mercredi 18 août 2010

Pot cassé

Oui, je sais.

Moi aussi, ça me dérange quand on étire la sauce. Vous vous dites: «Robert, on en a assez de tes pots photoshoppés et de tes blogues qui, par la peau des dents, incluent une expression avec le mot pot dedans», mais que voulez-vous, il faut croire que j'ai encore du millage à faire avec ce filon. Je vous donne cependant raison, dès le départ. C'est du «high concept» et le «high concept», ça finit par nous les casser (non, pas les pots).

Vous savez, certains personnes ont des obsessions, des obsessions qui durent toute une vie. Prenez George Rodrigue, par exemple, un artiste louisiannais qui peint toujours le même chien (bleu) dans toutes ses toiles: son célèbre «Blue Dog». Non seulement le chien est toujours présent, mais il est toujours représenté pareil, avec ses yeux tristes et exhorbités. Rodrigue a littéralement fait une carrière internationale en dessinant sans répit le même sujet. C'est un réel obsédé.

Il y en a d'autres. Combien de chercheurs passeront leurs existences à interpréter des fossiles de ptérodactyles, par exemple? Combien d'auteurs ne feront que raconter, encore et encore, leur même histoire d'enfance troublée? Combien de collectionneurs de produits dérivés des Simpson, pour qui rien ne compte à moins d'avoir un des populaires personnages jaunes aux yeux globuleux dessus? Combien d'obsessions pour autant de personnes obsédées?

Je roulais sur l'autoroute aujourd'hui et je lisais le nom d'une entreprise près de Louiseville. «Les coffrages de béton G. Gauthier», que ça disait. Ce gars-là (ou cette fille - Ginette, peut-être?) fait des coffrages de béton. Pas n'importe quel coffrage. Du coffrage de béton. Pas des dalles de béton, ou, pire, des ornements de jardin de béton. Non, non. Des coffrages. De béton. Ça m'a apparu vraiment spécialisé. Ça m'a fasciné, je pense. Toute une vie de coffrages de béton. Wow.

À vrai dire, j'envie secrètement tous ces gens qui ont une obsession. Le matin, en se levant, la question ne se pose même pas: ils poursuivront leur unique quête spécifique. Pas moyen de divaguer, dans ce cas-là. Peu de chance de perdre son temps à se poser des questions existentielles. «Moi, je me penche sur l'identité sexuelle des marionnettes à tiges javanaises traditionnelles»: ça doit être super rassurant, se dire quelque chose comme ça. Ça crée des balises. Des murs réconfortants.

Alors, je vous en prie, ne m'en voulez pas si je vous sers encore pour quelques jours des images de pots Tupperware de marque Rubbermaid photoshoppées avec des textes où je rentre souvent de force une expression avec le mot pot dedans. Ça ne durera pas une vie. Promis.

Et si ça vous ennuie, je promets, qu'un jour, je réparerai les pots cassés.

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