Il n'y a souvent pas de raison valable, mais je me sens juste vidé. Pourtant, je me dis qu'il doit bien y avoir du monde qui travaille beaucoup, beaucoup, plus fort que moi. Certaines de ces personnes ont peut-être un enfant. Deux. Trois. Dont un autistique. Trois écoles différentes. Un a ses cours de piano les mercredis. L'autre joue au soccer l'été et au hockey l'hiver. Debout à 5h00 du matin. Il faut l'encourager. Ces gens-là doivent peut-être se taper des heures de transport dans une auto qui coûte trop cher pour aller travailler, matin et soir, pris dans les bouchons sur les ponts. Il y en a parmi eux qui doivent terminer des études le soir, en plus de tout ça. Certains sont sans doute obligés d'aller passer de fréquents tests médicaux pour leur problème à l'intestin grêle. On ne sait pas ce qu'il ont, mais avec une visite à l'hôpital par semaine (pas celui près de la maison, l'autre), on espère un jour trouver. Mais ils doivent continuer à travailler. Dur. À soulever des objets lourds toute la journée sous la lumière crue de fluorescents trop blancs, qui produisent un bruit aigu constant, mais présent, toute la journée. À calculer des colonnes de chiffres minuscules sur des pages blanches reproduites en plusieurs copies, entourés d'humains habillés sobrement qui parlent de leurs paiements d'hypothèques pendant les courtes pauses midi qui ne laissent que le temps nécessaires pour manger les restes de la veille à même des Tupperware jaunis. À récurer des toilettes, des toilettes de vieillards malades blancs comme des draps, des toilettes de centres d'achats, de tours à bureaux impersonnelles, de chambres d'hôtel bon marché. Les moins chanceux sont de nature triste, n'aiment pas rire ou ne rient jamais. Ils ne se souviennent plus comment. Pendant les quelques courts moments où ils peuvent décrocher, ils ont à peine la force de fixer leurs écrans de télévision. Les images bougent. Aucun sens. Ça hypnotise.
Des fois, je pense à tout ça et je me dis que j'en ai, de la chance. Pour vrai. Mais il m'arrive de ressentir une certaine fatigue. De me sentir vidé. Pas le droit. Injuste. Se plaindre le ventre plein.
Alors je me dis que ce vide ne pourra que laisser place à du meilleur. L'effet vacuum essentiel au mouvement. Le «less is more» mis en application.
Je m'en dis, des affaires, des fois...
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