Déjà, le séjour à New York est terminé. La route du retour vers Montréal, par un temps gris et pluvieux, est propice à la réflexion.
Au Moma, il y avait une exposition de Tim Burton. Un vrai fucké dans la tête, mais quelle imagination! Toutes ses faces sombres sont mises à profit vers sa création. Il y avait aussi un événement de performances et de reperformances, œuvres de Marina Abramovic. Toute la journée, cette femme de plus de soixante ans est restée assise, regardant fixement une autre performeuse assise devant elle (photo). Elle répétera cette performance à tous les jours pendant toute la durée de son exposition, soit un bon trois mois. D’autres de ses créations de body art mettent en scène de vrais humains, souvent nus et immobiles. On nous invitait même à passer entre un couple debout, nu, presque nez à nez, nous obligeant à frôler les corps. Heureusement, Madame Abramovic n’a pas choisi des pichous. La femme, visiblement très à l’aise avec son corps super bien proportionné, supportait bien le fait que 90% des visiteurs choisissent de lui faire face. Faire face à l’homme est peut-être plus intimidant? Il faut dire que la nature avait été généreuse avec lui. Si vous n’avez pas bien compris: méchante queue là-dessus. Je suis passé face à l’homme.
Pourquoi je raconte tout ça? Peut-être parce que je me demande parfois comment on atteint ce stade où on peut juste s’asseoir sans bouger et faire de l’art. Je me dis que moi aussi j’ai mon petit côté dérangé, mais que je suis pourtant loin d’être Tim Burton.
Je cherche des explications, en regardant les wipers s’efforcer à gérer les gouttes de pluie sur le pare-brise. Je pense parfois avoir trouvé la solution : un petit déménagement à New York. Ou ailleurs. Nul n’est prophète en son pays, right?
En effet, moi, j’habite à Montréal depuis toujours. Je suis toujours dans mon emballage d’origine! Comment pourrait-on me consommer? Je suis comme un jouet de collectionneur, resté intact afin d’en préserver la valeur. Non, mais c’est plate en maudit, ça, une poupée Bout’ choux emprisonnée dans une boîte en carton avec une petite fenêtre de cellophane! Aucun plaisir là-dedans. Tout ça pour quoi, au juste? Pour l’absurde obsession du collectionneur qui n’a rien de mieux à faire que d’accumuler des objets qu’il n’utilisera jamais?
J’aimerais ça, des fois, qu’on parle de moi en commençant par : «Originaire du Canada, Robert (suite énonçant ma grande démarche artistique et toutes les villes où j’aurais vécu)».
Mais pour ça, il faut bouger, se déraciner. (Ouch.) Quitter son pays décimé par la guerre, par exemple. (Ça commence mal, ici, on n’a jamais vraiment connu ça, une vraie guerre. Maudit qu’on est loser.) Vivre maigrement dans un loft miteux au cœur d’une ville en ébullition. (Encore une fois, ici, pas de veine : un loft à Montréal, ça coûte une fortune et pour l’ébullition, on repassera - et ne me parlez surtout pas d’aller vivre à Québec. Boring!).
À moins que je me trompe? Que ce ne soit que le ciel gris qui me fait voir l’herbe plus verte chez le voisin?
Je dois les aimer, au fond, nos ciels gris et notre gazon jauni.
un pichou c'est une copine ? très bien ta photo illustre bien ton envie de bouger. il me semblait que Montréal ébullitionnait pas mal ? classique indémodable l'herbe verte du voisin. ici aussi il pleut aujourd'hui (et hier). et ébullition zéro
RépondreSupprimerUn pichou, c'est une façon de nommer quelqu'un de moche. On l'emploie souvent à la négative: «ce n'est pas un pichou!»...
RépondreSupprimerÉbullition zéro dans quelle ville, au fait?
Agen, entre Toulouse et Bordeaux
RépondreSupprimerBonjour Viento,
RépondreSupprimerEst-ce que à Agen ils ont l'accent de toulouse ou de bordeaux?
Parce qu'à l'avenir lorsque je lirai vos commentaires, je pourrai m'imaginer l'accent qui vient avec. J'ai un faible pour le toulousain...
Frankymoon, lecteur assidu de ce blog.
ils ont un accent à Bordeaux ? l'accent agenais est proche du toulousain. imagine ce que tu veux mais j'étais parisienne avant de vivre ici et je n'ai pas du tout été prise par l'accent local. je peux le prendre quand je veux j'aime m'accentuer ... y compris en québécois
RépondreSupprimer