jeudi 25 mars 2010

Démacologie

Je suis assez tanné de me faire regarder croche parce qu'il m'arrive de jeter un journal à la poubelle!

On vit dans un monde obsédé par l'environnement. Prononcez bien le «mENT», comme un bon Québécois, tout dans le nez, rien dans la bouche. L'environnemENT. J'suis tanné!

Non, je ne désire pas que notre pauvre planète dépérisse. C'est pas ça. C'est juste que j'observe un phénomène vraiment troublant qui devient de plus en plus répandu. On parle d'environnemENT, mais on a semblé oublier certaines règles fondamentales tellement on n'a que l'environnemENT en tête.

Je vous donne un exemple. Je sors d'une salle de classe, à la suite d'une vingtaine d'étudiants (qui ne jurent que par le dieu environnemENT) et je dois ramasser derrière eux une série d'objets «oubliés» sur les tables: notes photocopiées, verres de café à moitié vides, emballages divers, journaux, etc. Par contre, plus tôt dans cette même pièce, on se gargarisait de l'importance de l'environnemENT. Moi, je jette à la poubelle (plutôt que dans un bac de recyclage) un minuscule papier et ces mêmes étudiants me regardent avec mépris, comme si j'étais en train de passer un bébé phoque au blender.

Si je comprends bien la logique de ces (j'ai jusqu'ici tenté d'éviter ce mot, mais, là, je n'ai plus le choix, j'éclate) «jeunes», il est mal de jeter des papiers aux ordures, mais c'est ben correct de les laisser traîner. Moi, je comprends pas ça.

Il serait donc louable de vivre dans le désordre et la saleté, tant qu'on ne jette pas aux vidanges ce qui devrait aller au recyclage? La fonte des glaciers est plus préoccupante que notre environnement immédiat? Voilà, j'ai dit le mot: «environnemENT».

L'environnemENT, c'est pas juste la forêt amazonienne, c'est aussi mon tiroir à épices. Comment voulez-vous protéger notre «pauvre planète qui souffre» si on est même pas capable de plier nos serviettes de bain en piles égales, dans des armoires pas encombrées?

En plus, à force de rincer nos cannes de thon pour les mettre au recyclage, ne va-t-on pas épuiser ces mêmes lacs et rivières que nous disons vouloir protéger?

Pourquoi les plus «écologiques» d'entre nous sont souvent ceux qui vivent dans des maisons bordéliques, parmi les traîneries et la poussière?

Oui, il m'arrive de jeter un pot de yogourt à la poubelle. Et avec le spray-net que j'ai consommé dans les années 80, j'ai bien dû ouvrir un trou dans la couche d'ozone aussi gigantesque que mon hairdo de l'époque.

Mais au moins, chez moi, «dans mon environnemENT», tout est spic and span. Ça compte, ça, non?

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