lundi 2 août 2010

Matière à réflexion

Êtes-vous matérialistes? Moi aussi.

Quoi? Qu'entends-je? Certains d'entre vous ne sont pas d'accord? Y aurait-il des non-matérialistes parmi nous?!

Je devrais ici traiter sérieusement du sujet, citer le Larousse, des philosophes, Karl Marx, mais ce n'est pas mon genre, ça, vous le savez. Disons seulement qu'à chaque jour que je vis, je me heurte à cette vérité: nous vivons dans un monde matériel. Nous sommes des matérialistes, puisque partout autour de nous il y a tant de choses et si peu de rien.

Remarquez, je ne suis ni honteux, ni fier. Je constate, c'est tout. Quand la chambre à air de mon vélo éclate, par exemple, et que je ne trouve pas la clef spéciale pour dévisser le boulon spécial antivol qui ne se dévisse qu'avec cette clef spéciale, comme une clef à combinaison, si vous voulez, qui est unique, que moi seul possède, que j'ai fait installer pour fixer mes roues afin de ne jamais me les faire voler, mais qui ne m'a causé jusqu'à maintenant que des ennuis parce que cette clef, je l'ai rangée dans un endroit sûr pour ne pas la perdre et que ce type «d'endroit sûr» est sans l'ombre d'un doute la pire place où quiconque peut ranger une chose qu'il n'a pas envie de chercher et que changer une chambre à air signifie non seulement que la roue doit être enlevée temporairement mais aussi que les plans pour aller à la piscine risquent de tomber à l'eau (sans jeux de mots), eh bien quand toutes ces choses arrivent, j'ai toujours cette même pensée: le monde matériel, c'est un maudit paquet de troubles.

En fait, j'aimerais bien pouvoir me détacher de toute cette matérialité.

Travaillez-vous avec la matière? Moi oui. Il me semblerait tellement plus simple de ne pas avoir à composer avec la matière, mais ce n'est pas mon lot. La matière, ça s'use. Ça brise. Ça se perd. Il faut entretenir ça, la matière, sinon elle finit par ne plus fonctionner.

J'envie parfois ceux qui oeuvrent sans matière, ceux qui travaillent avec les idées. Les auteurs, par exemple. Les mots dans leurs têtes ont moins de chance de se retrouver en morceaux, dont la moitié sous le sofa lourd qui égratigne le plancher à chaque fois qu'on le déplace. Je me rassure en me disant que malgré tout, même les auteurs subissent ce contact obligé avec la matière. Un ordinateur qui flanche. Une imprimante bloquée. Une simple mine de crayon qui casse...

Il y a ceux qui travaillent avec les gens. Ont-ils plus de chance? Peut-être pas tant que ça. L'enseignante cassera peut-être sa craie matérielle en expliquant le théorème de Pythagore, faisant ainsi glisser ses ongles vernis sur le tableau noir matériel dans un bruit désagréable. L'infirmière se coincera peut-être la peau de la cuisse en refermant un civière matérielle trop rapidement. Le psychiatre devra peut-être un jour prescrire des petites pilules matérielles qui pourront être confondues avec des bonbons par un caniche spasmodique et baveux.

La matière, on n'y échappe pas. Même le moine bouddhiste, qui travaille avec l'esprit, finira bien par déchirer sa toge en se relevant de sa semaine de jeûne de et méditation. Ses pensées, sa simple réflexion, ne sont-elles pas aussi matière? Une pensée brisée, égarée, dont le vernis commence à écailler, ça aussi, ça se peut.

Nous sommes condamnés à entretenir de la matière, toute notre vie. Ça nous occupe, j'imagine. Sinon, on ferait quoi de tout ce temps? Rien?

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