Mon dernier message me laisse dans un état difficile à décrire. Il y a la satisfaction d'avoir (peut-être enfin) accepté ma condition de matérialiste, mais demeure cette insatisfaction. Qui suis-je? Qu'est-ce que ça me fait de penser comme ça? C'est triste, au fond, non? C'est peut-être même insultant pour ceux que j'aime? J'ai pas le droit, peut-être, de penser comme ça. "Comment je me sens dans tous ça?", me dirait ma psy si j'en avais une.
"Overwhelmed". J'ai cherché la traduction française du mot "overwhelmed". Pas satisfaisant. On parle de submersion, d'accablement, d'écrasement, mais aussi d'irrésistible. C'est pas faux, mais ça ne dit pas tout. Maudit qu'ils l'ont, l'affaire, les anglos. Peut-être que je manque simplement de vocabulaire en français? Je me sens "overwhelmed".
Devant ce constat matérialiste (que certains trouveront pathétique, sûrement), je suis en effet irrésistiblement submergé, dépassé. Tous ces objets m'empêchent peut-être de voir le reste: moi, les autres, tout ce qui est intangible. Comme disait Carole Laure citant Cocteau: "Puisque toutes ces choses nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs". Alors, si un jour j'arrive à arranger ces choses, à avoir un certain contrôle sur elles, je me sens rassuré. De cette "overwhelming" masse, j'arrive à émerger, le temps d'un respir. Le nez vers le ciel, je souffle et je peux apercevoir... quoi au juste? L'invisible? La vraie beauté, pour moi, c'est peut-être ça, au fond: l'invisible. Un petit moment de calme où nos cinq sens peuvent prendre une petite pause. Devant le nouveau mur de tuiles dans mon condo, face à mon MacBook bien aligné avec le bord de la table, en ouvrant mon armoire à Tupperware de marque Rubbermaid, où les piles sont régulières et monochromes, je peux enfin faire face à l'invisible.
Ça ne dure jamais trop longtemps. Je suis replongé sous la surface et me revoilà en quête d'apprivoiser toutes ces choses. Le matériel reprend le dessus. Bon. Assez blogué pour aujourd'hui. J'ai des vraies affaires à classer.
J'ajouterais également le mot "awkward" à ton dictionnaire des expressions anglaise intraductibles. Rien de tel en français.
RépondreSupprimerTu as absolument raison. "Mal-à-l'aisant" n'est pas encore accepté et en plus, ça ne sonne jamais aussi awkward que "awkward".
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