gars.

C'est la troisième fois que j'efface tout. La cinquième que je change mon titre. Je dois me rendre à l'évidence: y'a des jours où on est mieux de rester couchés (ce qui décrit ma journée, à peu de détails près). Pour remplir le vide, j'ai pensé aujourd'hui à mettre une grosse photo, pour prendre un peu de place. Vous inclure une liste de sites web poches pour que vous aussi vous puissiez y perdre votre temps. Je songe présentement sérieusement à tout effacer pour la quatrième fois. Partager le vide, ça donne quoi, au fond? Je serais mieux de vous inscrire les numéros de téléphone pour venir en aide à Haïti, je sais pas, moi...

Pour remplir le vide, j'aurais pu inventer une anecdote, de toutes pièces, mettant en vedette mon tiroir à Tupperware, par exemple. Quelque chose qui raconte que j'ai trouvé un nouveau système de rangement, qui est encore plus pratique. Ou alors, pas pratique du tout, mais tellement esthétique. Que j'ai été inspiré par l'émission de télévision Steven and Chris, ce show d'après-midi animé par deux folles aux coiffures plastifiées comme des bonhomme Playmobil, regardé par des petites madames tellement contentes de se faire conseiller sur leur tenues vestimentaires ou la décoration de leur salle de séjour par deux homosexuels qui, de leur simple attirance pour les pénis dans leurs bouches (ou ailleurs), valident tous leurs choix en matière de bon goût. Aujourd'hui, le plus «viril» des deux (un maniaque qui doit classer son recyclage par couleur - je vous jure, il doit être pire que moi) faisait des desserts avec de la pâte à eggroll, des bananes et des bouts de barres Mars et rassurait ses petites madames, en badigeonnant le tout de beurre fondu, que c'était «totally guilt-free» parce que c'était pas frit, mais cuit au four.

Pourquoi je vous parle de tout ça, donc? Ah, oui. Pour remplir le vide. Je peux au moins me consoler en pensant que je ne suis pas le seul. Merci, Steven. Merci, Chris.

mardi 12 janvier 2010

DANGER!

Je suis épuisé. Fatigué mort. Tout allait bien pourtant, la journée avait même été agréable, ensoleillée, heureuse... Puis voilà que, bien assis sur mon sofa, en train de manger un délicieux spaghetti huile et ail, je vis ma vie, tout est beau et, paf, je tombe dans un état mental où mon cerveau n'arrive pas à absorber la réalité. L'événement terrible? L'émission Comment c'est fait?.

Avez-vous déjà regardé cette émission de télévision? À coups de mini reportages tournés dans diverses usines, on nous explique comment certains des objets qui nous entourent sont fabriqués. Instructif, pensez-vous? Banal, même, peut-être?

Pas du tout.

Regarder cette émission a l'effet pervers de nous ouvrir les yeux sur une réalité qui nous dépasse. Vous pensiez vouloir savoir comment se fabrique une boule de quilles, mais non. Vous ne voulez pas le savoir, je vous en donne ma parole. Il est impossible de vivre nos vies, entourés d'objets, en réalisant toutes les étapes nécessaires à leur fabrication. Bien sûr, certaines informations s'avèrent amusantes, au départ. Au départ... «Le noyau d'une boule de quilles est asymétrique. Wow. Je ne savais pas ça...» Mais ça ne s'arrête pas là. Les étapes s'accumulent, s'accumulent... Ça n'en finit plus de finir, mais impossible de changer de poste ou d'éteindre la télé. Au bout de quatre minutes, c'en est trop: on se sent dépassé, fatigué, découragé... «Tout ce trouble-là pour une boule de quilles?!» Ensuite, on pense au nombre de boules de quilles qu'on a connu dans notre vie. Puis on songe à toutes les autres, celles qu'on a même jamais vues, mais qui malgré tout existent. Les moins empathiques d'entre nous ne peuvent pas s'empêcher de s'imaginer en train de travailler au troisième polissage (qui n'est pas le dernier) de la dite boule de quilles. Une boule après l'autre... Jusqu'à quand? C'est sans fin. La planète a-t-elle besoin d'autant de boules de quilles?

On se dit qu'on va s'en remettre. «C'est juste un reportage», se dit-on. «Cool, boy...» Alors, après une courte pause et quelques phrases dites sans émotion par l'animateur (au Québec, c'est Jean-Luc Brassard), ça repart. Comment c'est fait des enseignes de barbier? Comment c'est fait des feutres? Comment c'est fait des pistolets radars? Comment voulez-vous porter avec insouciance des bottes doublées de feutres après avoir vu les innombrables étapes nécessaires à leur fabrication? Saviez-vous qu'une de ces étapes consiste à entremêler les fibres grâce à 1000 minuscules aiguilles, elles-mêmes toutes munies d'une série de cinq minuscules crochets? Comment c'est fait, au juste, une aiguille à crochets pour entremêler une des couches qui sert à fabriquer le matériau qui sera laminé, puis cousu pour former un chausson qui sera inséré dans une botte d'hiver?!

Cette dangereuse série de 13 saisons comporte 169 troublants épisodes, qui comportent chacuns quatre inquiétants reportages, qui eux-mêmes comportent de multiples déconcertantes informations sur les multiples fastidieuses étapes de la fabrication des objets. Et ce n'est pas fini. Cette série risque de sévir (à travers 180 pays) pendant plusieurs années encore, tant les objets expliqués ne forment que la pointe de l'iceberg du monde qui nous entoure.

Allez voir le site web de cette émission. Il est la preuve que des êtres détraqués se cachent derrière Comment c'est fait? (le forum est à glacer le sang). Quel est leur motif malsain?

Moi, je dis: «Danger!»

lundi 11 janvier 2010

Des fois je vidéo

Internet, c'est comme le tiroir de chevet de nos parents. On risque toujours d'y trouver toutes sortes de choses surprenantes qu'on ne sait pas trop comment analyser. Des blogues sur le Tupperware, vous savez, il y en a tout plein. Je suis loin d'être unique. C'est décevant, mais c'est la triste vérité. La plupart (en fait, la quasi totalité) va même droit au but et parle effectivement de Tupperware. Je devrais peut-être prendre note et suivre l'exemple?...

Sur le blogue «Ma vie en Tupperware», on y trouve de tout: des ensembles coordonnées à vendre, des offres alléchantes (voir photo), des conseils pratiques, des liens pour réunir la grande communauté Tupperware, des recettes et même des vidéos! Encore une fois, là où je pensais être un peu unique, je me rends compte qu'aux confins du Far-Web (ce terme n'est pas de moi), aucun
ménage n'a été fait. Le «less is more», ce n'est pas sur internet que ça se passe, je vous le jure. Un ami (et grand sage) disait d'ailleurs de YouTube que c'était la poubelle du web. Doit-on soupirer nostalgiquement en pensant au temps où les caméras vidéos étaient encombrantes, coûteuses et, surtout, peu accessibles? Lynda Reeves nous demanderait-elle : «Can accessible be a bad thing?»...

Bref, je ne peux
que me sentir humble devant la vidéo que je
vous propose, qui, je dois le dire, me laisse aussi perplexe que le sous-vêtement en filet noir avec des yeux et une trompe d'éléphant qu'un jour je trouvai dans le tiroir de la table de nuit de mon cher papa. Enfin, presque.

Allez donc jeter un coup d'oeil à ma plus féroce compétition. Cliquez ici pour ma page préférée de «Ma vie en Tupperware»!

samedi 9 janvier 2010

Le cycle de la vie

Combien de fois dans ma vie est-ce que je vais avoir besoin de vider un lave-vaisselle? C'est-tu moi, ou c'est toujours à recommencer? Aussitôt vidé, y'a de la vaisselle sale qui s'accumule et, hop, le lave-vaisselle est prêt à être reparti.

Ça, c'est sans parler du lavage. Trier le linge, mettre le linge dans la laveuse, ajouter le savon, l'assouplissant, l'eau de Javel pour le blanc, le chasse-tache au besoin (qu'on doit laisser agir une à cinq interminables minutes selon le degré de saleté), partir la laveuse, sortir le linge de la laveuse, mettre dans la sécheuse ce qui n'a pas besoin d'être suspendu, ajouter ce qui doit sécher mais juste pendant cinq minutes pour défroisser, suspendre ce qui a besoin d'être suspendu, sortir ce qui doit sécher juste cinq minutes pour ensuite suspendre, sortir le reste au bout du cycle de séchage, plier, plier, plier, trier les bas, plier, mettre en piles, ranger dans les tiroirs appropriés, dans les armoires appropriées, sur les cintres appropriés, dans la chambre, la salle de bain, la salle à dîner, partout : cette séquence prend tellement de temps dans ma vie que rendu au bout, le panier à linge sale a déjà eu le temps de se remplir. C'est ça, vivre? Un cycle incessant qui tourne en rond?

Comment faire pour avancer? C'est pas un peu décourageant, de pédaler si vite dans un vélodrome qui nous fait tourner en rond? Même le gagnant, malgré tous ces efforts, au bout de la course, se retrouve exactement là où il a commencé: au point de départ.

Et son maillot plein de sueur est dû pour le lavage.

vendredi 8 janvier 2010

Fiction minimaliste, 3e partie

Robert replace, pour la troisième fois en ligne, les coussins du sofa. Il flatte de la main le tissu de recouvrement, afin que les fibres se retrouvent dans le même sens et qu'elles fassent refléter la lumière également. Il est prêt à partir, maintenant. Il met un manteau, des bottes et se dirige vers le Faucon Noir, son bar de quartier. En entrant dans le bar, il ne peut que constater la triste ambiance. Les quelques clients sont dispersés, la plupart jouant au vidéo pocker. Heureusement, c'est Jim, son barman préféré, qui est derrière le bar.

Jim: Salut Robert!

Robert: Salut.

Jim: T'as l'air fatigué.

Robert: J'adore ça, me faire dire que j'ai l'air fatigué! On dirait que ça me fatigue, même si je suis pas fatigué.

Jim se penche vers son réfrigérateur, pour aller chercher une bière. Il la présente comme une bouteille de vin chic.

Jim: Comme d'habitude?

Robert: Oui, oui.

Jim: Je déménage.

Robert: Ah, moi, j'haïs ça, déménager.

Jim: Je m'en vais vivre à New-York.

Robert: À New-York? Qu'est-ce que tu vas aller faire là?

Jim: J'ai rencontré un gars...

Robert: Ah.

Jim: Je vends toutes mes affaires.

Robert: Tu vends tout?

Jim: Tout. Les meubles, la télé, le linge, la vaisselle. Ce qui se vend pas va prendre le bord des poubelles.

Robert: Chanceux...

Jim: Oui, j'ai toujours voulu vivre à New-York.

Robert: Non, non, je veux dire t'es chanceux de te débarrasser de tes affaires. J'ai toujours eu ce fantasme-là, moi.

Jim: Toi? Mais t'as tellement du beau stock!

Robert: Oui, je sais.

Robert boit sa bière d'un coup, fait semblant de regarder sa montre.

Robert: J'vas y aller.

Jim: Déjà?

Robert: Y'a tellement d'ambiance, ici!

Jim regarde Robert partir, mais l'arrête avant qu'il ne passe la porte.

Jim: Veux-tu ma T.V. flatscreen? 200 piasses.

Robert: J'en ai déjà une. De 50 pouces.

Jim: La mienne, c'est une 54.

Robert: OK. J'la prends.

Robert se retourne vers la porte et sort.

jeudi 7 janvier 2010

Fiction minimaliste, 2e partie

Robert est sur son canapé, MacBook sur les genoux. Il tape quelques lettres, parfois quelques mots, puis appuie sur la touche d'effacement. Ça fait plusieurs minutes qu'il est devant son écran (super plat, à la luminosité qui s'ajuste automatiquement à l'éclairage ambiant) et, entre ses sourcils, des plis de doute se creusent de plus en plus. Il regarde, pour la dixième fois en trop peu de temps, ses courriels. Rien de neuf. Il va sur eBay, tape «Tupperware vintage» dans l'engin de recherche. La recherche mène à 694 résultats. L'article le plus cher coûte 718,87. Il agrandit la photo, la sauvegarde. Un message instantané apparaît à son écran:

-BUSY?

Robert tape:

-Yes, why?

-WANNA FUCK?

-Who are you?

-SAW YOUR PROFILE ON «MANDUDE»

-Oh.

-WHAT R U INTO?

-Do you have pics?

-SURE

-Send ne one.

-OK

-Me, I meant «me», not «ne»...

-K

-I'm guessing this means that you don't really care about spelling, right?

Robert regarde l'écran. Il attend. Il court vers la salle de bain pour uriner. Il revient rapidement, sans tirer la chasse d'eau. Il tape:

-Hey, are you there?

Il attend. Il va vers la cuisine, se verse un grand verre de jus de litchi, ajoute deux glaçons, sort une lime, la lave soigneusement, mais pas aussi soigneusement que l'aurait fait sa mère, en coupe une tranche qu'il entaille et place sur le rebord de son verre. Il fait quelques pas vers son MacBook, mais revient, ouvre le congélateur à nouveau et ajoute trois glaçons à son verre. Il regagne sa place sur le canapé. Il tape:

-You there? (mais il efface aussitôt et corrige:) U there?

-SENT U MY PIC

Une photo floue apparaît à l'écran. On dirait la lune dans un télescope pas au foyer. Robert ferme le clapet de son MacBook, allume la télé. À LCN, on annonce que les jouets pour enfants et les livres ne font pas partie de la nouvelle liste des objets non admis à bord d'un avion. La double négation rend Robert confus. Il s'imagine un hochet rempli d'explosifs activé à distance par un roman Harlequin. Il se sent soulagé que personne, vraiment personne, n'a accès à tout ce qui se passe dans son cerveau.

mercredi 6 janvier 2010

Fiction minimaliste

Robert s'affaire à tailler un bonsaï. À côté de lui, les instruments sont disposés artistiquement, bien enlignés. Le téléphone sonne. Il regarde l'afficheur, hésite, mais répond.

Robert: Allô.

La mère de Robert: Allô. Je voulais surtout pas te déranger. C'est juste que j'avais une question. Je veux faire une paëlla demain pour la fête de ton oncle Reynald, et je me demandais si c'est possible de préparer ça d'avance, une paëlla.

Robert: Heu... Oui, tu pourrais bien préparer quelques étapes, mais il faut que t'arrêtes tout avant d'ajouter le riz. Tu ranges la première partie de la recette au frigidaire dans un Tupperware. (un temps) Ça te sauvera pas beaucoup de temps...

La mère de Robert: Je voudrais juste pas être trop fatiguée demain, c'est tout.

Robert: Uh-huh.

La mère de Robert: (à quelqu'un d'autre) Quoi? Attends minute, là. (à Robert) Ton père veut savoir si t'as toujours besoin de suggestions de cadeau pour ta soeur. Je l'sais que c'est un peu d'avance, mais c'est juste que Hans a mentionné qu'elle voulait un pot à thé glacé avec des verres en plastique pour la terrasse.

Robert: La terrasse? On est en janvier, maman.

La mère de Robert: Je le sais bien, mais sa fête est en juin.

Robert: Justement. OK. Je note ça. Disons que j'avais juste pas la tête à ça maintenant. Je me remets à peine de Noël.

La mère de Robert: Je le sais bien que j'te dérange, mais c'est ton père qui... (à quelqu'un d'autre) Quoi? Ah, franchement, Jacques! (à Robert) C'est ton père qui dit des niaiseries. Bon, je voulais pas te déranger trop longtemps, tu dois avoir du travail.

Robert: En fait, non, pas vraiment.

La mère de Robert: Je me demandais, ta pâte à crêpes, là, tu la fais comment, au juste?

Robert: Ben, maman, c'est toi qui m'a montré à faire des crêpes.

La mère de Robert: Je le sais bien, mais je me disais que tu ajoutais peut-être quelque chose, pour faire plus raffiné. Vous autres...

Robert: Nous autres?

La mère de Robert: Ben, tu sais ce que je veux dire... J'ai essayé d'aller sur le site du net, là, pour trouver la recette de Daniel Pinard, mais je l'ai jamais trouvé. Je voulais faire des crêpes-dessert demain, à la place d'un gâteau. Je les rate tout le temps, mes gâteaux.

Robert: Ton gâteau aux carottes est excellent. Il m'en reste un morceau que tu m'a donné dans un Tupperware au Jour de l'An.

La mère de Robert: Je le sais plus, me semble qu'il était plus sec que d'habitude.

Robert: Non, non...

La mère de Robert: Bon, moi qui voulais pas te retenir trop longtemps, me v'là que je parle, pis je parle...

Robert: C'est pas grave. En fait, j'avais vraiment rien à faire.

La mère de Robert: C'est pas comme ton père. Y travaille tout le temps. Depuis qu'il a pris sa retraite, il est plus occupé que jamais. (à quelqu'un d'autre) Quoi? Minute, là. (à Robert) M'attends-tu une minute?

Du bruit se fait entendre chez la mère de Robert.

La mère de Robert: (essoufflée) Ton père veut savoir si t'as toujours besoin des plats de chinois, pour classer tes vis. On faisait du ménage au sous-sol, pis il a trouvé une boîte pleine.

Robert: Ça peut toujours servir...

La mère de Robert: Dis moi-le si t'en as pas besoin. Je voudrais surtout pas t'encombrer. Nous, on les ramasse pour toi. Je peux demander à ton père de tout mettre ça au recyclage...

Robert: Non, non, je vas les prendre. J'pensais...

La mère de Robert: Yippppe! Je viens d'échapper ma petite boîte de safran. Attends minute, là...

Robert: Bon, ben, j'vais te laisser ramasser ça.

La mère de Robert: Tu me rappeleras, là, qu'on se parle un peu.

Robert: Oui, maman. J't'embrasse.

La mère de Robert: Moi aussi. Bye.

Robert s'assoit, remet le bonsaï à sa place, range les outils et ouvre la télé. Martha Steward prépare un croquembouche.

mardi 5 janvier 2010

Psycho-pop!

En avez-vous assez de tous ces «motivateurs» et de ces livres de psycho-pop qui nous révèlent enfin la bonne façon de vivre nos vies? Moi oui.

Souvent à coups d'anecdotes improbables (du genre «Ma mère a toujours coupé les bouts de son jambon, elle a appris ça de sa mère, qui faisait pareil, alors moi aussi, pendant des années, j'ai coupé les bouts de mon jambon jusqu'au jour où ma grand-mère m'a dit qu'elle coupait les bouts de son jambon parce que sa casserole était trop petite...») ou de métaphores boiteuses («Les meilleurs joueurs de baseball ratent leur coup 7 fois sur 10, mais ils se présentent 10 fois au bâton!»), on nous fait croire, l'espace d'un instant, que nous connaîtrons enfin les vraies réponses à nos questions. Ça rassure, faut croire, mais ça ne dure jamais longtemps. Pas grave, un nouveau livre sera bientôt en vente, dans la section «coups de coeur» chez Renaud-Bray.

En fait, si j'ai appris une chose de ces «philosophies à 24,95$», c'est qu'il y a trois genres de personnes: les lecteurs de ces livres, les auteurs de ces livres et les autres. Après avoir fait partie des catégories «lecteurs» et «les autres», pas plus fou qu'un autre, il me reste peut-être à en écrire un?

Alors voici, pour vous, un premier jet en point par point (ça pogne tout le temps, ça, des «point par point») de ma philosophie de vie.
  • Oubliez tous les autres livres de psycho-pop que vous avez lus dans votre vie, parce que celui-ci est différent.
  • Un livre de psycho-pop qui commence en se disant différent des autres livres de psycho-pop, c'est un premier signe qu'il faut se méfier et arrêter de lire.
  • Si ça vous prend un livre pour arriver à vivre votre vie, aussi bien que ça soit vous qui l'écriviez. Mais faites-le pas lire aux autres, OK?
  • Si vous lisez ceci, arrêtez de lire tout de suite et allez faire autre chose, je sais pas, moi, un jambon... n'importe quoi!
  • J'ai dit: «arrêtez de lire», compris?
  • Ma grand-mère ratait son jambon 7 fois sur 10, comme une casserole trop petite qui joue au baseball avec un bâton qui a les bouts coupés.
  • Je vous testais.

lundi 4 janvier 2010

Et vous, comment valez vous?

Nos vies se valent-elles toutes? Si vous pouviez sauver d'un incendie Robert Lepage ou le gars qui annonce les Shamwow, qui choisiriez-vous? Voyons les choses en face: certains d'entre nous sont plus inutiles que d'autres. «Oui, mais la vie humaine n'a pas de prix», et gna-gna-gna... Arrivez avec Mario Dumont dans vos bras plutôt qu'Oprah Winfrey, regardez bien la bette des gens qui vous attendront aux abords de l'avion en feu dont vous sortez et venez me dire que personne n'avait l'air choqué, déçu ou même légèrement surpris.

Pourquoi je pense à ça?

Je sais pas. C'est peut-être parce que je reviens de voir Avatar, et que j'ai trouvé ça tellement beau que je ne pouvais pas imaginer m'asseoir pour créer mon message d'aujourd'hui. Tout ce que je me voyais écrire me semblait insignifiant. Laid, même. Un laid même pas drôle. «Mais, ça n'a rien à voir!», certains me diront. Peut-être, mais reste que pendant que certaines personnes travaillent dur à des projets remplis d'imagination qui seront vus par des millions de personnes, il est légitime de se trouver poche alors qu'on écrit des platitudes sur un blogue qui sera lu par 13 personnes au maximum (et je sais que c'est moins que ça).

«Y'est depress, le Robert, aujourd'hui!». Non. Juste en train de douter. Ça sert à quoi, ce que je fais? Ça ajoute quoi au monde, ce que j'écris? Je sers à quoi?

Disons qu'un paquebot coule et qu'il ne reste qu'une place dans le dernier canot de sauvetage et que James Cameron et moi, on flotte pas trop loin, lequel de nous deux va recevoir la bouée de sauvetage?

Allez donc voir Avatar, maintenant.

dimanche 3 janvier 2010

La laideur

C'est drôle, des choses laides. Vous trouvez pas? Moi, oui, en tous cas. Heureusement, nous sommes entourés de laideur, partout, alors j'ai beaucoup d'occasions de rire. Les beaux objets (bien sûr, il y en a) sont faciles à remarquer, parce qu'ils détonnent avec le reste. C'est le triste sort de la beauté: ne jamais vraiment trouver sa place. En marchant sur la rue, je ne peux pas m'empêcher de remarquer les façades laides de la plupart des édifices. La laideur de la plupart des voitures. Les vitrines des magasins sont, la plupart du temps, affreuses. Vous n'aviez jamais remarqué? Peut-être que c'est parce que les quelques belles vitrines nous frappent davantage, mais je vous le jure, en majorité, c'est laid. Et risible.

Regardez bien les emballages des produits au supermarché. C'est laid. Les marques sans nom gagnent peut-être la palme, mais même les «grandes» marques rivalisent en graphisme confus, en couleurs criardes et en photos pathétiques. J'observais une boîte de Kraft Dinner et, malgré une base qui n'est pas si horrible, on y avait ajouté toutes sortes de messages («option santé», «maintenant plus crémeux», «gagnez un voyage en Suisse», etc.), sans aucune considération pour une charte de couleurs, en mélangeant les typographies, en masquant la photo des macaronis avec des formes explosives contenant un horrible texte. Plus haut, sur une autre tablette, une version décolorée du même produit dans une boîte de marque maison avait encore moins d'allure.

Le métro de Montréal, qui avait pourtant débuté sa carrière plutôt en beauté, est rendu affreux. Partout, on y a ajouté des panneaux publicitaires criards (ne me partez pas sur la publicité qui nous hurle en plein visage, c'est assez pour que je lance un appel au boycott), des rénovations déprimantes (il faut voir le plancher du métro Beaudry, qui allie sans aucune gêne le beige, le brun - jusque-là ça va - avec des tuiles rose cendré, mauves et bleu clair. Montez vers la sortie et découvrez une nouvelle panoplie de styles incompatibles. Jean-Paul Mousseau, à qui on avait fait appel pour donner une signature visuelle au réseau du métro, doit se retourner dans sa tombe. Moi, je trouve ça laid et ça me fait rire, au fond.

Le plus drôle, et c'est vraiment tabou d'en parler, c'est le monde laid. Allez, allez, ne vous retenez pas... Je sais que ça vous fait rire aussi. Ça va rester entre nous. Vous n'avez pas ri en voyant Susan Boyle la première fois? La toute première seconde, avant qu'elle ne chante? Juste avant de nous prouver que les gens laids peuvent avoir du talent (ce que je ne conteste pas), Susan Boyle nous a bel et bien prouvé que la laideur faisait rire. Ne voyez aucun mépris dans cette phrase. Je constate, c'est tout. Pour prouver ma bonne volonté, j'ajouterai que souvent, ce qui est le plus laid (et le plus drôle), c'est ce sur quoi les gens ont un certain contrôle. Des coiffures laides, vraiment, ça court les rues. Les participants d'Occupation Double en sont la preuve. Les vêtements, c'est souvent très laid, aussi. Une visite au Village des Valeurs («Quoi, y'a quelqu'un qui a porté ça?!» - «Pire, y'a quelqu'un qui a fabriqué ça!»), c'est une bonne dose de rire garantie.

La quasi-totalité de la planète vit dans des maisons laides mal décorées. Presque tout le monde, en fait, a au moins un meuble laid dans sa maison. Un souvenir de voyage laid. Un tableau laid. Un dessin d'enfant sur une porte de réfrigérateur, touchant, oui, mais crissement laid.

Oups. Je suis allé trop loin. Et je vous entends penser. Vous vous dites «Ce gars-là est complètement insensible. C'est un monstre! Pour qui se prend-il?». Vous avez raison. C'est laid ce que je dis. Mais la laideur fait partie de notre monde. Mieux vaut en rire, non?

Reste que juger les gens sur ce qu'ils écrivent, ça aussi c'est laid. Très laid...

samedi 2 janvier 2010

Trop, c'est trop

«Trop, c'est trop. Défaisez-moi ça, ces sapins de Noël là! On est pus capable!!!»

(Entendu au bowling Ontario, samedi 2 janvier 2010, vers 14h30)

vendredi 1 janvier 2010

Trop ou trop peu dépasse mesure (aime dire ma mère), 2e partie


En ce premier jour de 2010, je constate que j'ai encore une fois commis certains excès: trop de bouffe, trop de boisson, trop de repos. Oui, oui, trop de repos. Est-il possible de se sentir trop reposé? Il serait mal venu de me souhaiter plus de stress, et pourtant. Mon état de repos a fait déborder la tasse (je mesure le repos en tasses et non en grammes, comme la farine). Bon, je sais bien que le travail se pointera bien le bout du nez bientôt, mais aujourd'hui, après une longue nuit de sommeil suivie d'une belle grosse sieste d'après-midi, je rangeais la maison et je me suis vu, en train de classer mes casquettes par catégories (sport, logos corporatifs, marque Von Dutch, marque D-Squared, souvenirs de voyages) et je me suis dit que ce genre d'activité est vraiment réservée à une élite qui n'a pas beaucoup de soucis. Ou à un détraqué dangereux.

Suis-je devenu un excessif du temps libre et de la paix de l'esprit? Suis-je tombé du côté sombre? Suis-je récupérable?

La mesure, c'est comme l'équilibre: c'est un objectif à atteindre, mais qui, lorsqu'atteint, nous prouve que nous avons raté la cible. Être parfaitement mesuré, c'est excessif, quoi. Je pense être tombé dans cet excès. Fatigué ou stressé, jamais je n'aurais pris le temps de classer mes casquettes. Être reposé est propice à la mesure. Là, l'année commence et je fatigue à l'idée de n'être aucunement fatigué. Vous m'suivez?

Moi non plus.

Je pense que je vais aller dormir là-dessus.