Cette finale, tout le monde, au fond, l'avait attendue depuis longtemps. Des savants en avaient discutée. Des prophètes l'avaient annoncée. Des peuples entiers avaient même tenté d'en prédire le moment précis. Bien sûr, le monde n'allait pas finir en satisfaisant toutes ces prédictions. Le monde n'aurait jamais supporté d'être si prévisible.
Ce n'est donc qu'au dernier moment que le monde a montré des signes que sa fin était proche. Ces signes, par contre, pas moyen de les ignorer. Des tornades, des tremblements de terre, des raz de marée, des orages électriques, des tempêtes de verglas, de sable et de grêle se sont produits, tous en même temps, quelques heures seulement avant le tout dernier moment. Pendant cette courte période où les désastres faisaient rage partout, absolument partout, il était déjà trop tard pour bien faire. Nul besoin de faire des provisions (de toutes façons, personne n'aurait voulu travailler dans les épiceries, ou n'importe où d'autre, en fait), nul besoin de trouver un moyen de se sauver (qui aurait cru bon perdre ses derniers moments à manoeuvrer un quelconque vaisseau?), nul besoin de faire ses adieux (c'est ceux qui partent qui doivent dire adieu, pas ceux qui restent, mais quand personne ne reste...).
Tout le monde a attendu, sans aucune panique. Une continuait son repassage. Un autre pliait sa brassée de blanc. Celle-là classait ses Tupperware. Celui-ci regardait des échantillons de peinture pour sa salle de bain. Certains dormaient. D'autres se branlaient. On voyait même des gens en train de ne rien faire du tout. Aucune pensée, aucune prière, aucun regret.
Le dernier moment a été banal. Une seconde avant, il y avait le monde. La seconde suivante, tout avait disparu. Partout, le vide. Du rien à la grandeur de l'univers. Étrangement, pas même de noir, mais une couleur inconnue.
Que jamais personne ne verrait.
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