lundi 8 mars 2010

Y'a des moments durs à passer, comme un bout croquant dans une boulette de poulet à l'ananas

Quelle est votre méthode de classement pour vos impôts? Je me demande ça, comme ça, parce que quand fond la neige, que le soleil se pointe et que les souliers remplacent les lourdes bottes, il a bien fallu que quelqu'un trouve un moyen de ne pas rendre nos vies trop agréables et ce quelqu'un a décidé que ce serait le temps des impôts. Le bonheur à l'excès, c'est très mauvais pour les masses, faut croire.

Bref, quand vient le temps des impôts, je suis toujours pris d'un crispement des épaules et d'une angoisse terrible, comparable à celle que je vis en passant les douanes, même si je n'ai jamais rien à me reprocher avec ma bouteille de rhum à 12$. Afin de contrer les émotions négatives engendrées par cette période, j'ai imaginé, aidé de mon ancienne comptable, une méthode infaillible pour organiser mes papiers. J'aime l'appeler la méthode des enveloppes. Faisant un pied de nez au réchauffement de la planète, je me munis d'un belle grosse pile d'enveloppes neuves et toutes pareilles, que je numérote et que j'identifie. «REER». «Matériaux de construction». «Frais médicaux». «T4». «Informatique». «Frais de bureau à domicile». Etc. Je dois bien an avoir 50 comme ça. Mon moment préféré est celui où je m'applique à écrire les titres sur les enveloppes avec un Sharpie noir. Je sais pas si c'est le plaisir de former des lettre régulièrement calligraphiées ou l'odeur du marquer noir, mais c'est un moment qui me fait planer.

Par contre, tous les moments ne sont pas aussi roses. La première dure épreuve, c'est celle de sortir la chemise qui contient, pêle-mêle, toutes les factures de mon année. Là, je dois faire le tri (et non, je ne trie pas au fur et à mesure - êtes vous scandalisés?). Cette tache me fait un drôle d'effet. C'est comme si je montais à bord d'une machine à remonter le temps. Je vois, en regardant chacune de mes factures de dépenses, un portrait de mon année passée. Je me dis des choses comme: «My God! J'aime ça, commander du chinois!», «Ayoye, je me souvenais pas avoir vu ce spectacle là: non, mais c'était-tu assez poche?!», «Me semble que la pile des factures de vêtements est un peu haute, je peux bien avoir de la misère à classer mes chemises!» et «Ouais, ça coûte cher, des enveloppes!»... Je vis à chaque fois un malaise, rempli de questions. J'aurais donc dépensé tout cet argent en une seule année? Que me reste-t-il de tout ça en bout de ligne? 531,75$ de coiffures et de nettoyeurs - Am I fucking insane? Est-ce que j'ai juste l'air de dépenser plus que je gagne ou c'est une réalité? Trop de MSG, c'est pas néfaste pour la santé?

Ensuite, je calcule les dépenses liées à ma profession, je remplis quelques enveloppe supplémentaires (genre «Étiquettes personnalisées», même si elles ne servent jamais) et je donne le tout à ma comptable.

Seulement, cette année, je vis un deuil. Ma comptable n'est pas morte, mais n'est plus pratiquante. Elle a défroqué. J'ai donc dû aller voir ailleurs.

Savez-vous que c'est difficile trouver un comptable? Un médecin de famille, à côté de ça, c'est aussi commun qu'une vendeuse de chez Gap (non, mais, laissez-moi magasiner tranquille!). Heureusement, grâce à un réseau de contacts, j'ai trouvé un comptable qui voudrait bien s'occuper de mes affaires.

Le deuxième moment difficile arrive. C'est celui de l'attente. Je vais devoir une fortune, ou m'en tirer, cette année? Vais-je même recevoir un retour d'impôts (dream on, Robert) ou devoir vivre un retour involontaire à la simplicité volontaire? Là, c'est comme attendre des résultats d'un examen médical. Il n'y a rien à faire, sauf attendre. Attendre et s'inventer des scénarios horribles, en concoctant des épisodes improbables, qui dépassent les plus mauvais des films catastrophes (excluant 2012 - faut pas charrier, quand même).

Mon attente est aujourd'hui terminée. Après avoir parlé non pas au comptable, mais à son assistante, une vraie grébiche dont les parties intimes rivalisent de sécheresse avec le Sahara, qui me parlait comme si j'étais un enfant de 12 ans en me réprimandant d'avance sur mon éventuel retard au rendez-vous qu'elle voulait planifier pour que je signe mes papiers (une hostie de bitch folle, fru et fanée, je vous jure), j'ai enfin su. J'évite la catastrophe.

Je suis un peu comme Zoë Paquette. Zoë Paquette (c'est son vrai nom - je devrais pas, mais j'ai pas trouvé mieux), c'était ma voisine de table dans mon cours de Physique en secondaire 4. Avant un examen, elle me disait tout le temps, de sa voix nasillarde d'Anglo du West-Island (son palais mou en travaillait une shot!): «Oh, my God, I'm sooo gonna flunck this test! I didn't study at all». Évidemment, elle se tapait des 95% et plus à tout coup.

C'est donc maintenant du passé, tout ça, pour moi. Enfin, je peux passer à d'autres choses.

Me semble que j'ai le goût d'un numéro sept pour un avec une won ton, moi, là.

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