mardi 22 juin 2010

Le couvercle de nos pulsions

C'est fou combien je me contiens. C'est incroyable tout ce qui peut me passer par la tête et que je finis par ne jamais faire. Pousser quelqu'un devant le métro, par exemple.

Attention. Je n'ai pas dit ici que je VOULAIS pousser quelqu'un devant le métro. Ni que j'AURAIS ENVIE de pousser quelqu'un devant le métro. Je SAIS (bon, ça va les majuscules, je vous fais confiance pour la suite en ce qui a trait à l'emphase) que c'est mal. Je sais que c'est illégal. Je sais que ça pourrais me mettre définitivement dans la merde et qu'en plus, ça risquerait de tuer une pauvre personne innocente. Ce que je dis ici, c'est simplement que ça me passe par la tête. Parfois.

Du genre: «une chance que je suis un être humain équilibré et plein de compassion, parce que ça serait tellement facile de pousser cette petite madame-là devant le métro qui arrive». Vous comprenez mieux? Non?

J'ajoute alors que le plus souvent, je me dis plutôt des choses du genre: «ce gars-là, avec la casquette de travers malgré qu'il ait minimum 45 ans, si ce n'est pas 50, il pourrait très bien me pousser, moi, devant le métro qui s'en vient». Et là, j'observe bien tous les gestes du gars. Va-t-il faire un mouvement vers moi qui aura l'air louche? Sa conduite me fera-t-elle craindre le pire? La plupart du temps, je ne décèle pourtant rien de détraqué (à part un évident syndrome de Peter Pan) et le métro s'arrête comme prévu, sans un corps déchiqueté sous ses roues.

Le monde est bien fait, non?

Tant de choses sont tellement accessibles, tellement pas de trouble à faire, et pourtant, on se retient. Crier «c'est plate!» pendant un film plate. Renifler le derrière des chiens qu'on croise sur la rue. Manger une banane à l'église, pendant un enterrement. Garder les dents serrées toute une journée, comme un ventriloque («gonjour, connent ça za?»). Porter des lunettes même si on n'en a pas besoin. Tant de choses, et des pires.

Est-ce qu'on va vivre toutes nos vies, comme ça, sans lâcher notre fou, en forçant le couvercle pour bien sceller tous ces comportements certes inutiles, néfastes ou carrément CRAZY (je ne me suis pas retenu et vous voyez, ça choque un peu), mais possibles?

Je pense bien que oui.

Donc, rien à craindre si vous me croisez sur le quai du métro.

3 commentaires:

  1. je pense que personne ne t'en voudra si tu renifles le derrière des chiens

    tu te prends souvent pour une petite mad âme là ?

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  2. On dit toujours "bonjour, comment ça va" , même avec les DENTS serrées.
    Pour ton information.

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  3. Pas si on veut montrer les dents!

    Merci de cette observation fort pertinente!

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