jeudi 8 juillet 2010

Carapace

Avez-vous une bonne carapace?

Moi, ça dépend, mais plutôt. Il y a des moments ou je me sens parfaitement protégé, comme blindé. Peu importe ce qu'on me dira, ce qu'on me fera, ce qui arrivera, je resterai de glace. En ces moments, je peux vraiment me fier à ce contenant invisible qui empêche les éléments extérieurs de m'atteindre. Ce ne sont pas les tranches les plus extravagantes de ma vie, mais je reste en sécurité.

Par contre, à d'autres moments, la moindre action, le moindre mot, arrivent à me toucher, cherchant à créer une blessure. Ces occasions me laissent comme nu. Pire même: sans peau, sans chair. On pourrait alors réussir à me toucher en plein à l'intérieur, comme si rien ne se trouvait autour de cet intérieur alors mal protégé. Des fois, c'est désagréable. Des fois, c'est douloureux. Mais à chaque fois, je me sens, disons, vivant.

Tout ça pour dire qu'aujourd'hui, je n'ai absolument pas pensé à tout ça. C'était l'été, il faisait chaud, tout était plutôt léger. J'ai pris du soleil sur la terrasse. J'ai lu du Margaret Atwood.

Mais j'ai aussi fait du beurre de homard, avec les restes de carapaces de homard d'hier. Il suffit de passer les carapaces au robot, de les faire sauter dans du beurre, de déglacer avec du cognac et d'ajouter beaucoup, beaucoup, beaucoup de beurre. Ensuite, on passe au tamis et on récolte le beurre fondu, qui a alors pris toute la saveur du homard, ainsi que sa riche couleur rouge orangé. On conserve le tout au congélateur, dans des petits Tupperware.

Bref, les carapaces, il n'y a pas que du mal là-dedans, au contraire. Mais ça prend pas mal de matière molle (en l'occurrence, ici, du beurre) pour en faire ressortir tout ce qu'il y a de bon.

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