Que laisseront derrière eux nos contemporains, qui croient bon archiver tous leurs faits et gestes? Je vous le donne en mille: une chiée de photos insignifiantes, banales, ridicules, mais qu'il nous sera quasi impossible de jeter. Numériques ou pas, quelle photo d'une personne morte mériterait de prendre le bord de la poubelle (virtuelle ou réelle)? Oseriez-vous crisser aux vidanges la photo d'un proche, même si ce n'est qu'un cliché parmi des milliers (des millions?) et que cette photo n'a aucun intérêt? «Ah, oui, c'est vrai qu'elle aimait ça, magasiner!», «Son coude, c'était un coude pas comme les autres» et «Je savais pas qu'il s'était habillé en Céline Dion, lui, hey, c'est drôle des arbres en fleurs à l'Halloween» sont des phrases qu'on risque d'avoir à dire, un jour, en parcourant les effets personnels d'une personne décédée. En les parcourant et en ne sachant plus quoi faire avec.
Quelle est cette idée de tout répertorier nos vies, comme ça? Qu'est-ce qu'on veut prouver? On le sait, que c'est pas vrai que vous le tenez dans vos mains, le paquebot! La tour de Pise, elle tient toute seule, on est pas cave! Tassez-vous de là, on les voit moins bien les chutes Niagara avec vos grosses faces devant! C'est sûr que vous avez fait un souper à votre fête, on est pas impressionné pis y'est laitte votre gâteau bleu pâle! Vous vous êtes mariés: big fucking deal, puis la robe blanche, là, c'est pas un peu hypocrite, slut? On s'en câlisse, de votre bébé tout rouge sur les genoux d'un Père Noël tellement mal costumé qu'on lui voit toute sa vraie barbe noire en dessous de la blanche! C'est clair que c'est pas à vous cette toge-là, pis que ce morceau de papier-là, c'est même pas votre vrai diplôme de, de... de secondaire?!? Wow. Tout un accomplissement!!!
Avons-nous réellement besoin de laisser notre marque? Nos vies sont-elles remplies de bons coups à ce point-là? Ne ferions-nous pas mieux de faire comme les criminels et, justement, laisser le moins de traces possibles de nos existences?
Nos vies seraient plus faciles à gérer de votre vivant, mais, surtout, on n'encombrerait pas les pauvres humains qui nous survivent avec le récit image par image de nos pathétiques moments sur terre.
En terminant, je vous laisse avec une mauvaise photo floue de mon pied.
Considérez-vous comme pognés avec.
Maudits chanceux.
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