dimanche 12 septembre 2010

Un monde meilleur

Il y a quelque chose qui me dérange depuis longtemps, mais jamais je n'ai osé en parler. Je vous entends penser, vous vous dites «bon, voilà encore Robert qui va nous parler de quelque chose d'insignifiant, comme des bouchons de savon à lessive trop gommés de savon qu'aucun autre savon n'arrive à nettoyer, ou du mauvais design de la majorité des fourchettes à dessert de la planète qui ressemblent bien trop à leur grandes soeurs fourchettes pour permettre un classement efficace au premier coup d'oeil» et, bien que je ne serai pas en total désaccord avec vous, je vous répondrai qu'il m'arrive aussi parfois d'avoir une vision plus globale et plus essentielle de la vie.

Le sujet qui me brûle les lèvres depuis trop longtemps nous affecte à tous les jours. C'est un fléau qui nous afflige sans raison. Nous possédons tous les outils pour éviter le désastre et, pourtant, nous n'agissons pas. Partout, autour de nous, se trouvent des textures inutiles, qui n'ont pour but que d'abriter crasse, poussière et bactéries.

Il y eut un temps où l'être humain n'avait pas le choix. Les objets de son quotidien étaient fabriqués avec les matériaux imparfaits de son environnement: de la pierre crevassée, du bois granuleux, de la terre cuite poreuse et tant d'autres matières primitives. Les exigences de propreté, «heureusement», étaient alors tout aussi perméables aux imperfections. Étrangement, l'espérance de vie à cette époque était moins courte et une vie bien remplie pouvait même se passer d'articles aussi essentiels qu'une brosse à dents. Mais, disons-le, nous avons évolué.

L'acier inoxydable existe, maintenant. Depuis 1904, même. Le sable salissant et râpeux est transformé en verre lisse et transparent depuis des siècles. On trouve de merveilleuses nouvelles textures dans tant de produits de silicone, de plastique et autres polymères synthétiques. Avec ces matières (il en existe d'autres), il est possible de créer des objets lisses, hygiéniques et faciles à nettoyer. Bien sûr, il faut éviter d'usiner ces matériaux à mauvais escient, en leur imposant (grâce à divers procédés de moulage, par exemple) des textures crevassées, rainurées, martelées ou que sais-je encore. Pourquoi toutes ces textures, au fond? Pour nous obliger à frotter, frotter, frotter?

«I had a dream», disait l'autre. Eh, bien, moi aussi. Le rêve d'un monde plus lisse, moins poreux. Aujourd'hui j'observe, sur mon écran plat (et lisse), le discours du Président de nos voisins du sud et je me rappelle que, oui, c'est possible. Yes, we can. Sans idéaux, que sommes-nous? Sans rêves, nos vies méritent-elle vraiment d'être vécues?

Attention, je ne désire pas ici tout uniformiser sans raison. De toutes façons, pour conserver la diversité dans notre monde, avons-nous réellement besoin de toutes ces textures quand tant d'autres outils modernes sont à notre disposition? Il y a bien les couleurs, par exemple.

Mais, de grâce, évitons certaines teintes de turquoise et de rose cendré.

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