J'ai toujours une image de pouilleux barbu avec des lunettes rondes et une chemise tie-dye qui gambade pieds nus dans les champs, quand je pense à la drogue. Et cette image me fait dire non.
Je sais, mon image est dépassée, depuis longtemps, même. Mais c'est une image si forte qu'elle réussit à faire ombrage aux images plus réalistes et contemporaines que sont celles d'un homme d'affaires clean cut qui a un ziplock de cocaïne dans son attaché-case, ou d'une ado branchée avec un sac à dos Hello Kitty qui danse jusqu'au matin, se moquant qu'autour d'elle, il n'y ait pas d'homme intéressé à elle, mais bien qu'une mer d'hommes gay dans la quarantaine avancée qui s'habillent comme des skaters de seize ans.
Tout ça pour dire qu'il y a des images, vraiment, qui collent.
Pour moi, du poulet rôti, c'est couvert de paprika. Une pute, ça a des bas nylon déchirée. Une serviette de bain, c'est blanc. Une bande-dessinée, c'est rectangulaire (vertical, le rectangle). Une tante, c'est permanenté. Une tente, c'est jaune citron. Un fromage, ça a des trous. Un téléphone, c'est noir. Un cellulaire, gris argenté. Une fête d'enfants, ça a des ballons multicolores qui vont finir torturés par un petit gros avec des taches de rousseur. Une chanson espagnole, ça a le mot «corazón» dedans. Un film d'auteur réalisé par une lesbienne, ça a une image d'oiseau mort dans la neige (un corbeau, de préférence). Une table à café, c'est carré. Une main de marionnette, ça n'a que quatre doigts. Une plage, ça a des cocotiers. Un caramel, c'est mou. Une pomme, c'est rouge. Une boîte de déménagement, ça a «THIS SIDE UP» imprimé dessus, avec une flèche. Un tableau noir, c'est vert. Un village québécois anglophone, ça a une boutique de fudge avec une pancarte de bois marquée «FUDGE». Un dictionnaire, ce n'est jamais celui de l'année courante et ça a une page avec des drapeaux passés date à la toute fin. Une paella, ça a des crevettes dessus, avec les têtes. Un spectacle de fin d'année d'enfants de sept ans, ça a des costumes d'arbres faits en carton et des chorégraphies mal synchronisées. Une hallucination de drogué, ça a des couleurs vives qui forment des spirales.
Je sais que toutes ces choses ne sont pas nécessairement vraies, mais c'est comme ça. J'ai des images collées.
Et je dis non à la drogue. Juré.
Un blog, ça a des lecteurs. Tu as aussi oublié que les tantes permanentées ont aussi les cheveux teint dans la gamme des "rouges".
RépondreSupprimerEt si mon fromage est jaune et que ma tente a des trous, que ma pute est blanche avec des taches de rousseur, que ma tante a des bas nylon déchirée, que mon film de lesbienne est noir et mes serviettes de bain gris argenté, que mon poulet est couvert de coco et mon caramel de paprika, que ma bande dessinée a des arbres faits en carton et mon spectacle d'enfant a une plage recouverte de fudge avec des drapeaux passés date à la toute fin, que mon village anglophone québécois est carré avec une flèche avec «THIS SIDE UP» imprimé dessus, est-ce que cela signifie quelque chose sur ma consommation de drogue ?
RépondreSupprimerSi c'est occasionnel, pas de problème. Si ces images collent, alors, il serait mieux de se faire pousser la barbe, acheter des lunettes rondes et passer un vieux t-shirt noué dans une série de bains de teinture.
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