mardi 20 avril 2010

Se contenir

Les interdictions, ça vous fait quoi, vous? Moi (et c'est peut-être mon petit côté rebelle - bien caché au fond de moi), ça me donne envie de faire à ma tête.

Aujourd'hui, j'attendais patiemment ma commande chez Ashton (le retour d'une tournée est souvent ponctué d'une visite éclair dans un fast-food - un Ashton indiquant encore plus précisément qu'un GPS qu'il est question d'une tournée près de la ville de Québec) et j'ai vu cette bouteille de nettoyant, au bout du comptoir, à côté d'une guenille douteuse (photo). Au premier regard, je n'ai vu qu'une simple bouteille de nettoyant en plastique, probablement remplie d'un toxique liquide antibactérien à odeur de net et un linge répugnant. Mais comme mes deux cheeseburgers se sont fait attendre un peu, j'ai eu ces quelques secondes libres de plus pour que mon esprit s'évade et qu'il transforme ma vision des choses.

J'aime lire. Je lis de tout. Les boîtes de céréales, les journaux à potins, les sous-titres de films même si j'en comprends la langue parlée, les emballages de Swiffer, les instructions sur les portes des autobus, vraiment de tout. Même des livres, de fois. Je recherche la lettre. Je scrute mon espace environnant et je déniche tout ce qui est écrit. C'est un réflexe d'humain, je crois.

Il ne m'en fallait pas plus pour tenter de déchiffrer l'écriture sur le torchon (sans succès, mais il y a un mot avec les lettres «AUR» dans cet ordre - des suggestions?). Bien sûr, il n'était pas question que je touche à cet amas de microbes et de traces huileuses (en manger plus tard, ça, ça allait, mais il ne fallait pas que j'entre en contact avec cette guenille). Déçu, mon besoin de lecture persistait. Je devais lire quelque chose. N'importe quoi. Le menu affiché au dessus du comptoir? Terminé depuis longtemps (un récit sans surprises, vraiment). Alors, je me suis penché par dessus le comptoir et j'ai retourné la bouteille, par instinct.

«DO NOT DRINK».

Mon premier réflexe a été de penser que si, moi, je ne pouvais pas m'empêcher de lire tout et de n'importe quoi, il devait y en avoir d'autres qui avaient l'obsession de l'écriture. «Do not drink» ne me semble vraiment pas une indication nécessaire. C'est beau la prudence, la sécurité au travail, mais n'y a-t-il pas des limites? Il est rare que je sois poussé d'une envie de boire d'un produit dans ce genre de bouteille aérosol. Vous?

Ensuite, le rebelle en moi s'est éveillé. «Do not drink»? Ah, oui, ben tu vas voir! Je vais boire de ce détergent si je veux bien! Ma conduite ne sera pas dictée par quelques lettres majuscules bleues imprimées par quelqu'un qui ne doit jamais prendre de risques dans sa vie. «Do not drink»?! Je vais «drink» si je veux, OK? Tout à coup, j'ai trouvé le liquide attrayant. J'ai imaginé sa saveur (j'ai hésité entre houblon et bergamote). J'ai voulu connaître la sensation sur ma langue. Un petit coup. Pchittt! Ça piquerait? Ça chaufferait? Ça produirait des petites cloques purulentes dans ma bouche? Mon rebelle était de plus en plus intrigué.

C'est à ce moment que mes cheeseburgers sont arrivés et j'ai eu à peine le temps de prendre une petite photo avant de reprendre la route.

Comme quoi c'est vite contenu, un «côté» rebelle.

On est rebelle ou on l'est pas.

3 commentaires:

  1. Ce que tu n'as pas lu, c'est le do not eat avant d'entrer dans le fast-food, pis t'en as mangé quand même...!

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  2. Vraiment, Robert, c'est la grande forme en tournée. Les calories vides du Ashton t'ont poussé encore plus loin dans ta quête de profondeur du superficiel. Bravo Asthton ! Et dire que c'est ta fête en plus. Bonne fête à mon MEILLEUR AMI LE PLUS DRÔLE DE TOUTE LA PLANÊTE ENTIÈRE !

    miro

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  3. Je n'ai qu'un mot (pas vide du tout): MERCI!!!

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