lundi 5 juillet 2010

Tupperware - la revanche

Et puis un jour, il n'y eut plus personne. Partout sur la terre, aucun humain n'y était, ni homme, ni femme. Tous étaient disparus. La nature prit le contrôle. Les animaux purent enfin manger tout ce qui leur plaisait, faire tout ce dont ils avaient envie. Les plantes poussèrent. Ce règne dura longtemps, très longtemps.

Puis le vent, le feu, les raz-de-marée, les cyclones, les éclairs et la pluie transformèrent la surface de la planète. Alors, les animaux disparurent à leur tour. Et les plantes aussi. Partout, il ne restait que de la terre humide et de l'eau terreuse. Et des objets. Les objets qu'avaient laissés derrière eux les humains.

Pendant des années, rien ne se passa. Parfois, certains objets se détérioraient bien, tranquillement, selon les matières dont ils étaient composés, mais sinon, rien. Le calme plat. Jusqu'au jour où un objet, un pot de plastique, eut une idée. Il allait tout recommencer.

Mais à l'envers.

Il fut patient. Très patient. Puis un jour, il réussit à produire une petite graine. Elle poussa, poussa, doucement. L'objet se dit: «Cette fois, on ne s'abaissera pas. Cette fois, c'est la plante qui sera dessous le pot.»

Puis il fut ainsi. Les pots de toutes les couleurs et de toutes les matières qui avaient résisté à l'épreuve du temps se mirent à s'installer au dessus des plantes, formant des pyramides magnifiques. D'autres objets imitèrent les pots et, plutôt que de servir les végétaux, ils se servirent d'eux. Les couteaux se faisaient couper joyeusement par les carottes. Les arrosoirs se faisaient arroser par les fleurs. Des groupes de tuteurs de métal ou de plastique s'agrippèrent à toutes sortes de tiges. Il en fut ainsi pendant des années.

Les plantes apprirent peu à peu. Elles étaient soumises, oui, mais savaient observer les objets. Une d'entre elles, une pousse de blé qui avait échappé aux tourments d'une moissonneuse-batteuse qui cherchait à se faire moissonner et battre par toutes les plantes sur son passage, eut une idée. Elle allait réussir à produire un animal. Ce ne fut pas facile, mais avec sa ténacité, elle finit par réussir. Un cochon naquit, puis un autre, puis un autre, puis d'autres animaux.

Partout, les végétaux, avec toute leur frustration accumulée, se mirent à dévorer les animaux. Les pommiers mangèrent les chevaux. Les radis consommèrent les lapins. Les feuillus se délectèrent des insectes. Les animaux vécurent sous un règne de terreur végétale, pendant une période si longue qu'il en vinrent à trouver leur statut normal.

Mais un jour, une vache en eut assez. Ne voulant pas recréer ce cycle horrible, car c'était une vache pacifique, elle eut une idée. Elle discuta avec les plantes, puis avec les objets, aussi. Elle leur dit: «Ensemble, recréons les humains. Vous vous souvenez? C'est triste, sans eux, au fond, non? Recommençons. Mais à l'envers.»

Puis, au bout d'un temps incalculable, par le fruit d'efforts communs, un humain naquit, puis un autre, puis un autre...

Le cheval put monter à dos d'humain. Les choux purent grignoter des hommes, des femmes. Les manteaux purent se vêtir des gens.

Les Tupperware purent conserver des restes de petits pois dans des tigres gardés bien au frais dans des humains.

Oui, oui.

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