vendredi 23 avril 2010

Purement décoratif

J'ai un malaise avec le mot «décoratif». En fait, ce n'est pas un malaise autant qu'un questionnement. Quelque chose de «décoratif», c'est un ajout qui est sensé rendre une autre chose plus jolie. C'est la définition du mot, non?

Bon, il y a bien un autre sens. Un sens péjoratif, uniquement attribué aux personnes, pour désigner quelqu'un qui n'a qu'un rôle secondaire, dont la présence n'est pas de grande importance. Bref, un insignifiant.

Lorsqu'on parle d'objets, par contre, la définition demeure toujours sensiblement la même. Quelque chose de décoratif, c'est beau, ça plaît, c'est recherché. Je me suis toujours demandé ce qui se passait dans notre cerveau lorsqu'on voyait quelque chose de beau. C'est quoi la beauté, au fait?

J'ai reçu, pour mes quarante ans, un cadeau horrible. C'était, heureusement, un cadeau qui se voulait horrible, pour me faire rire un peu, rassurez-vous. Cependant, ce cadeau horrible n'en demeure pas moins un objet décoratif. Laid à chier, mais décoratif tout de même. On ne produit tout de même pas en série ce genre d'objets pour le simple plaisir (malsain?) de se moquer un peu...

Vous voulez voir? Le voici:

Vous aimez? Vous êtes comme moi adepte des figurines médiévales en résine? Du médiéval en général? J'ai ri en ouvrant ce cadeau, d'un rire alimenté par la laideur de cet objet, mais en riant, je ne pouvais penser qu'à une seule chose: que quelqu'un d'autre, quelque part, avait forcément acheté cet objet «décoratif» (ce n'est pas un jouet, ce qui serait une toute autre affaire) dans le but d'enjoliver sa demeure. Et quand je dis «quelqu'un», je devrais dire «une bonne gang de monde». Et quand je dis «demeure»...

Encore une fois, c'est sans condescendance (je vous demande - mais ne l'exige pas - de me croire) que mon cerveau n'arrive pas à capter l'aspect décoratif de cette chose hideuse. Non, mais c'est laid en baptême! Non?

«Décorer» avec cet objet, c'est carrément contre-productif. Avouons-le en choeur. Et ne me parlez surtout pas des goûts qui se discutent, que la beauté réside dans l'oeil de celui qui regarde et de toutes ces notions éculées. Cet objet est laid.

Pourtant, il a été pensé, conçu, fabriqué (avec un soin indéniable), reproduit à des milliers d'exemplaires, mis dans des boîtes (les boîtes sont ornées de photos d'autres objets semblables, en passant), distribué, vendu, acheté... Des bateaux ont contenu des containers remplis de boîtes contenant elles-mêmes des objets semblables et ont traversé des océans! Ces figurines ont sans doute voyagé plus que la majorité des êtres humains sur notre planète! Et tout ça, pourquoi?

Pour «décorer».

Bon, il doit bien y avoir un faible pourcentage (j'estime 0,5%) de gens qui achètent ce genre de bibelots par pure malice, au deuxième (troisième, dixième?) degré, pour faire une bonne blague à un ami prétendument minimaliste qui fête ses 40 ans. Mais le gros de ces cargaisons n'a qu'un but: être «décoratif».

Alors, dites-moi. Ne devrait-on pas élargir la définition du mot «décoratif», pour désigner également les objets insignifiants, dont la présence n'est vraiment pas nécessaire?

Si décorer, c'est ajouter, ça ne pourrait pas aussi être, tout simplement, soustraire?

2 commentaires:

  1. ce post ouvrait tellement de pistes que j'ai voulu prendre le temps d'y répondre et voilà je n'ai pas eu le temps ! another day peut-être

    au fait tu l'as mise où ta nouvelle déco ? avec le tomato string ?

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  2. J'ai moi-même trouvé que j'avais ouvert beaucoup de portes, mais sans y pénétrer à fond. La suite viendra dans les jours qui suivront. Promis.

    Pour ce qui est du chevalier médiéval, il est présentement dans sa boîte d'origine, rangé avec les boîtes-cadeaux. Section re-gifting...

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