Chacun des thèmes, souvent formulé sous la forme d'une question, comporte sa réponse. Aussi, si Lynda se demande "Are you ready to fly solo?" (c'est à dire, dans le jargon du métier, décorer sans faire appel à un designer professionnel), la réponse est bien sûr que non, la plupart d'entre nous ne devraient pas faire confiance à son goût douteux et engager plutôt un designer sur le champs. Si elle se pose la question, c'est qu'elle en connaît déjà la réponse.
Les divers segments de cette émission passent très vite. On visite deux demeures fabuleuses, qui nous rappellent à quel point c'est ordinaire chez nous, on discute avec la rédaction afin de débattre du sujet entre gens pour qui un budget de 100 000,00$ pour une cuisine, c'est "really affordable", on bricole avec des homosexuels, souvent chez Lynda elle-même, afin de découvrir à la fois combien il est facile de peindre un abat-jour et combien Lynda est sûre de mettre au chemin le bricolage en question dès que les caméras seront fermées. Un court segment est intitulé "Gotta have it", soit "Ça nous PRENDS ça" (traduction libre). Dans cette très courte partie de l'émission, l'émotion est à son paroxysme alors qu'on présente des images des trouvailles de l'équipe de Lynda dont on ne pourrait se passer. Sans panier en osier antique, en effet, que sommes nous?
Je semble sarcastique? Pas du tout. Cette émission est pour moi comme une drogue. À tous les jours, à 18h30, I GOTTA HAVE IT. Le ton hautain, les remarques désobligeantes, le malaise de Lynda auprès des enfants qui ont le malheur de se trouver sur les planchers de granit noir de certaines demeures visitées, les conseils aux téléspectateurs (parfois, Lynda répond aussi à des questions du public, qui envoie même de tristes photos de leurs cuisines ordinaires ou de leurs salons anonymes - c'est jouissif de voir la mine découragée de Lynda qui finit toujours par dessiner des tentures autour des fenêtres), l'équipe composée de petites grosses et d'homosexuels efféminés (il y a même un petit gros homosexuel efféminé), les images léchées de tous ces endroits aussi magnifiques qu'inaccessibles... J'aime tout.
C'est pour moi une détente extraordinaire. Parfois, j'enregistre toute la semaine et je ma la tape en rafale le vendredi soir. "Loser!", me criez-vous? Je m'en moque. Pourquoi bouder mon plaisir? La psy que je n'ai pas me dirait qu'il y a de quoi creuser à ce sujet. Je me moque encore plus de cette hypothétique psy.
Lynda, je t'aime. Tu m'autorises à ma propre superficialité.
je savais que je manquais quelque chose en n'écoutant pas la télé - j'ai déjà pris de photos à lui envoyer...
RépondreSupprimerIl ne reste qu'à imaginer les tentures!
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