Je devais trier toutes les boîtes qui se trouvaient dans ma chambre (qui n'était pas ma vraie chambre, il va sans dire). Les boîtes étaient usées, déchirées et aux formats variés, ce qui m'a tout de suite rassuré que cette situation n'était qu'un rêve. Jamais je ne déménagerais avec autre chose qu'une armée de boîtes identiques. Ce n'est pas une coquetterie. Ça s'empile tellement mieux... Bref, les boîtes qui traînaient partout dans ma chambre (qui ressemblait à ma chambre d'enfant, au fait) étaient remplies à craquer de sacs, de petites boîtes et de contenants divers qui étaient eux-mêmes remplis d'objets hétéroclites. Je devrais peut-être même dire ici: de cochonneries.
En effet, dans ce troublant monde parallèle créé par mon subconscient en mal de sensations réelles, je n'avais jamais jeté quoi que ce soit au cours de ma vie. Ainsi, je retrouvais tous mes vieux jouets, mes vieux livres d'école, mes souvenirs de voyage... tout! Je fouillais, fouillais et je tombais sur des choses de mon passé (mon passé inventé, mais mon passé tout de même) que jamais je n'avais osé mettre aux poubelles.
J'ai des images claires de ce rêve: des photocopies de timbres cubains mal découpés à la main par moi-même, enfant (je n'ai jamais collectionné les timbres, encore moins les photocopies de timbres); des segments d'équipement sportif datant des années 70 (moi qui n'ai pas été sportif pour deux sous pendant mon enfance); un pantin plat articulé de Mickey Mouse, mais dont la tête avait été remplacée par la tête de Boy George (don't ask).
Le drame, c'était que je voulais me débarrasser de tout ça, mais que chaque nouvelle boîte laissait apparaître de nouvelles trouvailles troublantes. Je me disais: «Ça? Je n'ai plus besoin de ça! Pourquoi est-ce que j'ai même pensé conserver ça tout ce temps-là?»
Ce voyage dans mon passé (qui, je le répète, n'est pas mon réel passé, mais celui de quelqu'un d'autre qui se fait passer pour moi la nuit) avait aussi son côté agréable. J'étais attendri devant certains objets. La carte postale, aux contours ondulés, écrite par ma mère, montrant un avion en plein vol (vous aurez compris que cette carte postale n'a jamais existé...), m'a touché. Des rouleaux et des rouleaux de vieux tapis qui ne sentaient même pas mauvais m'ont fait penser à la maison de mon enfance (pas la vraie, mais vous le savez, non?). Des dessins d'enfant créés de ma jeune main (c'est bon, vous avez compris) me montraient des logos imaginaires, très design, pour des compagnies tout aussi imaginaires et j'en étais impressionné.
Tout ça: c'était moi. C'était ma vie. Et je jetais pourtant tout cela dans des sacs de poubelle. C'était triste, mais ça soulageait. C'était tendre de découvrir chaque morceau, mais déboussolant d'imaginer que pendant toutes ces années, j'avais accumulé, accumulé, accumulé.
À mon réveil, j'ai été soulagé de ne pas être encombré de tous ces objets rêvés.
Mais, au fait, ne l'étais-je pas tout de même un peu?
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