En ce moment même, je regarde (distraitement) une émission intitulée Maison en otage. Je faisais une sieste sur le sofa et c'est dans un état de semi éveil que j'ai commencé à regarder cette émission. Je n'ai pas pu résister. Je connaissais Maison en otage, bien entendu. Je suis facilement happé par la télé si elle me propose des concepts où des maisons affreuses sont transformées sous nos yeux. Heureusement, à tout moment, je peux ouvrir la télé et tomber sur une de ces émissions. Elles jouent en boucle à plusieurs canaux. Ce serait plus difficile de les éviter que de les trouver. Vous en connaissez sûrement, à moins d'être de ceux qui ne regardent jamais la télé (et qui en sont très fiers). Mon vrai bonheur ne réside pas dans les merveilleuses astuces de design que proposent ces émissions, mais bien dans leurs formules (gagnantes). Les meilleurs concepts font appel à des «designers» qui s'évertuent à rabaisser les participants, de pauvres criminels du bon goût, en se moquant de leurs tentatives de décoration intérieure. On jette le vieux lazy-boy brun aux ordures, on fait mettre aux participants des t-shirt portant des inscriptions honteuses (cette fois, c'est «House of Horrors»), on filme soigneusement les coups de masse dans les murs de stucco, on déchire les ridicules rideaux de dentelle, on humilie toute la famille en étalant son stock laid sur la rue... Un délice télévisuel, quoi! C'est un plaisir malsain, je sais.
Ces séances d'humiliation publique se terminent toujours de la même façon: le dévoilement du projet, où les designers homosexuels (bon, des fois ce sont des femmes obsessives-compulsives, mais le résultat est le même) s'auto-congratulent de leur bon goût en pointant aux pauvres participants combien ils seront plus heureux dans leur nouvelle déco. La partie étonnante, c'est que ces analphabètes de la décoration sont toujours ravis. «Oh, my God!», disent-ils, en ouvrant les yeux. «Is this really my living room?». Quelle joie sur leurs visages! La honte fait place à une appréciation totale. Leur vie sera à tout jamais changée.
Je ne vais surtout pas prendre la défense de ces masochistes du home improvement. Seulement, je me demande parfois si c'est possible d'être heureux avec du papier peint floral défraîchi, des meubles des années 80 usés mais fonctionnels et des ventilateurs de plafond avec des abat-jours de verre givré en forme de tulipes. C'est quoi qui rend ces intérieurs laids, au juste? Notre cerveau peut-il capter des formes qu'il analysera comme hideuses ou harmonieuses? Des extraterrestres qui débarqueraient ici, sans connaître notre passé (et sans abonnement à Vidéotron), pourraient-ils distinguer une tête de lit qui fait «wow» d'une tête de lit qui fait dur?
Leur vaisseau spatial serait-il aussi épuré qu'on aime imaginer, scintillant d'inox et de verre? Et si ils aimaient ça, eux, le stucco, les petits rideaux de dentelle et les lazy-boys bruns?
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