mardi 29 juin 2010

La FIFA en profondeur

Il me semble que je n'ai pas encore beaucoup parlé de la coupe du monde de la FIFA (l'acronyme à lui seul mériterait commentaires). Le foot, vous savez? Le soccer, comme on dit ici. Je ne suis pas ce qu'on peut appeler un expert, mais voici tout de même mon analyse, tout en profondeur, de cet événement sportif.

D'abord, je dois dire une chose: ce sport est vraiment, mais alors, vraiment, télévisuel. Les couleurs (surtout en HD) sont vraiment magnifiques. Le fond vert, ça marche vraiment! C'est à la fois vif et relaxant. Voilà une couleur dominante qu'on gagnerait à voir plus souvent à la télévision. Le stade lui-même est un bel exemple de design épuré. Les accessoires sont aussi conçus avec une vision moderne et personnelle. Le choix de la forme sphérique pour le ballon fait preuve d'un goût indéniable.

Le concepteur des costumes (son nom n'apparaît pas au générique, malheureusement) a fait un travail remarquable. Tout est bien identifiable, mais on évite la monotonie d'une combinaison short/chandail trop monochrome. Les coupes et les textures textiles sont parfaitement télévisuelles. Pour bien divertir l'oeil au niveau des couleurs, on a même pensé costumer les gardiens de buts de teintes contrastantes. Même les arbitres et autres figurants viennent créer un punch visuel surprenant. Une réussite costumique à tous les niveaux!

Il y a aussi les joueurs mêmes. Non seulement sont-ils sportifs et bien proportionnés, mais ils soignent leurs looks avec minutie. Les coupes de cheveux, les créations de pilosité faciale, les accessoires: tout est choisi avec goût et nous tient en haleine. On a réellement envie de regarder ces joueurs, qui en plus forment une palette ethnique variée et toujours pleine de surprises. Du «star quality» mur à mur!

Il est vrai, les commentateurs sont beaucoup moins agréables à regarder, mais on a pris soin de ne pas les montrer trop abondamment. Voilà une preuve de savoir faire médiatique. Les voix sonnent juste, elles sont spontanées, comme si tout ce qui se disait n'avait pas été prévu. On peut croire à la surprise constante des commentateurs, ce qui est vachement communicatif. Une interprétation sans fioritures, à laquelle on peut s'identifier.

Graphiquement, tout est clair, joli, même. Le pointage se fait lisible mais discret. Les titres mobiles reluisent et brillent pour ravir l'oeil du téléspectateur. La police des caractères sur les uniformes des joueurs est fraîche, moderne et signifiante. Les logos d'équipes, bien qu'un peu petits et chargés, arrivent malgré tout à accrocher l'oeil, avec leur charme suranné.

Les chorégraphies sont sans doute un des points forts de ce sport. Ça bouge. On passe d'un moment solo à un pas de deux, jusqu'à un mouvement de groupe qui évite le piège de la bête coordination d'ensemble. Le montage nous mène au choeur de l'action. On s'identifie à la quête des personnages. C'est jazzé, jeune, sans tomber dans la frénésie. Encore une fois: surprise et magie...

L'ambiance sonore, qui a fait couler beaucoup d'encre avec ces infatigables vuvuzelas, demeure agréable et festive. Sans son, remarquez, ça marche aussi, mais comment se priver du doux chant d'un instrument fait en série d'une matière plastique semblable à du Tupperware?

Plusieurs sports (et toutes sortes d'autres manifestations culturelles) devraient prendre exemple du doigté avec lequel les concepteurs de cette coupe mondiale ont créé cette réelle oeuvre audiovisuelle.

Un gros bravo à tous les artisans!

Pour les pointages et statistiques, veuillez consulter d'autres blogues, disons, plus superficiels.

lundi 28 juin 2010

Toute la vérité (?)

Dernier jour de mon exil forcé, hors contexte, hors de mon contenant, encore une fois. C'est drôle, juste au moment où je commençais à m'habituer... En ce moment, je suis à la campagne. Dans le bois, en fait. C'est paisiiiiible! Mais ça n'empêche pas que la vie continue. Voici donc un blogue complètement hors contexte sur un sujet qui me trotte dans la tête depuis un bon bout de temps.

La vérité.

Toute vérité n'est pas bonne à dire, n'est-ce pas? Il y a des choses qui sont mieux lorsqu'on sait les garder bien cachées, contenues. Ceci dit, il faut choisir son contenant avec soin. Un peu trop grand et la vérité se perd. Un peu trop petit et elle dépasse. Un peu trop opaque et on risque de l'oublier. Un peu trop transparent et aussi bien ne rien cacher du tout. Pour cacher vos vérités pas toutes bonnes à dire, prenez un contenant qui est bien scellé, mais qui s'ouvre facilement, qui ne risque pas de se casser et, si possible, qui est un peu translucide, pour que la vérité ne meure pas à jamais dans l'obscurité. Ça sera plus facile à trier comme ça, aussi. Voyons voir... Quel contenant pourrait bien faire l'affaire? Bien entendu: le Tupperware.

Vous m'aviez venu venir, je gage?

Eh bien, je vais vous faire un aveu. Ce sujet (la vérité) ne me trotte pas dans la tête depuis un bout de temps. Il m'arrive souvent, en fait, de m'asseoir et de commencer à écrire sans n'avoir la moindre idée de ce qui suivra. Je joue au Robert sûr de lui, mais, au fond, j'avance dans le noir comme un enfant dans un sous-sol lugubre dans une maison de campagne: je crains le pire. Je marche à tâtons. Je frôle les murs. Il y a les interrupteurs trop hauts pour allumer la lumière. Les rencontres possibles avec les monstres. Les insectes dégoûtants. Les outils de jardinage qui risquent à tout moment de me tomber dessus avant que je n'atteigne le réfrigérateur pour goûter au délicieux cupcakes faits par ma mère, le but ultime de ce périple obligé.

Vous voyez? Cette métaphore aussi n'était pas prévue. Elle est arrivée, comme ça. Elle dit ce qu'elle dit, mais n'est pas basée sur la vérité. Ce souvenir ne m'appartient pas. Il n'y a jamais eu de sous-sol sombre dans mon enfance. Il y en a un en ce moment, où je suis présentement, mais je n'ai aucune crainte de le fréquenter. L'interrupteur est parfaitement fonctionnel. Les outils bien rangés. Pire, ma mère n'a jamais fait de cupcakes. C'est la photo trouvée sur Google images qui m'a inspirée ce détail, ajouté par la suite. Bref, c'est du mensonge, cette métaphore. Du mensonge qui fait mon affaire, comme tous ces mots dont j'use et qui me donnent l'impression de rester dans mon thème. Contenant. Contenu. Tupperware.

Voilà. J'ai ouvert un couvercle qui méritait d'être ouvert. La semi-transparence du Tupperware qui contient mes mensonges aura permis d'en deviner le contenu. Je devrais me sentir libéré, mais pas vraiment.

La vérité qui libère, voilà le plus gros des mensonges.

dimanche 27 juin 2010

On the road again

C’est difficile, rester en place. De ces temps-ci, on dirait que, vraiment, je ne tiens pas en place. C’est à cause d’un échange. Vous savez? J’échange mon appart contre un autre, et les voyages coûtent ainsi moins cher. Parfois, ce sont des échanges simultanés, mais pas toujours. Pas maintenant. En ce moment, Ruston (pour ne pas le nommer) habite chez moi. Il dort dans mon lit. Dans mes draps. Il m’a volé mon espace. Mon contenant.

Bon. C’est sûr qu’un jour, bientôt peut-être, je serai celui qui délogera Ruston (pour ne pas le renommer) de son flat in Greenwich Village, mais pour le moment, le sans-abri, c’est moi.

C’est fou comme c’est déstabilisant de ne pas avoir de contenant fixe, bien à soi. Je ne sais pas comment les peuples nomades font, jamais à la même place, toujours en mouvement. Du sable partout, jusque dans le fond de culottes. Pauvres peuples nomades! Mais même ces derniers, pourtant, doivent bien chercher à recréer cette impression de stabilité dans leurs périples. Même tente. Même chameaux. Même petite gamelle pour manger le soir auprès du feu, une bouillie faite d’un peu n’importe quoi parsemée de grains de sable.

Des fois, je me dis que les végétaux sont chanceux. Les minéraux encore plus. Ils n’ont aucun besoin d’exploration. J’aime bien explorer, mais j’envie tout de même les organismes qui ne ressentent pas ce besoin de se munir de passeports pour faire la file dans des gares ou des aéroports, en lisant des guides touristiques ou des cartes géographiques, assis à côté d’étrangers trop gros qui prennent plus que leur place et qui ne sentent pas toujours super frais, pour se retrouver dieu sait où, là où on ne parle pas pareil, on ne mange pas pareil, on ne vit pas pareil : ailleurs, quoi.

Sortir de son contenant, c’est une drôle de lubie, non? On se dit : «et si c’était mieux ailleurs?» puis on se rassure que non, «c’était vraiment mieux ici, au fond». Mais on recommence. Encore et encore. Toujours avec le doute. Le doute qu’un jour on trouvera un nouveau contenant qui nous conviendra plus.

C’est choquant de penser que toute ma vie, je risque de vivre ce cycle répétitif qui me fera sortir pour mieux retrouver ma place. Peu importe combien je peux rationnaliser l’absurde de ce besoin, ce besoin absurde, il est là.

Ça me met… hors de moi.

samedi 26 juin 2010

Hors contexte

Ça vous arrive, d'être hors contexte? Moi, souvent. Mon cerveau se balade, fait du chemin, tout ça en plein milieu d'une conversation, puis ça sort: une phrase complètement déconnectée du reste.

La phrase a du sens, pour moi, mais pour ceux qui m'entourent, pas du tout. Il manque le cheminement interne. On parle de fontaine de jardin et puis, après un moment où je fais un chemin dans ma tête, je dit quelque chose à propos des plaisirs d'avoir une sorbetière.

Il y a des jours où tout semble hors contexte. Pas seulement ce que je dis, mais tout.

Je m'en vais justement au cinéma, ce soir.

Ça risque d'être gris pendant plusieurs jours. Dommage.

Je n'ai vraiment aucune idée comment interpréter les tableaux de statistiques au soccer (au foot).

Voilà. J'espère que nous pourrons tous en tirer des leçons.

vendredi 25 juin 2010

Un peu de pression, avec ça?

-Bonjour, ici la centrale du traitement de l'information de Robert. Qu'est-ce que je peux faire pour vous aider?

-Bonjour, j'aimerais simplement ajouter un peu de pression.

-De la pression? Laissez-moi voir... Désolé, il ne reste pas de place pour de la pression. Avez-vous une idée de la quantité de pression que vous auriez désiré ajouter?

-Non, en fait, je n'y avais pas réfléchi.

-C'est très difficile pour nous de traiter votre demande, dans ce cas.

-Bon, bien, disons, juste un peu de pression.

-À quel sujet? Le travail, comme d'habitude?

-Oui, c'est ça.

-Bon. J'aurais une place pour vous en octobre. Ça vous va?

-J'aurais souhaité plus tôt. Vous savez, de la pression, en général, si on attend trop, ça perd son effet.

-Bon. Un instant, je vais voir ce que je peux faire. Veuillez garder la ligne.

(Lavez, lavez! Savez-vous savonner? Lavez, lavez! Les carreaux les parquééés! Lav...)

-Bonjour, merci d'avoir patienté. J'ai une ouverture pour septembre. Ça vous va?

-En fait, non, pas vraiment. J'aurais aimé quelque chose dans les prochains jours... C'est urgent.

-Ah, c'est pour une urgence! Fallait le dire. Je vous passe mon supérieur. Je ne suis pas autorisé à traiter les urgences. Veuillez garder la ligne.

(Votre appel est important pour nous. Veuillez garder la ligne pour conserver votre priorité d'appel. Don't tell me not to live, just sit and putter, Life's candy and the sun's a ball of butter. Don't bring around a cloud to rain on my paraaaade!)

-Bonjour, la centrale du traitement de l'information de Robert, secteur supérieur, comment puis-je vous aider?

-Ben, j'ai tout expliqué ça à votre collègue, là... C'est à propos d'un peu de pression que j'aimerais ajouter.

-La pression? Je vous repasse le bon département.

(...I'm gonna live, and live now. Know what I want - I know how. One roll for the wh...)

-La centrale du traitement de l'information de Robert, bonjour. Qu'est-ce que je peux faire pour vous aider?

-En fait, je viens tout juste de vous parler.

-Monsieur, vous savez, nous ici, on traite plus de milliers de demandes de traitement par jour.

-Oui, mais, je viens tout juste de vous parler. Vous m'avez passé à votre supérieur. C'était pour une urgence.

-Je ne suis pas autorisé à traiter les urgences. Je vais devoir vous passer à mon supérieur. Veuillez garder la ligne.

-Attendez! Je viens de parler à votre supérieur et il m'a repassé à vous.

-Pour une urgence, monsieur, je peux pas rien faire.

-Qu'est-ce que vous venez de dire?

-Je peux pas rien faire.

-Ça se dit pas, ça. C'est pas du bon Français.

-Pour les plaintes sur le service, c'est un autre numéro, vous le trouverez facilement sur le site web. Tripledoublevé...

-Non, merci, j'ai pas envie de faire une plainte, j'aimerais juste mettre un peu de pression.

-Pour la pression, j'ai de la place en février prochain.

-Comment ça? Y'a pas dix minutes, il vous restait de la place en octobre. Même en septembre, je pense!

-La pression, c'est très en demande, vous savez.

-Mais, moi, c'est une pression urgente!

-Les urgences, c'est avec mon supérieur que ça se traite. Veuillez garder la ligne.

(...des vacaaances, nous allons graduee-er! C'est le temps des vacaaaances, la saison pour s'aimee-er! Allons sur le sable chaud! Tout près de la mer. Près de toi, je suis si bien! Sans toi je ne peux vraiment rien. C'est le temps des vacaaaances...)

-Vous avez bien rejoint la boîte vocale de Robert Robert, je suis présentement en vacances jusqu'au 31 août. Veuillez laisser vos coordonnées et il me fera plaisir de vous contacter à mon retour. Pour une urgence, attendez le timbre sonore et appuyez sur le zéro.

(Biiiiiip.)

-La centrâllllle du traitement des plaisirs de Robert, bo-on-jourrrr! Est-ce que je peux vous aider?

-En fait, j'essayais de contacter la centrale du traitement de l'information de Robert.

-La centrâllllle de l'information? Y sont ouverts à c't'heure-ci? Ah, ben....

-Pourriez-vous me connecter?

-Vous connecter?

-Oui, me connecter.

-Désolé, je peux vraiiiment pas faire ça! Je peux vous prrrroposer un beau massage, par contre...

-Non, non, je veux pas de massage, moi, c'est pour de la pression. Urgente.

-De la pression? Ah, petit coquin, je vois ce que vous voulez dire par là... Pis ça presse, en plus? Un instant, je vais voir ce que je peux faire. Veuillez garder la ligne, mon beau.

(Tou-doup, tou-doup, tou-doup tou-doup, dee! I want your sex! Tou-doup, tou-doup, tou-doup, tou-doup, dee! I want your...)

-J'aurais une soirée chaude à vous proposer. Vendredi, samedi, name it! C'est ben ouvert!

-Je pense qu'on s'est mal compris. Moi, c'était pour de la pression.

-Je vous ai dit, que pour ça, les bureaux étaient fermés!

-Oui, mais j'pensais...

-Oui, mais, j'pensais... Gnagnagna! Toujours pareils, pas moyen de donner un bon service ici sans entendre chigner. Y a un numéro, pour les plaintes, vous savez. C'est sur le site web. Au tripledoublevé...

-Je sais, je sais. Je m'excuse. Je suis désolé. Je voulais pas monter le ton.

-La prochaine fois, faites donc un peu attention, alors! Non, mais.

-J'voudrais juste que vous m'aidiez à communiquer avec le bon service. À chaque fois, je me fais transférer à un autre département et c'est jamais la bonne place! C'est une urgence. Il devrait bien y avoir un service 24 heures pour traiter les urgences, non?

-Je viens de vous l'dire, au tripledoublev...

-Ah, pis, laissez faire!

(clic.)

jeudi 24 juin 2010

Less is more, 4e partie

En ce jour férié, un simple lien, qui fait suite au blogue d'hier. Vous aimez le minimalisme? Lisez cette proposition surprenante en cliquant ici.

Ou ici.

Ou ici.

(Pour le less is more, on repassera.)

Et bonne Saint-Jean!

mercredi 23 juin 2010

Vive le concept libre!

Parlons design.

Demain, ce sera la Saint-Jean-Baptiste, fête nationale des Québécois, qui en profiteront pour boire beaucoup de bière et être fiers, très fiers de leur nation. Il me serait facile de tomber ici dans le cynisme le plus corrosif et de faire du millage sur la notion de «nation», par exemple. Je pourrais aussi mettre de l'emphase sur l'absence de sens de cette fête et commenter sur cette fameuse bière en abusant de mots comme: excès, commanditaires, nés, pour, un, petit, pain et tant d'autres. Je pourrais rappeler que le fameux Saint-Jean-Baptiste, celui de la Bible, a fini la tête coupée ou même en profiter pour égratigner au passage une «nation» qui se veut libre, mais qui confirme son attachement au joug de l'Église catholique en célébrant non pas sa libération, mais un bien Saint homme. Mais non. Je n'en ferai rien. Pas mon genre, pas mon genre du tout.

Non, j'ai annoncé que nous parlerions design et c'est bel et bien de design dont il sera question.

Demain (et ça a commencé aujourd'hui), nous pourrons être témoins d'une des plus grandes réussites du peuple québécois: son sens du design. Tout y est pour mériter notre admiration. Sans rire.

Ce drapeau, ce fleurdelisé, que nous verrons partout est un exemple de bon goût: de facture simple, minimaliste, reconnaissable entre tous les drapeaux. La palette de couleurs est limitée et fort bien choisie. Le blanc pour la pureté et le bleu ciel (en fait, c'est un bleu spécial qui s'appelle bleu Québec) pour un punch visuel rafraîchissant. La croix centrale, contrairement à la croyance populaire, ne rappelle pas l'emprise de la religion sur cette belle province. Non. Elle n'est ni plus ni moins qu'un signe graphique fort bien fait qui nous rappelle qu'ici, nous sommes à la croisée des chemins. Ni américains, ni européens. Ni fermés, ni ouverts. Ni trop ci, ni trop ça. Un peuple de mesure. Les quatre fleurs-de-lys, aux quatre coins, accentuent l'effet de symétrie à axe vertical, sans tomber dans le piège déséquilibré de la symétrie à axe horizontal. Encore une fois, la mesure est au rendez-vous. La fleur même, bien que plusieurs soient tentés de l'associer à la France ou à l'impérialisme français, ne doit être vue que comme une enjolivure simple et facile à reproduire. Les lignes sont épurées. C'est un logo. La fleur n'est plus une fleur. C'est la représentation graphique d'une fleur, qui peut aussi rappeler tant d'autres objets comme une fourche, une banane, une éclaboussure, une épée, un oiseau, une flamme ou un cornet de crème glacée de chez Dairy Queen. C'est à la fois figuratif et ouvert sur l'abstrait. Très québécois. Et il n'y a rien d'autre. Pas d'étoiles, pas de troisième (ou, horreur, quatrième!) couleur, pas de bandes insignifiantes, pas de croissant de lune, pas d'arbre difficile à dessiner, pas de vagues, ni d'ours, ni soleil, ni dragon. Une conception débarrassée des éléments parasites. Un concept libre!

Ce drapeau est graphiquement tellement fort qu'il se décline même sous plusieurs formes: en épinglettes, en verres à bière, en maquillage pour petits et grands, en chapeaux, en glaçage à gâteau et en produits dérivés de toutes sortes.

Par souci d'esthétisme (quoi d'autre?), une grande partie de la population s'habillera même aux couleurs du drapeau: de bleu et de blanc. Un jeans, un t-shirt blanc. C'est simple, accessible et dans le ton. Pour cette fête, nous vivrons enfin dans un monde quasi-duochrome, tellement reposant pour nos yeux, normalement sans cesse sollicités par toutes ces couleurs criardes qui ne vont pas bien ensemble qui teintent le monde qui nous entoure.

Minimalisme, mesure, bon goût, simplicité, graphisme, précision, liberté: voilà de quoi nous serons parés le 24 juin.

Ce sera un vrai hommage au design.

De quoi être fier.

mardi 22 juin 2010

Le couvercle de nos pulsions

C'est fou combien je me contiens. C'est incroyable tout ce qui peut me passer par la tête et que je finis par ne jamais faire. Pousser quelqu'un devant le métro, par exemple.

Attention. Je n'ai pas dit ici que je VOULAIS pousser quelqu'un devant le métro. Ni que j'AURAIS ENVIE de pousser quelqu'un devant le métro. Je SAIS (bon, ça va les majuscules, je vous fais confiance pour la suite en ce qui a trait à l'emphase) que c'est mal. Je sais que c'est illégal. Je sais que ça pourrais me mettre définitivement dans la merde et qu'en plus, ça risquerait de tuer une pauvre personne innocente. Ce que je dis ici, c'est simplement que ça me passe par la tête. Parfois.

Du genre: «une chance que je suis un être humain équilibré et plein de compassion, parce que ça serait tellement facile de pousser cette petite madame-là devant le métro qui arrive». Vous comprenez mieux? Non?

J'ajoute alors que le plus souvent, je me dis plutôt des choses du genre: «ce gars-là, avec la casquette de travers malgré qu'il ait minimum 45 ans, si ce n'est pas 50, il pourrait très bien me pousser, moi, devant le métro qui s'en vient». Et là, j'observe bien tous les gestes du gars. Va-t-il faire un mouvement vers moi qui aura l'air louche? Sa conduite me fera-t-elle craindre le pire? La plupart du temps, je ne décèle pourtant rien de détraqué (à part un évident syndrome de Peter Pan) et le métro s'arrête comme prévu, sans un corps déchiqueté sous ses roues.

Le monde est bien fait, non?

Tant de choses sont tellement accessibles, tellement pas de trouble à faire, et pourtant, on se retient. Crier «c'est plate!» pendant un film plate. Renifler le derrière des chiens qu'on croise sur la rue. Manger une banane à l'église, pendant un enterrement. Garder les dents serrées toute une journée, comme un ventriloque («gonjour, connent ça za?»). Porter des lunettes même si on n'en a pas besoin. Tant de choses, et des pires.

Est-ce qu'on va vivre toutes nos vies, comme ça, sans lâcher notre fou, en forçant le couvercle pour bien sceller tous ces comportements certes inutiles, néfastes ou carrément CRAZY (je ne me suis pas retenu et vous voyez, ça choque un peu), mais possibles?

Je pense bien que oui.

Donc, rien à craindre si vous me croisez sur le quai du métro.

lundi 21 juin 2010

Délire estival

Tout le monde tout nu!

Il fait chaud. Il fait soleil. C'est l'été. Montrons un peu de peau. Je vis une crise de minimalisme vestimentaire. J'ai passé l'après-midi à la piscine, sous un ciel bleu-bleu-bleu.

Étrangement, le minimalisme vestimentaire contredit l'adage (bon, c'est pas un adage universel, mais bien personnel) qui veut que ce soit l'emballage qui compte. Alors, comment puis-je être partisan du minimalisme et de l'emballage tout à la fois? (Je profite du milieu de ce paragraphe pour souligner combien j'aime cette publicité de Tupperware avec la moitié de melon. C'est mal placé, peu à propos, mais, voilà, c'est fait.) Des fois, j'ai envie de me dire: «Robert, tu te contredis».

C'est étrange, non? Plus on approfondit un sujet, plus on découvre des contradictions. Le simple fait que je crois approfondir le sujet du superficiel n'est-il pas contradictoire, de toutes façons?

Le superficiel, plus on le creuse, plus on en découvre toute sa profondeur, au fond.

Et si l'inverse aussi était vrai? Si ceux qui approfondissent le profond ne font en fait que mettre en lumière toute sa superficialité?

À moins que tout ça n'ait aucun sens? À moins que je n'ais attrapé un violent coup de soleil? J'aurais dû au moins porter une casquette. Ou une moitié de melon.

Passages nuageux demain.

Quel soulagement.

dimanche 20 juin 2010

Le besoin du contenant

Il y a une sorte de contenants avec laquelle j'entretiens une relation amour/haine et qui est un besoin dans ma vie, tout comme dans la vie de la plupart des humains de la planète. Ces contenants sont le plus souvent mous et possèdent des formes variées, tout en conservant une certaine constance dans les lignes. Ces contenants contiennent peut-être ce que nous possédons de plus important. Ces contenants nous contiennent nous-mêmes. Je parle bien entendu des vêtements.

Bon. Je me dois probablement d'expliquer ma première phrase, tout particulièrement cette mention de relation amour/haine que j'ai avec les vêtements.

J'aime les vêtements. J'aime bien magasiner pour acheter des vêtements. Je prends un certain plaisir à choisir, à tous les jours (souvent plusieurs fois par jour), ce que je vais porter. J'ai envie d'être contenu serré, aujourd'hui, ou ample? J'ai envie de paraître plus jeune, plus sage, plus viril, plus débonnaire, plus zen, plus sophistiqué, plus carré, plus sportif, plus intello, plus riche, plus prolétaire, plus mince, plus complexe, plus «habillé»? Les vêtements sont là pour créer cette carapace teintée de signes lisibles qui me rapprochera de mon but. J'ai beaucoup de vêtements. Bien sûr, 90% du temps, je ne porte que ce 10% de ma garde-robe qui représente mes vêtements «de tous les jours». Mais il reste ces moments où j'aurai envie d'aller piger, comme un artiste peintre le ferait dans sa palette, des nuances particulières pour exprimer un certain état. Le contenant, c'est ce qui compte. Ça identifie. Un calendrier de pompiers avec des photos de pompiers sans au moins un morceau de leur uniforme de pompier pour identifier les pompiers, ce n'est pas un calendrier de pompiers, c'est un calendrier d'hommes qu'on dit être des pompiers, mais qu'au fond, on ne sait pas vraiment si s'en sont, des pompiers. Mais le vêtement a beaucoup d'autres aspects pratiques. Pour le bénéfice de tous, le vêtement contient. Il contient des parties du corps qui sont parfois mieux d'être contenues. «Grand-père, comme vous avez de grosses couilles», c'est une phrase qui, si elle était dite à table en ce jour de la Fête des Pères, me mettrait mal à l'aise et, je l'espère, vous aussi. Pourquoi tout répandre partout quand il est si bon d'être bien rangé?

Par contre, je dois le dire, je n'aime pas les vêtements. D'abord, il y a une chose qui me chicote avec les vêtements, et ce, depuis longtemps: qui a décidé un jour comment diviser notre corps afin de répartir nos vêtements? Je mets presque quotidiennement, sans y penser, un pantalon, un t-shirt, des bas, des sous-vêtements et des souliers. Mes jambes et mon bassin vont donc ensemble. Mon torse et mes bras aussi. Mes pieds sont à part. Ma tête, le haut de mon cou et mes mains ne sont pas toujours couverts, mais si oui, séparément. Pourquoi cette catégorisation? Je pourrais avoir un vêtement pour mon côté gauche et un autre pour le droit, par exemple. Mes pieds et mes jambes pourraient former un groupe. Mon bassin et le bas de mon torse en formeraient un autre. Je pourrais avoir quatre segments: le devant, le derrière, le dessous et le dessus. Je pourrais être habillé d'une multitude de morceaux de poids égaux, qui s'assembleraient un à un. Je pourrais ne porter qu'un seul morceau. Pourquoi deux couches pour les pieds? Qui a décidé qu'il était correct d'avoir les avant-bras nus, mais pas les parties génitales? D'ailleurs, j'étais sur ma terrasse aujourd'hui et je me disais qu'avec la chaleur qu'il faisait, j'aurais bien pu ne rien porter du tout.

Bref, autant j'aime ce que les vêtements nous permettent de faire et d'exprimer, je suis réticent à accepter cette fatalité qu'est le vêtement. Bon, bon, vous me direz qu'il y a des nudistes («des naturistes» rétorqueraient-ils) et que certaines peuplades ne portent pas de vêtements. Avouez tout de même qu'une très grande majorité de gens en portent, et que ce qu'ils portent, à peu d'exceptions près, finit toujours par se ressembler un peu.

Ce besoin de tout contenir, ça doit être humain, au fond.

samedi 19 juin 2010

Une question de moule

OK. Il fait chaud. C'est un temps idéal pour un blogue léger et pour un popsicle maison, à congeler dans les mythiques moules Tupperware. Je vous entends penser. «Robert, donne-nous ta recette, donne nous ta recette!». Alors, je cède et je vous offre la toute première recette de Tupperwareblog.

Recette de popsicle «Passion Robert»
(fait 12 popsicles)

Il vous faut:

1 sachet de poudre pour gelée Jell-o à saveur de raisins (ou de cerises sauvages)
250 ml/ 1 tasses d'eau bouillante
500 ml/ 2 tasses de jus de mûres ou de cassis
125 ml/ 1/2 tasse de vodka
62,5 ml/ 1/4 tasse de Triple sec
250 ml/ 1 tasse de raisins rouges ou noirs, coupés en deux

Instructions:

Mélanger la poudre pour gelée et l'eau bouillante jusqu'à dissolution complète. Ajouter le jus bien froid. Brasser. Intégrer la vodka et le Triple sec au mélange. Verser dans des moules à popsicle Tupperware vintage (c'est donc meilleur quand c'est vintage!), et ajouter quelques moitiés de raisins dans chaque moule. Placer au congélateur jusqu'à congélation complète (au minimum 3 heures). Démouler. Déguster.

vendredi 18 juin 2010

Terrassement

Ça y est. La terrasse est aménagée. 31 contenants qui font semblant d'être une cour de banlieue upper-middle, remplis de fleurs et de plantes qui seront jetées à la fin de l'été. Il y a même des contenants qui ne contiennent que du gazon, acheté en rouleaux de tourbe pour une somme vraiment dérisoire.

Du gazon dans des pots, ça pourrait devenir une belle métaphore. Je devrais ici parler du désir d'espace, de la grandeur de l'univers et de la petitesse de nos vies, ou quelque chose comme ça. Mais non.

Les métaphores, comme les comparaisons d'ailleurs, ça tape sur les nerfs, à la longue. C'est comme une bonne chanson d'été, mais qu'on entend trois fois l'heure sur les ondes des stations de radio populaires. La musique ne nous fait plus de bien tellement elle ne veut plus rien dire de par la répétition constante.

Vous voyez, le paragraphe ci-haut, c'était de l'ironie. Du sarcasme, même, peut-être. Je parlais de métaphores et de comparaisons qui tapent sur les nerfs en faisant une comparaison et une métaphore. Du moins, je pense que c'était une métaphore. C'est beau, hein, l'ironie? Ça fait preuve de toute une maîtrise de la langue, ça, le sarcasme!

Bon. Vous avez vu, j'en suis certain. J'ai fait de l'ironie et du sarcasme (je pense que c'était du sarcasme) pour prouver que l'ironie et le sarcasme, c'est laid. Très laid. C'est vraiment triste d'avoir à requérir à ce genre de procédé. C'est comme abuser d'explications. Ça, c'est énervant. On explique quelque chose, on souligne, à gros traits. On ne laisse aucune place à l'intelligence du lecteur. On répète. On souligne. Rien n'est laissé à l'interprétation. Quand tout le monde a compris, on continue, on continue... C'est vraiment lassant. Être las de quelque chose, ce n'est pas un sentiment agréable à vivre. C'est lassant, être las. Ça nous enlève notre énergie.

Mais il y a pire. Une chose qui me rend agressif, négatif, choqué, agacé, courroucé et parfois même violent, c'est une énumération non nécessaire.

Vous voyez? C'est avec ce genre de phrases (si on peut appeler ça une phrase) que des gens (parfois mal intentionnés) remplissent des paragraphes entiers (plutôt que de se taire). Moi, je n'ai aucun respect pour ça (en parlant de respect, laissez-moi vous dire combien je n'ai aucun - mais alors aucun - respect pour l'abus de parenthèse. Le contrôle d'une parenthèse, ce n'est pas donné à tout le monde - croyez-moi - et plusieurs deviennent complètement incohérents lorsqu'il s'agit de parenthèses. Ils utilisent les tirets et se perdent dans leurs propos. Souvent - même très souvent - ils ne connaissent même pas les règles d'utilisation des majuscules en début de parenthèse et de ponctuation et ne s'en soucient guère!) puisque ce n'est souvent qu'une manière extrêmement tordue de s'exprimer.

C'est désolant, non? Tous ces mots! Remplir 31 pots dans une journée, ça devrait être assez! C'est suffisant. Après ça, pas besoin de se donner plus de travail, comme par exemple créer un lien entre l'introduction d'un texte et sa conclusion!

Et quoi, ensuite? Trouver une phrase courte et punchée (souvent truffée d'anglicismes!) pour faire du remplissage? N'est-ce pas là le comble? Amener cette phrase avec une série de questions, est-ce bien la solution? Et tout ça, pourquoi, au juste? Pour terminer un texte avec un ersatz d'intelligence et de mots peu usités? Pour faire un peu d'esprit teinté de jeux de mots douteux? N'est-ce pas effrayant?

En tous cas, moi, tout ça, ça me terrasse.

jeudi 17 juin 2010

Histoires de bols

Il m'arrive souvent de rêvasser à toutes les vies que je ne vivrai pas.

Par exemple, je ne connaîtrai jamais la vie de star pop internationale. L'argent qui s'accumule à un rythme fou, les gardes du corps, le botox au six semaines...

Je ne connaîtrai pas non plus la vie d'un enfant au Brésil forcé à mendier pour survivre. La prostitution, la nourriture rare et toujours pareille, les haillons jamais lavés, si ce n'est par la pluie de temps en temps.

Je n'envie pas ces vies, mais j'avoue que je suis curieux. Pas malheureux de ma propre vie, juste un peu curieux. Toutes ces choses que je ne serai jamais, que je ne verrai jamais, que je ne vivrai jamais...

Aujourd'hui, je me suis vu, dans la peau de quelqu'un d'autre. Quelqu'un d'autre qui n'a vraiment pas la même vie que moi. Pas pire, pas mieux. Juste différente. Elle (déjà, je ne serai jamais une fille) roulait sur un très haut monocycle sur une piste de cirque, et elle pouvait en plus lancer des bols sur sa tête en les empilant, bien imbriqués. Elle en mettait trois, quatre, cinq, six, sur une de ses jambes (en gardant l'équilibre du monocycle avec l'autre) et, hop, d'un coup, elle les envoyait en l'air pour les faire retomber juste à la bonne place, sur le dessus de sa tête. Cette petite Chinoise (je ne serai jamais chinois) a bien dû répéter ce numéro toute sa courte vie. Je l'imagine (et je m'imagine, par le fait même), dans son (mon) village perdu en Chine, à deux ans, roulant sur un monocycle, entourée de très peu d'amour, mais de beaucoup, beaucoup de bols. Je l'ai vue (je me suis vu), le jour où un délégué du Cirque du Soleil est venue la (me) voir pour la première fois. J'ai vu son (mon) père, sévère, mais ce jour-là plus souriant que d'habitude, feignant la fierté, en train de vanter les exploits de sa fille (de moi), donnant même l'impression d'avoir un peu d'affection pour elle (pour moi). J'ai vu en plus toutes les autres petites Chinoises, elles aussi complètement obsédées par les bols, tentant de devenir celle qui peut en accumuler le plus tout en gardant un sourire figé. J'ai vu les bols, partout. Du matin au soir. Des bols, mur à mur. Une vie de bols. Et que rarement pour manger un peu de riz. Je l'ai vue (je me suis vu), à Montréal, devant une foule ébahie, portant un costume exotique qui vaut à lui seul le salaire de tous les habitants de son (mon) village natal, accompagnée de trois autres Chinoises qui semblent être ses (mes) jumelles. Des inconnues, pourtant. Je l'ai vue (je me suis vu), souriant, ne ratant jamais une acrobatie, de peur d'être renvoyée en Chine, plus bonne à rien, devant un bol vide, même plus de riz, plus rien. J'ai vu la gloire, mais aussi la folie d'un travail obsessionnel, jamais remis en question. Une seule voie, mais tracée avec précision.

J'ai mangé du poisson, ce soir. Je l'ai cuisiné moi-même. Aromatisé à la chinoise. Présenté avec petits légumes et un bol de riz. Après le souper, j'ai voulu mettre le bol au lave-vaisselle, qui était déjà plutôt plein. Faute de place, j'ai tenté de faire tenir le bol en équilibre sur un couvercle de Tupperware de marque Rubbermaid.

Ça n'a pas tenu.

mercredi 16 juin 2010

L'âge de plastique

L'exposition Bodies, vous connaissez sûrement. On peut y voir des corps humains réels, dépecés, dans toutes sortes de positions loufoques (comme jouant au foot - Go la Suisse, go!), dans un but précis: nous faire faire des grimaces de dédain. Le but officiel est de nous faire découvrir l'intérieur du corps humain, cette «merveilleuse machine», mais, soyons sérieux: ce n'est pas l'intérieur qui compte. Bien sûr, les corps ne sont pas réellement exposés dans leurs matières originales, mais bien en résine, selon une technique appelée «plastination». Bref, les corps sont vrais, mais en plastique. Plusieurs débattent que cette exposition fait un usage immoral de dépouilles humaines. La rumeur veut que certains de ces corps aient été «empruntés» à des prisonniers chinois.

Mais ce n'est pas de cela que je veux vous parler.

Je ne sais pas si un jour, dans un futur éloigné, quelqu'un aura l'idée de créer une sculpture avec mon cadavre? Est-ce que ce serait une bonne façon de devenir éternel? J'y pense, des fois. Il n'y a rien d'immoral là-dedans! C'est quoi, un corps humain sans vie? Juste un amas de matières diverses (surtout du carbone, dit-on)...

Nos corps ne sont même pas faits de matières qui traversent bien le temps. Merveilleuse machine, mon cul! Nos cellules se dégradent. Nous nous décomposerons. Tous autant que nous sommes.

Alors, être transformé en sculpture en plastique, c'est super, non?

Le plastique autour de nous nous survivra. Regardez autour de vous. Dans des conditions normales, on peut facilement dire que 75% de ce qui nous entoure nous survivra (bon, c'est pas scientifique, mais sûrement pas si faux que ça). Certaines matières se désintégreront bien avec nous, comme le bois ou le papier, mais d'autres matières, les matières modernes surtout, jouiront de centaines, voire de milliers d'années de survie de plus que nous. S'il reste des humains sur la Terre dans des milliers d'années, ils auront donc plus de chance de tomber sur un fragment de Tupperware qu'un fragment de Robert.

Ça me rassure, moi, de penser à ça. Toute notre histoire, toutes nos gaffes, un jour, seront oubliées. Au pire, il ne restera qu'un pot à jus vert avocat à blâmer.

J'y pense.

En se faisant plastiner, on s'engage à rester bien plus longtemps parmi les débris des fouilles archéologiques du futur. Je me ravise donc. Être transformé en sculpture en plastique n'est pas si super que ça. On dira: «Regardez, c'est la faute à des humains comme celui-ci si nous avons traversé tant de périodes difficiles». Être un des rares coupables, non merci!

Mieux vaut donc rester discret et se décomposer comme tout le monde. Bon. Pas tout de suite, mais, un jour. Plus tard. Devenir poussière.

Au pire, alors, on donnera un peu de souci à un Robert du futur qui passera l'aspirateur.

Un aspirateur en plastique, bien entendu.

mardi 15 juin 2010

Changer

Bon, bon, bon. Un nouveau look pour Tupperwareblog. Ouais. Ouais, ouais, ouais. Des belles couleurs vives. Tout est frais. Bon.

Bon, bon, bon. Uh-hum.

C'est drôle, on dirait que le nouveau look de Tupperwareblog m'intimide un peu.

C'est toujours difficile, étrenner un nouveau look. Vous trouvez pas? On est fier, mais pas complètement à l'aise. On vient de s'acheter un nouveau pantalon qui n'est pas dans notre palette habituelle et on hésite à le mettre pour sortir. On l'essaie, seul, à la maison. On se regarde devant le miroir en tentant de se convaincre qu'on a fait le bon choix. On fait des grimaces. On se tourne de dos. On plisse les yeux.

J'ai déjà eu une idée saugrenue. J'ai voulu voir de quoi j'aurais l'air en blond. Oui, oui. J'étais curieux de connaître les joies de vivre en blond (il y en avait, disait-on), moi qui ai les cheveux presque noirs. C'était d'ailleurs peut-être à une époque un peu noire de ma vie. Un besoin de changement «profond» donne souvent lieu à ce genre de modification superficielle. Après de pénibles et nombreux traitements qui ont presque calciné mon cuir chevelu, je me suis vu, en «blond Brad Pitt dans Seven» (c'était ma demande au coloriste). Un choc. Petit, mais un choc tout de même. Ce choc ne venait pas tant du fait que j'avais maintenant une chevelure blond cendré, mais bien que j'allais avoir à sortir dans la rue et me soumettre au regard des autres.

Petite note, ici: ceux qui disent n'accorder aucune importance au regard que les autres portent sur eux sont (à mon avis) dans un déni total. Qui s'achète de beaux vêtements si c'est pour ne les porter que seul, à la maison? Oui, je sais, certaines personnes seules se coiffent, se pomponnent et décorent leur environnement même si elles ne voient jamais personne, mais n'est-ce pas cette pensée qui dit «et si jamais quelqu'un venait?» qui les poussent à cette coquetterie solitaire?

Bref, avec ma nouvelle tête, j'allais avoir à affronter l'univers. Mes amis. Mes collègues. Ma mère. Je n'étais pas terrorisé, loin de là, et même plutôt fier de mon coup, mais une petite pensée envahissait malgré tout mon esprit. Je n'allais pas rester caché dans ma chambre toute ma vie. J'allais avoir à faire mon «coming out» de blond.

Le téléphone a sonné.

- Robert, c'est ta mère. Ton parrain vient tout juste de mourir d'un cancer généralisé. Le service est vendredi.

- Ça me fait beaucoup de peine, maman. Il y a une chose que je dois te dire avant qu'on se voie au service. Je me suis fait teindre en blond.

- (silence)

- Pas bleaché, là. Vraiment blond. Blond cendré, en fait. Comme Brad Pi...

- Tu ne t'acceptes pas comme tu es?

- Comment?!

- Si tu changes, c'est parce que tu ne t'acceptes pas comme tu es.

- C'est juste des cheveux, maman. Ça va repousser.

J'ajoute tout de suite que l'anecdote s'est heureusement terminée sur une bonne note. Au service funéraire, mes tantes, mais surtout mes oncles (étrangement), ne cessaient de me complimenter sur mon nouveau look. Ça a calmé les doutes de ma mère. Moi aussi, ça m'a rassuré. J'avais le droit de changer, comme ça, pour le plaisir, et non pas parce que j'avais des problèmes psychologiques. Ouf. Même ma mère a fini par trouver ça «pas si mal». Il faut dire que ma marraine (la nouvelle veuve) avait bien trouvé les bons mots pour consoler ma mère dans l'atmosphère sereine du salon funéraire: «tous les jeunes font ça, des affaires de même, on n'en sortira pas!». Ça console, l'inévitable. Comme la mort.

Une fois le choc passé, mon nouveau look a fait partie de qui j'étais. À vrai dire, il est devenu presque banal. Au bout de quelques semaines, j'avais cessé de me regarder dans le miroir, surpris comme si quelqu'un d'autre avait remplacé ma réflexion. Et puis la racine noire s'est mise à pousser. À paraître de plus en plus. Mais je n'allais pas laisser tomber. Les traitements chimiques répétés ne me faisaient plus peur. Le coloriste avait trouvé en moi un client régulier, prêt à payer et insensible à la douleur. En plus, il trouvait «son travail» extraordinaire de naturel. Il semblait si content.

Malgré tout, un jour, je lui ai demandé de me teindre en brun foncé pour retrouver ma couleur naturelle. Nouveau choc, nouvelle conversation téléphonique avec ma mère, nouveau «coming out», mais un peu plus faciles à vivre cette fois.

C'est ce qui est le plus triste, au fond, avec le changement.

C'est qu'on s'y fait.

lundi 14 juin 2010

Au delà, les apparences

L'apparence, on ne le dira jamais assez, c'est vraiment ce qui compte. Aujourd'hui, Tupperwareblog change donc de look. Juste à temps pour l'été. Pour le mieux? Pour le pire?

La vraie question demeure: pourquoi pas?

C'est donc avec les couleurs classiques des Tupperware vintage que je m'adresserai maintenant à vous.

J'ai de si beaux souvenirs de ces petits bols à crème glacée (du vrai Tupperware!) que ma mère remplissait avec amour. Elle prenait toujours soin de me poser la question: «Robert, tu veux le rose, le bleu, le jaune, le orange ou le vert?». Je choisissais, la plupart du temps, le bleu ou le vert.

Mais c'est le rose corail, vraiment, qui était le plus beau.

dimanche 13 juin 2010

Alphabet trié

Aujourd'hui, une devinette!

Qu'ont en commun les lettres: F, G, J, L, N, P, Q, R, S et Z?

Un indice: quand je trie l'alphabet (oui, ça m'arrive), ces lettres ne font pas partie de mes préférées. Je ne sais pas si mes tris vous confondront...

J'attends vos réponses!

samedi 12 juin 2010

Extérieur

C'est l'intérieur qui compte, hein? C'est ce qu'on dit.

Aujourd'hui, avec l'été qui, enfin, se montre le bout du nez, j'aurais tendance à croire le contraire: c'est à l'extérieur que ça se passe.

D'ailleurs, j'y vais.

vendredi 11 juin 2010

Les chiffres ronds, je les mangerais tout rond.

Aimez-vous le chiffres ronds? Moi aussi.

Ne me parlez pas d'avoir 39 ans. 40, comme c'est mieux.

Celui qui est arrivé avec cette stupidité des 365,25 jours par année mérite la bastonnade.

On est toujours bien à 00h00.

Une chance qu'on a 10 doigts et 10 orteils. 11 pour chaque, ça m'aurait rendu fou.

Essayez de vous souvenir des 12 commandements (ou des 12 travaux d'Astérix). La mémoire étant ce qu'elle est, il est fort probable que vous arriverez à 10.

2010, une belle année, non? Des années de platitude à suivre (je dirais combien d'ici 2020, mais je ne voudrais pas être vulgaire).

Le système métrique, j'en mange.

Jésus, vraiment, n'avait que faire de Judas (un traître) et de Barthélemy (qui?!).

Je ferai tout pour arriver à 10 phrases dans ce message (sans compter l'introduction, bien entendu), même si je suis en retard pour un rendez-vous.

Si vous ne voulez plus me revoir, faites un effort et dites moi qu'on se reverra dans la semaine des 10 jeudis. Si vous ne trouvez pas ça logique, allez-y pour 5 jeudis. Ce sera toujours plus rond que 4.

Et puis, merde, une onzième: 200e message de Tupperwareblog aujourd'hui, en passant.

jeudi 10 juin 2010

Trace

Je comptais ça, aujourd'hui: si je voulais vraiment nettoyer à fond tout ce que je veux nettoyer, j'en aurais pas assez d'une vie. Non, mais... C'est sale! Vous trouvez pas? Partout. Tout est sale.

J'ai dû aller dans une salle de toilettes de centre d'achats aujourd'hui. Crottée. Tout simplement dégoûtante. Ah, oui, le concierge devait être passé quelques minutes avant, avec sa moppe pleine de microbes, ses gants de caoutchouc (je pense toujours à l'intérieur des gants de caoutchouc et je me dis que c'est en les mettant que quelqu'un s'expose au plus grand nombre de microbes - la preuve: c'est quand la dernière fois que vous avez vu quelqu'un nettoyer l'intérieur de ses gants?), ses produits supposément désinfectants qu'il vaporise inégalement, laissant des oasis microbiens survivre allégrement dans les secteurs jamais touchés.

Il y a des taches partout. Des taches pas comme dans les annonces télévisées, en forme de lac des Laurentides, bien définies et la plupart du temps constituées de jus de raisin. Non, les taches qui nous entourent sont plus insidieuses. Leurs contours sont flous. Leur provenance reste inexpliquée. Elles sont tellement partout qu'on ne les voit même plus.

J'ai fait un test sur le plancher, juste sous mes pieds. Avec un kleenex blanc. J'aime croire que je vis dans un environnement propre. Eh bien, j'ai frotté le kleenex sur le plancher (que je croyais propre) et pourtant, le kleenex est ressorti de mon expérience avec des traces grisâtres. Je ne peux que déduire qu'ailleurs, les planchers que je ne crois pas propres sont encore pires. Il y a des zones presque jamais lavées, sur notre planète. Sous certains meubles lourds. Dans des appartements habités par des inconscients ou du monde pas d'allure. Dans la plupart des villes. Même à la campagne. En forêt. Sous l'eau. Toutes ces traces grisâtres, partout, à la grandeur du globe.

Ne vous en faites pas. Je ne suis pas du genre à tout désinfecter, à ne pas oser m'asseoir sur une chaise dans une salle d'attente et à éviter de toucher aux enfants (qui eux, n'hésitent jamais à toucher à tout ce qui passe). Non, non. Je suis équilibré. Je comprends qu'il n'est pas possible que tout soit propre, partout, tout le temps.

Mais je remarque. C'est tout. De toutes façons, quand on lave quelque chose, on ne fait, en fait, que déplacer la saleté. On la met ailleurs. «Rien ne se perd, rien ne se crée», disait mon professeur de chimie en secondaire quatre, à travers sa moustache blanche mais jaunie. Mon kleenex souillé ira faire un tour à la poubelle, puis se retrouvera dans un dépotoir. Je saurai donc que mes traces grisâtres continueront à vivre, parmi tant d'autres traces.

J'aurais aimé terminer sur une note philosophique, du genre: «Ne sommes-nous pas nous même que les traces grisâtres de notre passé?». Mais non. Je n'irai pas là.

Les écrits restent.

Et ce n'est pas le genre de trace que j'ai envie de laisser.

Trop

Trop peu, trop tard. Le minimalisme, des fois, c'est trop.

mardi 8 juin 2010

Un jour, j'y crus

Avez vous votre iPad? Moi non plus.

J'ai hâte qu'on parle de ces gadgets technologiques avec un sourire amusé, un peu de mépris et un brin de nostalgie.

J'ai hâte de dire: «T'en souviens-tu, quand on avait des écrans?! Hahaha!», ce à quoi on me répondrait: «Oh, c'est vrai!!! Des écrans partout. Non, mais c'était-tu pas assez laid? Tellement encombrant...», ce à quoi je répondrais: «Des petits, des grands, avec des supposées hautes définitions, mais qu'on voyait juste des points de couleurs les uns à côtés des autres!», ce à quoi on me répondrait: «Je peux pas CROIRE qu'on trouvait que ça ressemblait à la réalité! Comment on appelait ça, donc?», ce à quoi je répondrais: «Des images!», ce à quoi on me répondrait: «Oui, c'est ça, des images! Toujours dans des rectangles, puis quand le rectangle changeait de rapport, devenait plus carré ou plus écrasé, on devenait tout excités! Hahaha! Non, mais, on était-tu niaiseux...», ce à quoi je répondrais: «Je peux pas croire qu'on était tellement obsédés par nos yeux pour voir. Comme si ce qu'on voyait s'arrêtait dans nos yeux, mais n'était pas traité par notre cerveau... En tous cas, moi, je repense à ça, pis je trouve qu'on était vraiment limités. Maintenant, avec la transmission directe dans notre cerveau, c'est tellement plus simple!», ce à quoi on me répondrait: «Tellement plus pratique!», ce à quoi je répondrais: «Plus rien à tenir dans nos mains, plus rien de matériel, plus de maudit rectangle! On est-tu pas assez bien! Tout est tellement plus... plus... plus vrai. Oui. Plus vrai.», ce à quoi on me répondrait: «BEAUCOUP plus vrai! C'est comme si on y était! Comment on faisait pour supporter tous ces maudits gadgets encombrants?!», ce à quoi je répondrais: «Pis, il fallait les changer constamment, pour du plus gros, du plus petit, du plus mince, du plus défini... Ça finissait plus!», ce à quoi on me répondrait: «Méchante époque d'arriérés! Je sais pas comment on a fait!», ce à quoi je répondrais: «En tous cas, moi, je me passerais plus de mon implant cérébral de réception universelle! Ma vie serait tellement plate sans mon iCru 2050!», ce à quoi on me répondrait: «Quoi?! T'as pas encore le iCru 2050.1!!!».

J'ai hâte, j'me peux pus.

lundi 7 juin 2010

Espace temps

Voulez-vous bien m'expliquer comment j'ai fait pour devenir autant obsédé par le temps?

Je relisais (en diagonale, ne vous en faites pas) mes messages des derniers temps et je n'ai pu que remarquer ce fait troublant: je n'y parlais presque plus d'organisation de mon espace, mais j'y angoissais sur le temps.

Elle était belle, l'époque où je devenais tout troublé à l'idée de classer mes chemises par couleurs! Vous en souvenez-vous? Je mettais tant d'efforts à ranger, aligner, contenir. Il n'y en avait que pour l'espace! Ah, l'espace! C'était l'bon temps!

Que m'est-il arrivé? Ma visite de l'hémisphère sud m'a t-elle fait perdre le nord? Est-ce que je souffre toujours du décalage horaire?

Et le Tupperware, là-dedans? Vais-je me mettre à sombrer dans les commentaires temporels et nostalgiques de ses bonnes années, avec ses réunions Tupperware, ses moules à Jell-o, ses représentantes aux jupes lignes «A» et ses coloris pastels vintage?

Il reste que c'est peut-être ça dont j'ai besoin, un beau party Tupperware.

Comme dans l'bon vieux temps.

dimanche 6 juin 2010

Lendemain

Le lendemain, ça arrive donc vite. Vous trouvez pas?

J'ai l'impression de toujours me retrouver le lendemain. Aussitôt une tâche quotidienne terminée, voilà qu'il arrive, sans même avertir: le lendemain. «À chaque jour suffit sa peine», dit-on. J'aimerais tellement pourvoir profiter du plaisir du devoir accompli en me disant que ma peine de la journée est passée. Laver la terrasse. Payer les comptes. Envoyer du courrier important. Changer les draps. Trier les cartes d'anniversaire. Nettoyer le bac à farine. Ces petites victoire méritent qu'on les savoure, non?

Pourtant, dès que nous parvient la douceur du goût de l'accomplissement, on ne peut que constater avec stupeur qu'il est là, frétillant d'impatience: le lendemain.

Alors, on doit trouver une autre peine, qui, on tente de s'en rassurer, suffira aujourd'hui. Rapidement, on oublie totalement notre réussite de la veille et on n'a en tête qu'une nouvelle obsession. Le lendemain est arrivé. On vit, en fait, non pas au jour le jour, mais au lendemain le lendemain. «Tomorrow, tomorrow, I love you, tomorrow!», chantait Annie l'orpheline. I love you?!? En fait, pas tant que ça, non...

Le moment présent, vous connaissez? Il paraît que c'est la clef du bonheur. En tant qu'humain moderne, vivre le moment présent est devenu un réel devoir. C'est une obligation. Nous devons vivre pleinement notre moment présent.

Un jour, je m'y mettrai.

Peut-être demain.

samedi 5 juin 2010

La pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre

Instructions simples de pliage pour sous-vêtements masculins et bas, selon ma mère:

  1. Prévoir une surface de travail propre et non encombrée.
  2. Sortir les articles secs de la sécheuse, en prenant soin de jeter la feuille d'assouplissant textile dans un contenant à ordures approprié.
  3. Trier les articles: les sous-vêtements d'un côté (la gauche, par exemple) et les bas de l'autre (la droite est suggérée), puis les bas par paires en tenant compte du degré d'usure (souvent, l'apparition de la marque permet de bien distinguer le bas gauche du droit).
  4. Plier les sous-vêtements en trois, sur la largeur, en prenant soin de bien rabattre vers le dessous les deux côtés et de déposer d'abord le devant de chaque morceau vers la surface de travail.
  5. Finir en pliant en deux segments égaux, horizontalement, afin de former un carré parfait.
  6. Former des piles régulières en alterneant le sens de l'élastique (un vers le haut, l'autre vers le bas et ainsi de suite).
  7. Pour les bas, plier en trois parties égales les bas réunis en paires, talons vers la gauche. Le haut de chaque article devrait se retrouver sur le dessus.
  8. Ne jamais former de boules, ni même de tubes, en retournant les paires, afin de ne pas malencontreusement étirer le bas qui se retrouverait vers l'extérieur.
  9. Des piles sont ensuite simplement formées, en ne dépassant jamais une hauteur de trois paires (six bas).
  10. Respirer.

vendredi 4 juin 2010

Free style

Un ado m'a mis au défi de rapper free style ce soir. Why not?

Désordre
Désordre
Tout autour y'a plus d'ordre
J'aimerais bien dire que la constance je m'en balance
Qu'au fond ça me fait pas un pli
Je dis pas où, je reste poli
Polisson mais sans son sans le son des mots sans façon
De toutes façons, vous comprenez
Je veux mener ma quête jusqu'au bout jusqu'au cou comme une bête
Qui fonce qui frappe qui rappe qui dérape qui jappe
Je sais bien que les zones de turbulences
Je devrais dire «je m'en balance» mais j'entre en transe
Quand ça balance
Quand c'est égal
Quand c'est légal
Quand c'est bancal, je vire mal
Je virevolte je vire je vole
Attentes folles
Attentat contre mon plan qui colle
Qui prend au fond
Qui perd sa forme
J'enlève du feu cette marmite qui m'habite, que je quitte
On a tous des bibittes
Mais on peut les dompter, sans compter sur les cons qui veulent juste
nous montrer
Qu'on est moins formidables
Mais je suis pas coupable
Je mets cartes sur table
Cartésien mais capable
De se laisser aller à toutes sortes de tours pendables
Comme surfer sur les mots dans un style libre qui vibre
Danser, danser, dans ces moments pas pressés mes pas sont empressés
Mes craintes délaissées
Je crinque rien que mon passé
Je file, je bouge
Je passe sur le feu rouge
Rien ne m'arrête, c'est pourtant clair, j'en ai parlé hier
Inconstant mais content
Parce qu'en le sachant je sais ce qui se cache je vois la tache
qui crache, qui en arrache
Tout est clair, rien ne clashe
Je prends rien pour du cash
Je suis prêt pour le crash
Désordre
Désordre
Viens me mordre
Je délie toutes les cordes
Désordre

Constance

C'est dur, la constance. Le pire, avec la constance, c'est qu'il faut toujours y faire attention. C'est vraiment un travail de tous les instants. Si on ne pense pas constamment à la constance, bang, on devient inconstant.

C'est ça que j'avais à dire aujourd'hui.

Bang.

Décalage

Aujourd'hui, on est hier, non?

Décidément, j e su i s d

é


cal





é
.

mercredi 2 juin 2010

Quatrième dimension

Vous vous souvenez de l'époque où on décrivait les gens en les divisant en deux groupes, celui des auditifs et celui des visuels? C'est vrai, ce sujet est désormais tombé dans l'oubli, avec les permanentes, Gumbi et les cassettes huit pistes. Mais il faut se rendre à l'évidence, cette division n'était pas si bête que ça. Un peu drastique, assez peu nuancée, mais pas bête du tout.

Il y a une autre division que j'aimerais proposer, qui est, en quelque part, vaguement inspirée de cette théorie des auditifs et des visuels: la division des spatiaux et des temporels.

Je suis un spatial.

Je perçois mon univers en espace. Je sais où je suis. Ce qui est à ma gauche, ce qui se trouve à ma droite. Le haut, le bas, le dos, le devant: tout ça, pour moi, c'est d'une clarté infinie. Où est mon clavier d'ordinateur, en ce moment, en rapport avec le mur le plus proche? Bien parallèle, à environ 64 centimètres de ce mur (plus ou moins 7,5 millimètres), décentré d'un rapport de 1/9 de la largeur du mur, vers la droite. Ça fait du bien de savoir ça. Ça rassure. C'est apaisant et en plus, ça vient tout seul. J'ai le contrôle (quasi) absolu là-dessus.

Ceci dit, quelle heure est-il? Bien sûr, c'est marqué dans le coin supérieur droit de mon écran, à 14 millimètres du rebord, sous la forme XX:XX. Notez que je me retiens de regarder. Je sais ceci de mémoire, avec tant d'autres informations sur l'espace. Par exemple, bien centré, dans l'espace entre le dernier chiffre des secondes et le rebord (une fine ligne noire dans l'écran suivie d'une bande d'aluminium brossé de 9 millimètres), il y a un petit pictogramme de loupe, placé en angle de 45 degrés (poignée vers le bas). Mais rappelons-nous de la question du début du paragraphe: quelle heure est-il?

Aucune idée.

Il est peut-être 21h00 (ce serait indiqué ainsi: 21:00), peut-être 23h57? Mon blogue sera-t-il à nouveau publié trop tard, malgré ma vigilance? C'est dur, pour moi, le temps. J'ai de la difficulté à avoir une certaine emprise sur le temps. Le temps, c'est difficile à situer dans l'espace. À tous les jours, je remplis et je consulte mon iCal, cet agenda virtuel que j'aménage comme une toile abstraite. Un événement familial en rouge par ci, un rendez-vous chez le dentiste en bleu par là. Grâce à ces Mondrian virtuels en constante mouvance, j'ai l'impression de contrôler mon temps. Mais pas du tout. Je cours après chaque minute. Je panique devant les échéances. Je perds mon temps.

Largeur, longueur, hauteur: voilà mon monde en trois dimensions. Ajoutez la quatrième, et je suis perdu. Pas perdu dans l'espace, mais dans le temps.

J'imagine qu'il y en a pour qui le temps, c'est facile à saisir. Ce sont les temporels. En voyage, ils se perdent dans la ville, mais savent organiser leur temps. Ça leur vient tout seul, naturellement. Les chanceux.

Bon. J'ai triché. Je viens de lever l'oeil. L'heure est bien là où elle doit être, en caractères noirs sur fond bleu ciel. 23h10.

Ce soir, je publierai mon blogue à temps.

Glissement, deuxième partie

Ça glisse toujours.

De retour demain.

Zzzzzzou!