mardi 27 avril 2010

Ce qu'il y a à l'extérieur

De l'intérieur de ma chambre d'hôtel, si chaleureux (vous avez vu la photo d'hier, non?), je regarde à l'extérieur. La neige tombe. En avril. Presque en mai.

Des fois, l'intérieur et l'extérieur sont en contradiction. On se sent super bien et là, quelqu'un qui nous croise, comme ça, l'espace d'une courte rencontre, nous dit: «Mais t'as bien l'air fatigué!». Pourtant, non. On n'est pas fatigué. On aurait fait le party jusqu'à cinq heures du matin, on aurait dit oui à toutes les propositions, on aurait grimpé l'Everest avec notre neveu d'âge scolaire tout en poussant mémère dans sa chaise roulante jusqu'en haut. Mais notre intérieur, à ce moment précis, n'est pas reflété par notre extérieur. «J'ai l'air fatigué?», qu'on répond d'abord, à mi-chemin entre l'incrédulité et le doute. Ensuite, on poursuit notre chemin, en faisant semblant de ne pas trop penser à ce commentaire. Mais on y pense. On est pris dans une pensée en spirale. «Moi, fatigué?» On cherche un miroir. N'importe quelle surface réfléchissante. Une vitre d'auto. Un toaster. On s'observe. À première vue, on trouve que non, on a l'air parfaitement reposé. Mais on scrute jusqu'à ce que l'image se distorsionne. Ça escalade: «c'est vrai que j'ai les yeux un peu pochés», «mon teint est vraiment gris», «j'ai l'air du crisse». Là, ça vient d'un coup. La fatigue. Comme une poche de patates en jute qui nous tombe sur les épaules. On se rend compte de l'évidence. Non seulement on a l'air fatigué, mais on est fatigué. Exténué, même. À bout. L'autre avait raison. Ça ne trompe pas. Fatigué...

Je dis ça, comme ça, non pas parce que ça m'est arrivé aujourd'hui, mais bien parce que ça m'est déjà arrivé dans le passé. Quelques fois, même. Attention, je ne suis pas fatigué. En me lisant, vous vous dites peut-être: «Ayoye (ou «Aie», c'est selon), Robert a l'air fatigué, aujourd'hui. Mais non. Je suis en pleine forme. Vous trouvez que ça ne ment pas, ce que j'écris, et qu'au fond, je dois l'être, fatigué. Pas du tout. J'avoue que de parler de fatigue, comme ça, quand on pourrait simplement parler de la neige qui est tombée aujourd'hui, presque au mois de mai, c'est louche. Ça permet de se poser des questions. C'est louche. C'est vrai, au fond, que c'est louche. En fait, je suis peut-être effectivement fatigué, mais je ne m'en rends pas compte? J'aurais juré l'inverse, mais, comme ça, vu de l'extérieur, ça ne trompe pas. Je dois avoir les yeux cernés, même. Attendez, je vais aller voir dans un miroir. Bon, c'est vrai que j'ai des petites poches sous les yeux. Je pensais que c'était mon air rieur de quand je suis de bonne humeur, mais vous avez peut-être raison. Vous avez sûrement raison. L'apparence ne trompe pas. J'ai vérifié à nouveau dans le miroir et j'ai trouvé que j'avais même le regard un peu vide. Froid. Glacial, même. Comment est-ce que je pourrait être tout chaud à l'intérieur et avoir l'air si froid de l'extérieur?

Maudite neige en avril.

2 commentaires:

  1. y a un toaster dans ta chambre beauçoise ?

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  2. Non, j'ai dû me contenter d'un vulgaire miroir de salle de bain.

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