jeudi 14 octobre 2010

Akio et Pan Yu (rencontres fictives)

Akio consultait, par bio-intégration, les données relatives à la grand-mère de la grand-mère de la grand-mère de la grand-mère de sa grand-mère. Il lui découvrit une soeur, qui vivait à Shanghai. Cette femme, Pan Yu, était morte engloutie sous des tonnes de béton.

Akio fut touché par l'histoire de cette personne, qu'il considérait comme un membre de sa famille. Il fut touché, mais ne pleura pas. En effet, il y avait des années que les humains ne pleuraient plus, les glandes lacrymogènes s'étant atrophiées peu à peu. L'air contrôlé de la station spatiale comportait en effet une quantité suffisante d'humidité constante pour que les yeux des êtres humains ne soient jamais ni trop humides, ni trop secs. Les larmes ne servaient plus à rien, au fond, c'étaient dit les généticiens. Trois générations plus tard et plus personne ne pouvait physiquement verser de larmes. Tant de choses avaient été rendues inutiles au cours du dernier siècle. Les relations sexuelles ne se pratiquaient plus. Même la nourriture et les fonctions digestives avaient été modifiées afin de rendre le tout plus simple, plus économique, plus propre.

C'est donc les yeux ni trop secs, mais surtout ni trop humides, qu'Akio pensa à cette arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-tante, cette pauvre Pan Yu. Qu'allait-il découvrir encore sur le passé de son espèce, sur son propre passé? Tant de misère!

Akio songea alors à son présent, exempt de toute forme de réelle infortune. Il savait que cela était physiquement impossible, mais il se dit qu'il lui fallait tout recommencer, toute sa vie, à zéro.

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