Bon, bon, bon. Uh-hum.
C'est drôle, on dirait que le nouveau look de Tupperwareblog m'intimide un peu.
C'est toujours difficile, étrenner un nouveau look. Vous trouvez pas? On est fier, mais pas complètement à l'aise. On vient de s'acheter un nouveau pantalon qui n'est pas dans notre palette habituelle et on hésite à le mettre pour sortir. On l'essaie, seul, à la maison. On se regarde devant le miroir en tentant de se convaincre qu'on a fait le bon choix. On fait des grimaces. On se tourne de dos. On plisse les yeux.
J'ai déjà eu une idée saugrenue. J'ai voulu voir de quoi j'aurais l'air en blond. Oui, oui. J'étais curieux de connaître les joies de vivre en blond (il y en avait, disait-on), moi qui ai les cheveux presque noirs. C'était d'ailleurs peut-être à une époque un peu noire de ma vie. Un besoin de changement «profond» donne souvent lieu à ce genre de modification superficielle. Après de pénibles et nombreux traitements qui ont presque calciné mon cuir chevelu, je me suis vu, en «blond Brad Pitt dans Seven» (c'était ma demande au coloriste). Un choc. Petit, mais un choc tout de même. Ce choc ne venait pas tant du fait que j'avais maintenant une chevelure blond cendré, mais bien que j'allais avoir à sortir dans la rue et me soumettre au regard des autres.
Petite note, ici: ceux qui disent n'accorder aucune importance au regard que les autres portent sur eux sont (à mon avis) dans un déni total. Qui s'achète de beaux vêtements si c'est pour ne les porter que seul, à la maison? Oui, je sais, certaines personnes seules se coiffent, se pomponnent et décorent leur environnement même si elles ne voient jamais personne, mais n'est-ce pas cette pensée qui dit «et si jamais quelqu'un venait?» qui les poussent à cette coquetterie solitaire?
Bref, avec ma nouvelle tête, j'allais avoir à affronter l'univers. Mes amis. Mes collègues. Ma mère. Je n'étais pas terrorisé, loin de là, et même plutôt fier de mon coup, mais une petite pensée envahissait malgré tout mon esprit. Je n'allais pas rester caché dans ma chambre toute ma vie. J'allais avoir à faire mon «coming out» de blond.
Le téléphone a sonné.
- Robert, c'est ta mère. Ton parrain vient tout juste de mourir d'un cancer généralisé. Le service est vendredi.
- Ça me fait beaucoup de peine, maman. Il y a une chose que je dois te dire avant qu'on se voie au service. Je me suis fait teindre en blond.
- (silence)
- Pas bleaché, là. Vraiment blond. Blond cendré, en fait. Comme Brad Pi...
- Tu ne t'acceptes pas comme tu es?
- Comment?!
- Si tu changes, c'est parce que tu ne t'acceptes pas comme tu es.
- C'est juste des cheveux, maman. Ça va repousser.
J'ajoute tout de suite que l'anecdote s'est heureusement terminée sur une bonne note. Au service funéraire, mes tantes, mais surtout mes oncles (étrangement), ne cessaient de me complimenter sur mon nouveau look. Ça a calmé les doutes de ma mère. Moi aussi, ça m'a rassuré. J'avais le droit de changer, comme ça, pour le plaisir, et non pas parce que j'avais des problèmes psychologiques. Ouf. Même ma mère a fini par trouver ça «pas si mal». Il faut dire que ma marraine (la nouvelle veuve) avait bien trouvé les bons mots pour consoler ma mère dans l'atmosphère sereine du salon funéraire: «tous les jeunes font ça, des affaires de même, on n'en sortira pas!». Ça console, l'inévitable. Comme la mort.
Une fois le choc passé, mon nouveau look a fait partie de qui j'étais. À vrai dire, il est devenu presque banal. Au bout de quelques semaines, j'avais cessé de me regarder dans le miroir, surpris comme si quelqu'un d'autre avait remplacé ma réflexion. Et puis la racine noire s'est mise à pousser. À paraître de plus en plus. Mais je n'allais pas laisser tomber. Les traitements chimiques répétés ne me faisaient plus peur. Le coloriste avait trouvé en moi un client régulier, prêt à payer et insensible à la douleur. En plus, il trouvait «son travail» extraordinaire de naturel. Il semblait si content.
Malgré tout, un jour, je lui ai demandé de me teindre en brun foncé pour retrouver ma couleur naturelle. Nouveau choc, nouvelle conversation téléphonique avec ma mère, nouveau «coming out», mais un peu plus faciles à vivre cette fois.
C'est ce qui est le plus triste, au fond, avec le changement.
C'est qu'on s'y fait.
j'aime encore bien aujourd'hui le nouveau tupperware
RépondreSupprimermais c'est vrai qu'il est déjà familier
hihi
Quel bon blog! J'adore.
RépondreSupprimerAussi, je tenais à vous informer, monsieur Robert, que mon amie aime beaucoup votre nez. J'ai alors pris conscience de son existence moi aussi, et je dois avouer qu'il est assez formidable. Pourtant, rien n'as changé et j'y étais tout de même assez habituée..
Vos commentaires enthousiastes, ça, je ne m'y ferai jamais!
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