Savoir se contenir, c'est difficile. Il y a une ligne très mince entre se contenir et se faire marcher dessus. Faire éclater ses émotions (comme la colère, par exemple), ça a ses plus et ses moins. D'une part, on peut dire qu'on a (peut-être enfin) fait sortir le méchant, d'autre part, on peut se dire qu'on est allé trop loin. Ça a splashé partout. Ça a revolé et au bout du compte, rien n'a été réglé. On se retrouve dans pire gâchis qu'avant et ça, c'est vraiment pas plaisant.
Vous vous imaginez tout de suite qu'un événement grave vient de m'arriver. Détrompez vous. Les plus grandes colères (ou autre émotion au choix) surgissent souvent de moments anodins et ma vie est encore plus ridicule que vous ne pouvez imaginer.
Vous êtes curieux?
Si vous voulez vraiment apaiser votre curiosité, voici ce qui vient tout juste de m'arriver. J'étais dans un bar. Un bar de gars. Des «vrais» gars, là, pas des folles (j'ai hésité avant d'écrire ce mot, car je ne voulais pas tomber dans la facilité, mais c'est tellement facile, la facilité). Un groupuscule d'individus pas vraiment à leur place était là, sur le party, probablement pour célébrer les trois ans et demi de leur salon de coiffure (ouf, bonjour les clichés - mais, il fallait que ça sorte). Leur activité principale consistait à se lancer des poignées de glitter (il fallait le voir pour le croire). Jusque là, pas de problème. Je ne juge pas «ce genre de gars là». Une seule chose me préoccupait: je ne voulais pas recevoir un seul de ces maudits glitters argentés. Avez-vous déjà été couvert de cette cochonnerie? Des mois plus tard, vous en trouvez encore dans vos coutures de t-shirt, dans votre panier à linge sale, dans les fentes entre les lattes de bois de vos planchers... Bien sûr, l'évident allait se produire. La plus grande de ces énervées saoules et spray-nettée a soufflé une poignée de petits brillants et je me suis retrouvé couvert comme une drag-queen le jour de la parade de l'orgueil gay. Bon, dans les faits, je n'étais pas «couvert». J'en avais un peu dans les cheveux et d'autres de pognés dans le poil de mes bras. Mais ça m'a mis dans une colère terrible. L'orgueil gay, j'imagine.
Je pourrais ici vous raconter une suite où je verse un pichet de bière sur la tête de cette «kéffeuse» (maudit que ça fait du bien, ces clichés là - j'en ferai un sujet futur, je pense), en ajoutant un crochet droit sur sa mâchoire efféminée (ça fait vraiment du bien), pour terminer sur une injure humiliante et un coup de pied au cul final. Malheureusement, ou heureusement, je ne peux pas vous raconter cette finale. Ce n'est pas ce qui s'est passé.
Je suis allé aux toilettes me laver le visage. Au retour, l'individu (redevenons plus neutre, ici) a voulu s'excuser, mais je lui ai répondu qu'il était un imbécile et que je n'avais rien d'autre à lui dire. Je suis parti (en fait, il fallait que je parte anyway, je devais aller souper). Fin. C'est plate, hein?
Je me suis contenu. J'ai gardé mon couvercle bien scellé, de peur de splasher partout. Si j'avais opté pour cette version, où serais-je maintenant? Encore au bar, fier de mon coup? En train de souper, bien tranquille? Au poste de police, accusé de voies de fait? Je ne le saurai jamais. Se contenir, c'est ça: accepter qu'il y aura des versions qu'on ne connaîtra jamais.
Raconter cette histoire, ça me fait peut-être me contenir un peu moins? Un peu?
Ooooh... je me reconnais beaucoup dans tes écrits ! Et ça fait du bien. Je constate que je suis peut-être moins farfelu qu'il n'y paraît !
RépondreSupprimerJ'ai souvent eu tendance à vouloir « over-reacter », car je trouve bien franchement que ça ajoute au spectacle. Passer à l'acte s'avère toutefois plus ardu ; la raison finit pas mal toujours par avoir le dessus. Franchement, je trouve ça un peu plate, parce que moins divertissant. Mais en rétrospective, je vis beaucoup mieux avec cela qu'avec les fois où j'ai tout simplement explosé ; dans ces cas, j'avais l'impression d'envoyer une image puissante, forte, voire menaçante, alors qu'il en était tout autre puisque je perdais évidemment le contrôle de moi-même. L'une des belles complexités de l'homme, j'imagine.
Ceci étant dit, il m'apparaît important de préciser que j'entretiens de nombreux dans lesquels je perds allègrement le contrôle de moi-même. Au premier et au deuxième degrés. :o)
Bonne fin de journée, et lâche surtout pas le beloguele !!! :D
xx
Merci, Stéphan, de tes commentaires!
RépondreSupprimerIntéressant, cette notion de «spectacle». Des fois, je me demande si c'est plus agréable de voir le spectacle ou d'en faire partie. Il faut des deux, j'imagine...
Je pense qu'un juste équilibre est idéalement envisageable.
RépondreSupprimerMais être équilibré, oooooh ça sonne tellement plate !!!!!!
Oui, c'est vrai! C'est ça le problème avec l'équilibre.
RépondreSupprimerL'équilibre, des fois il faut en faire preuve, des fois il faut s'en passer. C'est le summum de l'équilibre.
RépondreSupprimerWOW !!! C'est de toute beauté ça !! :D
RépondreSupprimerSi tu me le permets, je ferai appel à ce concept lors d'une prochaine intervention sur mon blogue :o)
Pas de problème. Entre blogueurs, il faut bien s'entraider...
RépondreSupprimerMoi je pense que tu as bien fait de te retenir. C'est du moins ce qui à mon avis dicte l'intelligence de faire. Va savoir comment la situation aurait pu dégénérer si tu avais sauté sur la Fée des étoiles. Même une folle peu te ramasser avec un bock à biere dans l'oeil. Mais je comprend ta frustration de ne pouvoir t'exprimer qu'avec ton blog d'avoir laissé Miss Clairol s'en sortir impunie. Là dessus, j'admire les français. Ils sont capable de se pogner, de s'engueuler, de se crier des noms mais le tout sans se frapper, ha bravo!
RépondreSupprimerP.S: Ça reste collé sur la peau tellement longtemps ces «Glitters» là que tu va briller encore à Noël :)