J'ai ben de la misère avec cette race mystérieuse que forment les fonctionnaires buckés. Je n'arrive pas à comprendre comment leurs cerveaux fonctionnent. Pourtant, placer les choses correctement dans leurs contenants respectifs, avec une certaine rigueur, ça me connaît. Cela dit, étrangement, je n'arrive pas à supporter la mentalité des fonctionnaires buckés. Pour eux, une case c'est fait pour cocher, pas pour ranger votre jackstrap humide pendant que vous prenez votre douche. Chaque chose doit être à sa place, ou alors, elle n'existe carrément pas.
Bien entendu, tous les fonctionnaires ne sont pas nécessairement buckés, mais disons que ça aide à obtenir le poste. Cette panoplie de formulaires, de directives, de façons de fonctionner, c'est quelque chose qui arrive vraiment à imprégner le cerveau. Ça affecte la pensée. «J'aimerais bien vous aider à retrouver votre enfant kidnappé, mais je dois d'abord cocher la bonne case: a-t-il été abusé sexuellement ou non?» Cette phrase (extrême) montre bien comment le fonctionnaire bucké pense. Il veut bien prendre en note votre témoignage sur l'état de santé précaire de votre grand-mère, mais sans sa ville natale, il ne peut rien faire. Bien sûr, il est évident que vous avez mérité votre carte d'accès (il vous connaît depuis des années), mais sans votre numéro matricule, il n'y a aucune issue, vous n'êtes pas mieux qu'une putain cheap de la rue Ontario qui vient de Labrador City. Oui, on vous a floué de plusieurs milliers de dollars, mais vous devez tout de même cette somme de 130,90$, plus les intérêts. Il vous demanderait bien de vous asseoir, mais il ne voudrait surtout pas offenser votre mentalité religieuse qui vous dicte que tout ce qui implique votre cul est un péché.
Le bon sens, pour les fonctionnaires buckés, c'est l'envers du possible. Si une solution semble trop facile, le fonctionnaire bucké se méfie. Il y a sûrement une procédure qui viendrait complexifier l'affaire. Sinon, il fouillera avec soin ses documents afin de trouver la brèche qui empêchera à l'intelligence de prévaloir. C'est comme un épisode du quizz «Le mur», mais sans les costumes qui moulent la poche des participants.
Le fonctionnaire bucké a ses alliés: ses supérieurs, son système informatique et sa convention collective. «Mais, madame, comprenez-moi bien, ce n'est pas moi qui ne veut pas régler votre problème, c'est mon patron qui ne sera pas content.» «Oui, c'est clair, on vous doit 2300,00$, mais ici, à l'écran, c'est vous qui nous les devez.» «Cette situation d'urgence mérite vraiment qu'on s'y attarde, alors revenez nous voir lundi prochain, entre 9h00 et 11h30. Ah, bon, vous n'êtes pas disponible les lundis? Je peux vous proposer un mercredi après-midi dans six mois.»
Parfois, je rêve d'un monde où même si aucune case de formulaire ne s'applique à nous, nous existons tout de même. Ça serait pas beau, ça? «Sexe? M ou F? - Non. W.», «Nom de famille de votre mère? - Disons que c'est une slut qui n'en mérite pas, de nom de famille.» ou «Quelle langue est pratiquée dans votre foyer? - Celle de pépère est assez agile, merci.»...
Qu'est-ce qui a poussé l'être humain à créer cette race ignoble qu'est celle des fonctionnaires buckés? C'était trop beau, la vie, et il fallait bien qu'on paye pour? On a trouvé que des normes strictes allaient aider à contenir nos dangereuses pulsions animales? Les ventes d'habits beiges et de cardigans chutaient-elles à ce point?
Ou alors, est-ce moi, qui est mal adapté? Si tel est le cas, je vous en prie, mettez-moi en contact avec le service gouvernemental approprié.
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