lundi 12 avril 2010

Sous la casquette...

J'avais un super bon sujet pour mon blogue d'aujourd'hui. Vraiment. C'était subtil, tout en nuances. Ça tissait de nouveaux liens entre contenu, contenant, bref, tout ce qui fait de Tupperwareblog Tupperwareblog. Je soupais et j'ai dit: «tiens, ça va être ça mon sujet du jour». Vous êtes agacés, je le sens. Vous vous dites: «non, mais, c'est quoi son sujet, câlinne de binnes!». Peut-être choisissez-vous un juron plus personnel? «Hostie», «diantre», «zut», «saperlipopette», je sais pas, moi. Vous vous demandez pourquoi je tourne autour du pot? Vous pensez que mon sujet est trop indigne, ou carrément pornographique? Pas du tout. Mon sujet, je l'ai simplement oublié juste avant de m'asseoir pour écrire. Voilà tout.

C'est étrange, un cerveau. Ça emmagasine, ça accumule, mais ça ne donne pas toujours accès à tout. Pas tout en même temps, en tous cas.

Bien sûr, ce serait invivable d'avoir à l'esprit tout ce qui se trouve dans notre cerveau. Imaginez la scène. Tous les noms de toutes les personnes que vous avez déjà rencontrées, tous les numéros de téléphone, toutes les adresses, toutes les instructions de lavage de vos articles délicats, toutes vos leçons du primaire, toutes les chansons que vous avez déjà entendues, tous les souvenirs d'enfance (même les plus banals, comme cette fois où vous êtes allé acheter des souliers bruns avec des semelles en gomme en compagnie de votre mère qui vous a choisi les souliers les plus inconfortables du magasins dans le seul but que vous ayez des souliers neufs pour votre premier jour en troisième année même si en fait septembre était déjà terminé mais que votre mère avait d'autres choses à faire au mois d'août que de courir les centres d'achats avec vous qui détestiez les centres d'achats à moins d'avoir la permission de faire un petit tour sur le cheval de bois mécanique qui en fait n'était pas réellement en bois mais bien juste en fibre de verre), tous les noms de fleurs, tous les prix de toutes les tomates italiennes en boîtes, tout, absolument tout: ça flotte dans votre esprit, mêlé à tout le reste. Et vous ne devez que dire votre propre nom.

Un cerveau qui donnerait accès à tout, en même temps, 24 heures sur 24, nous mènerait droit vers la folie.

Alors, notre cerveau fait du rangement. Il classe les informations. Il en place certaines à portée de main, d'autres plus loin. Comme le sujet de mon blogue d'aujourd'hui. Je sais qu'il est stocké quelque part dans cette masse visqueuse, elle-même stockée dans une belle boîte pratique, ma boîte crânienne. Quelque part, mais où?

Il m'arrive souvent de ne plus savoir où mon cerveau a rangé mes affaires. Mon cerveau, c'est comme un colocataire zélé fanatique du ménage, mais qui n'est jamais prêt à m'aider quand j'ai besoin de lui.

Je cherchais le nom, là, du peintre, là vous savez, là, celui qui peint du monde en gros plans, t'sais, là, celui qui peint du monde de dos en manteau d'hiver, le Canadien, là, l'hyperréaliste, t'sais, il a été exposé au Musée d'art contemporain, comme l'an dernier, là, ou peut-être l'année d'avant, t'sais on voit tous les détails, comme disons qu'il peint une casquette avec du grillage en arrière, là, t'sais, il peint chaque ligne du grillage individuellement, avec chacune sa petite ombre et chacune sa petite lumière et dans chacun des petits trous carrés du grillage, derrière, on voit les cheveux qui sont sous la casquette, avec les cheveux peints un par un avec un pinceau minuscule probablement à juste un poil, l'hyperréaliste, là, ben, je pense que c'est de l'hyperréalisme, là, je vois un «K», il y a un «K», me semble, c'est quoi son nom, donc?

Mon cerveau avait cru bon ranger ce nom pas mal vers le fond, en arrière du nom des capitales mondiales et des paroles d'Ô Canada.

On a beau ouvrir la porte de notre cerveau, entrer, tasser tout ce qui se trouve sur notre passage, on n'arrive pas à trouver. On s'énerve. En tassant tout, on se rend compte d'une chose: malgré la multitude d'informations dans notre cerveau, le gros de l'espace est plutôt vacant. On tombe sur des tablettes complètement vides, des tiroirs avec rien dedans, des pièces de rangement pas encore utilisées, aux planchers poussiéreux et aux plafonds acoustiques souillés de taches d'humidité. Plus on cherche, plus ça semble vide.

On essaie de se convaincre d'arrêter. Que ce n'est pas si important que ça. Qu'il y a des moyens extérieurs pour trouver à notre place: des dictionnaires, des sites web, des amis qui retiennent tout, eux. Mais on demeure frustré. On s'entête.

Souvent, comme ça, au milieu d'une phrase ou d'une activité qui ne sollicite notre cerveau qu'autant que si on était un iguane, ça nous vient, d'un coup KAREL FUNK, un petit coup qui fait du bien, mais qui arrive trop tard.

Des fois, ça ne revient jamais. Ça accumulera de la poussière, bien caché, dans notre petite tête, sous d'autres informations plus ou moins utiles, sous cette masse gluante et supposément grise, sous notre crâne, sous nos cheveux (s'il nous en reste) et, les jours de pluie, peut-être même sous une casquette.

Alors, aussi bien oublier ça.

5 commentaires:

  1. pas très funky le Karel je lui suggère de peindre ta pile de serviettes avec tous les poils et un iguane posé dessus (de dos s'il y tient allez). tiens un être qui m'est très cher atterrit à Montréal aujourd'hui, va y passer un mois. des conseils à lui indiquer ?

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  2. J'aime beaucoup l'idée du colocataire zélé qui finalement n'en fait qu'à sa "tête".
    Même si des fois notre cerveau se joue de nous, il n'en demeure pas moins un allié indispensable.... qu'est-ce tu veux... c'est faitte de même...

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  3. J'adoooore vos suggestions, Viento! Toujours aussi allumées!

    Pour votre être cher, s'il aime le théâtre, beaucoup de choix en ce moment, dont une version comédie musicale d'un grand classique québécois: Les Belles-soeurs.

    Peut-être un peu d'art plus funky au Musée d'art contemporain (je n'ai pas encore vu la nouvelle exposition)? Pour les amoureux de ce genre, une expo Tiffany au Musée des beaux-arts.

    Louer un Bixi (vélos disponibles partout dans la ville - on ne peut pas passer à côté sans les apercevoir) serait un excellent moyen de parcourir la ville.

    Manger des bagels, des vrais (mieux encore qu'à New York), de chez Fairmount Bagel, c'est un must.

    Ne pas trop travailler, ça aussi, c'est «très Montréal».

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  4. Je suis très «chummy» avec mon cerveau, mais des fois, je vous jure, je me demande si je ne pourrais pas trouver mieux!

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  5. grand merci je transmets à mon être cher (23 ans époustouflant) le bixi semble excellent pour escalader le mount bagel à muster au musée avec quelques fair belles-soeurs

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