mardi 1 décembre 2009

Juger le contenu par le contenant


Est-ce que c'est vrai, ça, qu'on ne devrait pas juger du contenu par le contenant? Moi, je dirais que d'une manière générale, quand j'ai jugé une chose par son contenant, je ne me suis pas trompé. "Ah, t'es ben pas fin, t'es plein de préjugés!" et gna gna gna...

Selon le Petit Larousse:

Préjugé n.m. 1. Jugement provisoire formé par avance à partir d'indices qu'on interprète.

Bref, y'a rien de mal là dedans! Je dirais même que c'est une marque d'intelligence, de flair. C'est faire preuve d'analyse et ça fait pas de mal à personne! Bon, y'a une deuxième définition, mais quand même... Pourquoi se priver de ce qui a permis à la race humaine de survivre depuis des milliers d'années? L'instinct. À l'épicerie, le mélange à gâteaux dans une boîte jaune avec "mélange à gâteau" écrit dessus en lettres noires (Arial black), même pas de photo, je vous le dis: ça lève pas pis ça goûte le criss. Je viens de vous épargner une grosse déception à vous et à votre neveu le jour de ses six ans. C'est mal, faire ça? Les anglos disent: "Never judge a book by its cover". C'est drôle, mais pourquoi je peux spotter les biographies minables de vedettes has-been du premier coup d'oeil sur la table des coups de coeur Renaud-Bray? Même de loin. La photo filtrée, son éclairage, le fond ombragé, la grosseur du titre: tout y est pour savoir qu'on a pas affaire à un prix Goncourt.

Le pire, c'est avec le monde. C'est là où c'est le plus mal vu de préjuger. Pourtant, un préjugé n'exclut jamais un retour sur notre décision. C'est un avertissement. Sur la rue, on vous demande: "Parlez-vous français?". Il y a peu de chance de se tromper et d'un coup d'oeil, on peu deviner la suite. C'est soit une touriste parisienne perdue qui cherche la ville souterraine ou un itinérant qui va vous quêter 25 cents pour un café. Si jamais on se trompe, so what? Ça m'étonnerait qu'il s'agisse d'un producteur d'Hollywood à la recherche d'une co-vedette pour jouer avec Brad Pitt dans un film en français. Au pire, vous éviterez de découvrir les bienfaits de la dianétique ou du travail exceptionnel de Médecins du Monde... Ça empêche pas de donner, au bureau.

La preuve que tout le monde juge le contenu par le contenant, c'est que c'est rare en maudit quelqu'un qui fait exprès pour s'habiller tout croche et puer de la gueule pour aller cruiser. Y'en a à qui ça arrive, mais pas par exprès. On sait que les gens vont nous juger par notre apparence. Il y a des livres de "self-help" (super reconnaissables, même écrits en chinois) qui, pendant des pages, nous rappellent "qu'il n'y a qu'un moment pour créer une première impression" et que "tout se joue dans les trois premières secondes". Quand on se trouve du bord du jugé, on hoche de la tête, on se dit: "ben oui, c'est vrai"... Alors, pourquoi on n'aurait pas le droit de juger les autres en retour?

J'avoue, il arrive qu'un contenant modeste cache un trésor. Ce midi, je suis allé dans un restaurant vietnamien que j'adore. C'est laid! Horrible. La façade est minable et en dedans, ça se gâte en mêlant le préfini et les déprimantes peintures beiges de jonques. Mais la bouffe est bonne. Le service est impeccable. L'endroit en devient presque charmant.

J'ai l'air de m'attendrir, comme ça. Mais attention: vous me jugez peut-être trop vite?



En prime aujourd'hui: un diaporama expérimental avec des Tupperware. Préjugés bienvenus!

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