vendredi 27 août 2010

Pot d'échappement

Êtes-vous prisonnier de votre image? Moi aussi.

Ça ferait du bien, des fois, échapper à l'image qu'on se fait de nous. Ça ferait sortir la vapeur et baisser la pression, il me semble. Mais non. Quoi qu'on fasse, notre image nous colle à la peau.

J'ai tout essayé. J'ai tenté de modifier mon style vestimentaire. C'est facile à expérimenter, ça. On porte du plus sportif. Du plus conservateur. Du plus flyé. Il y a bien quelques inconnus qui vont être bernés, mais la grande majorité des gens, elle, ne sera pas influencée par cet écran de fumée. Sérieusement, imaginez Denise Bombardier en tenue sexy de latex noir et vous ne continuerez qu'à voir une femme intellectuelle. Et un peu sèche. On a tous un cousin qui n'a pas tellement de classe, et même quand on le voit en tuxedo lors d'un mariage, on voit à travers sa chemise à col cassé et on retrouve une vieille tache de moutarde sur sa camisole. En quelque sorte, on n'y croit pas. C'est comme ça. Les vêtements créent notre image, oui, mais une fois cette impression enregistrée, on peut se mettre un costume de mascotte de Bugs Bunny et tout le monde nous reconnaît quand même.

J'ai essayé une méthode plus subtile. Un changement de coupe de cheveux, par exemple. Le résultat est le même que pour les vêtements. La plupart du temps, on revient à notre bonne vieille coupe avant longtemps, de toutes façons. On cède. Il y a aussi ces fameuses moustaches rasées que personne ne remarque. C'est un classique, ça, la moustache disparue qu'on continue de voir. Un roman a même été écrit à ce sujet. Nos cheveux et nos poils font partie de notre corps, mais on a beau les modifier comme on veut, le regard des autres ne se modifie pas.

Pour changer d'image, on peut aussi transformer sa personnalité. J'ai essayé ça, moi. J'ai fait semblant. Semblant de tripper sur le football. Semblant d'être un dernier de classe. Semblant de ne pas être dérangé par une télécommande placée en angle sur une table à café (j'y ai même reposé les pieds!). Mais, pour les autres autour qui observaient, leur idée était déjà faite. Je demeurais le Robert qu'ils avaient bien voulu imaginer, un jour. Au début. On reste prisonnier. Un souper de famille peut même nous faire retourner dans le passé. Tout à coup, on a huit ans. On redevient le petit Robert. Quand je vais la voir, ma mère, j'en suis sûr, a même le réflexe de me verser du lait dans un verre en Tupperware, de peur qu'il ne casse si je l'échappe sur le coin de la table.

Des fois, je me dis que ça doit être vraiment enivrant de se retrouver dans une nouvelle vie. Dans un pays éloigné, au milieu d'inconnus. Tout recommencer. Tester une nouvelle image. Se réinventer. Mais «chassez le naturel et il revient au galop», dit-on. C'est une expérience ratée d'avance. Il y aura toujours quelqu'un qui nous reconnaîtra, qui nous démasquera.

Vous voyez, ici, j'aurais aimé terminer avec une métaphore de moteur de voiture, mais, franchement, y auriez-vous cru?

4 commentaires:

  1. Hier je marchais sur la rue et j'ai croisé Cherze que je n'avais pas vu depuis des lunes, une trentaine de lunes. Il a tout de suite remarqué un changement à mon look qu'il identifiait à une personnalité dont j'oublie le nom, comme de raison. Mon sourire n'est plus le même... Mais je crois tout de même que c'était comme des cheveux à la punk que j'aurais pu teindre en vert. Des changements dans notre vie nous semblent "méga full big" et les autres n'y voient que dalle. Sommes-nous tous, aussi nombreux que nous sommes, ramenés sur nous-même?

    Carl avec sa tache de moutarde

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  2. Ah, oui: Carl. Celui à qui il manquera une dent d'en avant pour le reste de sa vie.

    Malgré tous les traitements.

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  3. Mais peut-être réussis-tu à t'échapper de ton image... J'ai maintenant en tête un Petit Robert avec un verre en plastique pour son lait, pis ça ne me sortira plus jamais de la tête...

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  4. Quelle couleur, le verre en Tupperware?

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