mercredi 2 juin 2010

Quatrième dimension

Vous vous souvenez de l'époque où on décrivait les gens en les divisant en deux groupes, celui des auditifs et celui des visuels? C'est vrai, ce sujet est désormais tombé dans l'oubli, avec les permanentes, Gumbi et les cassettes huit pistes. Mais il faut se rendre à l'évidence, cette division n'était pas si bête que ça. Un peu drastique, assez peu nuancée, mais pas bête du tout.

Il y a une autre division que j'aimerais proposer, qui est, en quelque part, vaguement inspirée de cette théorie des auditifs et des visuels: la division des spatiaux et des temporels.

Je suis un spatial.

Je perçois mon univers en espace. Je sais où je suis. Ce qui est à ma gauche, ce qui se trouve à ma droite. Le haut, le bas, le dos, le devant: tout ça, pour moi, c'est d'une clarté infinie. Où est mon clavier d'ordinateur, en ce moment, en rapport avec le mur le plus proche? Bien parallèle, à environ 64 centimètres de ce mur (plus ou moins 7,5 millimètres), décentré d'un rapport de 1/9 de la largeur du mur, vers la droite. Ça fait du bien de savoir ça. Ça rassure. C'est apaisant et en plus, ça vient tout seul. J'ai le contrôle (quasi) absolu là-dessus.

Ceci dit, quelle heure est-il? Bien sûr, c'est marqué dans le coin supérieur droit de mon écran, à 14 millimètres du rebord, sous la forme XX:XX. Notez que je me retiens de regarder. Je sais ceci de mémoire, avec tant d'autres informations sur l'espace. Par exemple, bien centré, dans l'espace entre le dernier chiffre des secondes et le rebord (une fine ligne noire dans l'écran suivie d'une bande d'aluminium brossé de 9 millimètres), il y a un petit pictogramme de loupe, placé en angle de 45 degrés (poignée vers le bas). Mais rappelons-nous de la question du début du paragraphe: quelle heure est-il?

Aucune idée.

Il est peut-être 21h00 (ce serait indiqué ainsi: 21:00), peut-être 23h57? Mon blogue sera-t-il à nouveau publié trop tard, malgré ma vigilance? C'est dur, pour moi, le temps. J'ai de la difficulté à avoir une certaine emprise sur le temps. Le temps, c'est difficile à situer dans l'espace. À tous les jours, je remplis et je consulte mon iCal, cet agenda virtuel que j'aménage comme une toile abstraite. Un événement familial en rouge par ci, un rendez-vous chez le dentiste en bleu par là. Grâce à ces Mondrian virtuels en constante mouvance, j'ai l'impression de contrôler mon temps. Mais pas du tout. Je cours après chaque minute. Je panique devant les échéances. Je perds mon temps.

Largeur, longueur, hauteur: voilà mon monde en trois dimensions. Ajoutez la quatrième, et je suis perdu. Pas perdu dans l'espace, mais dans le temps.

J'imagine qu'il y en a pour qui le temps, c'est facile à saisir. Ce sont les temporels. En voyage, ils se perdent dans la ville, mais savent organiser leur temps. Ça leur vient tout seul, naturellement. Les chanceux.

Bon. J'ai triché. Je viens de lever l'oeil. L'heure est bien là où elle doit être, en caractères noirs sur fond bleu ciel. 23h10.

Ce soir, je publierai mon blogue à temps.

2 commentaires:

  1. pas de monde riant pour le 3 juin ?
    glissement temporel ds un troupperware pas vert mais noir ?

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  2. Je crois que c'est pire qu'un simple glissement. C'est une vraie zone de turbulences.

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