vendredi 27 novembre 2009

Less is more

J'adore dire cette phrase.

En dire plus à ce sujet serait trahir la pensée profonde du "less is more", mais me voilà déjà dans le "trop". Je n'ai pas su m'arrêter. Alors, je suis aussi bien de continuer.

C'est dur, la mesure. Trop en mettre, c'est vraiment humain. On se dit qu'on peut faire mieux, qu'avec un petit peu de ceci, un petit peu de cela, ça va donc être meilleur. Ce qui, souvent, n'est pas le cas. Combien de fois n'ai-je pas mis une dernière cuillerée de sauce piquante, tuant ainsi un linguine pescatore qui aurait pu être délicieux, mais qui finira par ne goûter que la sauce piquante? Combien de maisons n'ai-je pas visitées, où les bibelots s'accumulent dans un triste mélange de bonnes intentions et de mauvais design? Combien de mots n'ai-je pas ajoutés à une discussion, me mettant du coup dans la merde? Combien d'exemples de trop, en ce moment même? Il y a toujours cette peur d'en manquer. Alors, on ajoute, on accumule. Mais: "le mieux est l'ennemi du bien". Qui disait ça, donc?

J'ai tenté, depuis quelques années, d'appliquer la tentante théorie du "less is more". Au début, c'est facile. Un exemple. Vider un garde-robe de vêtements démodés qu'on va porter aux pauvres, vraiment, ça soulage. Notez bien ici que ce qui soulage, ce n'est pas l'idée qu'une personne nécessiteuse pourra profiter de nos fautes de goût passées, mais bien la place, l'espace vide qui fait respirer le placard. Un bel espace. Tant de possibilités. Suit en général une période de sérénité. Mais un jour, ça nous prend. Ce bel espace vide nous appelle. Il crie. Il en veut. Plus. Toujours plus. Comme on ne peut que constater que ce vide est devenu l'endroit idéal pour du neuf, on se laisse aller. Peu à peu. Un manteau trois-quart, ça pourrait être pratique par dessus un veston. Des chemises à manches courtes, on en a toujours besoin en voyage. Des shorts pour le gym, ça encourage à y aller, au gym. Une salopette, ça fait longtemps qu'on y pensait... En peu de temps, l'espace manque. On ne s'en rend pas vraiment compte sur le coup, mais nous voilà chez Zeller's en train d'acheter des cintres. Mauvais signe.

Il faut beaucoup d'assurance pour pouvoir dire: "voilà, c'est tout". J'ai toujours admiré les artistes contemporains qui peignent un minuscule rectangle gris pâle sur un gigantesque canevas blanc. Quel front de boeuf! Bon. Je ne peux pas dire que je trouve ces artistes particulièrement talentueux. "Mon neveu de six ans pourrait faire pareil!", comme on dit. Dans les faits, par contre, ce n'est pas vrai. Le neveu en question utiliserait toutes les couleurs de la boîte de Crayola, ça éclaterait, il y en aurait partout. Faire du "less is more", c'est pas naturel chez l'humain. D'ailleurs, si "less", c'est "more", ça veut dire qu'on aspire, au fond, à "more". La recherche du "less" est donc une quête parfaitement absurde et contradictoire.

J'en dirai d'ailleurs moins à ce sujet plus tard.

2 commentaires:

  1. Je suis fasciné par le «Less is more» itou...

    Force est de constater que «less» personne l'aime et «more» personne le trahisse...

    J'ai par contre découvert par le biais du milieu médical que la nature n'aime pas le vide... Suffit d’être à jeun pour un échographie du foie pour apprendre que le système digestif se remplit d'air pour combler les vides... Air qui fera son chemin par une voie naturelle afin d'être éléminé. Je crois donc que le vide qui fait peur à certains détracteurs du «less is more» est donc rempli de cet air plus ou moins souhaitable.

    Mais bon il me semble sombrer dans la comparaison scatologique, ce que je ne voudrais pas faire afin de continuer à donner le bon exemple audit neveu de 6 ans (qui, celui-ci, je dois le mentionner adopte très bien je dois dire le «less is more» dans ses créations par paresse bien plus que par souci esthétique)... ;)

    Le vide, le silence, la noirceur... tout cela fait souvent peur. Pas autant que les araignées, les avions et le tonnerre. Mais ils font peurs tant qu'on ne les a pas apprivoisés... comme les araignées, les avions et le tonnerre.

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  2. Le «less is more» par paresse. C'est du génie! J'adore.

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