Il y a une force extérieure à nous qui nous empêche de faire tellement de chose. Ces choses sont variées et infinies: se lever, en plein milieu d'un spectacle, pendant un moment intense et silencieux et crier: «C'est poche!»; dire à notre grand-mère que ses vieilles anecdotes sont plates à chier à terre; pousser quelqu'un devant le métro qui arrive, juste pour voir; ne pas se lever, au restaurant, et faire ses besoins sur place, entre le dessert et le café; porter un niqab coupé court qui nous arrive au raz le bonbon... Écrire des mots dans un blogue qui feront en sorte que nous pourrons, plus tard, être jugés.
Est-ce que l'humain est à ce point conditionné? Où est la bête en nous? De quoi avons-nous peur, au juste? Des conséquences?
C'est clair, les conséquences jouent un rôle primordial dans notre capacité à gérer la prise de décisions. On ne veut pas être jugés. On veut que le monde nous aime. On n'a pas envie de finir en prison, partageant une cellule avec un détraqué qui trouve que de dos, on ressemble pas mal à sa première blonde. On réfléchit avant d'agir (je ne dis pas que c'est mal, mais je constate) et on s'imagine un scénario qui sera la suite de nos actions. Si le scénario ne nous plaît pas, on se retient. La plupart du temps.
Car, il faut le dire, il arrive qu'on déborde, que notre couvercle qui nous tient bien contenu, éclate, ou qu'il s'ouvre même seulement légèrement, laissant échapper ce qui nous causera plus tard des ennuis. Alors, on regrette. Dans les faits, il est rare qu'on regrette une action qui n'a entraîné aucune conséquence. Or, ce qui nous fait regretter, ce n'est pas ce qui nous échappe, mais bien ce qui nous arrive après.
Je peux crier «c'est poche» pendant un show tchèque au Prospéro et me sentir parfaitement bien là-dedans. Ce sont les commentaires des autres spectateurs outrés qui me feront douter. L'idée que ma réputation sera peut-être tachée. Le regard méprisant du placier qui me montrera la sortie. Tout ça, c'est bel et bien ce qui m'empêche de crier «c'est poche», même si au fond, ce l'est effectivement.
Est-ce à dire que nous ne sommes que des mauviettes? Que l'opinion des autres teinte toute notre vision du monde?
Cela dit, je ne propose pas ici un monde où tout se dit, tout se fait.
Vous voyez, je n'ose même pas assumer mes propres paroles. Par ce «cela dit», je me rétracte, en quelque sorte. Je pense aux commentaires outrés de mes (trois, quatre?) lecteurs. J'hésite. Je ne veux pas passer pour un être sans morale. Mais c'est quoi, la morale, au juste? Un couvercle pour empêcher les débordements?
Et si on se permettait, des fois, de juste faire le vide un moment, en laissant sortir le méchant, les débordements ne seraient-ils pas encore plus soigneusement évités?
je suis une nouvelle lectrice tu vas pouvoir dire quatre ou cinq ! what means c'est poche ?
RépondreSupprimerBienvenue au lectorat international ! Where are you from Viento ?
RépondreSupprimerÉtant une fidèle «locale» je me permets : c'est poche veut dire c'est mauvais. On utilise aussi souvent «t'es poche !» Ou encore, dans des cas de débordements : «c'est crissement poche.»
It could also translate: «that sucks!».
RépondreSupprimerBienvenue à toi, nouvelle lectrice!
je vis ds le sud-ouest en France merci pour l'accueil et les zinfos ethnolinguistiques !
RépondreSupprimerC'est un réal plaisir!
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