Mon tiroir à épices souffre. L'ordre alphabétique s'est détérioré. Le cumin a perdu son voisin curcuma, rendu je ne sais où. Et je ne m'en plains pas.
Tous ces jours passés à raconter la vie des autres, de tous ces personnages imaginaires, est-ce que ça m'aurait éloigné de mes grandes préoccupations? Oui, il m'était déjà arrivé de passer du côté sombre, sciemment, et d'expérimenter avec des assiettes dépareillées, juste pour voir. Mais là, on dirait que j'ai carrément perdu le contrôle. Et perdre le contrôle, ça, c'est vraiment épeurant.
Je me dis: «Du calme, Robert, c'est l'automne. La saison où tout se détériore. Tu es normal.» Mais je ne suis rassuré qu'à moitié. L'automne, c'est aussi la saison où tous ces verts criards disparaissent, afin de peindre un paysage plus monochrome, juste pour nous. Oui, il y a cette période de transition, où jaunes, rouges et orangés nous aveuglent, mais on sait que c'est pour notre bien et que tout deviendra gris. Nos yeux pourront se reposer, quelle chance.
Est-ce à dire que je suis moi-même dans une période de transition? Tupperwareblog est né un soir de novembre, après tout. Je devrais donc retrouver mes sens et recommencer à être irrité par les anses de tasses ne pointant pas toutes dans la même direction ou les objets disposés en diagonale sans raison. Bientôt, peut-être? Je l'espère.
C'est à suivre.
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