Bien rincer un couvercle de chaudron, et l'essuyer pour le ranger plus poli que jamais. Avec l'ongle de l'index, recouvert d'un linge à vaisselle neuf et blanc immaculé, essuyer même dans l'encavure qui permet au couvercle de s'imbriquer sur le dessus du chaudron. Frotter avec des gestes circulaires, même le dessous, afin d'éliminer toute strie due à une accumulation de savon ou à une minime trace de gras. Au lave-vaisselle, jamais ce couvercle ne ressort aussi brillant. Replacer le couvercle sur le chaudron, en s'assurant de bien enligner la poignée du dessus du couvercle avec celles des côtés du chaudron. Ranger sans faire de bruit dans l'armoire, avec les autres chaudrons, sans cogner, sans brusquer. Toutes les poignées se retrouvent dans le même sens. Les chaudrons sont disposés harmonieusement, comme dans un beauty shot de magazine glacé, mais caché, derrière une porte d'armoire. Il n'y a que moi qui le sais. Moi et les chaudrons. Vous aussi, maintenant, peut-être...
Plier des serviettes de bain blanches, en trois, puis encore en trois. Les étiquettes sont toutes camouflées à l'intérieur, dans le premier repli, du même sens. Les largeurs et les profondeurs sont identiques, d'une serviette à l'autre. Empilées, on dirait une publicité de détersif. Tout est duveteux, aérien. Les plis nous font face, tout en rondeurs. Les bouts, moins esthétiques, se retrouvent vers le fond de la lingerie, mais même de dos, ce serait beau. C'est juste que de face, c'est encore mieux. C'est l'harmonie. On voudrait laisser tomber sur le dessus de la pile une bouteille d'assouplissant textile, pour la regarder rebondir, au ralenti. Ça sent le printemps.
Laver un chandelier qu'on ne lave pas souvent. Sa cloche de verre est un peu noircie. C'est la faute de la flamme. On n'y échappe pas. Ça va noircir, c'est sûr. Longtemps, on tente de regarder ailleurs, de ne pas remarquer, de ne pas insister sur ce détail. Aujourd'hui, on s'y met. On passe le chandelier à l'eau chaude, avec un peu de savon à vaisselle. La vielle cire fondue incrustée au fond du globe de verre se détend. Elle se détache, en plaques. Chaque morceau qui se détache est une victoire. La satisfaction monte, monte, alors que la cire est jetée morceau par morceau à la poubelle. L'eau chaude, mêlée au savon, fera disparaître toute trace de cire, toute trace noire de suie. Avec un papier essuie-tout, on essuie, on fait briller. On ne veut pas noircir un linge à vaisselle pour ça, au cas où il resterait des petites traces noires malgré l'eau et le savon. Mais même l'essuie-tout ressort humide mais propre. On va chercher une bougie neuve, blanche, pour la remettre dans le chandelier. La mèche est légèrement penchée sur le côté. Entre notre pouce et notre majeur, on la caresse d'un petit coup et elle se dresse, blanche, prête à s'enflammer.
Ces petites tâches ménagères, effectuées ainsi, ne prennent pas plus de temps que d'habitude. Juré. Seulement, aujourd'hui, on a su apprécier. On a su se rendre compte du bonheur.
Du bonheur caché.
Ça me donne le goût de faire du lavage...
RépondreSupprimeril manque juste un chaton angora blanc qui se frotte sur les serviettes!
on la caresse d'un petit coup et elle se dresse, blanche, prête à s'enflammer la satisfaction monte, monte je comprends le sourire repu de tes serviettes. combien de chaudrons as-tu donc ?
RépondreSupprimerJe devrais peut-être ici spécifier que lorsqu'on parle de chaudron, ici, on se réfère à une simple casserole...
RépondreSupprimerJ'en ai donc un assortiment, du plus petit pour les petits pois, au plus gros pour les homards.
et pour les chaudrons vous dites quoi ? casseroles ?
RépondreSupprimerHahaha! On redit «chaudron» et on espère que le contexte fera le reste!
RépondreSupprimer(Il nous arrive aussi de dire «casserole», ceci dit.)