mercredi 17 mars 2010

Sans titre (et sans photo)

C'est donc mieux, un contenant neuf, pas vrai? Il y a une joie à dévisser un couvercle qui laisse voir une pellicule métallique collée, qu'on soulève pour découvrir le lac lisse d'un beurre de pinottes intact. Du Coke en canette, c'est donc meilleur qu'en bouteille de deux litres. En petite bouteille rétro, encore mieux. On débouche et ce qui se trouve à l'intérieur est juste pour nous. C'est un plaisir égoïste qui ne nous déçoit jamais par un manque de pétillement.

Quand j'étais petit, j'arrivais à saliver en regardant les annonces de margarine Fleischmann qui mettaient en vedette un Yves Corbeil intrépide en imperméable jaune gravissant une paroi rocheuse au bord d'un océan en colère avec un petit sac en bandoulière contenant rien de plus qu'un peu de pain, un couteau et un pot de margarine non entamé. La margarine (en plus d'être d'un beau jaune, comme l'imperméable - c'était la belle époque), formait une spirale délicieuse qui ne demandait qu'à ce qu'on lui plante un couteau pointu dedans. Il n'y a jamais eu rien de bien appétissant à consommer du gras de synthèse salé et coloré, mais l'image du pot vierge était saisissante. Miam, miam.

On nous aurait montré un contenant à moitié vide, plein de miettes de toasts, et qui en aurait voulu?

Je regardais un reportage sur l'hymenoplastie, cette chirurgie qui permet de reconstruire l'hymen chez les femmes qui souhaitent «retrouver leur virginité». Vous comprendrez vite le rapport, ne vous en faites pas. Or, dans ce reportage, une femme disait, à propos des hommes de certaines cultures, que pour eux, une femme, c'est un objet. Et que les objets, quand on se les procure, on les désire neufs.

Bon. Je ne vous ai pas habitué à des réflexions sociopolitiques, encore moins si elles ne contiennent aucune trace d'ironie, mais cette phrase m'a fait un choc.

C'est étrange, les cultures étrangères. Ça intrigue. On cherche à accepter. À comprendre. Cette fois-ci, je n'y suis pas arrivé. Une femme, plus loin dans le reportage, disait qu'elle ne respectait pas toutes les cultures, mais bien uniquement celles qui méritent notre respect. J'ai trouvé ça juste. Mais pour respecter, il faut d'abord chercher à comprendre, non? Pour comprendre, il faut une ouverture. Cette ouverture ne doit pas être à sens unique. Je m'ouvre, l'autre aussi. L'autre, pour le moment, ne m'a pas convaincu qu'il se soit ouvert.

Et une fois ouvert, si un jour ça arrive, une fois la pellicule métallique retirée, pourquoi j'ai l'impression qu'il n'y aura pas une belle surface lisse, mais que des traces dégoûtantes?

Ou, pire, du vide?

2 commentaires:

  1. Avant on passait du coq-à-l'âne, maintenant nous passons de la margarine-à-l'hymen... Fait cocasse: Après ma naissance ma mère avait toujours son hymen.... comme la Vierge Marie!

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